• Gros plan drôle bonhomme editedDéfi de Brunô - Mots de tête n° 22 : poème à composer

    A tous les membres de la communauté

    Croqueurs de mots
    Je vous indique les premières lettres de chaque mot

    A vous de composer, dans cet ordre, un poème avec ou sans rimes, sujet libre.
    A.....L.....S.....M.....V.....

    U.....C.....D.....V.....L'.....

    B.....E.....F.....R.....T.....

    P.....N.....O.....J.....I.....
    15 jours pour écrire un quatrain d'anthologie.

    à vos plumes et claviers !

    Merci




    Tristounet:

    Anémiée, Longiligne, Sylvia se Meut en Vacillant
    Usée par les Corvées Du Vilain gourou; L'apparence
    Blafarde, elle se Force à Ranger ses Tiroirs
    Pour Ne pas Oublier ses Jerseys Innommables

    **********



    Plus gai:

    Allons, Les Surfeurs, la Mer est Violente
    Un Cadeau du Vent! L' écume
    Blanche est Faite pour Rire du Temps
    Planons, Nageons, Osons Jouir de l'Instant
    **********

    Mona


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  • Gros plan drôle bonhomme editedDéfi de Brunô - Mots de tête n° 22 : poème à composer

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    Merci

     



    L'utopiste batifolant


    Accroché le soleil sur mon vélocipède !

    Utopiste cabri, dardant vers l'avenir,

    Batifolant et fou, redoutable tempo,

    Pacifique naïf … Ô journée irréelle !

    ***

     

    L'été promet

    Arrive le soleil sur ma véranda.

    Un cumulo-nimbus dérive vers l'est.

    Bel été fleurissant. Rêve temporel.

    Puissions nous obtenir jardins inouïs !

    ***

    Lenaïg




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  • fond-ecran-paysage-de-l--espaceLéna se réveille d'un coup, idées nettes et enthousiasme au cœur. Sans allumer, elle s'empresse d'aller ouvrir sa baie vitrée pour faire entrer l'air frais du petit matin. La nuit, elle ferme tout, volets baissés pour s'isoler du bruit de la rue, sauf en été … Tiens ! Quelques coins du ciel ont déjà viré au bleu foncé, la lune montante est en "D", toujours visible, Vénus pas loin … Les premiers travailleurs arpentent le trottoir, quelques véhicules de livraison circulent déjà …


    Elle allume le lampadaire, tournant le dos au canapé, guillerette car elle sent que la fée Dodue va rentrer, c'est sûrement pour aujourd'hui … Un éclair de panique la traverse, l'impression d'être observée, faisant place à la joie. Sans rien voir encore, elle sait !


    Elle fait demi-tour sur elle-même et découvre Dodue profondément endormie dans le canapé, pas seule ! Dodue est blottie contre Danilo le grand robot, dont Lena croise alors le regard intense, à la fois lointain de souvenirs et de savoir et proche de bienveillance. Outre l'expression espiègle adressée à Lena, qui sourit de la bonne surprise, les yeux de Danilo s'embellissent de nuances nouvelles. Lena saisit que le lien entre Nordin Danilo et sa fée s'est immensément renforcé.


    Lena a le réflexe de détourner les yeux mais se souvient qu'elle ne fait que débuter dans la télépathie et ne pourra pas capter de pensées indiscrètes ; ensuite, crétine qu'elle est, elle se rappelle qu'elle a affaire à un maître en la matière, qui ne lui montrera que ce qu'il veut ! Curieusement, Danilo a l'air un peu confus, lui aussi … Heureusement que Dodue ouvre les yeux, s'étire un peu, met les bras autour de son Danilo et l'embrasse, s'écriant joyeusement :


    - Bonjour, sauveur de mon humanité ! On est arrivé ?


    - A mon avis oui, ma douce Dodue, je ne pense pas m'être trompé d'un cheveu dans la localisation !

