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Ils sont là ! Chapitre 17 - Lenaïg
Lena ressent du vague à l’âme. Son amie Fée n’est pas encore réapparue et la présence de celle-ci commence à lui manquer. Cela fait plus de deux mois que Dodue est partie. Cassandra, depuis, a rendu visite plusieurs fois à Lena. Percevant la mélancolie sous l’enthousiasme apparent de Lena, elle l’a distraite en lui parlant de ses investigations sur la musique et le meurtre, la question de savoir s’il y a des assassins chez les compositeurs de musique.
Lena a été très intéressée d’apprendre que Cassandra a tranché sur le doute concernant le rôle joué par Antonio Salieri dans la mort de Wolfgang Amadeus Mozart. Pour Cassandra, Salieri n’a pas été l’empoisonneur de Mozart mais elle reconnaît qu’il n’est peut-être quand même pas mort par intoxication volontaire … Elle continue à ses heures perdues d’explorer le monde de la musique dans l’optique que celle-ci adoucit les mœurs !
Lena ne s’est d’abord pas inquiétée de l’absence prolongée de Dodue grâce à Aristide, le clown robot qui, depuis qu’il est reparti en mission, lui relaie par la voie mentale les informations provenant de Danilo, toujours concentré sur sa tâche dans l’hôpital inconnu, l’opération de la dernière chance par insertion de nanosphères ayant réussi. Il est resté surveiller les moindres symptômes de rejet (peut-être n’a-t-il pas fait que surveiller d’ailleurs), ainsi qu’observer la régression de la maladie chez l’heureux patient et l’excitation presque incrédule des chirurgiens, du personnel hospitalier et de la famille. Aristide a également donné des nouvelles de Dodue, très absorbée par des missions qu’elle s’est fixée toute seule dans le même hôpital, se liant d’amitié avec une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer, à qui elle redonne goût à la vie, en cachette de tout le monde …
Cependant, les semaines passant, la surprise de Lena grandit devant le fait que Dodue, elle-même, ne se manifeste pas du tout. Lena a fini par poser la question au clown robot Aristide, qui lui a révélé que c’est Danilo qui empêche toute communication directe entre Lena et sa Fée, pour des raisons de sécurité. Lena ayant insisté pour en savoir plus, Danilo a précisé, toujours par l’intermédiaire d’Aristide, qu’un problème inattendu lui a fait prendre cette décision et que, dès que la solution sera trouvée, Dodue communiquera à nouveau directement avec Lena.
Ayant touché un mot de cela à Cassandra, Lena, aux aguets, a perçu une ombre de préoccupation sur le visage de Cassandra, vite dissipé. La jovialité habituelle a éclairé à nouveau les traits de la Chef, qui a sobrement commenté : Danilo sait ce qu’il fait, Lena ! Dodue réalise des merveilles de son côté, elle va en avoir des choses à te raconter …
Lena :Dodue n’a pas hésité à suivre Danilo, Cassandra. Moi, je ne suis pas courageuse, je serais épouvantée si je devais me lancer dans l’inconnu comme elle l’a fait. Je veux bien suivre les héroïnes des romans bien calée dans mon fauteuil ou dans mon lit douillet, mais j’ai encore en mémoire la fin étrange de ce physicien de soixante-dix ans dans le roman Timeline, ou Les Prisonniers du temps, de Michael Crichton. Dans ce roman, la téléportation dans le temps est utilisée …
Cassandra :Raconte-moi un peu !
Lena :Au début du roman, ce physicien est retrouvé et recueilli au milieu de nulle part, enfin non, dans Corazon Canyon, en Arizona, mal en point, tenant des propos incohérents. Sa chemise n’est plus bien raccordée, alors qu’on ne distingue aucune déchirure ni aucune couture réparatrice … Comme on l’apprend, après sa mort rapide à l’hôpital, le physicien a eu l’imprudence de se livrer à de trop nombreux voyages téléportés aller-retour dans le temps. A chaque fois, des erreurs, d’abord infimes, se sont produites dans le « remontage » de son corps et le dernier voyage lui est fatal. La téléportation me tente, mais êtes-vous sûrs de votre technique à cent pour cent ?
