• MENSONGE GENETIQUE - n° 4 - Nouvelle à suivre - Rahar

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    — Ecoute ma puce, Dieu t’a faite comme ça et ce serait tricher de vouloir changer ton corps. Je t’ai toujours dit que c’est l’âme et non l’habit qui fait le moine. Tu es généreuse et intelligente, tu as un bon travail…
    — Mais Alphonse, si Dieu a permis qu’on découvre la chirurgie esthétique, quel mal y a-t-il à l’utiliser pour améliorer la vie de ma fille ? Tu sembles oublier que tu as été jeune aussi.
    — Je sais ce que tu penses papa, je ne cherche pas une vie dissolue. Je veux seulement aimer et être aimée. Quoi que tu dises, l’aspect compte beaucoup.
    — Si elle s’est décidée seulement maintenant, crois-moi elle a subi une épreuve épouvantable, le coeur d’une mère le sent. Et puis sois franc, est-ce que tu m’aurais épousé si j’étais laide ?
    — Mais ça n’a rien à voir…
    — Tutut, ne sois pas hypocrite. Ma fille ne peut même pas avoir une simple liaison. Tu ne vois pas que ça la détruit ? Tout le monde ne peut pas vivre dans la chasteté.
    — Mais ça va coûter une fortune…
    — Si aucune bonne fée ne m’a pas donné la beauté, dame Fortune m’a accordé ses faveurs. Je n’étais pas venue quémander, mais simplement vous mettre au courant de ma décision.
    — Mais on ne te verra plus…
    — Voyons Alphonse, ce n’est plus une petite fille. Elle a le droit de mener sa vie comme elle l’entend.

    — Ne t’en fais pas papa, l’avion existe non ? Je ferais un saut toute les semaines et qui sait, je vous inviterai de temps en temps.

     

     

    *



    Richard s’étira voluptueusement. Il avait mis la dernière main sur l’épineuse affaire qui avait donné des cheveux blancs à son père. Il y avait deux jours qu’il s’était enfermé dans son bureau, mangeant à peine, se dopant à coup de café, éteignant son portable. Il sortit en manches de chemise, bravant ainsi l’étiquette du cabinet ; il était d’une humeur trop jubilatoire pour s’en soucier présentement. En se dirigeant vers le bureau de son père, il rentra brutalement dans une jeune femme qui venait du bureau de l’associé de son père.


    — Oh pardon, pardon, c’est ma faute. Je suis trop excité.
    — Vraiment ? Est-ce que vous êtes malade ?
    — Non, non, je suis juste resté travailler pendant deux jours dans mon bureau. Une affaire délicate à boucler. Mais je ne vous ai pas encore vue ici, vous êtes nouvelle ?
    — Euh… oui. Lucy. Mais on semble trimer comme des boeufs, ici.
    — Enchanté, Richard. Oh ne vous y trompez pas. On n’est pas différent des autres cabinets, seulement cette affaire est particulière, c’est tout. Attendez que je ramasse vos dossiers. Pourrais-je vous inviter à prendre le café à la pause ?
    — Volontiers, à tout à l’heure à la cafétéria.


    Richard suivit des yeux l’élégante silhouette de Lucy, émerveillé par le léger balancement des hanches. Quelle fille mes aïeux, la figure de madone dansait encore devant ses yeux quand une tape dans son dos le fit sursauter.


    — Alors fiston, tu as enfin décidé de sortir de ton trou ?
    — Ah papa, j’ai terminé, l’affaire est dans le sac.
    — Sais-tu que tu m’étonneras toujours ? On a encore un bon délai, mais quand tu t’y mets tu ne lâches plus, hein ?
    — Vous avez engagé une nouvelle, à ce que je vois.
    — Beau brin de fille, n’est-ce pas ? Mais ne t’y fies pas, c’est une grosse pointure que celle-là. Je me demande même pourquoi les grosses boîtes ne se le sont pas arrachée. Il paraît qu’elle vient de l’étranger et s’est installée ici. Tu voudrais bien travailler avec elle, avoue.
    — Si elle t’impressionnait autant, pourquoi serait-elle venue dans notre « petit » cabinet d’à peine une dizaine d’avocats ?
    — Mais simplement qu’elle veut devenir rapidement associée, c’est limpide, non ? La concurrence est moindre. Elle pourrait même te supplanter.
    — Sais-tu que tu as l’esprit vachement tordu, vieux grigou.

