• Puma - 10336 puma2 - www.blog-city.info  Point d'interrogation - www.magazine-avantages.fr

     

     

    Luther Redtimber fumait sa pipe en méditant au gré du balancement de son rocking-chair tandis que le soleil disparaissait peu à peu à l’horizon. Tout seul, il était tout seul dans son village abandonné. Cela faisait maintenant quatre ans que les derniers habitants avaient déserté. Même sa femme s’était réfugiée chez les enfants à Wichita, la plus grande ville du Kansas, centre géographique des Etats-Unis.


    Payton avait bien essayé de le persuader de la suivre, puisque la rivière était à sec, plus rien ne poussait, le gibier avait émigré vers des pâtures lointaines et le bétail avait dû être vendu. Mais elle n’avait pas beaucoup insisté car elle savait qu’il ne fallait pas le déraciner, depuis trois générations que la famille s’était implantée là. Luther était resté dakota et chamane dans l’âme, même s’il n’en parlait pas. Son Grand-père avait réussi l’exploit de faire venir sur leurs nouvelles terres les esprits des ancêtres « sioux », selon le nom donné par les Etats-uniens et Luther conversait avec eux une fois la nuit venue.


    Les feuilles broyées dont il bourrait sa longue pipe aidaient à la communication. Substance illicite ?

    En principe non : écorce de saule rouge et tabac, mais Luther se contentait-il de cela ? Ce qu’il mettait dans sa pipe ne regardait que lui et comme il fumait toujours dehors, Payton et tout le monde lui avaient toujours fichu la paix ! Ses fils, eux, ne fumaient pas. Tous les deux avaient bien réussi, l’aîné, après des études de droit, était allé s’implanter dans le Minnesota, leur territoire d’origine et défendait les causes de ses frères amérindiens. Le benjamin, d’abord fermier comme son père, avait trouvé une bonne place de magasinier dans une usine de machines-outils, s’était marié avec une Etats-unienne d’ascendance ukrainienne, Katiouchka ; le p’tit gars Andrei et le bébé fille Irina se portaient bien.

    Cela lui manquait un peu, l’agitation et les questions du gamin, les babils d’Irina. Heureusement que sa petite famille passait le voir quelquefois, pour une journée, car lui, à la ville, il ne voulait plus mettre les pieds. Il avait essayé mais non, trop de gens pressés, trop de bruit, trop de fureur et de puanteur, il y perdait ses repères.

    Payton, sans rien lui dire, remplissait les placards de conserves, de bouteilles d’eau. L’eau, il était bien obligé de la boire parce que la citerne était à sec et celle du robinet ne coulait plus depuis longtemps. L’eau dans des bouteilles ! Cela ne lui paraissait pas naturel, comme si on enfermait l’air dans des bocaux aussi … Pour se laver, il profitait de ses longues randonnées de pêche le long d’un petit affluent du Missouri, comme celui qui traversait leur village, dont la source s’était tarie.


    Des fois, il emportait son arc et cela s’était déjà produit qu’une fois rentré, il ait de la volaille à plumer, à vider et à rôtir ! Mais la plupart du temps, il mangeait du pemmican, ce mélange de viande bovine pilée, de baies sauvages et de graisse, sorte de gros pain qui se conservait dix ans au moins, nourriture bien connue des explorateurs polaires.

    A quoi s’occupait-il dans sa solitude au village ? Il réparait, renforçait les barrières, les balustrades à grand renfort de clous et de nouvelles planches, car il gardait au cœur la certitude que les gens reviendraient habiter leurs maisons et il en prenait soin. Luther était un bosseur, il aidait même sa femme, avant. Il ne l’aurait jamais traitée de « sqwa » lui, ce mot amérindien honteux, détourné et utilisé avec méconnaissance ou mépris volontaire par certains Européens quand ils s’installaient.


    Luther avait un fusil, bien sûr, ce pouvait être utile en cas d’agression. Ce fusil n’était jamais loin, à portée de main, il y avait une balle dedans, mais une seule. En fait, il ne s’en servait jamais, mais il l’entretenait.

    Donc ce soir-là, Grand-père dakota lui apparut, comme à chaque tombée de nuit, dans les volutes de fumée. Mais Grand-père était bizarre et son message restait confus. Ce que Luther percevait, c’était du bonheur, qui illuminait son visage glabre et marmoréen, d’habitude grave. La vision qu’il lui apportait faisait danser des papillons tout autour du rocking-chair. Une autre vision très fugace surprit des castors en pleine effervescence, en train de construire un immense mur de branchages très solide. Ils en mettaient un coup et leurs femelles étaient pleines. Mais le printemps est passé, voilà qui est troublant.


    Puis le balancement du fauteuil se figea. Derrière la barrière, un animal immobile le contemplait. Par sa perception ultra sensible, Luther comprit que c’était une femelle et, en plus, qu’elle pensait ! Une nouvelle vision, Grand-père ? Celui-ci fit non de la tête. Qui était ce grand puma, qui n’en était pas, tout gris sauf la tête blanche et grise à la fois et des yeux rouges cerclés de noir. Un message clair parvint au vieux bonhomme indien, tandis que la longue queue rayée lui faisait des signes comme la main d’un humain.


