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Défi n° 79 : billet d'humeur sur les couleurs, Lenaïg au rapport devant Captain' Tricôtine
La couleur a-t-elle une odeur ? En voilà une question qui serait peut-être intéressante, et qui aurait le mérite de l'originalité ? Car les fins limiers de mon imagination sont au repos et je ne vais surtout pas les solliciter pour le vérifier, je risquerai d'avoir des surprises, certes, mais je ne suis pas du tout sûre de partager leurs goûts en la matière et j'aurais peur de ce qu'ils me rapporteraient. Je chasse vite le rouge fétide des proies blessées des chiens traqueurs de gibier dont j'espère bien que ne font pas partie mes fins limiers puisque je veille à ce qu'ils aient toujours gamelle pleine. Une petite pensée émue devant les bleus ou rouges délavés des baballes enduites de salive et souvent vite crevées qu'ils aiment rapporter avant de me mettre moi-même le nez au vent et l'oeil aux aguets.
Alors, je dois me reposer sur mon propre odorat pour ébaucher une réponse et je fais ceci devant le noir fumant de ma tasse de café, agrémenté du parfum de l'orange que je viens d'éplucher tout en mordant dans les blanc et brun croustillants de mon pain grillé. Couleurs ... bonheur du petit déjeuner, le meilleur moment de la journée, encore plus lorsqu'il est partagé ! Allez, ma fille, me dis-je, sans savoir encore où je vais et jusqu'où, continue sur cette lancée, en tâchant de ne pas trop rapporter aux Croqueurs des clichés, mais ce n'est pas gagné.
L'indice à renifler, c'est la proposition de Tricôtine : notre couleur préférée ... Ce fut longtemps le jaune et c'est peut-être encore elle d'ailleurs mais je n'en sais rien. Pourquoi le jaune ? Que je ne m'attarde point dans le coin, j'ai déjà évoqué les pissenlits que j'apercevais au bord des routes le long des talus lorsque j'étais à l'arrière de la belle traction avant noire de papa ; je ne voulais que ces fleurs-là et si je m'écriais : "F'eur !", papa s'arrêtait pour aller m'en cueillir une et on ne m'entendait ensuite plus de tout le trajet, trop occupée que j'étais de chérir ce trésor entre mes mains ; faut-il rappeler qu'en ces temps lointains il était fort facile de s'arrêter, de se garer, que rares étaient encore les automobiles et très fréquent qu'on embarque en chemin un voisin qui marchait parce que ... son Opel lui avait fait défaut ("les Opel, c'était dur à démarrer par temps humide", hi hi, histoire vraie !). Facile de se garer, mais c'est moi qui m'égare ! Pourtant, je cède à la tentation digressive du souvenir de papa qui donnait souvent de sérieux tours de manivelle pour faire démarrer la sienne (étonnant, pour les jeunots de notre époque, non ?) et ... c'est aussi papa qui actionnait le moulin coincé entre ses genoux pour broyer les grains luisants de café ! Le petit noir, servi en bols ou en dés à coudre, n'avait pas que son odeur, il avait aussi son bruit !
Et me revient l'odeur de l'autre jaune d'un champ de colza finistérien en fleur à la campagne juste avant la pluie, lorsque j'accompagnais Marguerite ou Fifine pour reconduire les vaches à l'étable. Quand mon amie québécoise Diane vint nous voir en avril il n'y a pas si longtemps, nous traversâmes en voiture de vastes zones ainsi fleuries du Vexin et nous étions tous les quatre ravis ! Le peintre Van Gogh les a superbement fixées sur toile pour l'éternité.
