• MADEMOISELLE PAULINE - 1/2 - RAHAR

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      La pension Valinos venait de recevoir une nouvelle pensionnaire : Pauline Savage. Cette jolie demoiselle disait venir du Ketsas et avait été mutée ici. Elle était pigiste au journal Dilly News. Oh, pas un grand quotidien, mais son tirage permettait tout de même de nourrir ses journalistes.
      Basile Hove était un éternel étudiant. Malgré sa bonne volonté, les études rentraient mal dans sa sympathique caboche. Mais il ne se décourageait pas. Ses parents s’étaient résignés à subvenir encore à ses besoins, étant plutôt aisés. À part la jolie Savage, il était la seule personne de moins de trente ans dans la maison. De par son éducation, Basile était gentil, serviable, bref adorable pour tous les pensionnaires.
      Question vie sentimentale, c’était un peu la galère pour lui : il était un peu vieux pour les étudiantes de sa promotion, et les femmes de son âge qui travaillaient déjà ou étaient d’un niveau largement supérieur, lui foutaient un complexe tel qu’il en perdait ses moyens. Mais quand la Pauline avait débarqué, sa vie avait été tourneboulée. Il était tombé sous le charme et la beauté de la jeune femme. Il admirait sa classe, sa démarche féline, il semblait émaner d’elle une aura surnaturelle de sensualité qui ferait tourner la tête de tout mâle.

     

      Malheureusement pour Basile, la jolie journaliste faisait la grasse matinée, elle ne se levait jamais avant neuf heures. Ce n’était que le mardi et parfois le vendredi que ses cours débutaient à dix heures. À midi, il devait déjeuner à la cafétéria de la fac. Il aurait bien voulu inviter la jeune femme, mais un repas pris sur le pouce ne serait pas propice à tout badinage un peu sérieux, et un déjeuner au restaurant lui ferait rater la reprise des cours.
      Le soir, on ne voyait pas non plus la demoiselle au dîner. Soit elle était retenue par ses investigations, soit elle était invitée, ce qui était parfaitement compréhensible, compte tenu de sa beauté et de sa jeunesse. Basile n’était pas aussi jovial qu’avant, ce dont certains convives avaient fini par se rendre compte ; on le sentait comme aux aguets, attendant un improbable invité.

     

      Environ une semaine après, alors que les pensionnaires dînaient, la conversation tourna sur la demoiselle Pauline, suite à un article du Dilly News concernant un scandale financier, signé par la journaliste. Le vieil Abenezer, ronchon comme d’habitude, jeta un froid en qualifiant cette Pauline de petite catin. Il laissa passer la vague de protestations avant de gronder.
      — Vous croyez donc tous que c’est une sainte Nitouche. Laissez-moi rigoler. Vous savez que sa chambre est voisine du mien. Vous savez aussi qu’à mon âge, j’ai le sommeil aussi difficile que léger. Eh bien, votre charmante demoiselle amène des hommes un soir sur deux ou trois.
      — Mais c’est peut-être pour son travail, protesta faiblement un autre pensionnaire, voilà pourquoi elle se lève si tard.
      — Ah oui ? Et ce boulot doit durer toute la nuit à chaque fois ?
      — Moi, je me lève à cinq heures, et je ne vois sortir personne, fit un autre convive.
      — Bah, elle doit renvoyer son amant bien avant ça.
      — Mais c’est monstrueux, s’exclama une vieille fille. Elle porte atteinte à la respectabilité de notre pension. Marion, tu n’aurais pas dû lui donner de clef.
      — Mais son travail lui fait rentrer tard, tu le sais bien.
      — Allons, allons, du calme, modéra un personnage corpulent. Les agissements de cette jeune personne n’ont porté préjudice à aucun d’entre nous, pas vrai ? Et je dois dire qu’elle se comporte avec une discrétion estimable. Elle est jeune, vous croyez qu’il est facile de se choisir un compagnon ? Et puis, quel mal y a-t-il à croquer la vie à pleines dents.
      — Mais changer chaque soir de… d’amant, je ne crois pas que ce soit très moral, avança une pensionnaire.
      — Cela ne fait pas d’elle une prostituée, quand même. Tout au plus, elle pourrait être une nymphomane, et on n’y peut rien, c’est dans sa nature. Pour le moins, c’est une fille libérée.

