• MENSONGE GENETIQUE - N° 5 - Nouvelle à suivre - Rahar

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    Depuis qu’ils avaient traité ensemble l’affaire délicate, Richard se sentait comme ayant plus de droits que les autres sur Lucy. Il ne pouvait empêcher qu’une pointe de jalousie perçât son cœur chaque fois qu’elle riait de bon cœur à la plaisanterie d’un courtisan. Pourtant, il s’efforçait de se raisonner. Objectivement, le comportement de la jeune femme n’avait pas changé. Elle était toujours aussi cordiale, généreuse et serviable envers chacun, acceptant sans discrimination les invitations des célibataires, beau ou non, élégant ou sans goût. A la longue, les avocates du cabinet savaient à quoi s’en tenir. Lucy n’était pas une coureuse, elle ne savait tout simplement pas rembarrer, mais savait se refuser de façon tellement élégante que personne n’avait le cœur à lui en vouloir.

     

    Quand l’occasion s’était présentée à Richard de l’inviter, il avait eu un moment d’appréhension. Il ne vivait pas sur un grand pied et ne pouvait offrir à Lucy les somptueux restaurants dont les autres l’avaient habitué. Son père l’avait cependant tranquillisé : si la jeune femme rechignait, cela prouverait qu’elle n’était pas la femme idéale qu’elle paraît, puis il lui donna l’adresse de plusieurs petits coins charmants, bien que ne payant pas de mine. Richard se doutait bien que c’était dans ces endroits discrets que son père emmenait ses conquêtes depuis la mort de sa femme.

     

     

    *


    Lucy avait bien du mal à conserver sa carapace d’indifférence envers Richard. L’effort était encore plus terrible quand elle avait su que c’était le fils d’un associé. Elle balançait entre l’élan de son cœur et la peur d’être traitée de croqueuse. Elle doutait encore d’avoir trouvé ce qu’elle cherchait depuis toujours. Richard était gentil, prévenant, généreux à l’excès même, c’est comme s’il n’avait pas l’âpreté des autres dans la course à la promotion. Pourtant il ne bénéficiait d’aucun népotisme. Ce n’était pas une façade et Richard n’était pas une coque vide. Il donnait l’impression de la tortue de la fable, arrivant au but lentement mais sûrement. Son cœur battit quand le jeune homme finit par l’inviter un soir de relâche. Elle ne connaissait pas le restaurant, mais accepta sans montrer trop d’empressement.

     

    — Pardonne-moi si je ne t’ai pas emmenée dans un restaurant qui t’aurait mieux convenu. Je suis un peu serré en ce moment.

    — Quel sorte de restaurant crois-tu qui m’aurait mieux convenu ? C’est mignon ici, tu sais, et je préfère cette intimité. Dans les grands restaurants, tu es obligé d’être guindé, tu dois faire attention à la bienséance, être présentable… et surtout faire attention à ce que tu dis. La honte, si jamais on avait une dispute.

    — Ah parce qu’ici on peut se disputer en paix ?

    — Te connaissant, je ne pense pas cela possible.

    — Quoi, de se disputer en paix ?

    — Non, de se disputer tout court, gros bêta. Mais tu te dis un peu serré, tu as jeté ton argent par la fenêtre, tu es un joueur invétéré,… tu te drogues ? Mais non, que je suis bête.

    — Rien de tout ça, rassure-toi. Je suis en train d’achever un nid.

    — Un nid ! Tiens donc. Un mâle qui construit un nid. Et la femelle est déjà en vue ?

    — En vérité, un copain dans l’immobilier à qui j’ai rendu service, m’a dégoté un petit bijou de terrain. Comme je ne tiens pas à louer un appartement durant des années, et que je gagne plutôt bien ma vie, j’avais décidé de construire une petite villa, quitte à me priver du luxe et du superflu pendant un certain temps. Ma future famille sera ainsi dans le confort.

    — Je n’ai jamais rencontré un type aussi formidable que toi. J’envie celle qui aura ton cœur… ou qui l’a peut-être déjà ?

    — Oh oui, elle l’a déjà, (le cœur de Lucy se serra) mais… (soupir) je ne sais pas encore si je peux avoir le sien.

