• LA CHOSE QUI MURMURAIT - 1/2 - RAHAR - Sous-titre : Marguerite !

    Voici un conte de fée à la Rahar, et ceux qui le lisent savent qu'il n'écrit pas à l'eau de rose (pour sa défense, si besoin était, un conte de fée contient très souvent des faits effrayants et cruels). Mais pour moi, c'est bien un conte de fée, où le P'tit Chaperon rouge se nomme ... je vous le donne en mille : Marguerite ! Eh oui, Rahar, si discret soit-il et intervenant raharement, heu pardon rarement, dans des commentaires, nous suit, nous lit ici, dans les différentes communautés et ailleurs (sur le forum Plumes au vent de Marc Varin, notamment ...).

    Donc, il nous propose une nouvelle histoire à sa façon, et sa jeune Marguerite a bien envie de venir jouer dans la Cour de récré, chez Jill.

    Maîtresse Jill, accueilleras-tu la Marguerite de Rahar à la récré, une élève qui arrive après que la cloche de rentrée a sonné, parce qu'elle n'était pas prête avant, comme cela arrive dans la vie ?

    Note de Lenaïg

     

    ***

     

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      Je me suis enfin décidé à prendre des vacances. Mon métier d’architecte très demandé m’a fait presque sacrifier ma vie de famille. Alicia est avocate, mais elle trouve toujours un peu de temps pour notre petite fille Marguerite. C’est une gamine très éveillée qui ne manque de rien... sauf peut-être d’une plus grande attention de la part de son père. La dernière fois que nous avons quitté la ville ensemble pour une semaine, c’était il y a deux ans, quand Marguerite avait trois ans. C’était aussi la dernière fois que nous avions eu un vrai moment de complicité.

     

    Je n’ai pris conscience de mon imbécillité que quand elle est venue me proposer une partie de monopoly, alors je finalisais un projet. Sa mère était encore au tribunal. Je l’ai regardé, j’ai regardé mon épure. Et je me suis finalement dit qu’une pénalité de retard n'allait pas nous mettre sur la paille. Alicia et moi avions désiré cette petite, et dans le but de lui assurer un avenir brillant, nous avions consacré notre temps à amasser de l’argent, encore plus d’argent. Nous nous y sommes tellement consacré que nous avions oublié notre objectif : faire de notre fille une personne digne de ce nom, aussi épanouie, tant physiquement que mentalement et affectivement.

     

    J’ai prévenu mes beaux-parents que Marguerite ne passera pas ses vacances chez eux, cette fois-ci. Ils ont été compréhensifs, mais ont réservé leur petite-fille pour les vacances de Noël ; si ses parents si occupés pouvaient aussi venir, ce serait encore mieux.

    Lors de notre lune de miel, Alicia et moi avions acheté un bungalow plutôt défraîchi, près du lac Vitkoria. Pendant quinze jours, nous nous étions amusés à le rénover entièrement. Si Alicia n’avait été une brillante avocate, elle aurait fait une décoratrice merveilleuse. Un couple de retraités habitant non loin, s’occupaient de l’entretenir. La maison était aérée et nettoyée pour être toujours prête à nous accueillir.

     

    Nous sommes arrivés au lac Vitkoria aux alentours de dix neuf heures. Le soleil couchant teinte le lac d’un rouge orangé de carte postale. Le bruissement doux du vent à travers les eucalyptus plantés en rangées est une douce mélodie pour nos oreilles de citadins. Le clapotis léger des vaguelettes nous fait oublier la vie trépidante de la ville.Marguerite est muette, le spectacle qui s’offre à elle est un décor de conte de fée : elle n’a gardé qu’un souvenir assez flou de l’endroit, elle n’avait que trois ans et n’avait vu que peu de choses.

     

    Le bungalow a été bien entretenu, mais Alicia et moi sommes immédiatement rentrés pour ranger les provisions, préparer de quoi manger, sortir les draps, allumer la cheminée… Marguerite est partie à la découverte, tant qu’il fait encore clair. En principe, elle n’a rien à craindre, il n’y a pas de prédateur dans le bois, nos voisins les plus proches sont à cent mètres, et le lac n’est pas profond sur une dizaine de mètres.

