• Un parrain - Dominique - Portrait (2/2)

    affiche Premiers pas dans la Mafia 1990 1Parrain :

    Rôle envié ou maudit.

     

    Je rentrais dans la sphère de ceux qu'on croit heureux d'une élite absolue. En fait, sommes-nous heureux ? Ils vous diront que oui, les autres. Comme moi ils feront semblant, afin de ne pas renoncer aux turpitudes du luxe, aux illusions charmeuses d'un tourbillon rapide, d'une vie trépidante évitant de penser ; pour jouir...

     

    Mais le prix à payer, oh ! nous l'éprouvons ! Cette peur obsédante qu'on vous prenne la place, et de manière sanglante. Je souris de mes dents carnassières d'un blanc immaculé ; et j'ai peur. Je tuerai pour qu'ils ne la voient pas, cette peur obsédante, sur mon visage !

     

    Mon corps manucuré entouré de diablesses qui vous mangeraient le sexe en crachant vos pépins si vous le leur demandiez, mon corps endort mes craintes. Quelquefois, un rêve me revient sur mon enfance ; et j'oublie. Que faire d'autre ? Revenir en arrière ? Il faudrait enlever les mouchoirs du péché auxquels je ne crois pas, tout en me demandant... Je rirais grassement pourtant de ce genre de foutaises, mais le soir je me regarderais essuyant mon visage où coule une eau glaciale. Je me fais vieux...

     

    Un, deux, trois, dix mouchoirs, cent... Le bonheur, on pense le posséder, mais la douceur des coupes bues me brûle la gorge d'ennui. Les voix des morts m'enlèvent une paix que je ne peux acheter. Oui, je voudrais l'acheter, comme le reste ! Elle m'échappe et je m'enfuis dans des voyages dont mes yeux n'apprécient pas la beauté. Pauvre mec !

     

    J'ai eu de la chance, plus que d'autres en cavale pendant des années qui finissent dans une cage. J'ai été plus malin qu'eux : les gens veulent tellement vous ressembler... Dans mon affection, je me suis reporté sur les miens en croyant à l'amour éternel du sang de mes ancêtres qui coulent dans leurs veines. Ils me respectent. M'aiment-ils ? Et mes hommes ? Des lourdingues, des culs terreux parlant toujours de pétasses et de bouffes ! Ai-je essayé seulement de leur causer d'autres choses, moi ?

     

    Demain, je prendrai mon avion pour une réunion engrangeant des puissants financiers, et des politiciens. Chacun, oui chacun d'entre nous, le sourire sur la bouche, dira des paroles utilisées cent fois, prendra les mêmes décisions servant nos intérêts, et nous nous plaindrons des adversaires coriaces. Lentement, nous prendrons des mesures nécessaires à la cause...

    jeunesmafiosi C 

    Et puis nous reviendrons dans nos demeures en or pleines de serviteurs, soignés. Les murs seront garnis d'oeuvres immenses et vides, car nos coeurs ne les possèdent pas... Oh que je suis maudit : une autre vie, je veux une autre vie !

     

    — Monsieur Fernand ?

    — Ah ! Tu m'as fait peur José.

    — Ces messieurs veulent vous voir pour ce que vous savez...

    — Fais les entrer José, fais-les entrer. Dis-moi, j'ai bonne mine ?

     

    Les hommes pénétrèrent dans l'antre du parrain, du boss... Il était vieux et ils le regardaient avec des yeux vitreux...

     

    « Coincé... Profite, profite ! Heureusement : tous ces états d'âme, personne ne les connaîtra, se dit-il à lui-même.»

     

    « Allez, je deviens gâteux. Revenons aux choses sérieuses.»

     

     

    Dominique

     

    Illustrations : allocine et cinepop

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 2 Septembre 2010 à 13:39
    jill bill

    Bonjour Lena, bonjour Domi, que du beau monde !!!!  Mais je préfère ma ch'tite vie sans prétention, sans danger, sans risques, sans sel... Un peu de miel me suffit.  Allez le parrain adieu... Silence oui je sais, baissez vos armes, je connais la sortie !!!Bisous ma lena, mes félicitations à Domi , JB le "whisky" et oui ! 

    2
    Jeudi 2 Septembre 2010 à 17:16
    Lenaïg Boudig

    Bonjour Jill ! Bravo à Dominique, qui nous a transportés dans la peau d'un mafioso, un parrain qui plus est. On a éprouvé sa peur, constante, le poids de ses actes et là, on voit qu'il commence à sentir comme des fissures dans sa "façade", il se demande s'il a l'air aussi imposant qu'avant.

    On sent une lourde menace s'installer dans la pièce à la fin, quand les hommes entrent. On peut se demander si, au sein de son organisation, des gens ne se sont pas dit qu'il avait fait son temps et s'ils n'ont pas l'intention de lui faire passer l'arme à gauche !

    A moins que les hommes qui entrent soient d'un autre clan et que l'affaire soit corsée !

    Malaise palpable, comme on dit, c'est pour cela que le portrait est bien réussi.

    Bises à vous deux.

     

    3
    Jeudi 2 Septembre 2010 à 17:44
    dominique

    Merci à vous toutes.

    4
    Vendredi 3 Septembre 2010 à 17:20
    marie-louve

    Ce malabar gourmand de tous les vices ressemble à Chronos. On entend sa conscience qui nous parle de ses souffrances. Il se lamente à lui-même. J'ignore si de tels personnages sont capables d'introspection ou de se révéler à eux-même l'horreur de leur vie. Il faut un être bon pour imaginer que ces odieuses personnalités puissent penser ainsi. Intéressante lecture.

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