    Répond d'une voix railleuse et feutrée le Michel Roux de métal.


    Dodue, apercevant Lena debout et lui sautant au cou :

    Ce tas de ferraille a réussi son coup cette fois-ci, on ne s'est pas matérialisé dans l'ascenseur, ni cul par-dessus tête dans un fauteuil récemment déplacé !


    Lena :

    Mais enfin, Dodue, comment l'appelles-tu, ton Danilo, un peu de respect !


    Dodue :

    Si ! C'est mon tas de ferraille préféré ! Il aime bien que je lui donne ce surnom-là ! Parce qu'en fait, c'est tout ce qu'il n'est pas … Si tu savais ce que ce tas de ferraille fait passer dans son contact et, tiens-toi bien, il est bâti comme un humain. Moi qui suis fée, je n'avais aucun espoir de trouver un prince charmant. "Fée" n'existe pas au masculin !

    Eh bien ça y est, j'ai trouvé mon alter ego et je suis Madame [---------], nous sommes

    mariés ! C'est le sage Bienaymé en personne qui nous a unis, au cours de notre escale de retour ici …


    Lena :

    Madame "comment" te nommes-tu à présent ? Je n'ai pas compris !


    Danilo :

    Tu n'entendras pas le nom de ma famille, Lena, les sécurités sont doublement posées sur toute pensée ou tout mot susceptibles de renseigner des esprits espions et malintentionnés sur notre position.


    Lena :

    Ah oui, j'ai eu affaire à certains d'entre eux, dernièrement …


    Danilo :

    Je sais, tu t'en es drôlement bien tirée. C'est pour cela que tu n'auras jamais nos noms exacts, Lena, ni le mien, ni ceux de Cassandra, Néan, Gascarina, Aristide et les autres actuellement sur la Terre. Seule Dodue y a accès !


    Lena, terrifiée :

    Mais les espions vont se rabattre sur Dodue, alors !


    Dodue, fière et confiante :

    Ben non,ils ne pourront pas, ils savent ma présence mais du fait que j'appartiens à l'imaginaire humain, ils ne me perçoivent pas ! Ce n'est pas beau, ça ?


    Danilo :

    Et ce n'est pas demain la veille, car nous-mêmes, nous sommes en train de disparaître aussi de leur champ de vision mental. Ces entités avides de pouvoir et sans scrupules se sont crus plus forts qu'ils n'étaient … Ils ignorent encore qu'une expédition de grande envergure est prévue par nos Sages dans leur monde. A côté de vous, pourtant sanguinaires humains, leur cruauté est ahurissante.

    Vous voyez, sur la Terre, toute malade qu'elle soit, nous vous croyons assez forts pour vous en tirer tout seuls. Dans la plupart des mondes et planètes visitées, c'est le cas aussi.

    Chez les [----------], la règle de non intrusion, comme celle d'interférence minimale, ont été levées, des équipes de collègues à nous sont déjà à l'œuvre mais une opération globale énergique se prépare. Il est possible que je sois appelé en renfort.


    Dodue :

    Tu ne m'avais pas encore parlé de cela, mais je viendrai avec toi ?


    Danilo :

    Pourquoi pas ? Tu ne seras pas de trop, je t'ai vue à l'œuvre auprès de Julius, le petit autiste et Millicent la vieille dame atteinte de la maladie d'Alzheimer, de l'autre côté du globe … Tu continues de veiller sur eux, hein, Dodue ?


    Dodue :

    Comme si tu ne le savais pas …


    Lena, alarmée :

    Et moi pendant ce temps-là ? Vous allez encore disparaître ?


    Danilo :

    Moi oui, pas plus tard que tout à l'heure … Dodue restera avec toi pendant un bon moment, elle !


