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Bar Away - Marie-Louve
Quatre-vingt-dix-huit …quatre-vingt-dix-neuf…cent ! Cette situation devient intolérable, lança Zeus à bout de patience. Poséidon ! Va me chercher mon frère Hadès, gardien des enfers. Surtout, je ne veux pas voir sa diablesse, Perséphone. Qu’elle reste au chaud à la maison.
Sitôt dit, sitôt accomplit. Un mémorable 5 à 7 qui tourna mal. Les trois dieux tinrent une célèbre conférence au sommet au chic Bar Away de l’Olympe. Poséidon nageait dans l’indifférence. Sa mer et son univers coulaient à flot dans l’or sans calme plat. Ses sirènes l’enchantaient. Tout baignait pour lui. Qu’avait donc cet éternel insatisfait face à sa création sur Terre ? Quelle idée aussi de se fabriquer des marionnettes pour se divertir. Qu’avait’ il besoin de se dérouter ainsi en s’imaginant se multiplier à travers ces étranges personnages qui devaient lui ressembler ? À y regarder de près, force était de constater que rien d’autre qu’un pur désastre en avait découlé. Un chaos dirait mieux. Son frère Zeus lui avait toujours paru être un marginal, un éternel rêveur. Évidemment, leur mère le lui reprochait depuis toujours. Il se souvenait du fameux dimanche, ce dernier jour de son œuvre accomplie quand maman chérie, furieuse cette fois-là, interpela son fils Zeus en exigeant qu’il lui explique son idée fixe : l’amour, cette obsession, cette idée éthérée dont lui seul connaissait la nature. De ces descriptions, personne n’en saisit la moindre parcelle. Blessé dans son orgueil, Zeus boudait encore sa mère et tenait à distance son frère Hadès qu’il surnommait par moquerie, Verbouc. Ainsi plongé dans ses pensées, Poséidon en sortit en sursautant aux éclats de voix accusatrice du malin Verbouc.- Ah ! Monsieur mon frère Zeus, le naïf, réclamait de l’amour et il récolte la haine, la mort et des violences de partout avec son joujou, sa belle Terre et ses vauriens. À qui la faute ? À trop vouloir la part du lion, on finit entre ses griffes. Voilà ce que j’en pense de tes monstres créés par toi-même. Tu as toujours voulu le beau rôle au-dessus de tout et de tous. Tu m’as confiné aux enfers et je sais y faire à ma manière. Ma douce Perséphone me seconde loyalement. Que fait ton Héra pour te venir en aide ? Elle joue de la harpe ? Tu te lamentes encore que tes baudruches de terre n’en font qu’à leur tête. Paradoxal non ? Que croyais-tu donc en les laissant libres et sans connaissances ? Qu’ils se prosterneraient à tes pieds pour te rendre grâce de leurs misères. Tes idiots se battent, se volent les uns les autres. Ils ont construit un Moloch pour t’offrir des sacrifices, des enfants et des femmes qu’on y brûle vifs. Où est le problème ? Ils se veulent à ton image : supérieur. Tu as compté cent bébés offerts à l’aube du jour qui t’est consacré. Que veux-tu de plus ? Qu’on fouette plus de femmes ? Ta naïveté me fait rire pauvre créateur de gâchis. Ha, ha, ha…
- Assez de tes idioties ! Il me suffit largement de partager le même code génétique familial avec toi. Malheureusement, il te manque le gène de l’amour et cela même nous divise en tout. La boîte de Pandore vient de toi et ce sera à toi de réparer cette odieuse manufacture à calamités sur Terre. Tu me supplies sans fin de te laisser aller sur Terre pour y punir mes infidèles en mon nom. Soit ! Telle est ta volonté, je t’ouvre le passage. On verra bien qui gagnera ce pari de l’amour. N’oublie pas qu’en chacun des humains j’y ai mis ma part d’amour. Va qu’on en finisse ! J’ai tout mon temps. Sache que j’enverrai aussi mes initiés et pas les moindres.
Verbouc rougi de plaisir, mais avant tout, satisfait bien au-delà de ses espérances prit à toute vapeur la poudre d’escampette craignant que Zeus ne change d’idée. Poséidon en demeura bouche bée. Puis le temps fila à la vitesse lumière.
Longtemps après, sur Terre, la famille Weston avait du pain sur les planches. Elle régnait en maître et bourreau depuis des lustres puisqu’armée de puissantes machines de guerre, cette grosse famille terrorisait tous les peuples de cette planète. Leurs ancêtres avaient signé un pacte avec une espèce de veau d’or titanesque qui les nourrissait sans fin de cupidité et de bien d’autres vices. Chaque matin, au lever du soleil, le Networm diffusait sur des écrans géants le vidéo témoin de ce pacte qui se concluait sur des paroles de lycanthropie. Malgré leur pitoyable sort, les Terriens gardaient une lueur d’espoir qu’un jour viendrait la fin selon les paroles transmises :
-Eh bien, dit Mme. Weston, je pense qu’il pourra demeurer près de nous jusqu’au moment où il sera rouillé.
*Marie-Louve*
Pour le jeu de fin d'été de Marc Varin sur Plumes au vent :
texte sandwich, première et dernière phrase imposées.
Illustrations :
- Le veau d'or : chercher la source sur www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr
- Statues successives de : Zeus, Poséidon et Hadès (piochées dans les images de google)
- Elémental de rouille (jeu de cartes) : www.letsbuyit.com ou www.magicorporation.com
Tags : zeus, ton, poseidon, qu’un, terre
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Commentaires
Ce jeu fantaisiste finit par nous jeter la trouille devant ce veau Minotaure. Qu'il rouille au plus vite ! Merci pour les belles images évocatrices à souhait.
Quant au petit déjeuner, j'ai eu le malheur de l'apercevoir avant d'aller au lit. Je l'ai tout dévoré, mais j'ai couru à la boulangerie italienne du coin et j'en ai rapporté de nouvelles toute chaudes encore. Il est minuit ici, il fait encore 30 degrés cel. dehors. Ouf! C'est chaud encore pour demain: 34 degrés. Je plongerai à la Crapaudière. Bon mercredi ! Bizs.
Bonjourles filles, de la lecture fantastique ça donne faim... Gardez-moi un peu de cette brioche italienne, sans kawa non, du Quianti vous avez ? Je file à l'étage, bisous Lena, je connais le chemin, te dérange pas... bisous
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Merci beaucoup, Marie-Louve, de nous faire partager ton récit sur le blog aussi.
Quel monde ahurissant tu nous projettes sur écran ! Le bar des Dieux de l'Olympe, la corruption sur Terre, symbolisée par l'idole du Veau d'or, Hadès (ou le Diable, comme dans Faust) étant le deus ex maquina. Ce veau en or peut-être mais si pourri qu'il n'est pas étonnant qu'il se transforme en tas de rouille un jour !
En plus, on voit la statue de ce veau d'or dotée de cornes aussi imposantes que celles d'un taureau ! Je crois bien que le Minotaure n'est pas loin !
Demain, c'est moi qui prépare le café, accompagné de panettone, cette grosse brioche italienne aux écorces d'orange et petits raisins, pour changer !
Bisous