• PAPI ET LE PC - Rahar (suite et fin)

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    Je regrette maintenant d’avoir dédaigné les cours facultatifs de dactylo, durant mes études. Me voilà picorant les touches, cherchant vainement le Q que j’ai vu il y a quelques secondes. Après deux heures de frappe laborieuse, la machine m’a lâché. J’ai beau actionner le contact, nada ! Je me suis fait arnaquer ! Oh le saligaud beau parleur ! Allez, vite le numéro du SAV. 

     

    La honte ! La batterie était à plat et il ne m’était pas venu à l’esprit de brancher le chargeur. Le type du SAV a gardé son flegme sous l’avalanche d’insultes ; il est blasé, je crois. Je vais y regarder à deux fois désormais, avant d’appeler le SAV.

     

    J’ai bataillé des heures pour essayer de faire marcher cette saloperie d’imprimante. La notice des plus succincte n’a fait que m’embrouiller davantage avec son jargon incompré­hensible ; je crois que les Chinois ont utilisé un traducteur automatique, ce qui donne un texte pour le moins cocasse et déroutant. Je n’ai pas osé rappeler le SAV. C’est la femme de ménage qui vient tous les deux jours qui m’a sauvé. Enfin, c’est en réalité son fils qu’elle a appelé qui m’a tiré de cet embarras. Ce gamin acnéique plutôt dégourdi, de même pas seize ans, a rappliqué fissa sur son vélo fatigué et a arrangé les choses en deux coups de cuillère à pot. Il a eu l’extrême élégance de n’avoir fait aucune remarque désobligeante sur son ignare d’hôte. Comme j’ai noté ses coups d’œil de convoitise pour ma souris psychédélique, je lui ai proposé de l’échanger contre la sienne, s’il en avait une et qui soit moins flashy. J’ai argué, malgré ses protestations de forme, que les lumières clignotantes et changeantes perturbaient ma concentration, ce qui est vrai d’ailleurs, je vous jure ! À la longue, ça m’aurait filé l’épilepsie. Je lui ai ensuite donné 5€. Non, je ne suis pas mesquin. En écoutant son bavardage, j’avais noté que sa carte « vaudou » (tiens, on fait déjà de la magie haïtienne à cet âge) ne lui permettait pas de jouer à des jeux récents. Mine de rien, je lui avais demandé ce qui pourrait lever cet obstacle ; c’était tout bonnement une nouvelle carte graphique express (je me disais aussi ce que la magie avait à voir avec l’informatique), tiens, justement ce truc là, sur le catalogue (lequel m’avait été gracieusement offert avec mon portable) mais qu’il n’avait pas assez de tunes pour se le payer : dame, on ne gagnait pas des masses en lavant les voitures après les cours. J’ai bien noté le modèle, et quand j’aurais maîtrisé l’e-achat, je vous gage que ce gamin croira au Père Noël d’ici quelques jours.

     

    Je ne suis pas radin, mais comme me l’a conseillé ma fille, j’utilise ce truc appelé skype pour pouvoir converser longuement avec mes contacts sans qu’un manque de crédits inattendu vienne nous couper au beau milieu d’une phrase. Le problème maintenant, c’est que j’ai gagné quelques kilos. Je ne jardine plus, le mari de la femme de ménage s’occupe du jardin (avec une formidable compétence, je dois le reconnaître) et je fais de moins en moins de promenade hygiénique. En outre, j’ai failli me faire pincer par la dite femme de ménage en train de me masturber. Eh oui, je n’ai pas résisté et je me suis promené quelques fois (je vous jure, seulement quelques fois, vous ne me croyez pas ? D’accord, un peu plus que quelques fois, ça va ?) sur des sites un peu… euh… cochons, vous voyez ? Je me rappelle le sourire égrillard du jeune vendeur. J’ai la flemme de me déplacer pour aller dans les maisons closes : je suis pratiquement rivé à mon portable. J’ai mon propre blog. Bon, ne croyez pas tout ce que vous y lirez : on a le droit de se montrer avec la facette la plus avantageuse possible non ? Je m’amuse comme un fou en participant à nombre de forums. Ah, c’est grisant de s’exprimer sans retenue à l’abri de son pseudo. Bon, j’ai été banni de certains cercles qui n’ont pas apprécié mon franc parler un peu trop corrosif, comme le disait toujours ma regrettée (?) Martha, mais il faut de tout pour faire un monde, n’est-ce pas.

