• Trèfle impossible 1Lena dort. Elle est peu à peu sortie du sommeil par un appel télépathique répété : “Lena, Lena, m’entends-tu ?”.

    Lena finit par se réveiller, s’assoit et allume la lumière, un peu hébétée et attend.

    La voix dans sa tête renouvelle sa question. C’est Cassandra.

    Lena est envahie par une vague de panique. Dodue! Il lui est arrivé quelque chose !
    Si Cassandra me tire du sommeil, il y a urgence !

    Lena :
    Oui Cassandra. Excuse-moi, je dormais profondément. Tu m’appelles ainsi depuis longtemps ?

    Cassandra
    Oui ! Enfin, non ... Ah, tu dormais ? Désolée mais il fallait que je te joigne/...

     

    Lena retrouve d’un coup toute sa lucidité tandis que Cassandra continue à émettre. Sa panique ne fait que s’accroître, car Cassandra ne semble pas être elle-même.
    “Elle n’aurait pas dû ignorer que c’était la nuit et que je dormais ... Ce doit être grave, elle est perturbée” ...

    Cassandra
    .../ Oui Lena, j’ai besoin d’entrer en contact avec Danilo mais, pour des raisons que je ne peux t’expliquer, ce doit être par ton intermédiaire.

    Lena
    Mais ... Danilo a fermé toutes ouvertures de communication pour sa nouvelle mission. Si toi tu ne peux pas le joindre, comment veux-tu que moi j’y arrive, moi qui balbutie dans la communication télépathique ?


    Cassandra
    Oh, mais tu n’as qu’à “sonner” ta fée, là, elle répondra !

    Cassandra
    Lena, pardonne ma brusquerie, je suis fatiguée. Rends-moi ce service : appelle ta chère Dodue, dis-lui juste de demander à Danilo de me contacter.

    Quasi disparition de la voix, ou plutôt perception difficile de celle-ci, impression qu’un dialogue avec d’autres voix se déroule en sourdine ...

     

    Lena réfléchit à toute vitesse, laisse passer un moment et reprend :
    Je viens d’essayer mais Dodue dort, elle aussi, je ne suis pas assez forte pour qu’elle m’entende !

    Cassandra
    Ah, c’est la nuit pour Dodue et Danilo aussi ? Mais oui, je suis bête !

    Lena,
    aussitôt :
    Non, je ne suis pas sûre que ce soit la nuit pour eux mais Dodue est peut-être en train de faire une sieste.

    Cassandra, sur un ton cassant :
    Zut, c’est raté !

    Puis sur un ton à la limite du doucereux :
    Oh pardon ! Non non, Lena, ne t’en fais pas. Nous nous ... enfin, je me débrouillerai autrement. Fais de beaux rêves ... Tiens, je t’insuffle un soporifique télépathique, ou mieux : où souhaites-tu que je t’envoie en rêve ? Demain, tu te sentiras bien et tu auras tout oublié ...


    CASSANDRA
    , la vraie
    Joue le jeu, Lena, je suis là. Je suis arrivée à temps ! J’ai vite rembobiné pour avoir le début de votre conversation, je maîtrise maintenant.


    Lena
    Pouvez-vous, heu peux-tu me transporter sur une plage de l’Atlantique, en plein été, à marée haute ?


    Cassandra 

    Aussitôt dit, aussitôt fait ! C’est bon, tu y es, sur ta plage ?

    Lena
    , guidée par Cassandra la vraie :
    Je mets les pieds dans l’eau, c’est un peu frais mais pas trop, comme j’aime, je descends facilement le sol en pente ... ça y est, je nage. Quel bonheur ! Tiens ! je vais aller faire le tour de ce bateau ...


    Fin de la connexion avec Cassandra la fausse, fin de l’alerte !


    Cassandra s’est matérialisée chez Lena et allongée à côté d’elle sur le lit. Elles se regardent et éclatent d’un rire salvateur.

    Lena
    Merci pour la baignade, Cassandra, je suis allée contourner ce bateau en “crawlant” et je suis revenue au bord à la brasse, car je me fatigue facilement. J’ai encore l’impression de sentir la mer et le soleil sur ma peau !


    Cassandra
    Le mérite revient surtout à ma sosie mentale ! Mais elle a cru que son stratagème avait marché et que tu ne te souviendrais de rien demain matin. Bon, les dégâts du pillage de notre robot Icare (voir chapitre 9) s’avèrent plus graves que nous ne pensions. Mais nous allons y mettre bon ordre.
    Seulement, il faudra rester sur nos gardes. Si cette fausse Cassandra tente encore de te parler, je serai tout de suite là pour t’aider ; en plus, je serai équipée pour traquer l’origine de l’appel !
    Je suis fière de toi, Lena, tu as presque tout de suite saisi qu’il y avait supercherie.

    Lena
    C’est vrai ? Tu es fière de moi ? Alors je suis contente, mais j’ai failli donner un indice pour le lieu où se trouvent Danilo et Dodue. J’ai eu idée de dire que Dodue dormait, parce que j’en avais l’impression. Tu as entendu la réaction de l’usurpatrice ?

    Cassandra
    Pas grave ! Ton impression était bonne, Dodue est bien en train de roupiller un peu sur le fauteuil d’une chambre de l’hôpital. Tiens, je te révèle que ce n’est pas du tout la nuit en ce moment pour Dodue et Danilo, mais Dodue dort, c’est vrai !
    Dodue s’est liée d’amitié avec Millicent, une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer et a réussi à lui redonner une joie de vivre qui, j’ai vérifié, sera durable, même après son départ. De toute façon, la connexion mentale est établie entre elles deux.

