• Ils sont là ! Chapitre 6 - Lenaïg


    Quelques jours se sont écoulés.
    « - Sais-tu si nos nouveaux amis en ont encore pour longtemps à explorer notre Terre, Dodue ? » s’inquiète Lena tout en rangeant ses courses.
    «  - J’en ai une idée, Lena ! Néan m’a informé que Cassandra a obtenu une prolongation de séjour, car elle planche sur sujet intéressant et tient à obtenir des conclusions aussi complètes que possible, en positif comme en négatif … J’espère qu’elle nous en touchera un mot quand elle passera. En attendant, ce qu’il y a à retenir, c’est qu’on leur a accordé plusieurs mois ! »
    «  - Super ! On va apprendre des trucs, on va voir à quoi ressemble Néan … »

    Plus tard dans la soirée. Driiing ! Petit coup de sonnette, deuxième coup plus énergique, suivi de plusieurs petits coups rythmés et joyeux …
    «  - On n’attend personne ce soir », réfléchit Lena en allant jeter un regard dans l’œilleton.
    «  - En tous cas, pour sonner comme ça, c’est quelqu’un qui se trompe de porte, ou quelqu’un qui te connaît » conclut la Fée, avant de se fondre dans la tapisserie, par précaution, mais bien décidée à ne pas perdre une miette de la situation, voire même à intervenir.
    Mais à sa grande stupéfaction, Lena n’hésite pas et ouvre sa porte en confiance. Une sorte d’homme des bois, brun, chevelu, barbu, un genre de Sébastien Chabal pas très grand mais tout propre et tout sec, vêtu comme Cassandra, d’une combinaison aux couleurs indéfinissables, s’avance dans l’appartement en demandant qu’on l’excuse d’avoir joué avec la sonnette, que c’était trop tentant.
    «  - Ne vous cachez pas, Miss Dodue, avec moi ça ne marche pas ! »
    «  - Néan ? C’est vous ! »
    «  - Ouais, je n’pensais pas qu’on pourrait se matérialiser auprès de vous, mais not’ Chef a le bras long, on a eu l’autorisation. Je ne suis d’ailleurs pas tout seul, mes deux p’tits camarades sont avec moi ! »

    Dodue s’aperçoit alors que Lena, le dos tourné, comme statufiée, n’a pas refermé sa porte. Puis elle accueille d’un large mouvement de bras deux individus pour le moins surprenants, qui entrent timidement. En tête, un grand lémurien de la taille d’une panthère, à la démarche lente et souple, qui observe attentivement les lieux avant de poser son regard rassuré sur Dodue et sur Lena et de leur faire … un clin d’œil. Derrière lui, un robot, tout ce qu’il y a de robot, mais qu’on peut qualifier d’humanoïde, doté d’un visage, d’un corps et de membres d’un métal étonnamment mouvants.
    «  - Bonjour Mesdames » articule le robot de sa voix synthétique, mais Dodue et Lena sursautent car elles croient entendre le timbre et les intonations de Michel Roux quand il doublait Tony Curtis dans « Amicalement Vôtre ». « Nous sommes contents de faire halte chez vous ce soir. Nous avons voulu vous surprendre en arrivant comme des humains. Notre téléportation dans votre univers, grâce au programme informatique que m’a fait passer la Chef, est une réussite presque parfaite ! »
    «  - On peut dire ça, Nordin » ricane Néan, « sauf qu’on s’est retrouvé dans l’ascenseur arrêté au 20ème étage et qu’il a commencé aussitôt à descendre. On a dû bricoler un peu pour qu’il ne marque pas les arrêts demandés et on a aussi un peu hypnotisé vos voisins pour qu’aucun n’ait l’idée de débouler dans votre couloir au moment où nous y étions ! »
    «  - Néan, t’es pas sympa, ici je m’appelle Danilo ! »
    «  - Danilo ? Comme le grand robot d’Isaac Asimov ? » s’émerveille Lena.
    «  - Oui Madame, pour vous servir. Ça me plaît de penser que j’pourrais être comme lui. Depuis qu’on est dans les parages, c’est fou ce que j’ai lu et emmagasiné comme données. Et ma voix, elle vous va ? Mon vrai nom, c’est Nordin, comme « nordinateur », car c’est en fait ce que je suis. »