    «  - Tu me vois, Thinking Bull ? Ma Chef n’aimerait pas ça mais elle ne dira rien, au contraire tu l’intéresseras ! Ton Grand-père te fait danser des papillons autour de ton fauteuil ? C’est par la poésie qu’il saisit ce qui se passe ici. Je dois partir, ma mission est finie, mais fais donc une Danse de la pluie, personne ne te verra et tu nous aideras. Mets-y toute ta conviction, le monde va bientôt changer pour toi ! »


    A suivre …

     

    Lenaïg

     

     

    Sifaka de Madagascar 


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    C’est la fin du monde en Birmanie, le typhon a tout dévasté, tué 15 000 humains, fait 50 000 disparus ; les autres animaux, les végétaux, bref tout ceux à qui la vie a été ôtée n’ont pas été recensés, sauf par notre équipe d’explorateurs, enfin pas exactement par eux mais par ceux qui les ont envoyés. Néan, Gascarina et Danilo ont été dépêchés là-bas et ils « opèrent » à tour de bras.


    Le récit du petit exploit de Gascarina attendra, aujourd’hui il n’y a plus que cette catastrophe qui compte, Lena et Dodue ne pensent qu’à cela. Elles ont appelé mentalement Cassandra et Lena l’a même engueulée, dans une réaction à chaud.


    « - Pourquoi n’avez-vous pas empêché ça ? Vous avez sûrement dû voir venir la catastrophe, vous qui êtes passés maîtres dans l’effet papillon ? »


    «  - Pauvre Lena, quelle puissance dans ta voix, j’en ai encore mal au crâne tellement tu as crié ! Mais je suis sur place et je pleure devant ce que je vois. D’une part, nous ne sommes pas aussi puissants que tu le crois, d’autre part nous ne devons pas intervenir, je suis obligée de te le redire car, dans ton désespoir, tu l’as oublié ! Je t’explique : si nous intervenions à grande échelle sur votre planète, nous agirions en envahisseurs, en occupants, en oppresseurs, en dictateurs, tout ce que nous ne voulons pas. Pour coopérer avec les dirigeants de la Terre, il faudrait qu’ils soient prêts à nous accepter et cela prendrait du temps ; de plus, les esprits terriens sont trop guerriers et seraient pour nous un grand danger car, si on leur ouvrait la porte sur notre monde, ils s’y engouffreraient avec bagages et ARMES !

    Pour ce qui est de l’effet papillon, oui nous savons en provoquer, mais nous ne voyons pas ceux qui se préparent ! Nos robots nous ont révélé qu’une théorie court chez les humains concernant un réchauffement climatique accéléré provoqué par vos expériences d’apprentis sorciers et se traduisant par une fonte des glaces anormale. Nous ne pouvons pas vous affirmer que c’est vrai, nos scientifiques ont reçu ces données mais j’ignore ce qu’ils seront capables d’en tirer.


    Sachez, Lena et Dodue, que l’équipe sous mes ordres est composée de vingt humains, Néan et moi compris, cinq robots comme Danilo et cinq animaux, pour utiliser votre terme, dont Gascarina. En tout vingt-cinq techniciens hautement qualifiés et de bonne volonté que j’ai fait rappliquer ici, choix crucial mais il fallait en faire un !

    Moi dans votre monde je serais appelée un « ingénieur », mais mon domaine est uniquement le mental, les neurones, les synapses et autres connexions que vous ne soupçonnez pas ! Je fais appliquer un plan d’urgence, j’ai carte blanche : pas de directive particulière à aucun de mes équipiers, chacun œuvre en son âme et conscience pour soulager les souffrances et redonner confiance aux grands et petits Birmans. Tout geste, toute action qui soulage sont importants.


    Gascarina par exemple s’est matérialisée, elle est en train de jouer avec un bambin birman que les adultes ne surveillent pas en ce moment, écrasés par le désastre ; c’est tant mieux, il n’y a que le bambin qui la voit, et qu’est-ce qu’il rigole à essayer de lui attraper sa queue rayée, elle le laisse faire volontiers, ça y est, il lui grimpe sur le dos et elle lui fait faire un petit tour, excusez-moi mais il rit si fort que j’en rigole aussi ! C’est un souvenir qui lui restera et, s’il le raconte, personne ne le croira, mais lui il saura ! »


    « - Et nous ? Que pouvons-nous faire d’ici ?  soupire Lena. « Les dictateurs birmans ont accepté l‘aide humanitaire internationale enfin ! On ne va pas tarder à être sollicités pour donner encore des sous, comme après chaque catastrophe et bien des pauvres et modestes vont s’émouvoir et en donner, car ils savent ce que c’est que la gène et la misère. »


    «  - Les cyniques se diront : qu’ils en donnent, chez eux cela ne fera pas beaucoup de différence ! Tu t’es laissé faire bien des fois, hein, Lena ? » râle Dodue.


