• LE JAGUAR DE JADE - Chapitre 2 - RAHAR

     

    LE JAGUAR DE JADE - Chapitre 2 - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La forêt amazonienne - http://aide-voyage.com/2013/01/16/stage-survie/

    Parvenir jusqu’à la rivière Manacura n’a pas été facile, malgré l’aide du gps, l’inextricabilité de la jungle ne facilite pas la progression. Je dois quand même tirer le chapeau au jésuite Manuel. D’après son manuscrit, je dois partir de la troisième boucle, en face du mont Parucu, pour aller vers le sud-ouest pendant environ trois jours. Mes repères sont quatre collines disposées en carré, une configuration assez extraordinaire pour être unique et relativement reconnaissable. Mais je me demande si ces collines sont vraiment naturelles et ne seraient pas en fait des pyramides noyées sous la terre et la végétation, leur disposition étant si particulière.

    Ma tactique est de grimper en hauteur pour les repérer. J’aurais pu évidemment recourir à Google Map, mais je me méfie d’internet où la discrétion est difficile à garder, compte tenu des pirates de tout poil. Un appareil volant ne serait pas pratique, dans la mesure où aucune aire de décollage ou d’atterrissage dégagée n’est disponible en pleine jungle. Au sommet du mont Gusman, à l’aide de puissantes jumelles, j’ai pu apercevoir la formation à une journée de marche.

    Apparemment, la zone est inhabitée. L’ancienne tribu a dû émigrer ailleurs pour une raison ou une autre. Le plus délicat est maintenant de déterminer le centre géographique du carré. À l’aide d’un télémètre de topographe, il ne me faut que quelques heures pour tomber sur un monticule mangé par la végétation. Tout près, on peut distinguer les blocs de pierre recouverts par la mousse et les racines des arbres. Certains sont éparpillés parmi la végétation alentour. En faisant le tour, je constate que le temple éventré s’étale sur une superficie respectable. Si je m’en réfère au manuscrit, l’entrée de l’hypogée se situerait au nord.

    Je finis par trouver un trou à moitié obstrué par des pierres. Les caboclos ne sont pas de trop pour m’aider à déblayer l’entrée du souterrain. Ils sont assez instruits pour n’avoir aucune réticence à approcher le temple, mais ils sont encore bridés par leur culture pour oser pénétrer dans le royaume des ténèbres souterraines. Je dois donc m’aventurer seul sous terre. Passés les premiers mètres, je descends plusieurs marches érodées qui me mènent à environ dix mètres sous terre ; je longe un couloir net, à part une couche de poussière vierge, pas de trace d’un animal quelconque. Je pense être le premier humain à fouler ce sol, après tant de siècles, et cela m’exalte.

    Je traverse deux salles sombres et débouche sur une autre plus vaste et éclairée. C’est la salle de Manuel Sanchez Dacosta : je vois l’autel de pierre gravée… et le jaguar de jade. Sous l’ouverture lointaine du plafond, un monticule de gravats, de terre et de poussière a été accumulé au cours des siècles. La lumière est chiche, je crois qu’elle est filtrée par la végétation qui a pris possession des lieux, au-dessus. Je regarde alentour. Les murs sont en dalles de pierre ajustées. Je vois dans un coin la fameuse armature dorée au miroir d’obsidienne. À un mur de côté, face au jaguar de jade, il y a un trou à quelques deux mètres de hauteur. Derrière y aurait-il un mécanisme qui peut être déclenché par la lumière ? Mais si c’était aussi simple, pourquoi avoir imaginé un dispositif alambiqué pour l’éclairer ?

    Je vais quand même tenter quelque chose. Je pose un micro très sensible sur l’autel, dirigé vers le trou, et je mets un casque amplifié. Je vais derrière le jaguar et je place ma lampe devant sa tête, dans le prolongement de ses yeux pour viser l’ouverture. J’allume. Je n’entends rien. À moins que le dispositif derrière le mur ne soit pas mécanique. Je dois me résoudre à suivre la recette du manuscrit. Pour cela, je dois hélas déblayer le monticule pour mettre en place le miroir et remonter pour faire élaguer la végétation gênant l’ouverture. Je plante un pointeur laser sur le monticule pour pouvoir repérer cette ouverture de la surface.

    Les caboclos n’ont pas fait de difficulté pour dégager l’ouverture avec leur machette. J’ai dû prendre une petite pelle pour le monticule ; je dois faire le ménage moi-même, je ne peux pas compter sur ces foutus superstitieux. Il me reste à peu près un quart d’heure avant midi. Je suis fébrile. Je ne peux rester en place, je parcours les murs. Ils sont nus, aucune inscription, aucune gravure. Je cherche une solution de continuité pouvant suggérer quelque porte. Rien.

    Midi. La lumière atteint son maximum d’intensité. Je place le miroir et je l’oriente vers le jaguar de jade. Le manuscrit relate qu’il a fallu tâtonner. Eh bien, je tâtonne car rien ne se passe. Je m’impatiente, je jure abominablement (heureusement, il n’y a personne pour m’entendre, moi le respectable professeur Charles Hatan). Puis tout à coup, une lumière verte sort des yeux de la petite statue. Je sursaute en entendant un petit grésillement, j’ai gardé le casque sur ma tête. Il s’est passé quelque chose. D’après le manuscrit, je dois attendre une heure avant que la fameuse porte s’ouvre.

