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    ***

     

     

    (Libre adaptation d'un conte picard)

     

    L'automne dernier, ayant chanté  tout l'été, et comme toujours aussi écervelée qu'imprévoyante, Stridulette se  trouva  un beau matin fort dépourvue  devant la vacuité de son garde-manger.

     

    Ayant jadis appris par expérience que Grigoulotte, sa plus proche voisine, n'était pas plus donneuse que prêteuse, elle réfléchir un long moment, pour finalement prendre conscience qu'hélas  le salut ne pouvait venir que  d'elle.

    Il lui fallait aller crier famine dans son giron, mais comment l'aborder ? Elle cogita un bon moment, lorsque surgit l'idée salvatrice.

     

    Stridulette se décida à aller sonner chez sa voisine Grigoulotte, mais, chemin faisant, ramassa quelques cailloux d'aspect attrayant.

    - Eh bonjour, ma chère Grigoulotte !- c'est aujourd'hui la fête des  Voisins et  peut-être que, comme moi, vous vous  morfondez  toute seule en cette occasion. Alors, espérant vous faire plaisir, je viens déjeuner avec vous. Mais ne vous tracassez pas : j'ai apporté tous les ingrédients nécessaires à un repas sympathique. Pouvez-vous seulement me prêter une marmite, afin que je vous prépare ma nouvelle recette : la soupe aux cailloux ?

     

    Grigoulotte se méfiait comme de la peste des tours dont Stridulette était capable, mais sa curiosité  l'emportant,(et, faut-il le dire, assez touchée par  tant de gentillesse ) elle fit entrer sa voisine.

    - Je n'ai pas besoin de grand'chose  : d'un peu d'eau et  d'un bon feu.

    Et mit les cailloux à cuire dans la marmite.

     

    Grigoulotte, méfiante, grimaça :

    - J'mattinds qu'ça ne dot pôs êt' fort bon…

    - C'est là où vous faites erreur, chère Amie : ces pierres sont un délice si on les laisse cuire assez longtemps. Bien sûr, c'est encore meilleur si on ajoute un peu de sel, et du lard pour les faire briller…

    Intriguée, Grigoulotte coupa deux belles tranches de lard fumé et les jeta dans la marmite.

     

    - Vous verrez, promit Stridulette, il n'y a rien de plus délicieux que la soupe aux cailloux. Mais, à propos, chère voisine,  n'auriez-vous pas quelques légumes, afin de rendre la cuisson plus moëlleuse ?

    Grigoulotte se fendit de quelques pommes de terre, de trois carottes et de deux navets qu'elle éplucha et plongea dans la préparation.

     

    Et la soupe continuait à cuire, sous le regard intrigué de Dame Grigoulotte.

     

    Au bout de deux heures :

    - Maintenant ce doit être à point : dressons le couvert ! –  Mais , sans vous commander, si vous aviez, par hasard, une petite pinte de vin pour accompagner notre repas …. Je n'insiste pas, je n'insiste pas , c'est comme vous voulez !

     

    Grigoulotte, soucieuse, malgré sa pingrerie, de participer aux agapes  proposées si aimablement par sa voisine, se dirigea vers  la cave en grommelant, mais y descendit quand même.

     

    Durant ce temps, prestement et goulûment, Stridulette dévora le lard et les légumes et quand Grigoulotte remonta, une bouteille entre les mains, Stridulette s'exclama, comme frappée par une idée subite :

    -

    -  Sapristi ! J'allais complètement oublier un rendez-vous urgent : excusez-moi si je vous quitte aussi vite : mais n'ayez aucun scrupule : mangez-la sans moi, ma soupe aux cailloux  !  Bon après-midi !

    Et fila chez elle à toutes jambes, le ventre plein, alors que sa voisine, honteuse, confuse et furibarde, restait fort dépitée devant son fond de marmite emplie de cailloux.

     

    MORALITE : Ben… heu… y en a pas, cette histoire étant foncièrement immorale.