    Dodue :

    J'ai tellement d'aventures à te raconter ! Bon, on se le fait, ce café ? C'est toi qui le bois, mais nous nous associerons à ton petit déjeuner …


    Tandis que Dodue et Lena s'en vont à la cuisine pour presser des oranges, griller des toasts et faire passer le café, Danilo, qui a demandé la permission à Lena, s'est assis devant l'ordinateur de celle-ci.

    En s'installant à la table du salon, Lena observe un peu Danilo, qui pianote sur son ordinateur et se souvient vaguement d'un rêve bizarre de la nuit.


    Dans son rêve,elle a reçu une visite d'Aristide, le robot clown, venu se reposer un peu, qui lui faisait un tour de magie en lui demandant de choisir des cartes à jouer, de sa voix de Michel Serrault … Lena s'est demandé, toujours dans son rêve, si l'expression "intelligence artificielle" pouvait s'appliquer à ces robots venus d'un autre monde et elle s'est entendu répondre, sans s'étonner dans cette atmosphère onirique : "étincelle divine, ma chère Lena" par une présence gigantesque mais invisible, qui a rajouté avec un rire dans la voix : "foi d'ange ! Mais les anges ont envie de s'amuser quelquefois, ton nouveau copain est bien distrayant, Lena, mais il faut que je file au rapport …"


    Danilo :

    Voilà, Lena, ton ordi est programmé pour que tu voies défiler les films des épisodes que Dodue va te narrer. Je serai particulièrement fier que tu commentes à Lena les images de notre mariage, Dodue.


    Dodue :

    Oh oui ! surtout quand Bienaymé, ému, s'est trompé et a prononcé le mot "expérience" au lieu d'"alliance", qu'il s'est excusé tout de suite et m'a regardé d'un air inquiet mais comme j'ai souri, il s'est rassuré pendant que toute l'assistance riait !


    Danilo :

    Une union comme la nôtre dans son esprit scientifique est bien une "expérience" mais il ne nous manipule pas, il nous observe et nous couve comme une mère poule ses poussins !

    Le Michel Roux de métal se lève et déclare que c'est pour lui l'heure de son départ pour sa nouvelle mission, il vient entourer Dodue comme Lena de ses épaules, embrasse tendrement l'une et joyeusement l'autre et se dématérialise dans une nouvelle téléportation.


    Lena :

    Tu vas être triste, Dodue ?


    Dodue :

    Pas du tout, je ne vais pas tarder à reprendre le contact mental avec lui, nous l'avons presque en permanence, maintenant, lui et moi ! Et je suis tellement contente de te retrouver, toi !


    Lena :

    Et moi donc …


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  • bouton27-1On dirait que Romain m’a refilé une patate chaude. Par mes contacts, j’ai bien entendu parler d’un contrat sur Joe Kriss. Celui-ci n’est évidemment pas assez important pour que l’on s’adresse à l’Eboueur. Il a évidemment changé de nom, mais je ne donnerais pas longtemps avant qu’on ne le localise : la cupidité de certains tueurs les rend, sinon perspicaces, du moins persévérants. Romain se porte garant de Joe… enfin, Ted Eguelas, mais j’ai mon éthique et je dois faire ma propre enquête.
     
    Romain n’a pas l’étoffe d’un détective, certaines pistes lui échappent. Je me connecte et lui demande de chercher et de
    m’envoyer tout ce qu’il trouverait sur l’ex famille de Ted, dans les archives de la police, des assurances, des banques, voire des hôpitaux. L’ex femme de Ted s’était mariée à un certain Phil Armonick ; ce nom me dit quelque chose. Je m’informe auprès de mes contacts du Milieu. Ce type est un magouilleur de première dans l’immobilier, il a des accointances avec le gang de briseurs de grève et avait fait quelques affaires avec certains maffieux.
     Plus soupçonneux qu’un agent fédéral, je me mets à faire éplucher par Romain les activités de ce Phil pendant la période de l’affaire Ted. Il est apparu que Ted et lui concouraient pour un important marché. Serait-ce une coïncidence que ce Phil ait épousé la femme de son rival ? Je lance Skype, mais ne branche pas le webcam, et je demande à parler à Ted.

