• Le plaisir du dépaysement - Lenaïg, pour le jeudi en poésie

    Pour page Dépaysement jeudi poésie - desert-du-mojave 940x705

     

     

    J'ai cherché, chez les grands poètes,

    Du dépaysement.

    On en trouve à perdre la tête,

    Du joyeux, rarement.

     

    Pour page Dépaysement jeudi poésie - loch-ness 803233cSégalen, Verlaine et Rimbaud,

    Hérédia, Supervielle :

    La désillusion et le beau,

    Bien amères merveilles ...

     

    Moi je veux du gai magnifique :

    Les beautés pour Lili,

    Syracuse et le Pacifique,

    Chez Perret, chez Henri !

     

    Puiserai-je dans ma mémoire ?

    Modestes souvenirs,

    Images, petites histoires,

    Et lesquelles choisir ?

     

    Bocage anglais, conduite à gauche,

    LPour page Dépaysement jeudi poésie - Habitations berbères en Tunisiees portes du désert :

    Du vert, du jaune qui s'accrochent,

    Divins changements d'air !

     

    Sur les toits plats en Tunisie,

    Le thé chez l'habitant,

    Etre ailleurs et bien accueillie,

    Simple ravissement.

     

    L'Ecosse et ses châteaux mystère,

    Les pieds dans le Loch Ness

    Et croire au monstre, tant qu'à faire !

    Glasgow, Agadir ou Gabès !

     

    Et des bains de minuit en Grèce,

    Ou bien à Malaga,

    Des rires et de l'allégresse,

    Liberté sans tracas.

     

    Se balader à pied dans Rome

    Ou dormir à Venise !

    Peu de mots pour le dire, en somme,

    Petits secrets qui grisent ...

     

    Cela n'est que luxe et confort,

    Anacondas, moustiques,

    Très peu pour moi ; rions-en fort !

    Pour page Dépaysement jeudi poésie - SANT03 166-chats-iles-grecquesJuste en rêve, l'épique !

     

    A l'aventure être exposée ?

    Excitants films, romans ! 

    Changer, sans être dérangée,

    De planète et de temps !

     

     

    Lenaïg

     

    ***

     

     

    Tout en me moquant de moi-même, qui ne suis aventurière qu'en imaginaire, j'apprécie la grande poésie voyageuse, de ceux qui sont allés parfois très loin et l'écrivent si bien sans oublier le laid ou les souffrances vécues ou rencontrées, ou alors savent créer le dépaysement en transformant un corps féminin en paysage, comme Baudelaire et Pablo Neruda, ou trouver l'imprévu juste au coin de la rue !

     

    Petits extraits

     

    Le matin comptait ses oiseaux

    Et jamais il ne se trompait.

     

    Le parfum de l'eucalyptus

    Se fiait à l'air étendu.

     

    Dans l'Uruguay sur l'Atlantique

    L'air était si liant, facile,

    Que les couleurs de l'horizon

    S'approchaient pour voir les maisons.

     

    Jules Supervielle, MONTEVIDEO, Gravitations.

     

     

    Terre rapide aux rives de la route

    Terre imprévue en un regard dissoute

    Terre entraînée au passé par les vents

    Je prends et perds tes arbres, tes vallées

    Tes noirs chemins, tes villes constellées

    Et tes vivants.

     

    Le grand pays du bonheur sans mémoire

    Se forme enfin sur la route où tu fuis

    De l'horizon accourt la grande image

    Des cieux nouveaux vont toucher mon visage

    Je suis debout.

     

    Catherine Pozzi, Très haut amour.

     

     

    Aux confins du désert mojave

    Vit un cactus bimillénaire,

    Il a poussé sur de la lave,

    Serein comme un dieu tutélaire.

     

    A l'équinoxe de printemps,

    Au temps où la terre bascule,

    Les Indiens s'agenouillent devant

    Toute la nuit. Et la nuit brûle

     

    De leurs incantations vibrantes

    Comme la langue d'un serpent.

    De leurs voix hachées et stridentes,

    Ils essaient de dompter le Temps.

     

    De le forcer à se plier,

    A refermer enfin sa courbe,

    Un jour viendra, disent les sorciers,

    Où le Temps, tortueux et fourbe,

     

    Finira par être piégé

    Dans cette architecture de plaintes

    Et nous serons légers, légers ...

    L'Eternité sera atteinte.

     

    Michel Houellebecq, Aux confins du désert mojave, La Poursuite du bonheur.

     

     

    Le soleil de la rue de Bagnolet

    N'est pas un soleil comme les autres,

    Il se baigne dans le ruisseau,

    Il se coiffe avec un seau

    Tout comme les autres

    Mais, quand il caresse mes épaules,

    C'est bien lui et pas un autre,

    Le soleil de la rue de Bagnolet

    Qui conduit son cabriolet

    Ailleurs qu'aux portes du palais,

    Soleil, soleil ni beau ni laid,

    Soleil tout drôle et tout content,

    Soleil de Bagnolet,

    Soleil d'hiver et de printemps,

    Soleil de la rue de Bagnolet,

    Pas comme les autres.

     

    Robert Desnos, 1942, Couplet de la rue de Bagnolet, Destinée arbitraire.