     

    Margoton 

     Tire-bouchon%20chef%20sommelier

     

     

    Illustrations :

    www.leblogacademique.com

    www.eccevino.com - ben oui, il ne reste plus à Grigoulotte qu'à déboucher sa bonne bouteille et faire passer la soupe à la grimace en dégustant un bon verre de vin (avec modération). Non ? (Lenaïg) 

     

     

     


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  • M22458

    Là où certain roy était accompagné

     

    (Chronique historico-étymologique)

     

    J'ai trouvé par hasard quelques renseignements historiques  complémentaires , et susceptibles d'intéresser certains membres de mon lectorat ayant apprécié mon article "LA OU LE ROI SE REND SEUL, certains ayant fort doctement évoqué une exception versaillaise dont je me fais un devoir de vous entretenir  aujourd'hui sans attendre.

     

    Le riche, confortable et luxueux château de Versailles ne comportait point de lieux d'aisance. Courtisans et visiteurs se "posaient" où ils pouvaient : sous un escalier, dans un coin, un fond de couloir, si bien que la somptueuse demeure n'était pas source de plaisirs olfactifs.

     

    Les  rares chaises percées étaient  en nombre nettement insuffisant, n'appartenaient qu'à la noblesse, et leurs détenteurs raffinés  recevaient, sans façons, leurs visites , assis sur ces commodités de la conversation

    .

    Deux serviteurs, titulaires de leur charge, soulevaient les vastes robes des dames pour glisser discrètement ;sous le délicat postérieur; la selle nécessaire à leur'installation (D'où l'expression métonymique "aller à la selle").

    Or, des dames babillant, pérorant, jacassant dessus en toute simplicité, on désigna  malicieusement ces objets du nom d'un fauteuil déjà nommé dans les salons : "caquetoires".

     

    Chez Louis XIV, point de chichis. Il ne s'installait pas, mais ON l'installait sur sa chaise percée et là, il recevait aussi bien ses amis pour jouer aux cartes que des ambassadeurs ou des ministres, pour discuter  avec eux de graves  problèmes politiques.

    Cette installation était réalisée dans un cabinet attenant à  la chambre (deux autres mots à l'origine de ceux que l'on emploie depuis, dans un style plus raffiné, pour désigner au moins une partie de ce qui s'y passait déjà.)

     

    Tous ces gentilshommes (même  parents ou descendants d'anciens frondeurs , anarchistes ou séditieux de même trempe) se seraient volontiers  mutuellement étripés pour obtenir "un brevet d'affaires "qui coûtait très cher : l'honneur disputé d'appartenir au cercle d'intimes  privilégiés ayant le droit de s'adresser au roi, par ailleurs si occupé   "aux dernières misères auxquelles la nature nous assujettit", selon l'expression précieuse de l'époque.

     

    A la fin de la royale opération, le "porte-coton" nettoyait le "couloir à colombins", avec délicatesse mais aussi une certaine dose de négligence - qui n'offusquait personne en dépit de ses conséquences olfactives.

     

    Comme Louis, trop glouton, souffrait d'entérite et aussi d'une certaine fistule, la cérémonie avait lieu souventes fois dans la journée, toujours avec la même solennité.  

     

    Voilà donc un récit très instructif qui, je l'espère, aura participé  à enrichir votre culture générale.

     

     

    Margoton

     

    wc-decore

    Notes de Lenaïg :

    Les charmantes illustrations de commodités agrémentant la superbe chronique de Margoton évoquent d'autres lieux et d'autres époques que celle du Roi Soleil.

    Pour voir à quoi ressemblait la chaise percée de Louis XIV, un peu de travail personnel sera suggéré au lecteur, qui ira faire une petite recherche lui-même sur le net ou dans des ouvrages dignement documentés.

     

    2ème image : www.deco5.com


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  • 471463438

     

     

    Là où le Roi se rend seul…

     

    (Chronique historico-grammaticale)

     

    Les synonymes sont nombreux, variés, parfois délicats, parfois pittoresques, souvent grossiers mais… toujours au pluriel.

    Pourquoi ?

    Et de quoi s'agit-il ?

     

    Classement par ordre de bienséance.

     

    Les toilettes

    Les petits coins papier-toilettes-sudoku-3

    Les cabinets

    Les pipirooms

    Les WC

    Les waters

    Les water- closets

    Les lavabos

    Les commodités

    Les lieux d'aisance

    Les lieux

    Les ouatères

    Les latrines

    Les tinettes

    Les feuillées

    Les gogues

    Les goguenots

    Les chiottes

    Les tartisses (plus rare et passé de mode )

     

    J'en ai oublié ? Possible.