    - Comment s’était passé le marché dans lequel Phil et vous concouriez ?
    - Eh bien, je l’avais théoriquement remporté.
    - Comment ça théoriquement ?
    - Ben mes dessous de table étaient bien supérieurs à ceux proposés par Phil. Je savais qu’il était dans une mauvaise passe, en ce temps-là, et qu’il ne pouvait donc pas dépasser un certain seuil.
    - Donc il avait désespérément besoin de ce marché. Ainsi, si vous vous étiez désisté, Phil aurait obtenu le marché ?
    - Ce n’était pas certain. Moi, j’avais tous les matériels nécessaires, et il lui en manquait certains ; il pouvait bien sûr sous-traiter, mais comme je le disais, il était dans une mauvaise passe.
     
    Bien, je vais maintenant m’intéresser au comptable assassiné. Pourquoi ne suis-je pas étonné ? L’homme était un comptable de Phil Armonick. Je commence à y voir clair. La mort du comptable servait les desseins de Phil en éliminant Ted de la course. Je vais essayer de préciser ça. Je demande à Ted l’ancien numéro de son ex, puis je fais pirater par Romain les archives de l’opérateur téléphonique ; il apparaît ainsi qu’un numéro avait été fréquemment appelé. En un mot comme en cent, c’était le numéro de Phil. Curieusement, son ex avait appelé Ted le jour, plutôt le soir du drame, ce que me confirme celui-ci, et cela l’avait évidemment intrigué, mais il avait oublié l’incident.
     Je suppose donc que sa femme avait localisé Ted, puis avait communiqué l’information à Phil. Celui-ci avait fait vérifier la présence de Ted par son comptable. L’incident de la bagarre avait été plus que bénéfique. Phil avait tué le comptable et avait abandonné le corps de celui-ci sur le chemin de retour de Ted. Connaissant son caractère altruiste, Phil était sûr que ce benêt s’arrêterait pour essayer de secourir le comptable. Il est à parier que l’individu était derrière l’arrivée à point nommé des noctambules. Maintenant, pourquoi avoir tué le comptable ? Je recontacte Ted.

    - Dites-moi donc comment vous étiez au courant de la mauvaise passe que subissait Phil et comment vous saviez le montant maximum du bakchich qu’il pouvait se permettre.
    - Ben j’avais un informateur anonyme chez lui. Vous savez, c’était une pratique assez courante dans la profession, ça dépendait de votre force de motivation. D’ailleurs, il y a toujours quelqu’un perdu par un vice quelconque : alcool, drogue, jeux.
    - Donc vous ne saviez pas qui était votre informateur ?
    - On se contactait par SMS et je faisais glisser les enveloppes dans une boîte postale.

    D’une façon ou d’une autre, Phil avait dû découvrir qui était l’informateur, en l’occurrence le comptable. Il devait ainsi faire d’une pierre deux coups. Je demande à Romain de m’envoyer la photo du bouton de manchette par mail ; j’espère qu’il va me permettre de confirmer ma théorie. Dans mon boulot, je dois parfois recourir à des sous-traitants ; en l’occurrence, j’ai besoin d’un monte-en-l’air. J’ai un spécialiste attitré et je lui envoie la photo du bouton de manchette.

    Bingo ! Ce connard de Phil avait gardé par sentimentalisme déplacée, le pendant du bouton (il était en or, tout de même) au fin fond de son coffre personnel. Bien sûr, ça ne suffira pas à amorcer une quelconque action légale, mais j’ai la satisfaction de voir ma théorie confirmée. Je dois maintenant m’occuper du fameux contrat. Phil devait avoir pris peur, quand Ted s’était évadé ; il avait recouru à la solution radicale de la suppression. Il me faut éliminer Joe Kriss et Ted Eguelas, avant qu’un tueur zélé ne le fasse, car un contrat ouvert, une fois lancé, ne peut être annulé.