    Dodue a aussi pour copain Julius, un jeune autiste et elle arrive vraiment à le faire progresser, il s’ouvre sur l’extérieur, commence à regarder ses parents dans les yeux, à leur répondre même, c’est merveilleux !

    Mais dans quelques jours terrestres, tu vas la revoir, ta Fée Dodue !

    Lena
    Sûr ? Cela commençait à être long sans elle C’est que j’ai besoin d’elle, moi aussi, c’est elle qui me donne confiance en moi.

    Cassandra
    Je sais, Lena, c’est pour cela qu’elle va revenir.Trèfle impossible 2
    Quant à Danilo, il faudra qu’il se passe un peu de sa dulcinée.
    Tu sais, s’il avait interrompu toute communication, ce n’était pas seulement pour se concentrer, mais pour être hors d’atteinte
    du danger ...
    Si mes supérieurs sont d’accord, je t’en dirai plus sur ces usurpateurs qui nous pistent ... J’ai bien envie de dormir un peu ici, pour une fois. On retourne sur la plage, toutes les deux ?


    A suivre

    ***


    Images : les trèfles et figures impossibles
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  •  

    Lena ressent du vague à l’âme. Son amie Fée n’est pas encore réapparue et la présence de celle-ci commence à lui manquer. Cela fait plus de deux mois que Dodue est partie. Cassandra, depuis, a rendu visite plusieurs fois à Lena. Percevant la mélancolie sous l’enthousiasme apparent de Lena, elle l’a distraite en lui parlant de ses investigations sur la musique et le meurtre, la question de savoir s’il y a des assassins chez les compositeurs de musique.

    Lena a été très intéressée d’apprendre que Cassandra a tranché sur le doute concernant le rôle joué par Antonio Salieri dans la mort de Wolfgang Amadeus Mozart. Pour Cassandra, Salieri n’a pas été l’empoisonneur de Mozart mais elle reconnaît qu’il n’est peut-être quand même pas mort par intoxication volontaire … Elle continue à ses heures perdues d’explorer le monde de la musique dans l’optique que celle-ci adoucit les mœurs !

    Lena ne s’est d’abord pas inquiétée de l’absence prolongée de Dodue grâce à Aristide, le clown robot qui, depuis qu’il est reparti en mission, lui relaie par la voie mentale les informations provenant de Danilo, toujours concentré sur sa tâche dans l’hôpital inconnu, l’opération de la dernière chance par insertion de nanosphères ayant réussi. Il est resté surveiller les moindres symptômes de rejet (peut-être n’a-t-il pas fait que surveiller d’ailleurs), ainsi qu’observer la régression de la maladie chez l’heureux patient et l’excitation presque incrédule des chirurgiens, du personnel hospitalier et de la famille. Aristide a également donné des nouvelles de Dodue, très absorbée par des missions qu’elle s’est fixée toute seule dans le même hôpital, se liant d’amitié avec une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer, à qui elle redonne goût à la vie, en cachette de tout le monde …


    Soucoupe 2 gotomars.free.frCependant, les semaines passant, la surprise de Lena grandit devant le fait que Dodue, elle-même, ne se manifeste pas du tout. Lena a fini par poser la question au clown robot Aristide, qui lui a révélé que c’est Danilo qui empêche toute communication directe entre Lena et sa Fée, pour des raisons de sécurité. Lena ayant insisté pour en savoir plus, Danilo a précisé, toujours par l’intermédiaire d’Aristide, qu’un problème inattendu lui a fait prendre cette décision et que, dès que la solution sera trouvée, Dodue communiquera à nouveau directement avec Lena.


    Ayant touché un mot de cela à Cassandra, Lena, aux aguets, a perçu une ombre de préoccupation sur le visage de Cassandra, vite dissipé. La jovialité habituelle a éclairé à nouveau les traits de la Chef, qui a sobrement commenté : Danilo sait ce qu’il fait, Lena ! Dodue réalise des merveilles de son côté, elle va en avoir des choses à te raconter …


    Lena :

    Dodue n’a pas hésité à suivre Danilo, Cassandra. Moi, je ne suis pas courageuse, je serais épouvantée si je devais me lancer dans l’inconnu comme elle l’a fait. Je veux bien suivre les héroïnes des romans bien calée dans mon fauteuil ou dans mon lit douillet, mais j’ai encore en mémoire la fin étrange de ce physicien de soixante-dix ans dans le roman Timeline, ou Les Prisonniers du temps, de Michael Crichton. Dans ce roman, la téléportation dans le temps est utilisée …


    Cassandra :

    Raconte-moi un peu !


    Lena :

    Au début du roman, ce physicien est retrouvé et recueilli au milieu de nulle part, enfin non, dans Corazon Canyon, en Arizona, mal en point, tenant des propos incohérents. Sa chemise n’est plus bien raccordée, alors qu’on ne distingue aucune déchirure ni aucune couture réparatrice … Comme on l’apprend, après sa mort rapide à l’hôpital, le physicien a eu l’imprudence de se livrer à de trop nombreux voyages téléportés aller-retour dans le temps. A chaque fois, des erreurs, d’abord infimes, se sont produites dans le « remontage » de son corps et le dernier voyage lui est fatal. La téléportation me tente, mais êtes-vous sûrs de votre technique à cent pour cent ?