     

     

    *

     

    Lucy faisait bien tourner des têtes. Pas un jour où les avocats mâles ne venaient la voir sous un prétexte ou un autre. Si les associés n’avaient pas trié sur le volet leur équipe, le chiffre d’affaire en aurait eu pris un bon coup. Heureusement l’impitoyable course au sommet tempérait quelque peu les ardeurs. Les associés se frottaient les mains : la petite nouvelle boostait les affaires. Outre sa compétence formidable, sa beauté et son élégance faisaient plus d’une fois pencher la balance de leur côté.


    Bien entendu, Richard était dans le rang des soupirants, mais d’une façon plus discrète. Il ne pouvait se prévaloir de sa filiation pour impressionner. Il se disait que cela biaiserait les comportements. Lucy se montrait cordiale et serviable envers tout le monde, quoiqu’elle manifestât une dureté insoupçonnée en affaire. Elle ne donnait aucun indice quelconque indiquant une préférence pour l’un ou pour l’autre, les faisant tous tourner ainsi en bourrique.


    Les hommes étant ainsi faits, pratiquement personne ne se décourageait et chacun y allait de son petit brin de cour quotidien.

     

    Richard eut de la chance : un des associés confia une affaire importante à Lucy qui l’exigea comme collaborateur. Elle était impressionnée par sa force de travail frôlant la passion. L’affaire n’était pas difficile mais plutôt délicate, exigeant de la minutie et de solides références. Elle leur permettait de sortir à peine un peu plus tard que les autres. Lucy devait même parfois promettre le restaurant à Richard pour l’empêcher de passer la nuit dans le bureau. A ces occasions, leurs conversations prenaient un tour plus personnel.

     

     

    * 


    — Tu sembles préoccupé fiston, quelque chose ne va pas ?
    — Cette Lucy est une vraie huître. Je n’ai réussi à rien connaître d’elle alors qu’elle connaît presque tout de moi.
    — Allons, tu ne sais peut-être pas t’y faire, à moins qu’elle ne se prépare à jeter son filet.
    — Sois sérieux papa, je sens que je ne lui suis pas indifférent, mais j’aimerais en connaître plus sur elle. Dis donc, tu ne pourrais pas avoir des renseignements sur elle ?
    — Hey Richard, tu ne serais pas accroché par hasard ? Bon, d’accord, que ne ferais-je pour toi. Je vais essayer de me renseigner ; je vais te filer son CV en attendant, mais c’est confidentiel, tu m’entends ? Ah je pressens que nous allons ouvrir la boîte de Pandore. Je n’aime pas trop ça. Elle ne t’aime peut-être pas assez pour se confier, ou bien elle cache un secret peu ragoûtant, que sais-je.

     

    * 

     

    RAHAR

     

    A suivre

     

     

    Illustration : Boîte de Pandore, www.notrecinema.com

     

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Samedi 14 Avril 2012 à 11:13
    Lenaïg Boudig

    Bonjour, Rahar ! Pour nous qui avons commencé à partager la vie d'Aglaé, ses difficiles débuts, ses frustrations mais sa volonté d'avancer, l'histoire continue, et n'est pas terminée. Vers quoi s'achemine-t-on ? Une boîte de Pandore va-t-elle s'ouvrir ?

       

    2
    Samedi 14 Avril 2012 à 12:12
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour Rahar, je rejoins Lenaïg, suspense donc.... Bon W-E à vous deux, bises de jill

    3
    Samedi 14 Avril 2012 à 17:26
    flipperine

    bon week end avec le soleil

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    4
    DI le
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:34
    DI															le

    C'est pas mal intriguant.

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