    J’ai la satisfaction de lire dans le journal la relation d’un accident de voiture horrible : la voiture avait été volée et le conducteur avait percuté un muret à grande vitesse ; la voiture s’était enflammé et le chauffeur avait été entièrement calciné. On avait retrouvé son permis partiellement brûlé dans un portefeuille qui avait été éjecté, mais sa photo était relativement intacte ; le journal l’avait publiée. C’était un certain Ted Eguelas, alias Joe Kriss, récemment évadé du pénitencier. Il ne m’avait pas été difficile de voler un cadavre à la faculté de médecine.

    Le journal du lendemain relate une explosion de gaz chez un entrepreneur renommé : Philippe Armonick. Sa femme et lui ont péri ; leurs enfants n’étaient pas là, l’aîné avait son propre studio, les deux cadets étaient en voyage d’étude. Alors que le couple était sorti au restaurant comme il le faisait quand il était seul à la maison, j’en avais profité pour remplacer la bouteille de gaz par une autre au gaz pur, sans additif odorant. Quelques minutes avant leur retour présumé, j’avais ouvert à fond la bouteille et m’étais éclipsé fissa. A l’allumage de la lumière, l’explosion avait été inévitable.

    Le fils aîné de Phil Armonick, en fait celui de Joe Kriss, a repris l’entreprise familiale et s’occupe parfaitement de ses cadets. J’ai réussi à persuader Joe – avec l’aide de Romain - de subir une petite opération consistant à brider légèrement ses yeux ; il est assez bronzé pour passer pour un sud-américain. Mon faussaire attitré lui a fourni une nouvelle identité, il deviendra Pablo Pissaco et va rejoindre l’île où j’ai déjà casé Jaime Lappé et sa famille.

    Ce que j’y ai gagné ? La moitié du butin de mon monte-en-l’air, et surtout une paire de boutons de manchette en or.


    Auteur : Rahar.
    ***

    Image :
    Boutons-de-manchettes.org
    Octogones or jaune 18k
    Ultiman 


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    - Joe ! Joe Kriss ! C’est bien toi, hein ? Tu ne te rappelles pas de moi ? Romain... Romain Baladeuse. On était sur le chantier du vieux de Vries...
    - Désolé, je m’appelle Ted Egeulas. Je ne vous connais pas.
     
    Romain ne s’estimait absolument pas gâteux. Depuis qu’il avait étudié l’informatique et géré les bases de données du jeune Klotz, son esprit n’avait jamais été aussi alerte ; en outre, sa liaison, quoique épisodique, avec cette diablesse de Dolorès avait donné un bon coup de fouet à son organisme encore vert. Il n’avait pas oublié Joe, aussi compétent dans son travail que boute-en-train en dehors du boulot. Vraiment un brave type. Son esprit vif conclut immédiatement que Joe était dans un quelconque pétrin pour avoir changé de nom et l’avoir délibérément ignoré, lui, Romain. Sa perspicacité avait décelé le trouble fugace dans le regard de son ancien pote.

    globe internet L’alerte vieillard avait quitté son île
    pour acheter du matériel sur le continent,
    et c’était en sortant d’un magasin qu’il était tombé sur Joe Kriss. Romain se résolut à suivre le jeune homme (pour lui, celui qui a moins de la soixantaine est encore un jeune homme) ; il ne sera pas dit qu’il laisserait tomber un ancien ami dans la panade. Tout en dépassant Joe, il lui ordonna dans un murmure de le suivre d’un ton sans réplique. Un coup d’œil dans la vitrine d’une boutique le rassura : après un instant d’hésitation, Joe le suivait à une certaine distance. Romain mena ses pas à la marina et monta sur son yacht (enfin, celui de Klotz, mais c’était tout comme). Il disparut dans la cabine et attendit. A peine deux minutes après, Joe apparut, l’air gauche et visiblement impressionné. Quand il avait travaillé avec Romain, il avait considéré celui-ci comme un grand frère, alors qu’il avait largement l’âge d’être son grand-père ; il est vrai que Romain ne faisait pas son âge. Joe avait maintenant la cinquantaine, mais il avait peu changé… à part quelques rides, une légère bajoue, et quelques cheveux poivre et sel.