     

    Alicia s’est coulé un bon bain, moi je me suis contenté d’une douche rapide : j’ai faim et j’ai hâte de faire la popote, pour une fois ; oh, rien d’extraordinaire, simplement du riz cantonais accompagné de filets de saumon, sans oublier le vin blanc doux dont raffole ma femme. Celle-ci est en train de dresser la table quand Marguerite rentre, les joues rosies par la brise vespérale, toute excitée.

    — M’man, p’pa, j’ai vu une drôle d’étoile filante !

    — Alors ma puce, tu as fait un vœu ? fais-je en la taquinant, tout en surveillant mes filets de saumon.

    — Ben non, elle était trop étrange pour être bien catholique.

    — Étrange comment donc ? s’enquiert distraitement sa mère.

    — Elle tombait pas normalement, elle faisait des zigzags, et c’est dans le dernier zag qu’elle est tombée tout droit.

    — C’est bien mon chou, on va passer à table, va te laver veux-tu.

    Du haut de ses cinq ans, elle nous a toisé avec commisération et s’en est allée dans la salle de bain. Ce n’est qu’après coup que j’ai pensé que nous aurions dû être plus sympa en écoutant plus attentivement notre fille. Ce n’est pas que c’est une fabulatrice, mais à son âge, une imagination débridée est comme qui dirait, encore normale.

     

    Je sais qu’elle a un compagnon invisible. Je l’ai découvert quand je l’ai surprise jouant dans sa chambre. Alicia m’a dit qu’elle connaît des enfants de son âge qui se comportent pareillement, et que c’est tout à fait normal. Ce phénomène passe avec les années. Pour ma part, j’ai constaté que l’univers virtuel de Marguerite donne l’impression d’être aussi réel que la vraie vie ; mais je fais confiance à ma femme en ce domaine. Il faudrait que nous levions un peu le pied et envisagions sérieusement de donner un petit frère ou une petite sœur à notre fille. Une idée saugrenue me fait glousser tout seul : une avocate présentant une belle rondeur serait-elle crédible au tribunal ?

     

    Comme si de rien n’était, Marguerite a retrouvé son caractère enjoué, à table. Elle a déjà oublié l’incident et savoure le plat qu’elle n’a pas souvent l’occasion d’apprécier. Elle ne manque pas de me taquiner en décrétant que je ne m’en tire pas trop mal pour un apprenti cuisinier. Alicia a été intraitable, et n’a accordé qu’un demi ballon de xérès à la petite dépitée.

     

    La semaine est passée comme un rêve. Les promenades dans le bois, avec la cueillette de champignons et de mûres, les balades en canot sur le lac aux eaux si limpides qu’on peut voir les poissons évoluer, font oublier le passage du temps. Marguerite s’est fait des amis parmi les enfants du voisinage, en vacances comme elle ou habitant le petit village d’à côté. Elle a jeté son dévolu sur un petit garçon assez déluré nommé Hervé, et ils sont devenus presque inséparables. Il leur arrive de disparaître toute une journée, déjeunant de sandwiches confectionnés en cachette et de fruits sauvages.

     

    J’ai incité Alicia à l’indulgence, la région ne recèle aucun danger et le lac a un fond de galets peu profond sur une grande distance de la rive. D’ailleurs, Marguerite nage comme un poisson, une graine de championne. Jusqu’au jour où le village a signalé la disparition d’enfants. D’accord avec sa mère, j’ai alors interdit à ma fille l’accès au bois en dehors de notre compagnie. Elle peut inviter ses amis, mais ils devront jouer dans le périmètre immédiat du bungalow. Le déjeuner et le goûter sont à prendre impérativement à la maison, qu’importe le nombre de compagnons qu’elle amènera, et ce sera à la bonne franquette. J’ai quand même vu grand, en apportant les provisions et le congélateur est plein à ras bord.


    Le jeudi après-midi, bien après le goûter, Marguerite et Hervé entrent précipitamment dans le bungalow, interrompant un moment de tendresse entre Alicia et moi.

    — Papa, il y a quelque chose dans la cave à charbon. Ça murmure et c’est pas une bête.

    — Mais mon chou, ce n’est pas un endroit où jouer ! s’exclame sa mère.