     

      Basile s’était contenté d’écouter tout en mangeant. Ainsi donc Pauline semblait rechercher les aventures amoureuses. Pourquoi ne se mettrait-il pas sur les rangs ? Il était plutôt bien tourné, il était loin d’être désagréable à regarder. Il n’était pas un gigolo, son confortable argent de poche pouvait lui permettre de faire tourner la tête de n’importe quelle fille. Bien sûr, ce n’était pas suffisant pour se trouver une femme pour la vie, mais juste pour pouvoir découcher de temps en temps. Il devrait rogner sur son emploi du temps, mais la perspective d’avoir Pauline lui faisait oublier ses résolutions studieuses.

     

      Malgré toutes ses tentatives, ses attendrissants yeux de merlan frit, ses plaidoiries émouvantes, Basile ne reçut de la part de Pauline qu’un témoignage un rien amusé et indulgent d’amour fraternel. C’était à se cogner la tête aux murs.
      — Qu’ont donc de plus les autres que moi je n’ai pas ?
      — Mais rien, mon petit Basilou, tu n’es tout simplement pas mon genre.
      — Comment peux-tu dire ça Pauline, tu ne me connais pas. En fait, tu n’as pas pris le temps de me connaître.
      — Détrompe-toi, il ne m’a fallu que peu de temps pour t’évaluer.
      — Je ne te crois pas. Il faut des semaines, des mois, voire des années pour bien connaître quelqu’un.
      — C’est peut-être vrai pour les autres. Mais n’insiste pas Basilou, je t’aime bien, mais ça ne marchera pas entre nous.

     

      N’importe qui serait abattu par le découragement et s’en serait probablement tenu pour dit. Basile était d’une autre trempe. Le fait d’un certain retard d’affection y était certainement aussi pour quelque chose, mais le jeune homme persévéra. Il se mit à sécher quelques cours mineurs, guettant les moments où Pauline remettait ses reportages à son journal et l’invitant à déjeuner, ce que celle-ci acceptait parfois de bonne grâce. En ces rares occasions, Basile ne remarqua cependant pas que la jeune femme avait un appétit d’oiseau… un très petit oiseau, il était tout à son manège de séduction.

     

    A suivre

     

    RAHAR

     

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 3 Octobre 2011 à 22:51
    Lenaïg

    Salut Rahar ! Attention, comme tu me l'as précisé, cette histoire n'a pas été écrite à l'eau de rose ... Il faut s'attendre au pire, pour la suite ...

    Ce jeune homme ferait bien de suivre les conseils donnés par Michel Legrand dans sa chanson, mais ... le fera-t-il ?

     

    On reconnaîtra peut-être la jolie jeune femme à l'intense regard de la photo en haut de page (du moins le personnage qu'elle interprète) ... Si oui, cela donne un indice. Sinon, je citerai la source dans la page suivante.

     

    Merci beaucoup, bizzz !

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    2
    Mardi 4 Octobre 2011 à 07:41
    Monelle

    Je me doutais bien que l'histoire allait se corser... ton ccommentaire me le confirme. Par contre je n'ai pas reconnu la jolie dame : ça na va pas m'aider à deviner la suite

    Passe une bnne journée - gros bisous

    3
    Mardi 4 Octobre 2011 à 07:54
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour vous deux... Ah mais qui s'y frotte s'y pique....  que l'amour est aveugle !!!  Bonne journée à vous.... Bizzz de jill

    4
    Rahar
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:40
    Rahar

    Coucou Lena, je te félicite pour le choix de ta coupure. Je rigole déjà en pensant aux lecteurs habitués à "Autant en emporte le vent" ou autre roman du même acabit. Mais je me doute que certains me connaissent déjà assez pour se préparer à la suite.

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