    «  - Donner des sous ou pas, je ne suis pas compétente, Lena, Jésus Christ, que nous connaissons aussi, le disait bien : « mon royaume n’est pas de ce monde », soulignant, entre autres messages, qu’il ne voulait pas faire de politique et « il faut rendre à César ce qui est à César », en parlant de l’argent (si je ne confonds pas avec quelqu’un d’autre qui aurait dit cela), voulant dire pour moi que les sesterces, l’argent ne l’intéressaient pas car sa mission et celle de ses apôtres était « ailleurs ». Vous pouvez faire beaucoup, Lena, mais vous ne le savez pas, par la voix mentale. Vous ne vous êtes pas rendue compte mais c’est VOUS qui m’avez appelée, alors que d’habitude les messages ne passaient encore que dans un seul sens, de nous à vous !

    Lena et Dodue en restent baba. « Je ne sais pas si je saurais le refaire », dit pensivement Lena, « à la limite, Cassandra, il aurait mieux valu que vous ne me le souligniez pas, car maintenant je suis « self-conscious » comme disent les anglo-saxons et je vais angoisser la prochaine fois que j’essaierai.


    « - Allez, trop sensible Lena, ne te biles pas ! Ah, il va falloir t’entraîner, tu as bien réussi à t’habituer à la cinquième vitesse dans ta petite voiture, rappelle-toi, au début tu avais peur de la passer et ensuite de rétrograder, tu avais des gestes beaucoup trop brusques et tu faisais grincer ta boîte. Tout allait bien quand tu ne réfléchissais pas, le passage de vitesses se faisait en douceur.

    Ce sera un peu pareil pour la pratique de la communication mentale, il faudra des exercices, des gammes, comme pour la dactylo, le piano, le vélo,tout ça ! Un conseil : ménage tes efforts cependant, ton cerveau n’est pas prêt pour des opérations de grande envergure !

    Tiens, je vais te parler en paraboles, comme le bonhomme Jésus, comme tu le nommes en ton for intérieur … »


    «  - Il a bien existé ? » s’écrie Lena, en interrompant Cassandra sans s’en rendre compte.


    «  - Je pense que oui, je n’étais pas non plus là pour le voir ! Je sais que tu le perçois comme un homme extraordinaire, dont le message rayonne toujours plus de deux mille ans après et que tu t’interroges sans fin sur sa nature divine, en pestant sur ce que les religieux par la suite en ont fait. Son message essentiel est : l’amour, ni plus ni moins. C’était révolutionnaire à l’époque. Depuis le message a été accommodé à toutes les sauces mais certains religieux se sont montrés dignes de lui, l’un d’entre eux vous a quitté il y a peu, l’Abbé Pierre. Et Sœur Emmanuelle, elle est encore là !


    Et le Président Mitterrand, qui était ce qu’il était (je lis tes pensées), qu’a-t-il dit, au soir de sa vie ? Je crois aux forces de l’esprit …


    Je te donne ainsi des pistes et des indices, pour parler comme Néan (lui, actuellement, il sue sang et eau avec les hommes birmans et redouble d’ingéniosité pour construire des cabanes avec tous les matériaux disponibles, passant d’une tête à une autre, tout à son affaire, car c’est un bricoleur hors pair !).

    Donc, je tente une parabole qui va te paraître une banalité : la nature a horreur du vide, et je te rajoute ce que Néan t’a déjà lancé : l’union fait la force.


    Tout est ou peut être joint, Lena, les moindres particules de matière vivantes ou inertes entre elles.

    Imagine de ferventes prières dans les monastères, des volontés de non croyants, tout cela convergeant vers un même but, des réactions en chaînes se propageant pour faire jaillir la lumière et déplacer des montagnes, même une volonté individuelle poussée au maximum peut atteindre un but positif, mais il faut être prudent car une volonté mauvaise peut faire beaucoup de dégâts si elle ne rencontre pas d’obstacles. »


    «  - Zzzz fiou zzzz aheum ! Chef, je peux ? C’est moi Danilo ! » intervient le robot, en se nommant heureusement car la voix de Michel Roux, Lena et Dodue n’y sont pas encore habituées !


    «  - Bien sûr, Danilo ! Tu as capté « volonté mauvaise », hein ? C’est ta spécialité, en dehors de ton travail d’informaticien, de traquer les mauvaises volontés et de les mettre au pas ! Ne reste pas, retourne empêcher les pillards, les voleurs de s’adonner à leur sale besogne, comme cela arrive à chaque catastrophe. Tu reviendras, Lena et Dodue apprendront à te connaître mieux ; je ne sais pas si elles sont prêtes à accepter que tu es un esprit libre et un vrai être vivant, tout « nordinateur » que tu es ! »


    «  - Ben, si ! » réagit Dodue, « Lena m’a créée, enfin c’est-ce qu’on croit toutes les deux, je suis une fée mais j’EXISTE ! »


    «  - Bien joué, Dodue, lol ! Je n’ai pas le temps de me téléporter mais prenons-nous la main toutes les trois en pensée et formulons un vœu secret, ce sera un début ! »

    Communication coupée !


