• Vital - Marie-Louve, sur la Cour de récréation chez Jill Bill

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    Pour vous dire mes bons amis combien la vie était devenue coûteuse, à ce point que le gros Vital à Maurice de Normand n’arrivait plus à boucler ni sa ceinture ni son budget du mois. Sa pauvre Démerise venait de rendre l’âme. Le curé ne voulait pas de son cercueil dans son cimetière qui rapetissait à vue d’œil en cause de ses paroissiens qui ne payaient plus leurs dîmes des douze mois de l’année. Il fallait bien que l’argent rentre par quelque part et ce quelque part était la location des terrains au cimetière. Le loyer d’un mort était plus cherrant  que la location d’un espace de stationnement pour une vieille bagnole. Vital se grattait l’occiput ne sachant comment sortir de ce trou-là.  

     

    Le veuf à vif de sa douleur n’avait plus le choix. Même en mettant au clou sa vielle guimbarde, cela ne couvrait pas le prix de la terre pour mettre Démerise à couvert avec les vers pour la recomposer ou la biodégrader. C’était selon le point de vue des croyances.

     

    Il devait trouver un moyen pour ne pas garder Démerise morte sur le siège avant de sa vieille bien-nommée, Rossinante de tôle blanche.  C’est alors que Vital dû se résoudre à retourner chez son père, le vieux Maurice à Normand qui survivait  de choux gras cultivés sur les arpents de la ferme ancestrale de l’époque du grand Napoléon lui-même. Si, si, le vrai grand Napoléon.  

     

    Il présenta son plan d’action à son père aussi grigou que le curé. Ce dernier accepta le projet de Vital en lui faisant signer un contrat de partenariat à part égale pour cette nouvelle entreprise qui promettait d’être lucrative. Ainsi naquit, Crémation Vital, Maurice Éconopak. Inc.  

     

    Démerise fut la première cliente de cette nouvelle compagnie. Vital devint marchand de la mort entreposée  à prix modique. Avec les cendres, le père Maurice les embaumait d’encens acheté au Dollorama de la paroisse et les revendait au curé à prix d’or.  Les chiffres d’affaires du curé fondaient comme la mort chez  Crémation Vital, Maurice Éconopak. Inc.

     

    Vital avait compris que l’abus faisait le moine et sa vitalité.

    Dès l’aube, quand il s’attelait à son travail, Vital ne manquait jamais de prier sa Démerise qui l’avait sorti du trou.

     

    Marie Louve

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 28 Mars 2012 à 08:00
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour élève Marie-Louve ! Ah oui c'est souvent dans le besoin que jaillissent les ID qui vous sortent du trou... Vital a sauvé sa moitié de la momifiaction dans sa voiture... Avec lui nous aurons notre mercredi des cendres... lol ! Merci à toi, bises de m'dame JB

    2
    ABC
    Mercredi 28 Mars 2012 à 09:52
    ABC

    Deux textes sur ce blog, qui nous même d'un côté et de l'autre de la vie... Il y a des façons bien diverses d'être Vital ...

    3
    Mercredi 28 Mars 2012 à 09:54
    Monelle

    Voilà un Vital plein d'idées lucratives !! Ton imagination a encore frappé Dame Marie-Louve - Bravo !

    Très bonne journée - bisous

    4
    Mercredi 28 Mars 2012 à 13:51
    mamazerty

    et oui il faut bien vivre en attendant d'aller au trou^^

    5
    Mercredi 28 Mars 2012 à 15:31
    Jeanne Fadosi

    ce sont des métiers qui nourrissent leur homme ... bien raconté !

    bises et belle journée

    6
    Mercredi 28 Mars 2012 à 16:15
    Marie-Louve

    Merci les amis !  Chacun de vos commentaires m'ont fait bien rire en suivant sur vos pensées la logique de Vital.

     

    Je suis au rythme de l'escargot, mais j'espère aller vous lire à mon tour.

    Bises et bon mercredi à tous.

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    7
    Mercredi 28 Mars 2012 à 18:59
    Isobel

    Aux grands maux, les grands remèdes! Voilà un Vital qui ne se laisse pas abattre et qui se découvre une bosse pour les affaires. Bravo pour ce texte plein d'humour! Bisous. 

    8
    Vendredi 30 Mars 2012 à 12:01
    Lenaïg Boudig

    Coucou Marie-Louve, ah mais ce n'est pas parce que j'ai eu le délicieux privilège de te lire avant tout le monde que je ne dois pas me manifester ici !

    Je mets le temps mais j'y arrive. C'est mortellement désopilant et tu as un secret pour la création de ces atmosphères particulières et ces personnages tellement plus vrais que nature qu'ils sont des p'tites oeuvres d'art à eux tout seuls ! La satire est à nouveau au rendez-vous, les pompes funèbres et les concessions dans les cimetières sont à fond dans la course à l'argent et j'ai compris que l'Eglise canadienne n'est pas en reste ...

    Gros bisous !

    9
    Vendredi 30 Mars 2012 à 17:57
    flipperine

    la vie devient bien dure mais avant aussi elle était dure

    10
    Josette
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:34
    Josette

    la surprise vient toujours de l'urne  un texte à savourer... bravo marie Louve, contente de te lire chaque mercredi

    bisous je file renconrter Lénaïg

    11
    Tonton Ric
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:34
    Tonton Ric

    Après les larmes chez Isobel, une côte froissée chez Marie-Louve... Je ne finirai pas la journée, à ce rythme là !...

    En tout cas, je constate que Vital fait feu de tout bois, y compris de sa "vieille branche" de Demerise. 

    Rentable plutôt deux fois qu'une, puisque les cendres sont revendues, et de surcroît au curé, ce qui garantit au défunt de monter tutoyer les anges et tous les saints, dans des senteurs de myrrhe et de benjoin.

    Quelle belle fin de mort ! Mieux que les lombrics, non ?

    Bizzz et roses stellaires à Vous, Dame Marie-Louve, et bonne journée à tous les intervenants.

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