     

    Quelle ne fut ma surprise quand le jeune médecin du village a débarqué chez moi un matin. Il a prétendu que je l’ai fait appeler. En fait, c’était ma femme de ménage qui s’était inquiétée de ma santé et a utilisé ce stratagème pour me faire prendre conscience de ma déchéance physique. La brave femme ! Mon cholestérol est mauvais, ma vue a baissé, ma tension fait du yoyo (allez donc regarder du strip-tease par webcam en restant de bois), mes reins commencent à flancher, je suis plus souvent constipé (il y a belle lurette que je n’ai pas attrapé une bonne chiasse), j’ai visiblement un retard de sommeil, et ma brioche a disgracieusement forci.

     

    J’ai cru que le sevrage allait me tuer. Mais non, mon âge et surtout la vigilance de ma femme de ménage (on est aux petits soins pour la poule aux œufs d’or, n’est-il pas vrai ?) ont su me faire surfer sur le net avec plus de modération, comme on déguste un bon cru du terroir. Allez, à bientôt sur mon blog remanié.

     

     

    Fin

     

    RAHAR

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Mardi 13 Mars 2012 à 18:14
    Monelle

    Et ben dit don, on dirait du vécu !!!  Non je plaisante, j'ai suffisemment lu de nouvelles de Rahar pour savoir qu'il a une imagination débordante !! Vivement d'autres nouvelles !!!

    Bonne soirée à l'un comme à l'autre - bisous

    2
    Mardi 13 Mars 2012 à 18:45
    Lenaïg Boudig

    Coucou Monelle, ben du vécu il y en a toujours à la base de la fiction, forcément, il faut bien que les idées sortent de quelque part ! Mais je suis convaincue que ce personnage du Papi est bien distinct de Rahar, maintenant que je le connais beaucoup mieux (pas rencontré de visu, mais certaines personnes de sa famille, si, j'ai eu ce plaisir !).

    A l'époque, juin 2008, sur le site Lgdm, où Marie-Louve, entre autres, était aussi, je ne le connaissais pas du tout et, si tu le veux, tu pourras voir demain comment j'avais réagi, hi hi ! (programmé pour 11 h 00).

    Belle soirée à toi, gros bisous.

    3
    Mardi 13 Mars 2012 à 19:56
    jill-bill.over-blog.

    Bonsoir vous deux !  Eh oui un flirt surf qui peut tourner mal... avec tous les symptômes décrits, si en plus sur sites olé olé..  Papy va se reprendre en mains, j'veux dire son surfage !!!  Fiction ma foi... tiré du réel, accro de chez accro..... No comment, je file à l'anglaise rejoindre mon blog...  Bonne nuit !  Bizzz  

    4
    Mardi 13 Mars 2012 à 21:33
    mansfield

    Mais quel pépère ce Rahar, hypocondriaque, un peu grincheux, un peu vicieux mais tendre et prêt à aider les jeunes, alors on lui pardonne.

    5
    Mardi 13 Mars 2012 à 21:37
    Marie-Louve

    Allons donc , jamais, Papy ne perd  la main ni la boule. Sa sagesse est égendaire  ! Le bon cru du terroir ... serait-ce Papy ? :-))

    6
    Mercredi 14 Mars 2012 à 13:03
    Nounedeb

    Coucou! Je vois "suite et fin", alors je me dis qu'il faut que je lise au moins celui-là. Ca fait envie. Quand je serai vieille, bedonnante, emphysémateuse et encore plus accro à l'ordi, je lirai tout, promis juré.

    7
    Mercredi 14 Mars 2012 à 18:05
    gargouille

    Héhé voilà le retour du pervers pépère, encore plus sévère! Décidemment, ce que je préfère, c'est quand il avoue ses penchants salaces.

    Plus tard, je me dis que je veux finir comme papy rahar... (Bon, pas forcément me se tripoter devant l'écran, mais c'est rare de rire en lisant un blog!)

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    8
    Mercredi 14 Mars 2012 à 22:14
    Isobel

    Heureusement pour Papi, il s’est assagi. Surfer le net à toute vapeur c’est bien entraînant et il a risqué d’être emporté par le courant du monde au bout du doigt. J'ai bien apprécié être ballottée par les vagues d'humour au fil de cette histoire.     

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