    A suivre

     

    Lenaïg


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  • Quelques jours se sont écoulés.
    « - Sais-tu si nos nouveaux amis en ont encore pour longtemps à explorer notre Terre, Dodue ? » s’inquiète Lena tout en rangeant ses courses.
    «  - J’en ai une idée, Lena ! Néan m’a informé que Cassandra a obtenu une prolongation de séjour, car elle planche sur sujet intéressant et tient à obtenir des conclusions aussi complètes que possible, en positif comme en négatif … J’espère qu’elle nous en touchera un mot quand elle passera. En attendant, ce qu’il y a à retenir, c’est qu’on leur a accordé plusieurs mois ! »
    «  - Super ! On va apprendre des trucs, on va voir à quoi ressemble Néan … »

    Plus tard dans la soirée. Driiing ! Petit coup de sonnette, deuxième coup plus énergique, suivi de plusieurs petits coups rythmés et joyeux …
    «  - On n’attend personne ce soir », réfléchit Lena en allant jeter un regard dans l’œilleton.
    «  - En tous cas, pour sonner comme ça, c’est quelqu’un qui se trompe de porte, ou quelqu’un qui te connaît » conclut la Fée, avant de se fondre dans la tapisserie, par précaution, mais bien décidée à ne pas perdre une miette de la situation, voire même à intervenir.
    Mais à sa grande stupéfaction, Lena n’hésite pas et ouvre sa porte en confiance. Une sorte d’homme des bois, brun, chevelu, barbu, un genre de Sébastien Chabal pas très grand mais tout propre et tout sec, vêtu comme Cassandra, d’une combinaison aux couleurs indéfinissables, s’avance dans l’appartement en demandant qu’on l’excuse d’avoir joué avec la sonnette, que c’était trop tentant.
    «  - Ne vous cachez pas, Miss Dodue, avec moi ça ne marche pas ! »
    «  - Néan ? C’est vous ! »
    «  - Ouais, je n’pensais pas qu’on pourrait se matérialiser auprès de vous, mais not’ Chef a le bras long, on a eu l’autorisation. Je ne suis d’ailleurs pas tout seul, mes deux p’tits camarades sont avec moi ! »

    Dodue s’aperçoit alors que Lena, le dos tourné, comme statufiée, n’a pas refermé sa porte. Puis elle accueille d’un large mouvement de bras deux individus pour le moins surprenants, qui entrent timidement. En tête, un grand lémurien de la taille d’une panthère, à la démarche lente et souple, qui observe attentivement les lieux avant de poser son regard rassuré sur Dodue et sur Lena et de leur faire … un clin d’œil. Derrière lui, un robot, tout ce qu’il y a de robot, mais qu’on peut qualifier d’humanoïde, doté d’un visage, d’un corps et de membres d’un métal étonnamment mouvants.
    «  - Bonjour Mesdames » articule le robot de sa voix synthétique, mais Dodue et Lena sursautent car elles croient entendre le timbre et les intonations de Michel Roux quand il doublait Tony Curtis dans « Amicalement Vôtre ». « Nous sommes contents de faire halte chez vous ce soir. Nous avons voulu vous surprendre en arrivant comme des humains. Notre téléportation dans votre univers, grâce au programme informatique que m’a fait passer la Chef, est une réussite presque parfaite ! »
    «  - On peut dire ça, Nordin » ricane Néan, « sauf qu’on s’est retrouvé dans l’ascenseur arrêté au 20ème étage et qu’il a commencé aussitôt à descendre. On a dû bricoler un peu pour qu’il ne marque pas les arrêts demandés et on a aussi un peu hypnotisé vos voisins pour qu’aucun n’ait l’idée de débouler dans votre couloir au moment où nous y étions ! »
    «  - Néan, t’es pas sympa, ici je m’appelle Danilo ! »
    «  - Danilo ? Comme le grand robot d’Isaac Asimov ? » s’émerveille Lena.
    «  - Oui Madame, pour vous servir. Ça me plaît de penser que j’pourrais être comme lui. Depuis qu’on est dans les parages, c’est fou ce que j’ai lu et emmagasiné comme données. Et ma voix, elle vous va ? Mon vrai nom, c’est Nordin, comme « nordinateur », car c’est en fait ce que je suis. »

    « - Eh ben, mais c’est moi la seule humaine ici ! » s’esclaffe Lena.
    « - Aaah, au sens propre, j’en suis un aussi, Lena » précise Néan, « un hominien comme vous, mais descendant de la branche néandertalienne (avec ou sans « h », comme vous voudrez), vous c’est la branche « cromagnonesque » ! Sur Terre, Neandertal a disparu mais les météorites porteuses ne sont pas tombées que sur votre planète, en tous cas par uniquement dans votre section de l’univers ! »
    «  - Alors, voilà un mystère éclairci : nous sommes tous des extraterrestres ! Et il faut que nous gardions cela pour nous ?! »
    «  - Oh, Lena, il faut relativiser devant l’immensité de la Création ; l’univers au sens où vous l’appréhendez n’est pas le seul, moi j’en ai déjà exploré quatre différents. Il y a des humains partout ! N’est-ce pas plutôt ça la bonne nouvelle pour vous ? »

