Courriel envoyé par Juliette à son frère, Wilfrid.

Suivi :

Urgent!

Wilfrid, c’est ta sœur!

Avec stupéfaction, j’ai lu ton torchon d’insultes.

Avant d’y répondre, je me suis confiée au curé Bourrelle en lui reléguant ton courriel chargé de haine malicieusement injustifiée à mon égard. Grâce au ciel, mon ami le curé, m’a dirigée vers un ecclésiastique de sa connaissance qui œuvre à l’église Saint Léon-Trotteski-Durse à Santa Patata. Le bon samaritain me conseilla la charité chrétienne à ton égard. Selon ce sage prêtre, tu es un grand malade de l’âme. Tu serais né avec une tare de narcissisme héritée de Satan lui-même. Laisse-moi te dire que j’ai pleuré à chaudes larmes en apprenant cette horrible nouvelle.  Ce bon Saint-Franciscain eut la générosité de me consoler en m’assurant qu’il saurait te venir en aide en faisant chanter de grandes messes chez les sœurs cloîtrées. Malgré toi, les saints amélioreront ton sort qui risquait la damnation. Je me suis confessée et je dois te pardonner par ordre du bon père.

Ton manque d’empathie envers la chère Émilie lourdement éprouvée par la récente nouvelle du  décès de son cinquième époux pendant qu’elle boudait banalement chez Charlotte pour lui servir une leçon m’a choquée au plus haut point. Elle aimait cet homme à la folie. Il serait mort subitement d’un fatal anévrisme au cerveau. La petite est inconsolable. C’est le grand créateur Stevy qui a dû lui confectionner à toute vitesse une tenue digne de son rang pour retourner à Sainte-Frigide-Sur-Mer et organiser les obsèques en grandes pompes.

Cesse de voir Charlotte comme une pauvre gourde. Je suis sa mère. Je connais cette enfant qui me tient tête depuis la petite enfance. Rappelle-toi quand feu son père et moi l’avions mise en pension à l’âge de cinq ans chez les Ursulines. Cette petite a pleuré pendant des mois pour absolument aucune bonne raison. Nous l’avons choyée en lui envoyant des jouets nouveaux à tous les mois, mais  rien n’y faisait. Après deux ans de pensionnat, Sœur Angèle nous rassura en nous affirmant que cette enfant trop gâtée avait cessé de pleurer. Que veux-tu ? Charlotte n’a pas ma trempe ni mon généreux caractère.

J’espère que mon message est clair cette fois ! Transmets à ma chère belle-sœur, Georgette, mes salutations et mon désir de la revoir au plus tôt. Sache qu’entre femmes, nous sommes unies.

P.S. : Tous les lampions de l’église Saint Léon-Trotteski-Durse brûleront un mois durant pour que ton cœur reçoive la lumière.

Ta sœur Juliette qui ne renoncera jamais à sa promesse !

Puisqu’il faut t’aimer, il en sera ainsi.

Juliette  

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Marie-Louve

Illustrations :

• Don Camillo (Fernandel) et Peppone dans le rôle du Curé Bourrelle et du machiavélique Wilfrid !
• Pochette Chanel de veuvage d'Emilie.
• Tenue créée par le Stevy de Jill Bill pour Emilie à l'occasion de l'enterrement de son cinquième mari (sélection de Marie-Louve).
• Sac Chanel tout simple de Juliette pour son magasinage à Santa Patata.