Par
lenaig boudig dans
Billet d'humeur le
24 Décembre 2009 à 07:37
Du café, je n’ai que ce mot à la bouche et j’ai encore une tasse devant moi. J’aime bien aussi le thé, mais comme je suis droguée, c’est là que mon goût porte bien plus volontiers. La machine m’a
lâchée, pas grave. Je commence à me réhabituer au filtre en plastique posé sur la verseuse rescapée. Debout dans ma cuisine sans fenêtre (il y a eu des architectes qui ont osé concrétiser cette
hérésie et cette inhumanité), dans ma cuisine donc, où se tenir à deux relève de l’intime, je prends le temps de le préparer, la radio allumée.
Des radios, j’en ai dans toutes les pièces, je peux continuer à écouter, même dans les "cabinets" !
Les cabinets, en fait, ne sont pas séparés, ils font corps avec la salle de bain. Trente mètres carrés à tout casser, il ne faut pas rêver. Mais c’est mon trou, ma tanière, mon terrier, je ne m’y
ennuie jamais. Le lapin s’y sent bien, la loutre un peu moins, sauf quand elle se plonge dans le luxe d’un bain. Un bain, c’est devenu très rare, l’eau est un bien précieux. Un bain avec de la
mousse ou des clapotis bleus, j’ai quand même testé. Je n’ai jamais eu de canard (ah, celui-là, il arrive à pointer son bec là !), mais une grenouille verte, offerte par ma Mère dans un petit élan
de tendresse spontané, ça j‘ai. Elle est à remonter, ensuite elle se met à nager. Elle a perdu presque ses yeux peints, qui se sont effacés. Pauvre grenouillette ! Elle a vieilli encore plus vite
que moi. Quoique mes yeux à moi, je ne peux pas m’en vanter.
Après tout, la myopie et l’astigmatisme présentent de la magie. Quand on ne porte ni ses lentilles ni ses lunettes, on distingue flous les formes et les contours, mais on voit les couleurs et elles
éclatent dans toute leur splendeur. Quand j’étais petite, encore bébé, c’était le pissenlit ma belle fleur préférée. Dans la traction avant (ça, c’était de la bagnole !), quand mon Père conduisait
et que je criais "F’eur !", il saisissait l’urgence et il s’arrêtait et sortait, pour cueillir la dite "f’eur" et il me la donnait. Ce soleil miniature me faisait rêver tout au long du trajet, sous
l’œil amusé du Papa, qui pointait quelquefois dans le rétroviseur. Et, toujours sans prothèse, si on regarde par la fenêtre la nuit, on n’est pas déçu, les globes des réverbères se transforment en
milliers de taches de lumière groupées en boules mystérieuses, surgies d’un autre monde, car je ne distingue pas … les pieds !
Tiens, de fil en aiguille, je repense à mon Frère, un jour de fantaisie, qui m’avait lancé "viens voir à la fenêtre, un troupeau passe, elles se sont échappées !". "Qui ?" avais-je demandé sans me
déplacer, car je le connaissais. "Ben ! Qu’est-ce que tu es en train de cuisiner ?" vint-il me dire, car c’était de l’autruche que je préparais ! C’est fou ce qu’on peut voir à la fenêtre quand on
"sait" regarder.
Pour en revenir à la "buvaison", je crois pas que le mot existe dans le dictionnaire et je ne veux pas vérifier, il est "trop" magnifique et Hosannam l’a inventé. Il évoque pour moi l’étanchement
de la soif sous des frondaisons, ou à l’abri dans sa maison. Nous disons "une boisson", nos amis canadiens disent "un breuvage" ; je le sais car, en Italie, je l’avais appris à leur contact,
quand nous étions tous assis à boire des sodas. Breuvage, c’est bien mieux, n’est-ce pas la Fée ? C’est nous, traites français, qui avons abandonné ce beau mot dans la vie courante, quelle erreur !
Pour en revenir donc à la buvaison de thé ou de café, la question me transporte car j’aime voyager, ne serait-ce que par la pensée.
Chez mes logeurs anglais, Mr and Mrs Smith pour ne pas les nommer (je garde leur nom secret, oh puis non, ils s’appelaient Pitters), c’est du thé qu’on buvait. J’aurais pu m’obstiner, me faire du
café, mais je voulais avec eux partager le goût du thé au lait. Je me trouvais en Angleterre à travailler et je voulais m’immerger. Quand je reviens sur cette année-là, j’avoue que ce fut une des
plus belles de ma vie. Mais c’est une autre histoire, peut-être à raconter. Et le laitier ? Qui vers six heures du matin s’arrêtait devant toutes les maisons, pour déposer aux portes une, deux,
trois bouteilles de lait frais. Le bruit de son véhicule à trois roues sonnait le réveil, l’heure du lever. Il n’était pas anglais ce monsieur, c’était un Allemand ayant fui les horreurs de son
pays troublé, il avait fait son trou en Angleterre, il était accepté. J’acceptais même de Mrs Pitters le week end à l’heure du déjeuner une tasse de café au lait (jamais de lait en France, pour
moi, dans le café), c’était si naturellement et gentiment proposé et je voulais avec eux "communier".
Et voilà qu’il paraît que le lait dans le thé, c’est pas bon pour la santé, le lait annihilant certaines propriétés du thé. Pourtant, pour le moral et pour défatiguer, qu’est-ce que c’était bon ces
nice cups of tea with a cloud of milk ! On vient de nous dire aussi que ce n’est pas la peine de s’évertuer à boire des litres d’eau dans la journée, que cela n’apporte rien à la santé. Quand je
vous disais qu’on n’en finit pas de jouer les apprentis sorciers. Sans que cela ait un rapport direct avec ce que je viens de dire, il se dit que certains scientifiques se laissent payer par des
firmes dévergondées pour asséner des vérités qui par tout le monde sont gobées et c’est comme cela que certaines habitudes alimentaires sont créées.
Bon, il est temps d’arrêter mes divagations et de vaquer à de plus prosaïques préoccupations. Cela m’a permis une pause dans les dures réalités, la grève des enseignants, les miennes, la
catastrophe en Chine, la misère des Birmans, les attentats, les assassinats. Je tâcherai d’aller faire un clin d’œil au Canard de Tof’, mais je travaille dur sur mon effet papillon et mes castors
bien mignons, il va falloir que je m’y remette. J’accoucherai (encore !) peut-être d’une souris, faute d’inspiration et de connaissances poussées, mais une souris, c’est gentil aussi, c’est sa
prolifération qui pose question ! Pour finir ici, j’ai entendu ce matin que le pigeon ramier, s’il a perdu ses dents, en a eu dans le temps, car son ancêtre, c’est le T-Rex !
Jeudi 15 mai 2008
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