    «  - Popop ! Hominiens, humains, vous êtes aussi des primates, hein, rappelez-vous ! Comme les singes qui sont vos cousins et comme … les lémuriens, dont je suis ! »
    C’est une voix purement mentale, néanmoins légèrement agacée, ou vexée, qui a afflué dans les esprits de Dodue et Lena, une voix tout empreinte de multiples sensations : bruissement de feuilles, odeurs de mousse, de champignons, de fougères, chants d’oiseaux, crissement de serpents …
    «  - Pardon, Gascarina, je mobilise toute l’attention et je ne t’ai pas présentée. Voici notre équipière, à Danilo et moi. Elle est belle, n’est-ce pas ? »

    «  - Gascarina, vous pensez comme nous, vous nous comprenez ? » veut savoir Lena, à moitié étonnée car cela fait longtemps qu’elle cherche à communiquer avec les animaux terrestres supposés ne pas être dotés de conscience, et elle a déjà obtenu des résultats probants. «  Oui, vous êtes bien jolie, j’ai envie de caresser votre fourrure mais comment allez-vous prendre cela ? »
    Gascarina la fixe droit dans les yeux, y lit toute l’admiration et l’affection qui s’y trouvent et pose sa tête blanche et grise aux yeux rouges cerclés de noir sur les genoux de Lena.
    «  - Quelques gratouilles derrière les oreilles, caresses sur le dos, je ne crache pas dessus ! Vous pouvez y aller, je n’ai pas de parasites !  En échange, je vous vais vous faire ressentir en pensée mes plus beaux souvenirs de vent frais dans mon pelage, de dégustation de verdure excellente à mi-hauteur dans les arbres, de découverte joyeuse d’un petit ruisseau où tremper la langue quand on est assoiffé. »

    « - Ensuite Lena, on vous laisse dîner, on se repose dans vos fauteuils et votre canapé. On suivra vos émissions de télé aussi, si vous le voulez. Mais après, Danilo et moi nous allons vous raconter le bel exploit de Gascarina, quelque part entre Wichita et Topeka ! »
    «  - Où c’est ça ? » dit Dodue.
    «  - Dans le Kansas, aux Etats-Unis. Gascarina y a été envoyée en mission pour chasser le papillon ! » répond Danilo sur un ton de plaisanterie.
    «  - Sacré farceur, regarde leurs têtes ahuries, Gascarina ne ferait pas de mal à une mouche, encore moins à un papillon, mais l’effet du même nom, elle connaît !"

    A suivre

     

    Lenaïg


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  •  Fée Dodue est restée seule dans l’appartement, elle attend, et finit par s’endormir. Elle n’a pas eu son compte de sommeil cette nuit. Avant que Lena ne sorte, elles ont choisi ensemble un prénom pour la Chef : Cassandra. Cela lui ira bien : Cassandre était celle qui prophétisait, et qu’on ne croyait pas ! En plus, c’est une façon de conjurer le sort : cette Cassandre-ci n’annonce pas le malheur … Avant de sombrer dans le sommeil, Dodue voit défiler ce que Néan lui a déjà montré.

    La marche d’un condamné à mort aux Etats-Unis soudainement interrompue car un nouveau témoin, rongé par des années de remords et de peur pour sa personne, est venu le disculper. Le condamné n’est pas un ange, mais le verdict sera changé : « homicide involontaire » … Le témoin, ne s’expliquant toujours pas d’où il tient son courage, sera protégé.

    Puis une vieille femme mal fagotée, les cheveux en broussaille, les yeux bouffis, en train de dévorer un sandwich et de boire du gros rouge à même la bouteille, protégée par la nuit. « Vieille femme » ? Non, quand on la regarde de près, elle n’a que la quarantaine à peine dépassée. Cette SDF sur son banc fut une avocate de renom, qui a un jour perdu pied. Elle se sent condamnée, elle aussi. Elle a commencé à boire avant de lâcher la profession, elle perdait tous ses procès, quand elle plaidait, ça se voyait et s’entendait qu’elle buvait. Mais alors qu’elle mastique son pain sous son réverbère, un déclic se produit. Chassé le ressassement de ses échecs, la douleur d’un amour perdu, une jeune fille lui crie « Merci ! » à la fin d’un procès célèbre, et le merci s’amplifie à l’infini _ Souvenir ! Un type, qu’elle a défendu aussi, après un casse, est en train de passer la tête à la porte d’une chambre, contemple un instant son fils endormi avant de rejoindre sa femme et se dit : « Où peut donc bien être Maître Duchemin, on n’entend plus parler d’elle. Elle a su trouver les mots justes pour me parler et pour plaider. C’est à elle que je dois de m’en être sorti. J’espère qu’elle continue» _ Vision ! Grande décharge d’adrénaline chez Maître Duchemin sur son banc. Jusque-là, elle a découragé, envoyé promener toutes les aides qui se présentaient. Demain, elle ira frapper à la porte de son frère, il l’a toujours laissé grand ouverte pour elle, c’est elle qui n’est jamais allée, par dégoût d’elle-même, par fierté.