    Lena, en interrogeant Cassandra, se demande avec angoisse si ce n’est pas là que se situerait le problème préoccupant Danilo.


    Cassandra, riant :

    Oui la technique est sans faille, c’est notre moyen de transport à nous. Maintenant, avant de te téléporter, toi, Lena, mes chefs exigeraient des tas d’examens auparavant, sans que cela doive te faire peur d’ailleurs. S’il y avait le moindre risque, nos robots nous avertiraient.


    Donc, si cela te dis un jour, si tu maîtrise ta peur … Dodue était mieux équipée que toi pour ce genre d’expédition. C’était moins difficile pour Danilo de la téléporter avec lui, étant donné qu’elle est une représentation mentale créée par toi. Dodue s’adapte à tout, puisque, pour elle, les frontières n’existent pas. Le mal du pays, par exemple, elle ne connaît pas, toi si !


    Lena :

    C’est vrai. Pendant longtemps, je l’ai ressenti, quand je mettais les pieds hors du Finistère. Ne voir que des maisons en briques et en tuiles me rendait mal à l’aise et je cherchais désespérément un toit d’ardoises et un mur clair pour me rassurer, comme si, pour moi, c’était cela la fameuse « normalité » !


    Bien sûr, cette impression s’estompait rapidement, surtout si les gens que je côtoyais étaient chaleureux. LesET se cachant rares fois où je suis allée à la montagne aussi, j’ai éprouvé une sensation d’étouffement en arrivant : l’horizon bouché par les sommets commençaient par m’écraser littéralement. Je me sentais mal sans vouloir l’avouer à mon entourage.

    Cela se produisait à chaque fois mais le lendemain je me sentais déjà mieux et au cours des séjours, je goûtais pleinement la qualité de l’air, la neige, rendant les paysages magiques. Passé l‘âge de vingt-cinq ans, tout de même, après un certain nombre de voyages à l’étranger et un certain nombre de séjours prolongés hors du Finistère, j’ai fini par m’approprier toutes sortes de décors et de paysages différents, j’ai plaisir à passer des uns aux autres et la gêne qui accompagnait la découverte autrefois a complètement disparu.

    N’empêche, je rêve de me trouver en orbite autour de la Terre mais cela restera un rêve, Cassandra ! Si la possibilité m’en était donnée, je ne courrais pas le risque de céder à la panique, au point de ne pas réussir à apprécier le merveilleux spectacle qui me serait offert …


    Oh, Cassandra, j’y pense ? Les soucoupes volantes existent-elles ?

    Là aussi, le sujet me fascine, mais si je me trouvais face à l’une d’elles, comme David Vincent, en cherchant un raccourci que jamais je ne trouverais, c’est la terreur qui l’emporterait sur la fascination !


    Cassandra :

    Dois-je te répondre, alors ? Oui, Lena, elles existent. Nous n’explorons pas les mondes de cette façon, nous vivons dans un univers que vous pourriez appeler « parallèle » mais nous savons par exemple, que certains astronefs venus survoler la Terre étaient issus du système solaire Zeta Reticuli, à trente-neuf années lumière de chez vous, une bagatelle, n’est-ce pas ?! Je crois que leurs visites ici ne se sont pas bien passées et qu’ils ont abandonné leurs incursions. Leur technologie est bien plus avancée que la vôtre, mais je suis obligée de révéler qu’ils ont été horrifiés par l’aura négative qui se dégageait de la présence humaine sur la planète et qu’ils y ont laissé des plumes et des individus. Ils n’espèrent qu’une chose, c’est que vous ne puissiez jamais leur rendre visite ! Des collègues à nous les connaissent mais ils sont liés par le secret professionnel et je ne dispose pas d’autres détails.


    Stargate allocine.frLena :

    Au moins, saurais-tu me dire à quoi ressemblent ces visiteurs de l’espace ?

    Cassandra :

    A toi et moi, Lena !

    A suivre …


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  •  

    Lena fut réveillée, enfin c’est-ce qu’elle crut,

    Mais par quoi donc ? Par la baguette de Dodue.

    Logée dans un tiroir, celle-ci s’agitait,

    Fait fort bien inquiétant en l’absence de Fée …

    Baguette fut laissée, conseil de Danilo :
    "On pourrait la casser, elle sera de trop.
    Ne téléportons pas un si précieux objet."
    Dodue donc l'écouta, mais ce fut à regret.


    Prends-la, prends-la, soufflait Mémé Ciredutemps :

    Tentant Lena, disant "passons un bon moment !"

    Qu’est-ce que la soeurcière pouvait bien faire là,

    Ebahie, abrutie, se demandait Lena.

    De baguette Lena, jamais n’s’était servie

    Laissant tout à Dodue ce rayon de magie.

    Mais la dite Mémé, dans Lena se glissa,

    Impatiente de voir que celle-ci n’osait pas …


    Toutes frontières abolies, vécu mêlé au virtuel, veille et sommeil mal distingués, rêve, songe, souhait, toutes ces notions convergeaient vers Lena, qui se disait : si j’étais Mémé Ciredutemps, digne sorcière de Terry Pratchett, j’aurais mon franc parler et j’enverrai valser, d’un charme bien concocté, tous ces gens si troublés, quarante-huit heures durant, tiens, pour avoir la paix ! Non pas ma paix à moi, mais pour que le calme règne. C’est que dans le cerveau de Lena dansaient déjà les mots échangés sur son site d'écriture favori, pas que des mots courtois ; elle voulut les chasser, pas si concernée que cela, mais Mémé était déjà là et elle n’y échappa pas.