Maintenant j'aime toutes les couleurs et je suis bien embêtée pour les départager, je ne m'y aventurerai d'ailleurs pas. Je les ferai toujours primer sur les contours, ceci étant dû à ma mauvaise vue, qu'il fallut sept ans pour détecter ... L'explosion des couleurs de la nature et celle qui met de la gaieté dans les maisonnées m'ont toujours enchantée ! J'y pense tandis que le jour qui se lève m'offre par la fenêtre une magnifique palette que j'ai capturée sur une photo qui viendra illustrer mon petit billet. J'ai bien fait, déjà il vire au gris, ce ciel, peut-être pour céder à la pluie, mais, là où je suis en ce moment il est vite changeant et c'est rassurant.
Lenaïg
Tags : couleur, petit, vite, papa, jaune
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Commentaires
Comme j'ai aimé ton billet ! En fermant les yeux je vois la toute petite fille qui raconte des histoires à sa fleur... la petite fille a grandi mais elle sait toujours raconter de belles histoire... qu'elle nous offre devant son bon café d'antan et un ciel éclatant... de jaune !
Bonne semaine - gros bisous
Couleurs du coeur, des odeurs et des saveurs dans un beau bouquet, pour le bonheur des yeux !
Merci Lenaïg, bisous, Plume .
Bonjour LenaÏg,
Une trés belle photo accompagnée d'une histoire vraiment trés bien racontée, voila un défi qui semble bien relevé. Bien amicalement.
Henri.
Ah le son et l'odeur du café moulu avec ces vieux moulins à café et la poignée qui était si difficile à tourner au début pour finir par s'emballer ! Souvenirs, souvenirs ! Tu n'étais pas difficile à calmer en voiture !
Bonsoir Lenaïg.
Un billet qui touche au coeur ceux qui ont connu le temps que tu racontes si bien... Mon Dieu, que de souvenirs me reviennent à la mémoire... et des larmes aussi (oui, je sais, ça arrive souvent. Mais je suis comme ça !). Nous avions si peu, mais étions si bien...
Sincèrement, grand merci pour ces couleurs de ma petite enfance, et pour la manivelle de la vieille 4 CV de Papa, le moulin "Peugeot" de Grand-mère, le vélo "Motobécane" de Grand-père, la machine à coudre à pédale "Singer" de Maman.
Une grosse bise toute pleine d'Amitié...
Moi qui apprécie le genre policier, me voici servie !! Très original d'associer les couleurs et les odeurs ! Merci pour ce joli voyage !
merci de cette narration, je sentais les champs, les rires, les couleurs et le temps, avoir le temps...merci
12DI leVendredi 6 Juillet 2012 à 08:34Tu as des beaux souvenirs de toi et ta famille alors que tu étais une petite fille. Tu voyais la vie en couleur et la couleur est entrée dans ta vie. Chez toi, c'est plein de couleurs, sur toi tu aimes les couleurs. Tu es une femme colorée (dans le bon sens). Il me semble avoir lu que la couleur rouge a été découverte au Brésil et est faite avec un ou une essence d'arbre de ce pays. Comme c'était tout nouveau lors de la découverte, elle est devenue comme un symbole de richesse dans les monarchies en Europe et ailleurs. Mais je le dis sous toute réserve. Il faudrait que je vérifie. Je me souviens de ces champs de colza, ces belles fleurs jaunes qui longeaient l'autoroute pour nous rendre chez l'Ours Castor sans savoir qu'il y en avait aussi par chez nous. Je ne savais pas, mais j'ai appris ce jour qu'on fait de l'huile végétale avec du colza. Ahahaha! L'Ours, il m'a bien eue. Je m'excuse de ce long commentaire mais dans ton texte tu me renvoies à de beaux souvenirs. Je ne sais pas si les couleurs ont une odeur mais peut-être qu'une espèce animale qui aurait plus de flair que les humains peuvent les sentir. Bon! Je vais partir maintenant. Au revoir Hélène.
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Bonjour Lenaïg... Je n'imagine pas ma vie rien qu'en noir et blanc ! Ca me rappelle notre première TV et quand la couleur est arrivée les gens se sont jetés dessus.... La vie c'est la couleur... Merci pour ton billet Croqueurs et tes souvenirs de petite fille ! Bizoux