     

    Mais pourquoi tous ces mots, désignant une seule réalité, sont-ils toujours exprimés au pluriel ?

     

    Les latrines romaines étaient des salons où l'on s'entretenait de tout   - non seulement de ragots mais de sciences comme l'astronomie ou la mathématique – de littérature , de poésie, de musique, de politique, que sais-je encore ? chacun assis sur son trou dans une grande pièce carrée qui en comportait une bonne vingtaine. Le pluriel était alors de mise.

     

    ( A une époque intermédiaire qui fit exception à la règle, on vidait le pot de chambre par la fenêtre  après l'avertissement souvent trop tardif de : "gare  à l'eau ! " ou, dans les fermes, on allait s'accroupir dans l'écurie ou dans l'étable. Ceci explique pourquoi les actuels manipulateurs de "poêles à frire" –en français "détecteurs de métaux" -  trouvent tant de pièces de monnaie  démonétisées  dans les champs : car, à l'époque, on fertilisait les cultures avec le fumier sorti des étables, dans lequel se trouvaient donc piastres, écus, louis,ducats, deniers, sequins, florins, mailles, piastres et pistoles tombés accidentellement lorsque l'on posait braies.)

     

    Plus tard, toujours dans la France profonde, rurale et mieux organisée, on conçut un dispositif astucieux : une grande caisse oblongue percée de deux trous de la circonférence d'un postérieur moyen. Sous chacun d'eux un grand récipient, d'abord en terre cuite puis en métal, qu'une fois rempli on laissait fermenter quelques semaines pour en faire de l'engrais dont on fertilisait les salades et les poireaux du jardin (bio à cent pour cent).

    Durant cette nécessaire fermentation on utilisait l'autre trou, afin de remplir le second récipient, voué à la même destination. Et le cycle recommençait.

    Cette méthode très rationnelle continua longtemps. En ma petite enfance, lors d'un voyage d'agrément nommé "évacuation", nous avons dû faire étape à Barbezieux et nous y déjeunions dans un petit bistrot- restaurant pas très cher où une telle installation se situait à même la cave, parmi les barriques, sans porte et sans même un rideau de séparation. Cela nous amusait beaucoup, nous les enfants – les parents… un peu moins (ils prenaient leurs précautions : nous surtout pas !)

     

    Plus tard, les engrais ayant changé de formule, l'eau potable étant sortie électriquement du puits, et la population un peu plus initiée à l'hygiène, les installations furent quelque peu modifiées, selon le principe actuel.

     

    (Cependant, voici quelques années, lors d'un voyage dans le nord de la Norvège, j'ai pu admirer de mes yeux, sur un site touristique, un très coquet édifice abritant deux cuvettes émaillées et pourvues de chasses d'eau)

     

    Et voici donc l'origine, quelque soit le langage employé, raffiné ou vulgaire, de l'indication de ces lieux, traditionnellement toujours au pluriel.

     

    (article très sérieusement documenté)

     

     

    Margoton


    10 commentaires
  • 8-Mai-2008

     

    (Relation dodécasyllabe et ironique d’un fait réel)

     

    Coqueluche des coquettes qui le berçaient la nuit, marteau-piqueur-sien-tete ~car0094

    Un riche Parisien, épuisé par le bruit

    Que prodigue la ville : (le fracas des poubelles

    Qui, toujours le matin, lui perçaient les oreilles,

    Aboiements de cockers, sifflements des agents,

    Tapage de noctambules, clameurs et grincements,

    Ou grondements des trains, ou sirènes d’alarme,

    Ou voitures et camions créant un grand vacarme…)

    Ce citadin souffrant aussi de pollution

    (De CO2, d’ozone et de staphylocoques,

    De ces déchets urbains qui vous donnent des cloques)

    Crut avoir découvert la bonne solution

    En acquérant, au centre d’un coquet village,

    Une cocasse bicoque d’époque Moyen-Age

    Pour y mettre au repos oreilles et poumons,

    S’imaginant d’avance, tout comme un coq-en-pâte

    En son cocon douillet, dessous sa pergola,

    Sirotant son cocktail ou son Coca-Cola,

    Tout pendant qu’en cocotte mijotaient aromates,

    Coquilles de saint Jacques ou coquelet marengo.