    Et Lena, possédée par la Mémé, contre son gré, tout en se disant qu’elle aurait pu plus mal tomber, faute d’avoir sous la main herbes appropriées, décida de pointer la baguette de Dodue sur … une piste de danse soudainement apparue ! Encore heureux que ce ne soit pas un ring, car, là, je ne connais fichtrement rien, pas comme Farouk, soupirait Lena en arrière-plan. Le coup de "On achève bien les chevaux", le film, la Mémé voulait faire, apparemment, pour avoir à l’usure tous ces écrivains remontés et montés les uns contre les autres, plumes blanches ralebolisées par les assauts anonymes répétés des plumes noires.


    Par plumes noires, on définissait non pas les auteurs juges sévères et critiques avisés, qui laissaient leur signature en commentaire, mais ceux qui passaient sur les textes sans doute sans les lire et mettaient "pauvre" partout, par jalousie ou joie de faire du mal, abrités par l’anonymat.

    "Foin de balai, mais un ballet !" ricanait la Mémé : "obligés vous serez de valser, mais avec votre ennemi juré, obligés vous serez de sourire et de tournoyer, William avec Féebienne pour commencer, le troll trotskiste avec la féministe fée !" Mémé voulut les assembler avec une malicieuse arrière-pensée, car elle avait sa version des faits : se trompait-elle en effet, si elle avançait que William pensait que la mayonnaise tournée venait renforcer les propos de la Fée dans son très beau poème. Le commentaire supprimé ne lui ayant pas permis de vérifier, Mémé comprenait quand même que William visait le contenu du texte mais dut mal s’exprimer, et ce fut le tollé. Tout le monde crut la Fée Bienne directement visée. Il ne fallait pas là dire "tu", ni associer le mot "femelle" à ce "tu", ton ironie dénonciatrice fut perdue car on la prit pour du mépris, venant d’un malotru ! Tu n’avais pas prévenu, William : "attention, deuxième degré !".

    La Fée Bienne rétorqua de sa baguette acérée, ce qui nous valut un savoureux conte, transformant William en Troll. Mémé entendait bien le cri du Troll en la matière : "je vise les textes, pas les personnes !" Mémé arrivait à extirper le cri des commentaires trop délayés auxquels William se livrait, emporté par son élan dans un cercle vicieux de joutes de plumes venimeuses avec des auteurs piqués au vif et qui, forcément, réagissaient …

    Qui commençait, qui continuait, ces joutes malsaines pour tout le monde, ? il valait mieux ne pas creuser mais se concentrer pour que cela cesse.
    Alors, dans ce contexte, la baguette fit apparaître sur la piste, contraintes et forcées, les plumes blanches connues, mais les plumes noires connues et inconnues aussi, males et femelles confondues ! Elles étaient toutes belles, les garces, obligées de sourire et de se montrer … Mémé chercha une jolie plume noire pour danser avec la Main de Thôt, mais le Thôt, en grève (on ne savait pour combien de temps), préoccupé par son projet de pétition pour que les plumes noires s’affichent sur le site, justement, harassé par les harangues hargneuses de William envers lui (il faut dire qu’il y mettait le paquet !), le Thôt, donc, ne décolérait point et Mémé, tempérée comme elle pouvait par Lena, dut se résoudre à le laisser dans son coin.


    Et la Main se croisait les doigts,

    Comme si elle croisait les bras !

    Mais oui, c’est vrai, elle le faisait,

    Vir-tu-el-le virtuosité !

    Et à côté d’elle campée

    Son avatar à l’œil masqué,

    Tourné en pancarte disait :

    « En grève pour caus’ de ras l’bol ! »

    Laiss’-le dit Lena, n’sois pas folle …

    William aussi clamait slogan :

    « J’vise les textes, pas les gens ! »

    Oh, lui, on va le faire danser,

    Disait la Mémé déchaînée,

    Allez, pas avec la Fée Bienne,

    Car c’est trop, qu’à cela ne tienne,

    Mais avec Plum’ Imaginaire,

    Car l’initier il proposait,

    Tiens, à la kenamilité !

    Stellamaris dansait au loin

    Sur un magnifique rond-point

    Tout entouré de p’tits lapins.

    Il n’était bien sûr pas lui-même

    Ce rôle-là, pas sûr qu’il aime

    Mémé avait eu cette idée,

    Vision d’un poème germé

    Pris dans la tête de Lena;

    Qui ne put parer à cela.

    Om Salma, Coram, Nolimé,

    Féebienne aussi ondulaient

    Farouk à elles se joignait

    Sur musique bien balancée,

    Dalistayeb, Djamal jouaient.

    Bel Catou, se fichant de tout,

    Embrassait son Jul’ dans le cou

    Se plaignant qu’il était tout mou

    Mais la salsa le réveilla.

    Et Marie-Louve dansait avec l’Evêque,

    Shocking, mais comment les mettre donc en échec,

    Horreur, se dit Lena, mais il n’a pas le droit,

    Va se faire damner par les autres prélats.

    Mémé rectifia le tir et grand Loup apparut

    À la place, car c’était un malentendu.

    Avec Marie-Louve grand Loup pouvait valser

    Car on était toujours en plein’ virtualité.

    Quarante-huit heures durant le bal continua.

    Di, Rahar, tous les autres tournoyaient heureux,

    Pauvre Mona dansait avec le canard bleu,

    Ordre de la Mémé à l’esprit malicieux.

    Quant à Tof’, alternant jupe et pantalon,

    Des changements de cavaliers donnait le ton.

    Lena ne pouvait pas, prise dans la Mémé,

    Sorcière pas méchante, elle le voyait,

    Qui leur permettait, malgré tout, de s’amuser.

    Corvée n’était pas trop, mais qui durait, durait !


    Réveil, reprise de conscience, soulagement de Lena.


    C’est alors qu’en mettant les deux pieds hors du lit,

    Du ballet déjanté les yeux encor’ emplis,

    Une étrangère nuque son regard capta

    D’un être bizarre, qui était assis là.

    Mais de sa combinaison les couleurs changeaient,

    Cela au moins était connu, pas de danger.


    Le canapé, elle contourna

    Et ce fut lui qui sursauta !


    Alors, Lena sourit, pas du tout indignée

    Et attendit qu’il veuille bien se présenter.

    Oh ! Mamzelle Lena, Aristide je suis,

    Clown robot, robot clown, c’est moi qui ait choisi.

    Attendez, je sors mon nez rouge, le voici !

    Pour vous servir Madame je suis donc ici.

    Cassandra a voulu m’envoyer vous aider

    A vous désencombrer l’esprit de ces fadaises,

    Soulager votre nuit, ne vous déplaise !

    Le bon robot portait une jolie bedaine

    Et ne semblait pas du tout connaître la haine …

    Ce qui réjouit Lena, elle allait l’oublier,

    C’est qu'à Michel Serrault la voix il empruntait !

    Nouveau "Michel" ? C’est la mode chez les robots.

    "Bonjour Aristide ? Copain de Danilo ?"


    Aristide, sans se faire prier, lui affirma que oui et lui raconta leurs exploits communs, en vrai et pour de rire, tandis que Lena se détendait et buvait son café.
    ***

    Notes de Lenaïg
    - Chapitre créé le 30 juin 2008, lors de la bataille des plumes blanches et des plumes noires sur Lgdm ; le personnage de Lena, tout comme l'auteur(e), a commencé à écrire sur un site d'écriture !Aristide
    - Si des anciens de Lgdm viennent à passer, ils reconnaîtront des "figures" connues, ou ... se reconnaîtront eux-mêmes !
      
    - Il est peut-être bon de rappeler que le grand robot Danilo, le fiancé de la Fée Dodue, prend la voix du comédien Michel Roux (doublure française mémorable de Tony Curtis dans "Amicalement vôtre", entre autres).

    A suivre !


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  •   

    Lena ignore où se trouve Dodue mais ne se fait aucun souci, sachant qu’avec Danilo, sa fée ne risque rien. Il doit veiller sur elle comme une mère, tout amoureux qu’il est ! Depuis plusieurs jours et nuits que Dodue est partie, Lena a tout de même reçu un petit message mental de la fée, joyeux et excité, qui disait :

    "Coucou Lena, c’est moi ! Je profite de ce que Danilo est en train d’opérer un patient, enfermé au bloc opératoire, pour te faire signe. Oh, j’aurais pu rester regarder par la baie vitrée mais, autant Danilo est calme et déterminé, autant moi j’angoisse à la vue de ce corps ouvert et des chirurgiens et infirmiers penchés. Il paraît que c’est une grande première et que les nanosphères sont expérimentées. C’est en même temps l’opération de la dernière chance ! Danilo, bien sûr, ne se montre pas mais il est présent dans toutes les têtes des participants et surveille en même temps les appareils en action … Moi je préfère me promener dans les couloirs, pour l’instant je n’ai pas osé entrer dans une chambre …


    Tu sais, l’expérience de la téléportation a été extraordinaire ! Danilo me tenait d’une poigne de velours dans un gant de fer, enfin je dis "fer" car j’ignore tout du métal dont il est fait ! Son programme de téléportation englobait nos deux entités et il ne devait pas me lâcher ! Le contact de la main de Danilo est semblable à celui d’une peau humaine, à la tienne, Lena. Bon, je reconnais que je ne suis pas réelle, mais avec lui c’est comme si je le devenais ! Quand nous sommes arrivés à l’hôpital -je ne dois pas dire où c’est-, il m’a "libérée" pour se concentrer sur sa tâche à accomplir.

    A ce moment-là, j’ai compris qu’il s’éloignait de moi, pour la bonne cause, il me parlait encore mais je le sentais se replier en dedans de lui-même, ou bien se glisser dans les cerveaux du personnel hospitalier pour se "briefer". Avant qu’on ne se sépare, je lui ai pris la main à nouveau et j’ai posé un baiser sur sa joue, il m’a pressée contre lui mais son corps était froid. Etonnant, hein ?


    Pendant la téléportation, il y a eu des périodes où j’ai sombré dans l’inconscience, c’était normal étant donné le processus, mais Danilo a fait un crochet par chez lui, une étape, avant la mission. Trop brève pour moi, mais j’ai été bouleversée, j’ai entraperçu les fameuses quarante-sept dimensions, je ne peux pas encore te décrire comment c’était, il faut que je trouve les mots ! Mais j’ai rencontré sa famille, car il en a une. Eh oui, il a un père et une mère, pas génétiques, quoique je m’avance peut-être, deux vieux robots en retraite, l’air ravi de me voir. Plusieurs de ses frères étaient présents aussi et lui tapaient sur l’épaule pour le féliciter de venir en si bonne compagnie ! L’un d’eux, m’adressant un clin d’œil au passage, a pris un accent québécois (enfin, je crois) pour le taquiner : "Mais, c’est que l’frérot a trouvé sa blon on on de !" Je suis rousse, mais j’ai compris ce qu’il voulait dire et cela m’a fait plaisir !