      

     

     Pour page Dépaysement jeudi poésie - Angle rues de Bagnolet et des Pyrénées

     

    Illustrations : Désert de Mojave en Californie, Loch Ness, habitations troglodytes tunisiennes, dôme grec et chat, angle de la Rue de Bagnolet et de la Rue des Pyrénées à Paris, photos empruntées au net !

     

     

     


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  • Commentaires

    1
    Jeudi 4 Août 2011 à 06:28
    Martine  / Eglantine

    J'aime beaucoup ton poème... Je ne suis pas une aventurière non plus, j'aime voyager loin mais en évitant tout risque et avec mon confort...

    2
    Jeudi 4 Août 2011 à 07:17
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour Lena, me voilà hors de mon plat pays avec ta page dépaysante à souhait !  (Excuse-moi je donne dans la prose, une fois n'est pas coutume)   Bonne journée à en croquer Lena !  Bizzzz jill

    3
    Jeudi 4 Août 2011 à 08:13
    Eglantine-Lilas

    toi tu cumules ...pour notre plus grand plaisir !

    nous allons de découvertes en découvertes.

    bisous

    4
    Jeudi 4 Août 2011 à 08:23
    m'annette

    C'est joliment troussé en tous cas!

    Bonne journée, bises

    5
    Jeudi 4 Août 2011 à 09:39
    Monelle

    Un vrai tour du mond dans ton billet et merci pour les extraits des "grands" !!!

    Bonne journée - bisous

    6
    Dan
    Jeudi 4 Août 2011 à 09:46
    Dan

    J'ai bien reconnu la chat et la vue sur l'île de Santorin. Merci pour les voyages. Dan

    7
    Jeudi 4 Août 2011 à 11:08
    stellamaris

    J'aime beaucoup ton poème, Lénaïg ! Bises !

    8
    Jeudi 4 Août 2011 à 12:28
    Malika

    Bel article. Bon jeudi.

    9
    Jeudi 4 Août 2011 à 13:11
    Maggy Rodriguez

    Félicitations pour ton poème, merci pour ce superbe voyage si bien illustré! Bises, Maggy

    10
    Jeudi 4 Août 2011 à 15:35
    marie chevalier

    très beaux et donnent envie de  partir  !! bravo !!

    11
    Jeudi 4 Août 2011 à 17:11
    emma

    J'ai aimé ton poème, moi aussi, je suis plus esthète que baroudeuse et j'aime le gai magnifique !

    Très jolie photo de désert aussi.

    12
    Jeudi 4 Août 2011 à 17:45
    Catheau

    Un florilège qui donne envie de s'en aller loin.

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    13
    Jeudi 4 Août 2011 à 18:21
    Qu'importe

    a mon tour de te faire une visite, comme toi je suis aventureuse en imaginaire, le confort a l'avantage, peut-être est-ce dù à l'âge? en tout cas j'ai aimé divaguer, errer sur la lande écossaise, me suis surprise un verre de thé à la menthe à la main. Merci.

    14
    Jeudi 4 Août 2011 à 23:05
    Vanesslili

    Ce meli-melo de photos et de mots m'ont fait tourner le ciboulot, moi ton fidèle Matelot! bisous de la nuit!

    15
    Vendredi 5 Août 2011 à 00:26
    Mireille

    Bonsoir Lénaïg, elle me plait ta page. J'aime beaucoup ton poème et ton sens de l'autodérision ! Pour ma part, partir dans un petit coin de la campagne française et y planter ma tente me semble déjà une grande aventure ! Sans doute mon côté enfant ... Dans les extraits que tu nous proposes, j'ai un faible pour celui de Jules Supervielle et son Montevideo. Je ne le connaissais pas. Et puis je fonds de plaisir en écoutant Syracuse. Cela en fait des raisons de te remercier pour ce beau partage! Bisous. Mireille

    16
    Vendredi 5 Août 2011 à 00:55
    Hauteclaire

    Bonsoir Lénaïg,

    tes mots d'abord, qui nous emmènent aux quatre coins de la planète avec bonheur, car comme toi je ne voyage qu'en rêves (et déjà loin)

    puis tes extraits choisis ... que de beautés ! Je retiens surtout celui de Houellebecq pour son mystère, puis celui de Desnos, en vraie enfant de Paris.

    Gros bisous, en te remerciant pour tout cela, et de tes messages chez moi

     

    17
    Vendredi 5 Août 2011 à 09:49
    Nounedeb

    Coucou, Lenaïg, et grand merci pour ce voyage léger auquel tu nous convies, et ces textes magnifiques que tu m'as fait découvrir. Bises.

    18
    Vendredi 5 Août 2011 à 18:02
    Jeanne Fadosi

    Merci pour ta célébration personnelle et ce petit tour dans les auteurs. Je ne savais pas que certains écrivaient en vers aussi.

    Bises

    19
    Vendredi 5 Août 2011 à 20:58
    Parisianne

    Bonsoir Lenaïg, quel voyage au pays des mots ! Bravo.
    Bonne soirée
    Anne

    20
    Samedi 6 Août 2011 à 11:36
    flipperine

    il y a de beaux paysages dans tout le monde

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