    — La cave est propre, Alicia, depuis que j’ai installé les panneaux solaires. Mais ce n’est quand même pas raisonnable, Marguerite. Je n’ai pas remplacé l’ampoule grillée et il n’y a qu’un seul petit soupirail. D’ailleurs, la porte est cadenassée.

    — Beh non, m’sieur ! Marguerite et moi y sommes passés par hasard et le cadenas est par terre.

    — Mais il n’y a rien à y voler… n’est-ce pas chéri ?

    — En principe, il n’y a que des toiles d’araignée. J’ai projeté d’y mettre du bois pour la cheminée, mais ça m’est sorti de la tête.

    — J’te dis qu’il y a quelque chose, p’pa. Hervé a aussi entendu le murmure.

    — C’est vrai, m’sieur. Et ça vous fait dresser les cheveux sur la tête. Marguerite a voulu y descendre, mais je l’en ai empêché.

    — Mais cette chose a peut-être besoin d’aide, plaide ma fille.

    Se pourrait-il que ma petite fille puisse transmettre son monde virtuel à ce gamin ? Ils ont à peu près le même âge. Je ne pense pas que Marguerite cherche juste à attirer mon attention, elle est comblée, côté compagnons de jeu.

    — Très bien, on va voir, les enfants. Tu viens, Alicia ?

    — Non mon chéri, j’ai le dîner à préparer.

     

     

    A suivre

     

     

    RAHAR

     


     

     

    amiimaginaire.jpg

     

     

     

     

    Photos :

    www.obs-besancon.fr

    www.carevox.fr

    1ère photo : une météorite, mais ici, en était-ce une ?

    2ème photo : illustration pour un forum sur les amis imaginaires des enfants. On ne sait pas encore comment cette histoire va se terminer, mais cette petite fille pourrait être Marguerite dans son lit ... Qu'on soit rassuré si on veut continuer la lecture : à Marguerite il n'arrivera rien de fâcheux, même s'il s'en faut de peu ...

     

     

     


     



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  • Commentaires

    1
    Dimanche 25 Septembre 2011 à 11:37
    jill-bill.over-blog.

    Bonjour Lena, pas trop le temps de me consacrer à la lecture de Rahar, popote du dimanche oblige, je repasse ce soir !  Bizzz bon dim à toi 

    2
    Dimanche 25 Septembre 2011 à 13:15
    jill-bill.over-blog.

    Me voici reviendue entre la poire et le café !   Comment dire non à l'accès de la cour de récré à un conteur comme Rahar... n'est-ce pas Lena !!!  Marguerite... Entre rêve et réalité... j'ai hâte de savoir ce que la cave cache... ou non !  Merci vous deux pour cette histoire qui tient en haleine... Bizzz de jill   PS, oui étrange météorite !!!  Un Martien ivre ????? 

    3
    Dimanche 25 Septembre 2011 à 18:26
    Monelle

    J'aime bien ce papa attentionné mais voilà il y a encore du suspense..... quel est ddonc cet étrange visiteur ?? E.T. peut être ???

    Très bonne soirée - gros bisous

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    4
    Dimanche 25 Septembre 2011 à 21:06
    Lenaïg Boudig

    Coucou Rahar ! La suite, je la poste pour demain matin ! Cette histoire tient bien à la fois du conte de fée et d'un univers relevant de la "fantasy" (au sens américain) et de la science-fiction ! Elle m'a beaucoup plue. Quand tu l'as écrite au départ ta petite fille s'appelait Germaine et c'est en lisant nos Marguerite que tu as eu l'envie de l'appeler Marguerite ! Il restait un ou deux petits "Germaine" intempestifs dans le texte, j'espère les avoir tous effacés !

    Ce fut un plaisir de la lire, c'est un plaisir de préparer la mise en page de la suite ! Mille mercis à toi, bizzz !

    5
    Lundi 26 Septembre 2011 à 04:46
    Marie-Louve

    Serait-ce le retour de ET ou d'un autre de ses semblables sur cette étrange étoile filante tombée en ziz zaz ? On verra demain ces étranges mouvements dans la remise à charbon qui recevra du bois. Un plaisir à suivre.

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