    Bon, assez parlé de moi, et toi, Lena, tout va bien ?"


    Plus tard … Lena, en train d’écrire, entend "toc toc !" dans sa tête et Cassandra demande :

    "- Je peux venir ?

    - Quelle question !" s’impatiente Lena. L’image de Cassandra prend forme et elle se concrétise en entier ; la voici assise dans sa position et à sa place favorites, assise en biais à la table ronde, en face de Lena, jambes croisées, coude appuyé.


    "- Qu’est-ce que tu fais ?


    - Je suis dans les paperasses, les tableaux et les chiffres ; je n’ai pas fini, je ne comprends pas tout. Franchement, ça me gave …


    - Allez, laisse tomber pour aujourd’hui. Tu n’es pas à un jour près, hein ? Tu trouves qu’on te laisse trop tranquille, justement, alors, profite de la vie, sans état d’âme ! Distrayons-nous, montre-moi le dessin de Pierrot … Il a du flair, ce Pierrot, outre qu’il a réalisé quelque chose de très joli ! C’est de l’anticipation, un jour vous serez en mesure de communiquer avec vos plantes. Il faudra trouver les fréquences, les rythmes et les émanations chimiques ! Mais, en ce moment, quelqu’un d’autre que Pierrot occupe ta pensée. Oh, et ce dessin-là, dans ton « scrapbook », que tu as laissé ouvert sur le canapé, qu’est-ce que c’est ? Je perçois que la personne à qui tu penses est fortement liée à ce dessin … Laisse-moi deviner et commenter. En même temps, cela te permettra de voir clair dans ta tête. C’est un dessin d’enfant, coloré au feutre. Un dessin d’un tout jeune ado, mais d’une maîtrise étonnante, pour les proportions, l’agencement, la rigueur et la fantaisie associées …



    Cheval TGV - Dessin d'AudeAttend, des loutres ??? Qu’est-ce que cela vient faire ici ? Ah, c’est toi qui vois des loutres ?! Voyons, sur le dessin, il y a un cheval, un lapin et une bulle de BD reliée au lapin par deux petits ronds, qui exprime donc sa pensée. Dans la bulle, il y a un TGV, dont les parois sont décorées de carottes … On va y revenir plus tard, c’est trop original et captivant. Mais alors, les loutres, pourquoi ?… ça y est, je cerne l’auteur de ce dessin, c’est une très jeune fille, qui s’appelle Aube, pardon Aude. Je te vois en Angleterre, en compagnie d’Aude et … de sa maman, mais … c’est Mona.

    Un soir, vous venez de visiter un grand parc animalier, où vous avez observé la vie des loutres, si rigolotes, nageant dans l’eau, moustaches au vent … Aude vient de dessiner une loutre et sa Maman, n’ayant pas reconnu l’animal sur le coup , se trompe dans l’interprétation et s’esclaffe. Aude, un peu vexée, s’écrie :

    "Quoi, ma loutre, qu’est-ce qu’elle a, ma loutre ?" sur un ton aussi indigné que Johnny Hallyday.

    C’est l’hilarité générale, et ça dure, et toi, Lena, comme vous êtes en Angleterre, tu traduis en prenant ton plus bel accent britannique : "What’s the matter with my otter ? " … Pas le seul fou rire que vous ayez piqué, hein, pendant votre merveilleuse semaine dans le Devon ! Les loutres n’ont qu’un lointain rapport avec le dessin que nous avons sous les yeux. Apparemment, le dessin de la loutre n’a pas été gardé. Mais celui-ci, c’est un cadeau, d’une facture plus ancienne, dirons-nous !


    - Oui, Aude est très douée, tu sais, Cassandra. Tout ce qui lui tombe entre les mains devient de l’or aussi ! Si tu avais vu comme, avec les coques modelables des petits fromages multicolores, elle réussissait à façonner un chat, un lapin … Proportions, position des muscles, tout y était ! Tiens, une idée vient de me traverser l’esprit … Oh, Cassandra, c’est toi qui me l’as soufflée !


    - Je ne crois pas, Lena, je suis en train de penser avec toi, pas pour toi !


    - Cette idée, c’est que ce n’est pas un hasard si elle a choisi de devenir … kiné !


    - Tu crois encore au hasard, Lena ?


    - Non, c’est vrai … Aude vit une période très difficile, elle ne verra pratiquement pas l’été, encore deux stages à faire et la soutenance de son mémoire en septembre … Elle commence à se décourager, elle doute d’elle-même. Une chef l’a prise en grippe pendant son dernier stage et on lui a reproché d’être complètement à l’ouest !


    - Ah oui, Lena, une expression équivalente à "être à côté de ses pompes", ou peut-être le "space" des djeuns !


    - Oui, en ce qui la concerne, je crois que cela signifie : pas assez concrète !