    « - Eh ben, mais c’est moi la seule humaine ici ! » s’esclaffe Lena.
    « - Aaah, au sens propre, j’en suis un aussi, Lena » précise Néan, « un hominien comme vous, mais descendant de la branche néandertalienne (avec ou sans « h », comme vous voudrez), vous c’est la branche « cromagnonesque » ! Sur Terre, Neandertal a disparu mais les météorites porteuses ne sont pas tombées que sur votre planète, en tous cas par uniquement dans votre section de l’univers ! »
    «  - Alors, voilà un mystère éclairci : nous sommes tous des extraterrestres ! Et il faut que nous gardions cela pour nous ?! »
    «  - Oh, Lena, il faut relativiser devant l’immensité de la Création ; l’univers au sens où vous l’appréhendez n’est pas le seul, moi j’en ai déjà exploré quatre différents. Il y a des humains partout ! N’est-ce pas plutôt ça la bonne nouvelle pour vous ? »

    «  - Popop ! Hominiens, humains, vous êtes aussi des primates, hein, rappelez-vous ! Comme les singes qui sont vos cousins et comme … les lémuriens, dont je suis ! »
    C’est une voix purement mentale, néanmoins légèrement agacée, ou vexée, qui a afflué dans les esprits de Dodue et Lena, une voix tout empreinte de multiples sensations : bruissement de feuilles, odeurs de mousse, de champignons, de fougères, chants d’oiseaux, crissement de serpents …
    «  - Pardon, Gascarina, je mobilise toute l’attention et je ne t’ai pas présentée. Voici notre équipière, à Danilo et moi. Elle est belle, n’est-ce pas ? »

    «  - Gascarina, vous pensez comme nous, vous nous comprenez ? » veut savoir Lena, à moitié étonnée car cela fait longtemps qu’elle cherche à communiquer avec les animaux terrestres supposés ne pas être dotés de conscience, et elle a déjà obtenu des résultats probants. «  Oui, vous êtes bien jolie, j’ai envie de caresser votre fourrure mais comment allez-vous prendre cela ? »
    Gascarina la fixe droit dans les yeux, y lit toute l’admiration et l’affection qui s’y trouvent et pose sa tête blanche et grise aux yeux rouges cerclés de noir sur les genoux de Lena.
    «  - Quelques gratouilles derrière les oreilles, caresses sur le dos, je ne crache pas dessus ! Vous pouvez y aller, je n’ai pas de parasites !  En échange, je vous vais vous faire ressentir en pensée mes plus beaux souvenirs de vent frais dans mon pelage, de dégustation de verdure excellente à mi-hauteur dans les arbres, de découverte joyeuse d’un petit ruisseau où tremper la langue quand on est assoiffé. »

    « - Ensuite Lena, on vous laisse dîner, on se repose dans vos fauteuils et votre canapé. On suivra vos émissions de télé aussi, si vous le voulez. Mais après, Danilo et moi nous allons vous raconter le bel exploit de Gascarina, quelque part entre Wichita et Topeka ! »
    «  - Où c’est ça ? » dit Dodue.
    «  - Dans le Kansas, aux Etats-Unis. Gascarina y a été envoyée en mission pour chasser le papillon ! » répond Danilo sur un ton de plaisanterie.
    «  - Sacré farceur, regarde leurs têtes ahuries, Gascarina ne ferait pas de mal à une mouche, encore moins à un papillon, mais l’effet du même nom, elle connaît !"

    A suivre

     

    Lenaïg


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :