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Par lenaig boudig le 19 Février 2012 à 12:50
Histoire n° 5
Le mystère du p'tit lapin vert
La nouvelle vient de Ruggiero, l'ours rouge en plastique gonflable de la salle de bain. L'ours Lars et les autres grands ours, toujours en connexion les uns avec les autres par l'Oreille mentale ont convoqué tout le monde en réunion exceptionnelle : deux minuscules lapins décoratifs à coller, habitants du pot en verre transparent sont au désespoir, leur frère vert ayant fait une chute vertigineuse lors de l'ouverture du pot par Lena, il a disparu. Lena l'a cherché un peu, mais ne l'a pas situé.
Les deux tout petits ont eu beau frapper vigoureusement du pied, leur petitesse a empêché qu'on les entende et n'a pas permis aux grands lapins du séjour de capter leur signal de détresse. Le lapin rose de la cuisine, emblème d'une marque très connue de piles électriques, les a compris mais ses ompf ompf ! n'ont pas porté jusqu'au séjour non plus. Devant la gravité de l'affaire, Ruggiero est intervenu.
Un plan a vite été mis à exécution. Rantanplan, sachant qu'il n'est pas très malin, a accepté tout de suite l'aide de Rufus, l'extraterrestre canidé, qui lui est grimpé sur le dos et, avec à sa suite tous les lapins gambadant de conserve, a foncé en direction de la salle de bain. Dans la pièce, seul Rantanplan a pu entrer et s'est mis à renifler, guidé par Rufus, qui a de son côté bien détaillé les deux lapinous orange et jaune pour essayer par son sixième sens de repérer l'infortuné. Cherche, Rantanplan, cherche ! Derrière le lavabo, derrière tous les tuyaux, snif snif snif snif, rien !
Lena est venue prendre sa douche ; elle s'est demandé pourquoi tous ses lapins étaient assis dans le couloir mais elle n'a pas voulu les déranger ; en revanche, elle a attrapé Rantanplan et Rufus et, distraitement, les a reposés au salon. Elle n'a pas oublié la disparition du lapinou, mais elle compte regarder cela plus tard. La recherche est interrompue, le suspense est intolérable, croc croc croc croc croc, le couloir est empli des mouvements nerveux précipités des mâchoires lapinesques.
Ouf ! Lena est sortie, les recherches reprennent. Rufus a soudain l'idée que lapinou a peut-être glissé sous la cloison de la baignoire, il est si petit. Il dirige la truffe de Rantanplan le long de l'interstice. Bingo ! Rantan, qui a longuement flairé auparavant Lapinou orange et Lapinou jaune pour pouvoir reconnaître l'odeur de leur frère vert, s'arrête net, le nez écrasé contre le coin de la baignoire, puis fait un énorme ouaf ! (heureusement que Lena a quitté l'appartement car on n'a pas le droit d'aboyer; surtout si fort ! Mais c'est pour la bonne cause).
Rufus s'allonge, jette un oeil, entrevoit une patte verte qui s'agite faiblement et perçoit un tout petit couinement. Il appelle Gladys la pieuvre, qui a la taille et les tentacules qu'il faut pour ramener au grand jour le pauvre égaré. Rien de cassé, tout étourdi, plus de peur que de mal. D'abord muets pour ne pas l'effrayer, les lapins se mettent à danser en frappant le sol à coups redoublés. Rantanplan, radieux, après avoir délicatement posé Lapinou vert sur le rebord du lavabo, où ses frères l'ont rejoint, s'essaie à la danse des lapins puis se rappelle qu'il est un chien et, en aboyant à qui mieux mieux, Rufus sur le dos, revient dans le salon, fou de joie.
Une grande fête y a lieu, digne des plus mémorables banquets de fin des aventures d'Astérix, sauf que la nourriture des peluches et bibelots n'est pas constituée de sangliers rôtis ; on ne peut la décrire, Lena ne l'ayant pas encore inventée, ce qui n'empêche pas que tout le monde mange de bon appétit.
A son retour, Lena se fait tout expliquer par Baptiste, félicite ses petits amis pour leur grande solidarité, explique en leur présentant ses excuses pourquoi elle ne s'en est pas tout de suite occupée, mais il lui fallait sortir absolument. Elle fait la toilette de Lapinou vert et leur choisit une nouvelle demeure, plus sûre, à lui et à ses frères, en face, collés sur le plus haut tiroir d'un petit meuble à trois étages.
L'après-midi se déroule-t-il dans un calme exceptionnel, après les efforts du matin et les effusions de midi ? Que nenni, comme dirait la grenouille de la fable de La Fontaine, une ancêtre de Gunilla : tout le monde est épuisé, certes, mais si les ronflements d'hier se font à nouveau entendre du panier africain, ils sont multipliés par on ne sait combien. On dort profondément là-dedans ! Seuls les oiseaux de l'horloge veillent et marquent les heures de leurs chants mélodieux.
Lenaïg
5 mars 2008
Illustrations :
Tchang et Rantanplan, photo Lenaïg
Lapin orange en bougeoir, www.so-french-deco.com
Lapin jaune en feutrine, www.creafamille.be
Lapin vert lampe, www.madamelamarchande.com
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Par lenaig boudig le 20 Novembre 2011 à 06:00
Histoire n° 4,
à double titre :
Alastair - La peur de l'aspirateur !
***
Rappelons-nous, dans l'Histoire n° 3, nous avons évoqué le spectre de la xénophobie, qui s'est bien vite dissipé dans notre microcosme. "Spectre" ? Il n’en a pas fallu plus à l’ami Alastair pour venir subrepticement rôder au-dessus de l’appartement.
Ce personnage en est un, de spectre. Que tout le monde se rassure, c’est un spectre gentil, ce n’est pas une allégorie (cela, en gros, veut dire une figure de style, une image pour représenter une idée). Alastair est donc un fantôme de son état et il préfère qu’on le nomme ainsi, ce qui veut dire la même chose.
Baptiste sent une présence inconnue et ne distingue d'abord rien. Comme il est le plus proche de Lena, tout frissonnant, il lui demande ce qui se passe. Alors, Lena le met dans la confidence et révèle Alastair à Baptiste. Et voici ce qu’il voit :
"- Depuis quand es-tu là ? articule avec peine Baptiste, la mâchoire tombant d’étonnement.
- Depuis cette nuit, répond Alastair, j’ai chatouillé les pieds de Lena pendant qu’elle dormait, pour rigoler et pour la préparer à mon arrivée, mais sans la réveiller. Angus le bélier ne dormait pas quand je suis arrivé et il m’a invité à me réfugier avec lui sur sa Montagne du Coussin vert, où nous avons refait l‘Ecosse , en riant et en pleurant tous les deux, de joie et de nostalgie mêlées."
Merci, Alastair, d’avoir été si patient ! s’écrie Lena, en levant les yeux de son ordinateur, où elle est en train de dactylographier les notes qu’elle a gribouillées ce matin au petit déjeuner. En effet, ce matin, avant de sortir du placard le monstre aspirateur pour remuer le ménage, heu pardon pour faire son ménage, Lena a vite couché sur le papier des idées. Elle a cherché sa gomme normalement restée sur la table … Point de gomme … Mais, en soulevant son verre de jus d’orange, qu’a vu Lena, planquée derrière celui-ci ? la gomme et, assis en face d’elle, le fantôme Alastair en train de rigoler mais bien sapé, en kilt et en béret. C’était lui le coupable !
Lena a ri aussi, ce qui fait du bien le matin (et tout le temps dans la journée) mais elle a momentanément laissé tomber Alastair pour s’atteler à une tâche monumentale : le passage de l’aspirateur et la séance d’époussetage. En guidant le va et vient de l‘appareil, elle dit à Baptiste en soupirant, par la voix mentale bien entendu, étant donné le bruit :
"- Je ne connais pas la Fée du Logis, je le regrette bien car elle ferait tout ça tellement mieux que moi.
- Et si tu avais été Blanche Neige, alors, tu te rends compte ? Pour faire le ménage dans la maison des Sept Nains, elle avait tous les oiseaux, les souris et les rats du coin ! "
La voix mentale est aujourd’hui vraiment fort utile à Lena et à Baptiste car, comme on dit communément, on ne s’entend plus causer dans cet appartement … Il y a en effet le grondement de l’appareil et les grognements, jappements de tous les chiens en peluche. Lena a renoncé à essayer de leur faire changer d’attitude : les chiens n’aiment pas l’aspirateur, c’est viscéral, pour eux c’est un ennemi, un intrus, et là, même le sage Piotr joint sa voix au concert des autres.
Quant aux chats de tout poil du microcosme, il n’y en a plus un seul de visible : dès l’allumage de l’appareil, des dérapages de démarrage en trombe, des miaous de télescopage ont à peine eu le temps de se faire remarquer tellement cela s’est passé rapidement. Ils se sont tous planqués, les minets, pratiquement tous sur les hauteurs, et l’odeur de leur terreur s’est répandu partout (qu’on se rassure, ils ne sentent pas mauvais quand ils ont peur, c’est juste une odeur, bien caractéristique).
Alastair l’a senti, cette odeur, mais il s’est bien gardé de tenter de les rassurer, car un chat qui a peur n’a plus toute sa tête et ne reconnaît plus rien ni personne. Il vaut mieux ne pas s’en approcher, il devient dangereux et peut vous planter ses griffes dans les bras, dans les yeux ! Il n’y a plus qu’à les laisser tranquilles et attendre que la cause de la peur cesse et que la situation redevienne normale. Lena a continué, résignée.
Les peluches grand format, les ours et le lion n’ont pas peur, au contraire, ils aiment beaucoup ces journées, où Lena les cajole et leur parle à tous un par un en leur nettoyant le pelage avec la brosse. L’aspirateur est ramassé, Lena s’est douchée, elle s’installe dans le canapé pour causer enfin avec son fantôme favori.
"- Alastair, te rappelles-tu comment tu as été conçu ?
- De cela, non, Lena, l’eau a tellement coulé sous les ponts depuis."
A son retour d’Ecosse, où elle était allée en vacances avec sa maman, Lena avait envoyé à Mona des photos. Sur l’une d’elle, la maman de Lena posait devant un château en ruine et normalement … hanté. Mona ne voyait pas le fantôme sur cette photo, alors Lena l'a dessiné et lui a donné un prénom … Alastair est né !
L’imaginative Mona a bien contribué par la suite, avec Lena, à donner vie à l’ectoplasme (encore un autre nom pour fantôme). C’est ainsi que l’on a appris qu’Alastair, dans sa vie terrestre, avait été amoureux de la jeune Marie Stuart et que c’est d’ailleurs, en la défendant de toutes ses forces et de toute sa loyauté, qu’il perdit la vie, dans des circonstances tellement affreuses qu’on ne peut même pas les raconter, cela dépasse l’imagination. Etant mort sans avoir su ce qu’était devenu sa belle, il est resté errer entre les mondes, jusqu’à ce que Mona et Lena viennent le récupérer.
Mona et Lena, par emails et par sms, inspirées par Terry Pratchett, lui ont notamment fait faire de la musculation ectoplasmique en compagnie du roi Vérence, fantôme du Disc Monde, il a pris du corps, de la stature, de la consistance et maintenant il vole carrément de ses propres ailes, oui on peut dire cela pour un fantôme, même s’il est loin d’être un ange !
Lenaïg
Mardi 18 mars 2008
Illustrations :
Alastair, dessin Lenaïg
Photos du net (voir album Animaux)
Traduction du dessin de London's time :
"Je ne sais pas ce que c'est, mais je reconnais le Mal incarné !"
***
Le livre de Mona
L'eau a coulé sous les ponts, nous dit le fantôme Alastair
dans cette histoire.
Et l'imaginative Mona vient d'achever son premier roman !
Bravo, Mona !
Un Alastair en cachait un autre ... celui-là bien humain.
Mona, qui a vécu en Ecosse, qui aime tant se promener en forêt
de Huelgoat, a puisé son inspiration dans ces deux sources-là
en les réunissant.
L'Alastair de Mona n'a rien à voir avec notre brave fantôme,
il nous entraîne dans un tourbillon de fantaisie et de science-fiction !
Si on aime le monde du Petit Peuple, des korrigans et des fées,
si on n'a pas peur de voyager loin dans le temps et l'espace,
si, comme moi, on apprécie les illustrations, surtout quand c'est
"fait maison", on se plongera sans hésiter dans le roman de Mona :
De Huelgoat à Kilchoan,
initialement posté, chapitre après chapitre,
sur Plumes au vent,
maintenant édité chez Stellamaris !
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Par lenaig boudig le 15 Novembre 2011 à 13:30
Histoire n° 3
Rufus le rouge
Avant-propos : pour qu'on se sente bien sur cette page en écoutant
ou en lisant nounours Baptiste, on va s'entourer de coussins amusants, en forme de fleurs, d'animaux, de personnages connus ou de coeur (je crois même que, parmi eux, s'est caché un coussin péteur ; saura-t-on le repérer ?). Entre ces coussins, on va se blottir confortablement. On ne verra pas le portrait de Rufus, car il n'a pas encore donné son autorisation pour apparaître ici. Plus tard, peut-être, ainsi que les grands chiens Piotr, Tchang et Rantanplan ...
Concert d’aboiements ce matin dans le séjour de Lena, pendant que celle-ci est dans sa salle de bain. Concert ? Si on veut, car en écoutant bien, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un chœur : une voix détonne, elle s’oppose aux autres …
Qui fait donc tout ce raffut ? d’abord les grands chiens en peluche Tchang et Rantanplan, jaillis de leur panier africain, qui dansent et sautent autour du lit et sont furieux ; en écho et par solidarité viennent les hurlements de Knut, le petit husky, là haut sur l’étagère de la bibliothèque, tandis que Gunilla la grenouille sa voisine se bouche les oreilles.
Avant de révéler qui est celui qui aboie à contresens et surtout quel est l‘objet de cette ire, faisons le tour des autres membres de la gent canine qui ne prennent pas part à la manifestation : Scoobidoo, qui est déjà au parfum et s’attendait un peu à cette réaction, Bill qui se tord juste le cou à sa petite fenêtre et ne veut pas prendre parti avant de comprendre de quoi il s’agit, Cubitus et Milou, sur le cube orange, qui savent aussi et se bidonnent de la fureur des grands, un tantinet condescendants car ils jugent cette colère trop primaire, enfin Emile, petit chien tricoté blanc à la laisse bleue, qui ne se tait que parce que son maître, le garçonnet tricoté David le retient d’aboyer … Les autres chiens du microcosme, car il y en a d’autres, oh oui, ne se manifestent pas, occupés ailleurs.
Alors, sur le lit, c’est Piotr, gros chien anti-stress aux yeux marrants de bande dessinée, dressé, l’air emphatique tel un avocat dans sa robe marron foncé bouclée, qui tente de couvrir la voix des fous furieux pour les convaincre de la légitimité d’un … nouvel arrivant.
Piotr pousse Rufus le rouge derrière lui pour le protéger. C’est Rufus qui est au centre des débats, heu du raffut ! Son problème du moment, c’est qu’il est de la race des coussins, certes, de l’espèce des peluches, certes aussi mais personne ici n’a encore vu de personnage comme lui. Est-ce un chien ? Est-ce un chat ? Il a toujours un sourire gentil (enfin, là il ne sourit plus), il aime faire des pitreries, des grimaces, des cabrioles (là, il est pétrifié) mais on ne peut le classifier.
Piotr s’avère brillant avocat. La colère et la méfiance des grands chiens s’apaisent car Piotr les a félicités : ils ne faisaient que leur métier, ils agissaient en chiens de garde, c’était un bon réflexe d’aboyer, un bon chien doit le faire quand il croit sentir qu‘il y a danger. Cubitus et Milou se regardent dépités, puis applaudissent de bon cœur.
Piotr leur explique : Rufus vient d’être adopté. Lena l’a rencontré au rayon décoration de son grand magasin favori, ils se sont regardés et Rufus lui a sauté dans les bras. Lena s’est interrogée mais elle a compris que ce personnage, n’ayant pas son pareil sur la terre, devait descendre d’un espace imaginaire. Rufus a été nettoyé pour se débarrasser des poussières interstellaires, mais il n’a subi que la toilette de tout le monde à son arrivée ici.
Tchang et Rantanplan, calmés et convaincus, agitent frénétiquement la queue et viennent gratifier Rufus d’un grand coup de langue énergique chacun. Voilà, Rufus est baptisé ! Il ferme les yeux et s’assoit de surprise, puis s’essuie et se met à rigoler pendant un bon moment, tellement il est soulagé.
Le joyeux luron Iannis Panpan et la douce Melina aux oreilles tombantes (lapins de leur état, est-il besoin de le préciser), qui demeurent également sur le lit côté table de chevet, sautent par-dessus l’oreiller pour lui faire leur démonstration de galipettes et Rufus rit encore plus fort.
« Tu es comme nous, tu as une truffe ! » constate Rantanplan (qui sait de quoi il parle, étant donné la taille de la sienne), avant de regagner son panier, car maintenant il se sent épuisé. « Tu es comme moi aussi » lance Horst, petit chien anti-stress rouge vif, gardien de l’imprimante et de l’ordi de Lena. Transfuge du lieu de travail de Lena, il a été accueilli sans problème mais reste réservé, souffrant encore d‘une sorte de «mal du pays », cette dépression qui saisit quelquefois les gens déracinés. Comble de l’ironie, les petites billes dans son tronc font toujours leur office pour détendre les humains qui peuvent le prendre en main mais n’ont aucun effet sur lui !
La réponse de Rufus à Horst, sautillements et grands signes de sémaphore, se répercute chez le petit chien dépressif en de telles ondes de joie que plus personne n’aura sans doute de raison de s’inquiéter de sa santé : sa convalescence a commencé.
« Oui, bienvenue, Rufus, voici tes frères et tes cousins » conclut Piotr, sur fond de ronflements mystérieux venant du panier africain ; mystérieux, non, on plaisante, tout le monde reconnaît l’émetteur …
Tchang, lui, préfère se coucher contre Piotr et Rufus sur le lit, pour une fois que Lena, qui vient de passer, n’objecte pas à sa présence dessus.
Lili, Lola et Lolo, venus en visite, ont fait un petit ballet en l’honneur de Rufus et Lili lui a dit : « salut, cousin coussin, tu nous ressembles beaucoup aussi, on s’en va parce que vous allez dormir, mais, quand tu auras fini, viens donc jouer avec nous sur le fauteuil ».
Donc, chassé le spectre de la xénophobie, mot savant qui signifie haine de l’étranger. Ici, on en était juste à la méfiance et tout le monde s’est expliqué. Rufus est intelligent et de bonne volonté. Il dort maintenant, mais il va bientôt se mettre à explorer, multiplier les rencontres et donner du sien sans compter.
Lenaïg
Mardi 4 mars 2008
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Par lenaig boudig le 9 Mai 2011 à 06:00
Histoire N° 2 :
Lili, Lola, Lolo
"Lola, aide-moi !" crie Lili.
"Qu’est-ce qu’il y a encore ?" répond Lola d’une voix fatiguée et elle se tourne vers sa petite sœur, interrompant sa conversation avec sa meilleure amie Mauricette Nounoursette.
"Lolo n’fait rien que se mettre exprès devant moi, c’est tout juste si on voit un coin de mon oreille !".
En effet, Lolo, l’air buté, est campé bras écartés au milieu du fauteuil et ce petit chat coussin tout noir s’emploie manifestement à faire oublier les autres occupants des lieux sur le rouge sombre du plaid, ne laissant voir de sa petite sœur qu’un bout d’œil et une grande oreille pointue jaune orange frémissante …
"Lolo, ça suffit, tu te prends pour qui ? Tu ne connais pas encore la fable de La Fontaine : La Grenouille qui voulait devenir aussi grosse que le bœuf ? Je vais te la raconter." Du coup, Lolo cesse de poser, perd presque son air effronté et s’installe pour écouter aux pieds de Lola, pendant que Lili ravie se love contre le grand Balou.
Oh ! Une nouvelle patte apparaît sur le bras du fauteuil, puis deux … hop, deux pattes de derrière et un postérieur doté d’une superbe queue rayée noir et blanc prennent position sur l’accoudoir dans un mouvement ample et tranquille et la tête blanche et grise aux yeux rouges cerclés de noir d’Abigail, la "lémurienne", se tourne vers Lola et ne bouge plus, dans l’expectative.
Ni Lolo ni Lili ne font un geste pour la pourchasser, comme à leur habitude, l’heure n’est pas à la rigolade et Abigail le sait !
Du dossier parvient un puissant ronronnement, c’est Timothy, chat blanc et gris, qui exprime sa satisfaction et quelques jappements impatients, c’est Patoune, chienne blanche et frisée qui ressemble à Milou : « vas-y, vas-y, Lola, c’est quoi, c’est quoi ? »
"Tim, s’il te plaît, mets une sourdine, tu sais que tes ronrons me donnent envie de dormir et ce n’est pas le moment" supplie Lola. "Miah, OK" et le ronronnement devient à peine audible.
Et Lola, qui connaît par cœur un grand nombre de fables, se lance … Tout le monde grimpe à bord du bateau voguant sur la rivière des mots de La Fontaine, qui jaillissent de la bouche de Lola.
Lola se tait, le silence qui suit se rompt peu à peu, les ronrons reprennent de plus belle, Lili se fait un peu les griffes sur le siège du fauteuil et s’en va voir Abigail.
Une voix très basse et lente retentit de la plus haute étagère de la bibliothèque :
"Ouais, des grenouilles qui enflent comme ça, ça n’existe pas ! Je sais quand même, puisque j’en suis une ! Ce sont les crapauds qui gonflent leurs bajoues pour séduire leurs belles …
J’espère, Lola, que tu ne vas pas me laisser sur ma faim, tu vas nous en conter une autre, hein ? Tu m’entends au moins, car Lena ne m’a pas encore changé ma pile, il serait peut-être temps !". Il fallait s’en douter, Gunilla se sent concernée !
Balou, qui se rend compte tout à coup que Lolo s’est tassé dans un coin, qu’il ne dit rien, les yeux emplis d’angoisse, se met à le chatouiller. Pas de réaction. Alors, Lola le prend dans ses bras :
"- Tu as eu peur, Lolo ?
- Oui, c’est horrible cette histoire. C’est bien vrai, Gunilla, que des grenouilles comme ça, ça n’existe pas ?
- Tu peux me croioioire, mon peeetit, je suuuis fooormelle, Lola a choisi cette fable pour que ne tu faaasses plus le fanfaaaron comme tout à l’heure."
Gunilla se tait pour économiser sa voix tandis que Lola prend le relais :
"Ecraser les autres dans la vie pour être le premier, le plus beau, un peu comme tu voulais le faire en masquant ta petite sœur Lili, tu sais, il y a plein d’humains qui s’amusent à ça. Mon Lolo, il ne faut pas que tu fasses des cauchemars ce soir à cause de cette histoire, tu n’aurais pas éclaté, La Fontaine a écrit cela à l’attention des humains comme il le dit à la fin. On peut s’enfler d’orgueil, c’est une image pour signifier qu’on se croit au-dessus des autres. Plus on se croit haut, plus on risque de tomber bas quelquefois."
Lolo reprend vie, sa vie de chat coussin bien entendu. Lola réfléchit et s’écrie : "On va changer d’univers, ça va vous plaire ! Laissez-moi vous présenter LE RAT DE VILLE ET LE RAT DES CHAMPS, toujours écrit par Jean de La Fontaine. Cela se termine bien, Lolo, c’était trop tôt de te conter la mésaventure de la grenouille mais au moins cela te mettra un peu de plomb dans la cervelle, petit chenapan !"
Nounours Baptiste, lui, sur le dossier du canapé, n'a pas perdu une miette de tout le remue-ménage, en l'absence de Lena. Ses craintes d’être un jour jeté disparaissent, il se rappelle maintenant que, dans les boîtes de rangement bleues, des tas d’autres peluches attendent d’être sorties mais passent le temps agréablement, que, lui aussi, peut se voir rangé dans une de ces boîtes avec ses copains, pour laisser la place en plein jour à ceux qui ne l’ont pas été depuis longtemps. Que, si le grand ours humain, compagnon de Lena gronde trop fort, d’abord il est tout sauf méchant, ensuite Lena a la solution : le rangement … hors de sa vue !
Nounours Baptiste sourit et plaque un gros bisou sur la trompe de Mahima, qui n’en revient pas.
Lenaïg
Lundi 3 mars 2008 10:06 am
7 commentaires -
Par lenaig boudig le 3 Mai 2011 à 09:40
Histoire N° 1 :
Baptiste et Mahima
Nounours Baptiste est content : Lena lui a retouché son petit nez marron d’un coup de feutre et la petite décoloration due à … quoi, au fait ? au temps qui passe, à un passage trop énergique de la brosse à aspirateur ? nul ne le sait mais, même si ce n’est pas parfait, la petite décoloration donc ne se voit plus et son nez a retrouvé un aspect pimpant ; les yeux de Baptiste brillent de fierté. « Tu as vu mon nez ? » n’arrête-il pas de dire à sa grande copine, l’éléphante grise au ventre blanc Mahima, postée à côté de lui sur le canapé. « Mais oui ! Ce n’est pas parce que j’ai des petits yeux que je suis aveugle ! » lui répond Mahima, qui commence à être agacée.
Mahima est une éléphante d‘Inde, cela se devine à ses petites oreilles et c’est pour cette raison que Lena l’a ainsi nommée, en cherchant des prénoms indiens sur internet : Mahima veut dire la grandeur en hindou. Pour tout dire, Mahima appartient à l’espèce des peluches mais aussi à la race des coussins : large et confortable, elle apprécie qu’on s’appuie ou qu’on pose sa tête sur elle.
Sur le fauteuil rouge d’en face, vivent trois p’tits diables de la même race qu’elle, des chats coussins : la grande Lola, grise également, le p’tit Lolo tout noir et la p’tite Lili jaune vif. Lili et Lolo, en frère et sœur, ne cessent de se chamailler, faisant descendre souvent Timothy ou Patoune du dossier pour les séparer (mais nous parlerons d’eux plus tard).
Timothy et Patoune
et … devinette :
les oreilles de qui, en bas sur le fauteuil ?
Si l’on ne trouve pas, il suffit de relire un peu plus haut et de chercher sur la photo suivante !Depuis son arrivée chez Lena, Mahima a oublié sa vie d’avant. Elle se souvient très vaguement d’un lieu plein de bruits, de voix, d’étagères bien remplies et du grand sac où on l’a mise, ensuite de quelques heures passées dans un autre endroit, différent, où retentissaient de nombreuses sonneries de téléphone et d’une voix proche, qu’elle entendait souvent. Mahima avait peur, surtout quand on la transporta dans un véhicule grondant et sifflant …
Réponse à la devinette : le bout d'oreille jaune vif appartient à la p'tite Lili, à qui son frère fait toujours des misères ! Là, il essaie de la cacher pour qu'on ne la voie pas sur la photo ... Mais elle n'a pas dit son dernier mot ...
Soudain, ce fut le calme, Mahima fut sortie du sac et découvrit que la voix venait du visage de Lena, souriant et affectueux. Après sa toilette, elle fut installée sur le canapé, qui à l’époque était recouvert d’un plaid écossais, celui de feue Chabine, la belle et grande chatte tigrée du compagnon de Lena. Aujourd’hui c’est une couverture bleue qui habille les coussins fatigués du canapé, le plaid écossais est passé sur le fauteuil d’à côté.
Eh oui, Lena change souvent les choses dans son appartement, les couleurs sont toujours gaies et les enfants peluche de Lena aiment que ça bouge et que les couleurs chantent …
Nounours Baptiste, lui, figure parmi les plus anciens occupants de l’appartement. De sa fabrication en Chine, il ne se souvient pas du tout ; il espère que l’usine de nounours d’où il vient n’exploite pas d’ouvriers enfants, car Lena parle à ses nounours et surtout leur communique ses pensées. Il sait donc que le monde extérieur se révèle parfois extrêmement cruel. D’ailleurs lui-même et ses frères faisaient partie d’un programme à but humanitaire, entre une société de vente par correspondance et une grande organisation internationale.
Une partie de l’argent versé par Lena pour son achat est allé à cette organisme.Nounours Baptiste a été accueilli comme un véritable enfant par Lena et la Maman de Lena ; toutes deux l’avaient ramené dans la maison de la ville natale de Lena, car cela avait lieu pendant les vacances, et, en ouvrant le gros colis contenant toute la commande, elles s’étaient extasiées sur le mignon nounours et l’avaient pris dans leurs bras. Baptiste était vêtu d’un short et d’un T-shirt gris de grand styliste, car des stylistes de mode célèbres avaient participé à cette opération. A la fin des vacances, Baptiste trôna fièrement sur le siège arrière de la voiture de Lena quand elle rentra à la grande ville.
Nounours Baptiste n’est pas sorti du ventre de Lena mais il a été adopté, comme les vrais enfants qui n’ont plus de parents sont adoptés par des hommes et des femmes qui n’ont pas eu l’occasion ou la possibilité d’en fabriquer eux-mêmes ! Baptiste est d’une nature calme, comme Mahima, qui pratique le yoga et tous les deux sont d’accord pour savourer la joie d’avoir été choisis par une dame adulte, qui ne les malmène pas, ne les machouille pas en les couvrant de bave, ne les balance pas à tout bout de champ à travers la pièce.
Tous les deux rassurent Lena : on t’aime, Lena, peu importe les adultes qui te jugent immature, on est bien avec toi. Même si tes autres peluches sont plus dissipées, tombent souvent de leur perchoir ou te glissent entre les mains quand tu les tiens, même si elles trouvent qu’il n’y a pas ici l’agitation créée par de vrais enfants dont nous sommes supposés être les seuls compagnons, elles seraient tristes si elles devaient être projetées dans un autre environnement.
Nounours Baptiste et Mahima se sentent bien dans le studio, qui est un microcosme entre la réalité et l’imaginaire, peuplé de tant d’individus différents. Par exemple, Baptiste a vécu plusieurs années sur le lit avec Jésus Perlimpinpin, le pingouin au bonnet et cache-nez rouge et vert, offert par sa grand-mère, la Maman de Lena, devant lequel Lena fondait de tendresse aussi à son arrivée. Mais maintenant Jésus habite sur une étagère à livres avec, entre autres, Pauline Lapine, arrivée un jour dans les bras du compagnon de Lena, de retour de voyage.
Une ombre au tableau cependant : le problème de cet ours humain, le compagnon de Lena, qui commence à râler que les nounours sont trop nombreux. Lui est sérieux, enfin il essaie, pas comme l’amie Mona de Lena, qui lui a gravé sur un parchemin un jour une citation d’un certain Mencius : « grand est celui qui n’a pas perdu son cœur d’enfant » … Il râle mais il n’est pas méchant. N’a-t-il pas dit : « tu n’as qu’à en garder deux ou trois et on leur fera des habits » ! Mais que deviendrions-nous, se demande Baptiste …
LenaïgVendredi 29 février 2008 11:35 am
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