    Devant lui, frissonnant, un champ de coquelicots…

     

    Mais il dut déchanter avant que d’y goûter :

    S’il pouvait supporter le bruit 010c0104lldes tronçonneuses,

    Le beuglement des vaches souffrant de fièvre aphteuse,

    Le  kodaque des cocottes ayant fait leur coco,

    Les jappements des chiens regroupant le troupeau,

    L’arôme de porcherie, la bouse sur les sentiers,

    Le silo qui cocotte autant que le fumier,

    Il était courroucé depuis potron-minet

    Par les « cocoricos » quotidiens du grand coq

    Qui, tôt, s’égosillait, avec l’air qu’on se moque,

    Pour réveiller ses poules et son maître-fermier,

    Indiquant au soleil le moment du lever

    (Sans qui les choses ne sont que ce qu’elles sont) (*)

     

    - "Coquin de sort ! Je ne puis tolérer cet

    affront !" Criait le Parisien. Un jour, exaspéré,

    L’irascible voisin vint tenter le fermier

    D’un air très coquebin : - "Je ne puis sommeiller :

    Dès quatre heures du matin me vient un tintamarre

    Gueulé par votre coq, et dont j’ai plus que marre.

    Une bonne fois pour toutes, mettez en casserole,

    Assaisonnée de vin, cette horrible bestiole"

    - "Le mettre au coquemar ? le-coq-et-ses-attributs

    Faire une poule au pot

    Garnie de coquillettes de mon fier Renato ?

    - Ou autre alternative, si vous y tenez tant :

    Vendez-le, vous pourrez vous en faire quelque argent »

    - Quoi Monsieur ? Le vendre au coquassier

    Comme un vulgaire chapon ? C’est qu’il lui faut cocher.

    La gent du poulailler : sans lui, pas de poulettes

    Que contre écus sonnants le coquassier achète .
    Pour l’insémination il n’a pas son pareil

    (Mes poules seraient marries qu’elle fut artificielle :

    Elles auraient le remords de le cocufier !)

    Par quel tour leurs œufs frais seraient-ils fécondés ?

    Sans poussins, point de poules et point d’œufs à la coque,

    Ni soufflés concoctés par votre maître-coq…"

     

    COQUECIGRUES ! …

     

    - "Il trouble mon sommeil. De vos beaux arguments

    Souffrez que je me tamponne le coquillard. coq-1

    Rien de bon ne sortant de ce dissentiment,

    Je vais, pour vous convaincre, vous coller un coquard (**)

    Du bout de mon soulier au mitan du coccyx…"

    L’affaire fut envoyée par-devant la justice :

    Plainte fut déposée contre coq importun

    N’ayant pour sa défense que de faire son boulot.

    Faudra-t-il invoquer sainte Brigitte Bardot

    Pour que soit respecté le talent de chacun ?

    Bientôt apprendrons-nous que le bruit des motos

    Serait plus légitime que le chant des oiseaux.

     

     

     

    (*) Pardon, Monsieur Edmond Rostand, d’avoir quelque peu écorché votre vers, mais il me fallait retomber sur mes pieds.

     

    (**) Je sais, je sais qu’un COQUARD est un ŒIL au beurre noir. Mais il me fallait une rime à « justice » !

     

     

    Margoton

     

     

    Illustrations :

    groupe-vocal-equinoxe.com

    asterix.com

    fotosearch,

    et cie ... 


    8 commentaires
  • Si vous avez besoin d'un truchement (soit : traducteur - voir Le Bourgeois gentilhomme), Margoton est à votre disposition ...

    plouplouplouplouplouplouplou


    reveil t

    - Ché pour bientôt ! ! !

    « cangemint» d'heure !

    Pour
    tertous qui se posent à chaque fos
    eulegrinde question lorsquivint le temps ed'changid'heure :

    -
    "On avinche ou bien ein arcule ?"

    - Te veux un truc pour t'in rappeler ?
    En OCTOBRE
    : cha fini par RE, donc on recule la t'chiote aiguille
    ...
    En
    AVRIL: ça qu'minche par AV, donc on avinche cette t'chiote aiguille.

    Ta tout compris ?
    Ché bin..

    -
    hein !!!

     

     




    plouplouplouplouplouplouploup


     Merci, Margoton, pour ce rappel (je ne m'en souvenais plus) et ce bon conseil mnémotechnique !

     


    10 commentaires


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