    - Alors Joe, tu vas te confier, oui ou non ? Que se passe-t-il ?
    - Je vois que tu as bien réussi, Romain. Ton yacht est fantastique.
    - Ne fait pas le jocrisse ! C’est de toi qu’on doit parler.
    - Je suis un évadé, Romain.
    - Quoi ! Tu es tombé bien
    bas. Qu’as-tu fait ?
    - Mais rien ! Je suis innocent.
    - Ouais, ils disent tous çà...
    - Je te jure
    , Romain. On m’a fait porter le chapeau.
    - Alors explique-moi.
     
    Après avoir travaillé sur le chantier interrompu de de Vries, Joe avait bourlingué de chantier en chantier. Un héritage inattendu lui avait permis de créer sa propre entreprise immobilière. En vingt ans, il avait ouvert trois succursales. Il s’était marié et avait trois enfants. Il avait épousé une fille de la haute sur un
    coup de tête, ce qu’il avait regretté amèrement par la suite ; sa femme était frivole et volage, il n’était même pas sûr que tous les enfants fussent de lui. Il s’était alors jeté à corps perdu dans son travail ; s’il ne restait pas tard à son bureau, il faisait la tournée des bars.
     
    Un soir, il rencontra dans un bar un type qu’il soupçonnait d’être l’amant de sa femme. Il lui chercha noise et ils s’étaient même battus ; l’assistance avait fini par les séparer et le type s’en fut. Joe était
    en chemin pour rentrer chez lui quand il tomba sur le type ; celui-ci était par terre. N’écoutant que son bon cœur, il avait voulu l’aider. Il se redressa les mains pleines de sang : le type avait été poignardé et était mort. il ramassa un bouton de manchette doré qu'il mit machinalement dans sa poche. Des noctambules braillards l’avaient surpris et avaient ameuté les flics. L’affaire fut rondement mené : les clients du bar étaient à charge, les noctambules étaient à charge, Joe était plein de sang et il avait touché le couteau (c’était une bêtise, il le savait), le procès fut rapide, crime passionnel.
     
    Au pénitencier, il apprit que sa femme s’était remariée, un mois après le divorce. Il n’eut plus de visite de ses enfant qu’il aimait, même si certain ou certains n’étaient pas de lui (dame, il les avait tout de même élevés). Devant tant
    d’injustices, il se mit en tête de chercher à s’évader. Après trois ans de souffrance, ayant subi tous les caprices des chefs de gang des prisonniers (il avait récolté des fractures mal réduites et des hémorroïdes douloureuses), il avait bénéficié de circonstances exceptionnelles en ayant pu s’accrocher sous le camion de la blanchisserie.
     
    Il avait pu retirer de l’argent d’un compte secret et s’était fait faire de nouveaux papiers : il s’était lié d’amitié avec certains de ses co-détenus qui avaient des relations. Il était devenu Ted Eguelas, profession : conducteur d’engin. Cependant,
    un malfrat l’avait discrètement averti qu’un contrat avait été lancé sur lui,
    après son évasion. Malheureusement, il ne savait pas pourquoi ni par qui. Ted ferait mieux de disparaître très loin et à jamais. En outre, il ne savait pas comment s’innocenter, il n’osait pas engager de détective, et d’ailleurs il était sceptique.

