• LA CLOCHE MAGIQUE - RAHAR

    LA CLOCHE MAGIQUE - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    http://www.paysmeresterel.com/loisirs/nos-visites/les-feeriques/

    La petite chapelle de St Baulic n’est pas très connue. Le moine réformiste du IXe siècle l’avait bâtie dans un vallon isolé. C’est une construction en pierres grossières flanquée d’un petit clocher. On ne sait pas exactement où le saint moine s’était procuré la petite cloche de bronze, car les villages de la région de cette époque n’étaient pas riches. Quelque temps après la construction de la chapelle, une tempête abattit le clocher, et la pauvre cloche fut fêlée. Ce fut à partir de la restauration du clocher que des phénomènes bizarres apparurent, selon la tradition, plus orale qu’écrite : rémission de maladies, guérisons accélérées… Au XIIe siècle des cisterciens avaient construit un monastère juste à côté de la chapelle. Ces trappistes avaient restauré tant bien que mal la petite bâtisse de pierres grossières, installé une dizaine de bancs et remis en place la petit cloche fêlée qui produisait un son unique.

    La fissure de la cloche, due fort probablement à sa chute lors de ladite tempête, est certainement la cause de ce tintement singulier qui vous remue singulièrement les tripes. Un adepte de la méditation zen pourrait peut-être expliquer le phénomène. Quoiqu’il en soit, on ne peut que constater les effets bénéfiques de ce son aux harmoniques indéfinissables.

    Tout au long des siècles, les villageois alentour avaient profité des propriétés particulières de la cloche. Les guérisons étaient, paraît-il, plus fréquentes et étonnamment plus rapides, les dérèglements psychologiques étaient rares, sinon absents, dans la région. Mais ce ne fut qu’au XVIIe siècle que la renommée de la chapelle s’était répandue. Et puis la montée du positivisme avait renvoyé la petite chapelle dans l’oubli.

    En 2006, un jeune historien, en vacances avec sa petite amie physicienne, fut de passage dans la région. En entendant certaines légendes du coin, sa passion reprit le dessus et il passa son temps à se documenter. Sa petite amie fut prise par la contagion de la curiosité. Ils sollicitèrent l’autorisation des trappistes pour visiter la chapelle. La physicienne enthousiasmée, s’était fait envoyer des appareils. Elle voulait étudier et essayer de reproduire le son extraordinaire de la cloche.

    Les deux jeunes scientifiques invitèrent une de leurs amis qui était psychothérapeute. Elle serait très certainement intéressée par les propriétés prétendument curatives de la cloche. Comme les villageois avaient gardé leurs croyances, il n’était pas difficile de prélever un échantillon d’individus qui souffraient de quelque désagrément de santé. Pour faire simple, deux hommes atteints de rhume des foins furent sélectionnés ; l’un se tiendrait dans la chapelle, directement sous  l’influence de la cloche, et l’autre serait traité avec un générateur qui reproduisait exactement le spectre phonique de la cloche.

    Au grand dam et à l’incompréhension des jeunes scientifiques, le cobaye soumis à l’influence du son électronique voyait sa morve continuer à couler, alors que le patient assis dans la chapelle dont on avait fait sonner une seule fois la cloche, avait senti ses fosses nasales se libérer et s’assécher, les mucosités de ses poumons se tarir, et cela en moins d’un quart d’heure. Les trois chercheurs durent se rendre à l’évidence, il y avait quelque facteur inconnu qui devait agir avec la cloche. La physicienne ne trouva aucune radiation quelconque dans la chapelle ; la psychologue suspecta un effet placebo possible, et se fit envoyer un autre malade qu’elle fit asseoir à l’extérieur sur un rocher proche de la chapelle. Un quart d’heure après le tintement de la cloche, l’individu s’était senti mieux, bien mieux, sinon guéri de son rhume.