    — Allons donc, elle serait bien idiote : tu es beau, si, si, tu as un caractère d’or, tu gagnes bien ta vie, peut-être mieux encore sous peu, et tu possède une villa. Qu’est-ce qu’elle pourrait rêver d’autre ?

    — Mais dis-moi, je me fiche que tu me trouves indiscret, tu ne peux pas ne pas avoir de petit ami, n’est-ce pas ?

    — Tu es indiscret, mais je te répondrai. Non, je n’en ai pas. Les hommes ont peur d’une intellectuelle qui pourrait les écraser de sa prétendue supériorité. D’autant plus que je gagne probablement plus qu’un cadre supérieur.

    — Mais moi je n’ai pas peur de toi. J’ai plutôt beaucoup de respect et d’admiration.

    — Vraiment ? C’est gentil.

    — Non, non, je le pense réellement. Mais que fais-tu de tes week-ends alors, on ne te retrouve presque jamais entre nous.

    — Mais je rends visite à mes parents. Je vais t’avouer un secret, j’ai confiance en toi, parfois je joue. Rassure-toi, je ne perds pratiquement jamais d’argent, et je ne suis pas droguée. D’autres jouent aux cartes, font du golf, moi ce sont les paris. Ça me délasse.

    — Ah bon !? (il feignit la surprise) Et que fais-tu de tes gains ?

    — Ils servent à payer mes billets d’avion et à me procurer quelques petites fantaisies entre autres.

    — Fuiiiii ! Mais tu gagnes des masses, alors.

    — Bah, ce n’est qu’un passe-temps, et comme tu le sais, l’argent ne fait pas le bonheur…

    — Mais il y contribue, crois-moi, il y contribue. Serais-tu offusquée si je te disais que je suis un coureur de dot ?

    — Quoi ?! Dis-moi un peu, et que ferais-tu d’un gros tas d’argent ?

    — Euh…

    — Tu vois mon petit Richard, je crois te connaître suffisamment pour affirmer que tu n’est ni un garçon cupide ni un être frivole, encore moins un jouisseur. Tu es le plus pondéré des hommes. Pense à l’élue de ton cœur (soupir).

    — Mais j’y pense très fort. Serait-il présomptueux de ma part de te demander de visiter mon nid ?

    — Richard ?!? 

     

     

    *

     

     

    RAHAR

     

    A suivre

     

     

     

    Photo :

    Jolie table en bleu pour deux,

    du blog Les lignes de ma fourchette de Sandrine (clic !)

    J'ai aimé sa table "Souvenirs de Grèce", et contempler ses diverses idées de déco,

    alors, comme j'ai trouvé qu'elle illustrait bien ce chapitre de Rahar,

    j'ai pris la liberté, avec son accord, d'indiquer le lien pour les lecteurs qui aimeraient aussi lui faire une visite.

    Lenaïg.

     

     


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  • Commentaires

    1
    Mardi 17 Avril 2012 à 14:57
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour Rahar, Lenaïg ! Eh eh... j'aime ! A suivre donc.... Bises de jill

    2
    Mardi 17 Avril 2012 à 21:53
    Lenaïg

    Salut Christian ! Merci pour le coup de main !

    Et Sandrine, à qui j'ai emprunté la photo de la jolie table en bleu, me confirme son accord et a également lu ta nouvelle.

    J'ai contemplé cette photo sur une autre adresse mais je rectifie le lien avec plaisir selon ses indications et je te fais part de ses impressions :

    Bonjour,
    > Merci de votre honnêteté pour l'utilisation de cette photo.
    > Je vous donne mon accord également pour la diffuser.
    > Par contre, j'ai moi même un blog : www.leslignesdemafourchette.blogspot.comme
    > Pouvez-vous changer le lien sur votre blog ?
    > Par ailleurs, j'ai lu votre nouvelle et j'aime beaucoup, très beau style!
    > Bonne continuation
    > Sandrine

     

    Un grand merci, Sandrine, de ma part et de celle de Rahar, à bientôt chez vous !

    3
    Jeudi 19 Avril 2012 à 17:53
    flipperine

    bonne fin de journée

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    4
    DI le
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:34
    DI															le

    Ah ! Elle joue! Hm... J'espère me tromper car ce couple semble avoir des affinités et en plus, déjà ils s'aiment. Le jeu c'est dangeureux quand même.

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