Lena, en interrogeant Cassandra, se demande avec angoisse si ce n’est pas là que se situerait le problème préoccupant Danilo.
Cassandra, riant :Oui la technique est sans faille, c’est notre moyen de transport à nous. Maintenant, avant de te téléporter, toi, Lena, mes chefs exigeraient des tas d’examens auparavant, sans que cela doive te faire peur d’ailleurs. S’il y avait le moindre risque, nos robots nous avertiraient.
Donc, si cela te dis un jour, si tu maîtrise ta peur … Dodue était mieux équipée que toi pour ce genre d’expédition. C’était moins difficile pour Danilo de la téléporter avec lui, étant donné qu’elle est une représentation mentale créée par toi. Dodue s’adapte à tout, puisque, pour elle, les frontières n’existent pas. Le mal du pays, par exemple, elle ne connaît pas, toi si !
Lena :C’est vrai. Pendant longtemps, je l’ai ressenti, quand je mettais les pieds hors du Finistère. Ne voir que des maisons en briques et en tuiles me rendait mal à l’aise et je cherchais désespérément un toit d’ardoises et un mur clair pour me rassurer, comme si, pour moi, c’était cela la fameuse « normalité » !
Bien sûr, cette impression s’estompait rapidement, surtout si les gens que je côtoyais étaient chaleureux. Les rares fois où je suis allée à la montagne aussi, j’ai éprouvé une sensation d’étouffement en arrivant : l’horizon bouché par les sommets commençaient par m’écraser littéralement. Je me sentais mal sans vouloir l’avouer à mon entourage.Cela se produisait à chaque fois mais le lendemain je me sentais déjà mieux et au cours des séjours, je goûtais pleinement la qualité de l’air, la neige, rendant les paysages magiques. Passé l‘âge de vingt-cinq ans, tout de même, après un certain nombre de voyages à l’étranger et un certain nombre de séjours prolongés hors du Finistère, j’ai fini par m’approprier toutes sortes de décors et de paysages différents, j’ai plaisir à passer des uns aux autres et la gêne qui accompagnait la découverte autrefois a complètement disparu.
N’empêche, je rêve de me trouver en orbite autour de la Terre mais cela restera un rêve, Cassandra ! Si la possibilité m’en était donnée, je ne courrais pas le risque de céder à la panique, au point de ne pas réussir à apprécier le merveilleux spectacle qui me serait offert …
Oh, Cassandra, j’y pense ? Les soucoupes volantes existent-elles ?Là aussi, le sujet me fascine, mais si je me trouvais face à l’une d’elles, comme David Vincent, en cherchant un raccourci que jamais je ne trouverais, c’est la terreur qui l’emporterait sur la fascination !
Cassandra :Dois-je te répondre, alors ? Oui, Lena, elles existent. Nous n’explorons pas les mondes de cette façon, nous vivons dans un univers que vous pourriez appeler « parallèle » mais nous savons par exemple, que certains astronefs venus survoler la Terre étaient issus du système solaire Zeta Reticuli, à trente-neuf années lumière de chez vous, une bagatelle, n’est-ce pas ?! Je crois que leurs visites ici ne se sont pas bien passées et qu’ils ont abandonné leurs incursions. Leur technologie est bien plus avancée que la vôtre, mais je suis obligée de révéler qu’ils ont été horrifiés par l’aura négative qui se dégageait de la présence humaine sur la planète et qu’ils y ont laissé des plumes et des individus. Ils n’espèrent qu’une chose, c’est que vous ne puissiez jamais leur rendre visite ! Des collègues à nous les connaissent mais ils sont liés par le secret professionnel et je ne dispose pas d’autres détails.
Lena :Au moins, saurais-tu me dire à quoi ressemblent ces visiteurs de l’espace ?
Cassandra :
A toi et moi, Lena !
A suivre …
Tags : lena, cassandra, dodue, …, danilo
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Commentaires
1Lenaïg BoudigJeudi 28 Janvier 2010 à 21:40Répondre2marie-louveVendredi 6 Juillet 2012 à 08:583Mona lVendredi 6 Juillet 2012 à 08:58
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