    - Tu es dans de biens mauvais draps, mon pauvre Joe.
    - Ted, appelle-moi Ted désormais. Il y va de ma sécurité.
    - Très bien... Ted. Le plus fâcheux est ce fameux contrat. Tu es sûr que tu n’as rien fait pour récolter ça ?
    - Je t’assure Romain que j’en suis moi-même surpris.
    - C’est bon, je vais t’emmener chez moi cette nuit, et on va essayer de débrouiller tout ça.
     
    Romain n’avait aucune difficulté à s’adapter au nouveau nom de son ami, déjà qu’il utilisait le second prénom de Klotz (Georges) à la demande de celui-ci. Il se doutait que Klotz avait une activité secrète et quelque peu inquiétante, au vu des données qui passaient sous son nez ; mais Romain avait confiance en lui, il avait un bon fond.
     
    Joe... enfin Ted, revoyait avec nostalgie l'île où il avait travaillé des dizaines d'années auparavant. Il était navré de la mort de la femme de Romain ; il se rappelait les galettes de maïs qu'elle distribuait aux ouvriers pendant les pauses. Il eut un moment d'effarement en voyant la sorte de bunker récemment construit et eut un instant d'hésitation avant d'y pénétrer.

    - Mazette ! On se croirait à la NASA. C'est quoi tout ce matos, tu es devenu un espion Romain ?
    - Ce n'est pas à moi, je ne fais que l'utiliser. Désolé, mais je ne peux t'en dire plus.
    - Tout de même, tous ces écrans, ces pupitres... Ca m'impressionne.
    - Laisse tomber, c'est de toi dont on va s'occuper. Mets-toi à l'aise. Bon reprenons les évènements ; le couteau ne porte que tes empreintes, le tueur a dû porter des gants ; le modèle est trop courant pour qu'on puisse en tirer quelque chose... Tu as encore le bouton de manchette ?
    - Ouais, le v'là, je l'ai gardé depuis tout ce temps.
    - Mais pourquoi ne l'as-tu pas remis à la police ? Il aurait pu faire avancer l'enquête.
    - Je l'ai complètement oublié et ne l'ai retrouvé qu'à l'inventaire de mon incarcération. Il était alors trop tard.
    - D'accord, on va faire avec... La police n'a pas trouvé d'autre indice...
    - P'tin ! Tu peux entrer dans le réseau de la police ? Mais t'es quoi, enfin ?
    - T'occupe, restons concentrés... Puisqu'il n'y a pas d'indices matériels, on va consulter ton dossier... Voyons... Alors, le mort s'appelle Harry Cauver, c'est un comptable, marié, deux enfants... C'est curieux, il était dans une rue à l'opposé de la direction de sa maison, par rapport au bar où vous vous êtes querellés. Et puis tu vois ces trainées parallèles, il semble au'on l'ait traîné.
    - Alors il semblerait bien qu'on l'ait tué ailleurs et qu'on l'a amené jusqu'à la rue par laquelle je devais passer pour rentrer. C'est machiavélique.
    - Sûr. Il faudrait savoir qui aurait bien intérêt à te jouer ce tour de cochon. Qui sont tes ennemis ?
    - J'ai eu des ennemis dans ma profession, plutôt des concurrents féroces, mais pas au point de vouloir m'éliminer tout de même. Tout se fait à coup d'influence et de pognon.
    - Alors comment explique-tu qu'on ait lancé un contrat sur toi ? Pour qui es-tu dangereux ?
    - Mais j'en sais rien, Romain. J'ai bien fait des magouilles comme les autres, mais rien de bien méchant, dans la limite d'une saine concurrence.
    - Ecoute Ted, j'ai atteint mes limites et je ne suis pas un homme de terrain. Je dois passer la main à une autre compétence.
    - Tu laisses tomber ?
    - Mais non, je vais avoir recours à quelqu'un d'autre. Ne t'en fais pas, je le considère comme mon fils.


    Auteur : Rahar.
    ***

    Images :
    teleamodeler.com
    globe-internet.com 

     


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