    Dans une cave de HLM, une jeune fille a été entraînée par un groupe de caïds de la cité. Sandra a eu le tort de s’habiller comme elle veut. Tops très décolletés, jeans serrés, robes minis. Ils s’apprêtent à la violer et la force à boire de la bière, ils sont déjà bien imbibés. Ils sont en train de rigoler et la salissent par leurs mots. Sandra est horrifiée, ne crie plus et ne se débat plus, presque inconsciente de terreur et de dégoût. Tout d’un coup, c’est l’immobilité, le silence se fait. Sandra commence à respirer plus normalement et sent l’espoir gonfler en elle. Les jeunes mecs se sont tous assis et ont arrêté de boire. Ils se regardent et comprennent que le même film est en train de se dérouler dans leurs têtes simultanément. Sandra est dans sa chambre avec une amie, c’est samedi après-midi et elles se préparent pour leur sortie. Chaque garçon a l’impression de voir la scène par les yeux de cette amie. « - T’es vraiment canon, toi » dit l’amie, « moi, j’ai un gros cul, je ne peux pas mettre toutes ces tenues, je plais moins, j’suis un boudin ! » « - Mais, Coralie, moi je te trouve très jolie, tu as de beaux yeux, de beaux cheveux, mets en valeur tes atouts. Je vais te faire un brushing, je vais t’aider à te maquiller. » « - Tu connais plein de garçons, toi, dans ton lycée. T’as même eu un copain, même si ça n’a pas duré. Moi je n’en ai jamais eu et je n’ai jamais couché. » «  - Coralie, qu’est-ce que tu crois ? Moi, non plus ! Je viens d’avoir quinze ans, toi tu les as même pas ! Je fais semblant, c’est pour avoir l’air cool ! Avec Cedric, on n’a rien fait, enfin presque. Mais il était trop égoïste, fallait que je me coltine tous les matches à la télé, même quand on aurait pu aller danser ! » «  - Ah bon ! Mais je croyais que … Avec les autres filles du lycée, quand vous parlez des garçons, moi j’ai l’impression que vous faites collection ! » «  - Ecoute, t’es mon amie, je suis bien avec toi. Tout à l’heure en rentrant on fera nos devoirs ensemble. Alors, je ne vais pas garder le masque de la fille que je ne suis pas. Les autres meufs font ce qu’elles veulent, moi je te dis la vérité. D’accord, je suis coquette, j’aime bien provoquer. Sentir que je plais aux garçons, ça me provoque des frissons. Mais je n’ai aucune envie qu’ils me sautent dessus ! Tu sais, avant d’aller faire du shopping, on se cherchera des boucles d’oreilles, hein ?, on traversera la place où ils font du skate, j’espère que Farid y sera. Lui, j’aimerais bien qu’il me regarde. Au lycée, on ne s’est pas encore beaucoup parlé, mais je me sens attirée …

    Le premier film s’estompe, une nouvelle séquence apparaît aux garçons, qui se retrouvent cette fois dans la tête de Sandra. Celle-ci rentre chez elle, ce mardi soir, ça caille, elle est pressée, alors elle coupe par le terrain vague, tête baissée. On lui barre le passage, on la traite de tous les noms, on lui caresse le derrière, elle enlève une main de sa poitrine, mais on l’empoigne, on l’entraîne dans la cave. On la force à boire, en lui tirant les cheveux. FIN DE LA SEQUENCE. Les gars reviennent à eux, ils sont sonnés. Ils ont du mal à se remettre dans leurs personnages. Après s’être incarnés en Coralie, puis en Sandra, leur vision du monde a changé. Sur les filles en tous cas ; pour les trafics, le racket, les caisses de bière ça c’est pas gagné ! «  - Bon, excuse-nous, tu vois bien qu’on était bourrés ! » dit un grand malabar noir, qui a l’air d’être le chef. « Mais dis donc, ‘tit’ sœur, arrête de nous aguicher. Ça fait longtemps qu’on t’a repérée. On ne te demande pas de te couvrir de la tête aux pieds, mais là, t’en fais trop ! Si tu n’as pas compris, nous on te le dit ! T’as bien un gilet, mais, dessous, t’as les seins qui sortent presque et ton string qui dépasse du jean. » «  - T’as raison, Ibrahim. Ouais, tu veux jouer les filles trop libérées, nous on décode : « pute » ou « nympho » grommelle un autre, l’air penaud ; c’est Jason, les bras couverts de tatouages sur ses « biscottos » blancs. Ibrahim reprend les choses en main : « T’es une fille bien, il ne t’arrivera rien. T’inquiète, dans le quartier, on gardera un œil sur toi. Comme sur nos frangines. D’ailleurs va peut-être falloir qu’on révise un peu notre position, elles en ont marre de rester enfermées. » «  - Et un œil sur ta copine, la boulotte, celle qui est toujours avec toi, ajoute un troisième, bien enrobé lui-même, puis il tourne la tête, l’air gêné.