    - Je comprends que cette expression "être à l’ouest" commence à indigner les Bretons car, en France, géographiquement, il n’y a pas plus à l’ouest qu’eux ! Ils en ont marre de ces expressions désobligeantes. Pourtant, les Bretons ont toujours été créateurs, aventuriers, bourlingueurs, entrepreneurs, bosseurs, et se sentent parfaitement français, pour la plupart !


    - Merci pour eux, Cassandra ! En Bretagne, on trouve évidemment des gens bornés et renfermés, comme ailleurs. Mais, souvent, après la méfiance, ou plutôt l’observation du début, se révèle un grand esprit d’ouverture, d’accueil et d’assimilation. Même la foi catholique, si bien incrustée, a reçu des apports païens en Bretagne, des religions d’avant, qui n’ont pas été abandonnées, mais intégrées ! Anne, mère de Marie et grand-mère de Jésus, pour les Bretons, est en fait l’avatar d’une déesse mère plus ancienne ! En tous cas, les deux sont confondues ! Attention, Cassandra, ces propos ne sont pas appuyés par une quelconque autorité, ni approuvés, ils résultent de mes lectures, souvenirs et intuitions !


    - Je sais, Lena, et je n’interviens pas … Repenchons-nous sur le dessin d’enfance d’Aude. Voilà un cheval jaune vif mais à la crinière noire, une belle tache blanche sur le front, qui a l’air très copain avec un lapin bleu. Tous les deux sont en buste, en fait, le lapin, lui, contrairement au cheval, très figuratif (hormis sa couleur), se rapproche beaucoup d’un lapin de BD, d’ailleurs une bulle lui est donc attribuée …


    Le lapin regarde son copain cheval, en train de se reposer dans un pré vert foncé, tandis que, plus loin, s’étend un champ plus clair. Il se moque un peu des humains, en évoquant les TGV qui passent plus loin et dit au cheval, par la voix mentale : « Ils ne savent pas, ces humains, hein ? Quand tu m’emmènes sur ton dos vers ce potager aux carottes et aux salades joufflues que nous avons repéré, que nous nous régalons de toutes ces friandises et revenons ventre à terre, qu’est-ce qu’on s’amuse, le cheval, toi qui es mon TGV à moi ! D’ailleurs, il va falloir changer de coin, la prochaine fois, les humains ne sont pas idiots et ils vont nous attendre. Que veux-tu, ils ne veulent pas partager, il faut bien que nous nous débrouillions autrement ! ». Tu vois, la voix mentale et la communication pensée entre les animaux, Aude la percevait déjà !"


    Tout en contemplant la colline rose du dessin, au fond et les oiseaux qui planent au-dessus, Lena et Cassandra partagent les tourments de la belle Aude qui, en plus vient de perdre sa grand-mère, présence chaleureuse et aimante, fière, à juste titre, de ses filles et de ses petits-enfants. Mamie, qui ne les rassemblera plus chez elle le dimanche à déjeuner, et dont le chat est un peu perdu, lui aussi.


    Mais Cassandra affirme que Mamie n’a pas disparu : elle reste dans les cœurs et projettera sûrement son ombre bienveillante sur le destin d’Aude, qui parviendra à ses fins et soulagera un jour les douleurs musculaires, articulaires, l‘arthrose, les lombaires, les rhumatismes et compagnie. Lena l’écoute sans broncher, impressionnée par tant de connaissances sur la famille de Mona et d’Aude, et par ce qui a l’air d’être de la clairvoyance. Elle lance un regard vers le coin de son lit, où se trouve affiché un autre tableau d’Aude, un paysage baigné de lumière du matin, où le soleil levant, de derrière les collines réveille doucement un village jusque-là plongé dans l’ombre, en commençant par le clocher, semblant dire « je suis là, je reviens toujours ! ».

    Ce paysage est l’œuvre d’une adulte, entièrement créé par son imagination,
    sans modèle. Le choix des couleurs, à la fois oniriques et rassurantes, frappe Cassandra, qui a suivi le regard de Lena. "Ah, celui-là est magnifique", dit-elle. 
    "Tu ne m’as rien dit, tu n’y as même pas encore pensé mais le sens est à la fois caché et criant de vérité ! Aude te l’a envoyé après la mort de ton Père, je ne suis même pas sûre qu’elle ait perçu tout ce qu’elle y mettait mais le message est bien là !

    Désolée, Lena, je ne peux pas t’en dire plus, mais je me réjouis que tu en captes toute la sérénité. Je serais toi, je ne toucherais pas à ce tableau qui t’est intimement dédié. Je mettrais en nouvel avatar sur ton site d’écriture, puisque je sens que tu veux y mettre un élément lié à ta jeune amie Aude, ce cheval et ce lapin, qui communiquent si bien. Je peux te révéler déjà qu’elle les verra, affichés, car Mona la préviendra et qu’elle ne sera pas offensée que tu aies préféré son tableau d’enfance à une œuvre plus achevée, non non, cela lui fera du bien. D’ailleurs, Aude se sent déjà mieux, nos souhaits partagés en ce moment commencent à faire de l’effet : elle songe à son ami, qu'elle ne voit qu'épisodiquement,  et
     
    l’importance de celui-ci dans sa vie, même s’ils ne se voient pas beaucoup cet été, la réconforte et la rassure. L’alerte est passée !"
    ***




    Note
    : le cheval est un dessin d'enfance d'Aude, digne fille de Mona.Détail arbre - Dessin d'Aude
    Puisque les lecteurs ont été sages, ils auront le droit de jeter un coup d'oeil à l'arbre magique, dessin d'Aude réalisé pour moi. Juste un petit coin, car il y a plein de détails qui resteront secrets !