    Une octogénaire du village le plus éloigné était de passage. Elle finit par savoir d’après les potins la recherche qu’effectuaient les quatre touristes scientifiques. Curieuse de cette activité frôlant le sacrilège, elle fit la connaissance de ces jeunes citadins qui discutaient avec animation à la terrasse du café local. Elle comprit ainsi que la reproduction électronique du tintement de la cloche n’avait aucun effet.

    L’octogénaire s’esclaffa. Elle leur dit que reproduire artificiellement le tintement n’était pas suffisant, la cloche était bénie tous les ans en allant à Rome la nuit de Pâques. Évidemment que personne ne l’avait  jamais vu voler, il y avait toujours quelque incident qui empêchait les curieux de voir le phénomène. Mais il était sûr qu’elle partait : le lendemain, on constatait que la cloche avait une autre position, on se repérait à l’aide de la fêlure. Les jeunes étaient quelque peu dubitatifs, mais la psychologue tempéra ce scepticisme en expliquant l’importance de la formation d’un égrégore par le psychisme multiplicatif des croyants. Les quatre scientifiques décidèrent alors de vérifier l’assertion de la vieille dame : ils allaient veiller pour voir « voler » la cloche.

    Hélas, les trappistes étaient intraitables, aucune autorisation ne peut être accordée, même pour des scientifiques accrédités par le Pape lui-même. Nos jeunes se résignèrent alors à observer de loin le vol de la cloche, avec des jumelles à infrarouge. Hélas, encore hélas, la nuit était zébrée par des éclairs d’orage et les appareils étaient constamment éblouis, et les malheureux scientifiques ne virent rien, bien entendu.

    Le lendemain, à l’ouverture de la chapelle pour les visiteurs, il était aisé de voir que la cloche avait bougé, rapport à sa fêlure qui avait changé de position. Nos jeunes scientifiques ne savaient plus que croire, toutes leurs certitudes cartésiennes ont été ébranlées. Le physicien avait bien avancé l’hypothèse que les cisterciens avaient décroché la cloche pour la nettoyer et la fourbir pendant la nuit, et l’avaient replacée, mais pas  dans la même position ; un indice était le lustre de l’objet. Toutefois, personne n’avait vraiment fait attention à l’éclat de l’instrument et ne pouvait avoir d’élément sûr de comparaison. Il se pouvait aussi d’ailleurs que la cloche eût été nettoyée lors de son voyage, qui sait.

    Toujours est-il que depuis l’expérience de ces jeunes, quelques chercheurs farfelus ont tenté, toujours en vain jusqu’ici, de reproduire le pouvoir curatif de la cloche. Du fait de l’isolement relatif de la région, pratiquement seuls les villageois alentour se soignent à la chapelle de St Baulic.

    RAHAR

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Cloche

     

    Joyeuses Pâques à tous !

     forum.doctissimo.fr


  • Commentaires

    1
    Dimanche 20 Avril 2014 à 08:36

    Merci Rahar, un jour comme aujourd'hui, histoire de circonstance.... Belle journée pascale à vous.... amicalement, jill.... Bises miss Hélène !  

    2
    Dimanche 20 Avril 2014 à 12:06

    il y a beaucoup de choses comme cela qui ne s'expliquent pas dans la religion, bonnes fêtes de Pâques

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    3
    Dimanche 20 Avril 2014 à 13:54

    Coucou Jill, Flipperine, et Rahar, et tous ! J'ai bien aimé cette histoire, superbement construite qui se lit avec délice, soit pour soi, soit tout haut, je l'ai lue à ma maman ! Bravo, maître Christian, grand merci et beau weekend. Bises !

    Non, Rahar, je n'ai pas percé ce mystère, il est si beau ainsi qu'on n'a pas envie d'y toucher ! Ce symbolique Saint Baulic est sûrement la clé de tout, du moins lui il sait, j'en suis convaincue !

    4
    Marie Louve
    Lundi 21 Avril 2014 à 18:07

    Une guérison symbolique et rien ne cloche ! Histoire de circonstance exceptionnelle. Heureux printemps pour tous. Bises. 

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