    Personne, ô chose étrange, n’a semblé se demander d’où venaient tous ces flashes et ces nouvelles idées. Cela s’est installé le plus naturellement du monde. Dodue sourit en y pensant et reçois cinq sur cinq un message exprès de Néan : « au-delà de la sympathie, Fée Dodue, notre secret dans ce que vous avez vu, c’est l’empathie, se mettre dans la tête des gens en face de vous. Vous en êtes capables, si vous le voulez, humains terriens, même si vous n’en êtes qu’au début. Nous ne faisons qu’utiliser votre potentiel caché ». Cette phrase que Néan a lancée, même Lena l’a captée, au dehors, dans sa tête, elle a hâte d’en savoir plus par Dodue, quand elle sera revenue.

     

    A suivre

     

    Lenaïg


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  • Quatre chapitres du roman cité plus haut sont déjà parus mais, pouce !, Lena demande à utiliser le temps psychologique, c’est celui qu’elle préfère ! On ne sait pas encore se téléporter ni dans le temps ni dans l’espace, mais l’imagination et la subjectivité y suppléent ! Donc, on va dire qu’on se positionne avant la parution des quatre chapitres et on y va.


    Le temps psychologique est élastique. Une semaine de vacances « ailleurs », où l’on se plonge dans un « univers » qui n’est pas le sien, où l’on rencontre des gens qui vivent et pensent autrement, où l’on se trouve face à des maisons, des végétations inconnues, où l’on grimpe des montagnes quand on vient du bord de mer, où l’on nage dans des lagons parmi les poissons (Tu t’emportes, Lena, dit la Fée, cela tu ne l’as pas encore fait ! En plus, tu mets ça pour faire joli, car tu préfèreras toujours la fraîcheur tonique de l‘Atlantique !), une semaine de vacances « ailleurs » (Lena, tu exagères, regarde la longueur de la phrase, pourtant tu n’as pas encore lu Proust ; je sais que tu as essayé mais n’es pas allée plus loin que la première page ; j’essaierai à nouveau de le lire, répond Lena, c’est sûrement une lacune, je n’ai retenu que « la madeleine », il faut que je voie ce que Proust a vraiment dans le ventre …), une semaine de vacances « ailleurs » (Fée Dodue disparaît, complètement dégoûtée …), quand on a pris l’avion aussi, ce qui change des trains souterrains et du train-train, équivaut bien à un mois de vie chez soi !


    Avant de reprendre le fil du récit « science-fictionnesque », nous allons faire quelques petites mises au point. Il sera notamment question plus loin de l’effet papillon et de la théorie du chaos.

    Lena tient à présenter ses excuses aux savants qui, par hasard, pourraient lire ce qu’elle écrit.

    Elle a poursuivi des études purement littéraires, surtout linguistiques, car elle s’y sentait comme un poisson dans l’eau, tandis qu’elle a carrément renoncé à continuer en « C », comme cela s’appelait à l’époque. Même que son Papa et sa Maman, pourtant eux très scientifiques d’esprit et plutôt cartésiens, l’ont parfaitement compris. Son Papa, si sévère (peut-être serait-il plus approprié de mettre « strict »), mais épris de justice, ne s’est pas du tout formalisé que son aînée ne pige rien, ou presque, aux mathématiques. Et sa Maman lui disait : « Arrête de vouloir tout le temps remonter à la source. En maths, pour avancer, il faut quelquefois oublier le pourquoi du comment de certains théorèmes, etc et les prendre pour acquis, afin de continuer la démonstration …

    Lena n’y arrivait pas. Préférant l’intuition à la déduction (tout en sachant que l’intuition est utile aussi aux mathématiciens), elle suppose que l’héritage vient de plus haut, dans l’arbre généalogique ! Cette intuition lui a bien rendu service dans son ancien métier, où elle était entourée d’appareils électroniques sophistiqués. Malgré son hermétisme aux algorithmes et compagnie, Lena parvenait à saisir comment cela fonctionnait, ce qui était plus pratique pour traduire les notices de l’anglais en français … Elle aimait bien dialoguer avec les chercheurs du CNRS quand l’occasion se présentait. Les relations étaient avant tout commerciales mais Lena se souvient d’échange d’emails qui dépassaient ce cadre, empêchaient l’ennui de la routine, minimisaient les problèmes concrets.

    « Ennui », a-t-elle écrit ? Quelle drôle d’idée, marmonne de loin la Fée, qui est revenue mais reste boudeuse dans son coin. Lena au travail ne s’est jamais ennuyée ! Mais la page est tournée, Lena n’en dira pas plus car elle se sent liée par la clause de confidentialité. Qu’est-ce qu’elle raconte, bougonne la Fée, elle s’y est liée toute seule, elle n’était pas technicienne et on n’a rien exigé d’elle à ce sujet !


    « Effet papillon » … Quel beau sujet ! Donc, que les scientifiques soient un peu indulgents mais qu’ils veuillent bien rectifier tout de même ce qui serait erroné !

    « Effet Casimir » … Encore quelque chose qui fait rêver et qui vous projette dans les étoiles. Pour Lena, là, c’est très compliqué et, dans le roman, elle n’osera pas y toucher. Mais … elle a osé réaliser un montage sur son petit ordi : une sorte de « fichier » de vœux pour ses amis, où apparaissent la matière noire cartographiée, un Casimir (celui de l’Ile aux Enfants, bien sûr, c’était trop tentant !) et l’énergie répulsive du vide.