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  • Marion et la fleur hardie 3   Lena est émerveillée. Dans sa boîte de messagerie, elle vient de trouver un dessin, ou plutôt un tableau, en cadeau, d'un certain Pierrot le Renardeau. Elle regrette que Dodue ne soit pas là pour apprécier. La Fée a suivi le Robot Danilo dans un voyage mystérieux, laissant un mot : "Lena, tu dors encore, Danilo a réussi à créer un programme de téléportation spécial pour moi et il m'emmène dans sa nouvelle mission. A bientôt, nous t'embrassons".


    Sur ce tableau pastel
    , une jeune fille digne du plus beau des mangas est accoudée à sa fenêtre, un livre à la main. Devant elle, un parterre de fleurs exubérantes et heureuses d'être là ; curieusement, ces fleurs, roses, bleues et même vertes, mais d'un vert affirmé, nettement détaché du confortable tapis d'herbe sur lequel elles reposent, semblent tournées à l'unisson, offrant leur cœur d’or ; trois de ces fleurs, plus hardies, se tendent vers  la jeune fille à sa fenêtre, une de chaque couleur.

    Au premier abord, l'oeil qui contemple le tableau se dit : cette jeune fille aime les fleurs, qui le lui rendent bien ! Et l'oeil sourit de l'atmosphère printanière, même estivale, de douceur et rêverie mêlées, de couleurs éclatantes et de parfum exhalé par ces fleurs généreuses aux gros pétales ronds.


    Derrière l'oeil qui regarde, il y a une Lena, qui poursuit son investigation. Dans le magazine ELLE, qu'elle lit chez sa Maman, une rubrique plaît beaucoup à Lena, c'est la critique d'art d'Hector Obalk. Ce Monsieur rend tous les tableaux beaux. Souvent, il en compare deux et sait faire ressortir tout le sens, toutes les nuances.


    Lena se dit : je vais jouer à la critique d'art moi aussi, sans prétention mais à ma façon. D'ailleurs, elle a déjà commencé, car les yeux extérieurs qui lisent cet écrit doivent se dire : mais, enfin, cette jeune fille, comment elle est ? Lena l'a fait exprès ! En effet, si les fleurs sautent aux yeux par leur joie de vivre, quand Lena a vu se déplier le tableau à l'écran, c'est la longue chevelure de la jeune fille, blonde comme les blés, qui est apparue en premier. Lena sait qui a inspiré à Pierrot ces cheveux dorés : sa propre Maman, qui longtemps les a arborés, ainsi que sa grande soeur, qui de cet atout magnifique a hérité. Lena a voulu faire une impression tout de suite et a d'abord cru s'être trompée. Il fallait reformater le portrait pour qu'il sorte dans son entier. Alors, qu'est-ce qui est sorti sur la page en grand ? le quart supérieur gauche du tableau, en plus en noir et blanc, car Lena avait oublié de changer. Et Lena n'a pas été déçue. Il n'y a pas de hasard, elle en est convaincue et l'a déjà dit ici, cette impression est jolie mais surtout désigne l'essentiel, la clé du mystère !


    Dans les cheveux blonds de Marion (Lena ne sait pas si Pierrot lui a donné un nom, elle lui propose celui-ci), à l'arrière du front, se dressent ... deux antennes, gracieusement recourbées. Les sceptiques diront que ce sont deux épis, deux mèches rebelles, car les antennes sont blondes, elles aussi, sauf les bouts, qui prennent la couleur de la tapisserie rose de l'intérieur de la maison. Lena comprend que ces antennes ne doivent se dresser, aux aguets, que quand Marion est seule, car c'est son secret. Puis, il y a les grands yeux bleus miroitants de Marion, dont Lena n'a pas encore parlé ; ils se dirigent, ces grands yeux profonds, vers les trois fleurs les plus hardies, au bout de la robuste tige qui se tend vers la fenêtre.


    La fleur bleue, la plus avancée, s'est dévoilée : les deux petits points noirs dans le coeur jaune, ce sont bien des yeux et le petit trait discret, mince et rouge foncé, ce n'est pas une poussière déposée, c'est bien une bouche, qui sourit ... à la jeune fille. Elles sont en train de communiquer !


    Merci l'artiste ! Marion est peut-être une fée, et sa famille l'ignore encore. Fée Dodue sera ravie à son retour de se glisser dans le tableau et Lena espère qu'elle y sera bien accueillie. Cassandra aussi sera intéressée, du fait de sa spécialité, la communication inter-espèces, tous azimuts !

    Pour l'instant, Lena va quitter Marion pour vaquer à d'autres occupations. Elle s'éloigne de Marion et de sa maison en briques ocre, après avoir affiché les deux pages sorties : le tableau dans son entier, le détail en noir et blanc très important.

    Lenaïg
    Jeudi 19 juin 2008
    ***


    Note :
    Pierrot le Renardeau est un pseudo, bien sûr, mais pas très éloigné du vrai patronyme. Pardon pour "renardeau", c'est pour la rime !
    Je sais que tu es grand et, par ta Maman, j'ai compris que cela t'a fait un répit dans tes révisions. Bon courage, le grand !
    Toute mon affection à ta famille, là bas près de Toulouse, où les amis sont toujours chaleureusement reçus et, des fois, tous en même temps, ce qui est ... "géant" !


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