    Je me rue au-dehors pour déjeuner sur le pouce. Je vois bien que les caboclos sont dévorés de curiosité, mais je leur dit simplement que je déchiffre des inscriptions de malédiction. Cela les calme immédiatement, et je crois même constater quelques cheveux qui semblent se dresser et certains bras avoir la chair de poule. Mine de rien, ils commencent insensiblement à s’éloigner des ruines du temple. Cela m’arrange bien sûr.

    Mon estomac est trop serré pour finir ma ration, j’ai comme du piment au cul. Il me reste encore une demi-heure, mais je ne peux m’empêcher de penser que le délai n’est pas forcément fixe. Je me rue en bas, le cœur battant. Ouf ! Il ne s’est encore rien passé. J’ai envie de faire les cent pas, de tourner en rond comme un lion en cage, de me ronger les ongles, mais je me maîtrise. Je ne voudrais pas donner une image déplorable de l’humanité au visiteur espéré.

    J’ai bien fait de venir plus tôt : l’heure ne s’est pas écoulée, qu’une partie de l’un des murs s’ouvre comme une immense porte. Ma mâchoire se décroche. Un être extraordinaire sort de l’ombre. Il tutoie les trois mètres, sinon plus. De teint plus clair qu’un indien, il n’en est certainement pas un, d’autant moins avec sa longue chevelure rousse, ses yeux améthyste et son nez droit. Il est vêtu simplement d’une tunique ocre serrée par une ceinture dorée d’une matière indéfinissable. Ses sandales rappellent celles des anciens Romains… ou Grecs. Il ne porte pas d’arme… du moins à ce que je peux constater.

    On avait trouvé en Patagonie des squelettes de géants caucasiens avec des cheveux roux. Le folklore de beaucoup de tribus parle de géants bienveillants et bienfaiteurs. Des légendes des indiens du Pérou relatent que c’étaient des géants qui avaient érigé les murs et monuments aux pierres titanesques et si bien ajustées qu’une lame de rasoir ne pouvait s’insérer entre deux blocs. Certains anciens disent que les géants existent toujours et se sont retirés dans un endroit inaccessible aux simples humains.

    A suivre

    RAHAЯ

    Texte et choix d'illustrations :

    LE JAGUAR DE JADE - Chapitre 2 - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 1er Septembre 2014 à 18:07

    Oui oui vu cette info sur le net,  info ou intox, bref, poursuivons...

    2
    Lundi 1er Septembre 2014 à 18:20

    Coucou par ici, Jill ! Ben, après tout, Jules Verne a lui-même écrit : Voyage au centre de la Terre ! A plus tard, bizzzzz.

    3
    Marie Louve
    Lundi 1er Septembre 2014 à 18:52

    On attendra à l'Ïle de Pâques aux pieds des statues monumentales s'il le faut , mais on reviendra pour en avoir le coeur net ! J'adore ce récit, mais pas au point d'avoir pareillement à Charles Hatan , le piment au popotin. J'attendrai sagement. :)

     

    4
    Victoria
    Lundi 1er Septembre 2014 à 19:39

    Ton histoire est passionnante et le style est là. Bon, je passerai comme Marie-Louve sur Charles Hatan qui a le piment au disons postérieur.

     

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    5
    Lundi 1er Septembre 2014 à 19:46

    Coucou Marie Louve et Victoria, grrr pas bcp le temps de rester, je quitte chez maman pour rentrer chez moi demain par le train, mon ours est déjà reparti en voiture avec Chatine. Ah, ce Charles Hatan et son piment ;) ! Que va-t-il apprendre de ce géant qui vient d'apparaître ? On le saura demain soir, j'espère ! Et, Victoria, on va aussi avoir des nouvelles de "ce cher Lock" à nouveau, je n'ai pas encore lu mais Rahar est très inspiré en ce moment ! Bizzz à vous deux.

    6
    Rahar
    Lundi 1er Septembre 2014 à 19:50
    Avoir le piment au cul veut dire par chez nous, être très impatient au point de ne pas pouvoir rester en place. C'est une métaphore à ne pas prendre au pied de la lettre.
    7
    Victoria
    Lundi 1er Septembre 2014 à 20:18

    Bonsoir Lenaïg,

    Heureusement que Rahar a de l'inspiration çar moi c'est un peu la page blanche. Mais ce n'est pas possible, il n'a que sa à faire notre Malgache préféré. Bonne soirée.

     

    8
    Victoria
    Lundi 1er Septembre 2014 à 20:21

    Par chez nous, Rahounet , on dit avoir " le feu au c..." mais ça n'a pas la même signification. he Zut ! ; Que ça à faire.

    9
    Rahar
    Lundi 1er Septembre 2014 à 21:55

    Vous dites encore "être sur des charbons ardents', mais je préfère mettre notre grain de sel sucré

    10
    Mardi 2 Septembre 2014 à 18:57
    LADY MARIANNE

    on dirait du vécu ! les termes, le vocabulaire adapté !!
    bravo belle recherche !!
    bonne fin de journée- bisous !

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