    Lena comprend vaguement comme cela « s’emboîte », mais réunir : la représentation de cette matière noire sous forme de gros nuages bleutés, semblant se déplier, sortant d’une carte que l’on vient d’ouvrir, puis cette photo de l’énergie répulsive du vide dans l’espace, telle un feu d’artifice magnifique et … Casimir qui passe au milieu sur une trottinette, effectivement, c’était osé, complètement farfelu ! Mais, des fois, il faut s’amuser, rire même de ce que l’on ne comprend pas. Vive la « farfelutude » !


    Peut-on rire de tout ? Tiens, cette question arrive, sans être invitée ! Lena suppose que la question sait ce qu’elle fait. Alors, elle essaie de répondre : oui, mais pas n’importe comment, pas n’importe où et à la condition que ce ne soit jamais foncièrement cruel et qu’on sente l’humanité derrière …

    Lena pense à Pierre Desproges et vient de rallumer sa radio, car elle se souvient d’avoir entendu ce matin qu’on célèbre l’humoriste aujourd’hui. Elle a bien fait, elle a attrapé au passage l’info que celui-ci aurait écrit : « Comment violer les filles » … Elle a du mal à continuer, tellement elle rit de ce qu’elle entend ensuite … Ah, Desproges, lui a tout osé, même avancer « j’ai lu votre livre d’un derrière distrait » … La présence de sa maladie et la conscience que ses jours lui étaient comptés n’ont dû faire que lui aiguiser son humour brillant et dur comme un diamant. Dans un genre rabelaisien, Coluche aussi était une sommité de l’humour, dont la spécialité était d’en faire des tonnes, ça lui réussissait ! Nouvelle sortie de Desproges, captée à l’instant : « elle voulait me faire nationaliser la zigounette … » … Lui, il savait innover !


    Un dernier souvenir avant de terminer, celui de « La Vie est belle » de Roberto Begnini, pour répondre à cette question qui s’est imposée. Je viens de trouver, sur le net, des propos tenus par lui à la sortie de son film et je vais les citer, car cela fera la liaison entre mes élucubrations d’aujourd’hui sur le temps psychologique, le pouvoir salvateur de l’imagination, les intuitions et, même, « la question qui s’impose » (il n’y a pas de hasard, j’en suis de plus en plus convaincue - cette intuition ne cadrera peut-être pas avec la théorie du chaos, voire, mais tant pis !).

    « - Pourquoi vous êtes-vous intéressé à un sujet aussi différent de ceux de vos précédents films ? »

    « - Je ne me suis jamais demandé si cette idée était semblable ou différente de celle de mes autres films. J’ai seulement senti qu’elle me plaisait énormément, qu’elle me bouleversait. Je pourrais même dire que ce n’est pas moi qui suis allé chercher cette idée, mais que c’est elle qui est venue me chercher. Un jour, je l’ai trouvée sur moi et depuis ce moment-là, elle ne m’a plus quitté …

    J’ai pensé à Trotski et à tout ce qu’il a enduré : enfermé dans un bunker à Mexico, il attendait les tueurs à gages de Staline, et pourtant, en regardant sa femme dans le jardin, il écrivait que, malgré tout, la vie est belle et digne d’être vécue. Le titre est venu de là …

    Rire nous sauve, voir l’autre côté des choses, le côté irréel et amusant, ou réussir à l’imaginer, nous aide à ne pas être réduits en miettes, à ne pas être écrasés comme des brindilles, à résister pour réussir à passer la nuit, même quand elle s’annonce très très longue. Dans ce sens, l’on peut faire rire sans blesser personne : l’humour juif est téméraire. » Source : LA VIE EST BELLE Home page, site officiel français du film, www.bacfilms.com/site/vita.

     

    Sur ce, après un clin d’œil à Popeck et ses caleçons molletonnés, Lena va prendre congé. Peut-être qu’après le déjeuner, elle lira quelques pages de « Next » de Michael Crichton in English in the text (eh oui, il faut bien ne pas perdre la main), mais cela fait un moment qu’il est en cours, Lena doit se cramponner. Il a fait fort cette fois, on sent déjà derrière le texte le scénario envisagé mais que de personnages, que de données scientifiques, quel chassé-croisé de situations. Lena garde un œil de petite fille et espère bien revoir le chimpanzé aperçu dans la jungle, qui parlait et jurait en français et en hollandais mais ce n’est pas sûr, ce n’est qu’un tout petit maillon de l’histoire.

    Nonobstant ces difficultés, Lena se nourrit de tout ce qu’elle lit et, pour pouvoir pondre le chapitre suivant de « Ils sont là ! », elle s’en va se sustenter, les nourritures terrestres étant nécessaires aussi. Mais elle ne promet pas que le chapitre va sortir aujourd’hui !

     

    Rectificatif : ce n'est pas un chimpanzé le grand singe polyglotte aperçu dans la jungle, mais un ourang-outan, ah mais ! quand on se goure, il faut rectifier ! Et je ne parle pas du perroquet ...

    Vendredi 18 avril 2008.


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