• Habemus papam - Impressions à chaud de Lenaïg

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    Aller au cinéma ... Cela ne m'était pas arrivé depuis longtemps ! Bon, je présente la chose bizarrement, peut-être encore sous l'influence du film que je viens de voir ce matin (!) : cela ne vous tombe pas sur le coin de la figure ; si vous voulez prendre connaissance d'un film qui vient de sortir, il faut vous rendre au cinoche ! Seulement , ça coûte maintenant cher, comme tout !

     

    Je projetais vaguement de chercher quelle salle diffusait La piel que habito, d'Almodovar, mais, ce matin, en postant la page de Denis Costa (chapitre 17 de Une enquête du commissaire Rizzoli) et en choisissant le fond sonore, j'ai ressenti l'envie de choisir plutôt Habemus papam (nous avons un pape), de Nanni Moretti (lui aussi originaire du Haut Adige, comme Denis Costa et son personnage Guido Rizzoli - étonnant, non ?).

     

    Séance de 10 h 30 à MK2 Quai de Seine, non loin de chez moi, 6 euros la place, l'idéal ! J'ai longé le canal de l'Ourcq sous un soleil déjà éclatant, encore très agréable mais, lorsque j'ai émergé de la pénombre du cinéma, ce soleil, auquel je tournais le dos pour rentrer chez moi, me brûlait carrément le haut et le bas du dos à travers jean et chemisier !

     

    Toute petite file d'attente, pas mal de spectateurs, sauf les cinq premiers rangs devant l'écran complètement inoccupés.

    Alors, assez digressé, que j'en vienne à mes impressions sur le film.

     

    Je suis restée un peu sur ma faim à la fin, je suis obligée de l'avouer tout en me moquant de moi-même ! Qu'attendais-je, en

    fait ? D'entrevoir une étincelle divine au détour d'une scène (on ne sait jamais ...) ?

    Je n'ai pas lu ni entendu de critiques avant d'y aller. On m'a dit : ce doit  être encore un film où on se moque des curés !

    Eh bien, non, je n'ai pas vu les choses comme cela. On n'ignore pas que le Vatican n'est pas peuplé uniquement de personnages quasi angéliques ni de bisounours, mais dans le film, il n'y a pas non plus de figures destructrices, qui saperaient l'institution ...

     

    C'est beaucoup plus insidieux ! Mais "insidieux" ne correspond pas à ma vision, et je cherche un terme plus approprié, qui ne soit pas péjoratif ... Subtil ? Profond ? A aucun moment, la foi n'est mise en cause, du moins pas directement. Et il n'est point question du doute, des doutes qui assaillent tous ceux que la foi accompagne tous les jours ...

     

    Je ne voudrais pas déflorer le sujet pour ceux qui éprouveront l'envie d'aller découvrir par eux-mêmes ce que cache cette déclaration latine du titre, qui retentit après l'élection d'un nouveau pape, d'autres dans les media s'en chargeront pour moi ! Il y a toujours quelqu'un qui vend la mèche, non ? Je vais tâcher de ne pas le faire.

     

    Je me suis appliquée à comprendre l'italien, aidée bien sûr par les sous-titres et Michel Piccoli, qui incarne le nouveau pape, s'exprime dans cette langue qu'il doit connaître mais où perce des intonations françaises. Je l'ai ressenti par rapport aux autres personnages ; est-ce volontaire ou pas ? En tout cas, cela accentue bien la distance entre lui et tout son entourage à partir du moment où ... la bombe lui tombe dessus ! Il ne s'y attend pas, il ne figure pas dans les favoris et c'est lui qu'on finit par élire !

     

    Solitude écrasante, il en est abruti ! Il accepte, un peu mécaniquement, pour partir en courant, après l'annonce officielle que le nouveau pape va apparaître au balcon Place St Pierre faire sa première déclaration, se réfugier dans la grande salle du conclave désertée. Désarroi général : les trois hauts dignitaires se retirent alors du balcon en marche arrière, la fenêtre reste ouverte mais vide, du noir entre les grands rideaux balancés par le vent ! La foule innombrable sur la place, se tait, les petits drapeaux se baissent, les visages sont tendus et inquiets. Le Vatican s'en tire en faisant passer l'information que le nouveau pape veut être tout à fait prêt, qu'il a besoin de méditation avant de se faire connaître au Monde.

     

    Les spectateurs ont droit à de délicieux moments ; on rit, avant l'élection,  quand on entend tout haut certains cardinaux réunis en conclave (même les favoris) prier Dieu qu'ils ne soient pas élus et, une fois que le nouveau pape, dont le vrai nom est si peu prononcé que ... je l'ai oublié, a réussi son escapade, on rit aussi des subterfuges du dignitaire en charge pour faire croire que le pape occupe bien ses appartements : un garde suisse se voit attribuer le rôle d'ombre du pape, devant aller et venir en tenue blanche le soir d'une pièce allumée à l'autre, bouger les rideaux (un peu trop frénétiquement, d'ailleurs, détail désopilant), occuper les appartements de temps à autre dans la journée, en profitant pour écouter, fort, de la musique ou regarder la télé et, surtout, déguster de succulents petits déjeuners pour que le plateau papal redescende dégarni, preuve du bon appétit et de la santé du pape. On rit encore du match de volley organisé entre les cardinaux, qui n'ont toujours pas le droit de sortir, par le psychiatre réquisitionné, et du vent de folie joyeuse qui règne alors dans la cour aménagée pour la circonstance. Je ne sais pas pourquoi mais cela m'a rappelé la fantaisie des matches de quiddich au Collège Poudlar dans Harry Potter ! Atmosphère surréaliste ?

     

    Tout le jeu de Michel Piccoli est en retenue, à part plusieurs grands coups de colère qu'il pique contre ce qu'il considère comme une aberration ! On rit, encore une fois, lorsqu'une première séance de psychanalyse est organisée entre le professeur et le malheureux nouveau pape, assis l'un en face de l'autre, mais à portée de voix de tous les cardinaux groupés autour ! On rit des coupes sombres faites dans les questions permises au professeur : pas de questions sur le sexe, sur la mère, très peu sur l'enfance ... On rit de ce qu'on voit mais on se dit que l'aide tant demandée par le pape ne peut lui parvenir que difficilement !

     

    Qu'arrive-t-il à ce nouveau pape de spécial, qui fait qu'il tarde à prendre ses fonctions ? Un cri récurrent s'échappe de ses lèvres : aiutami ! aidez-moi ! Il l'adresse à la cantonnade aux cardinaux, qui ne savent que lui répondre sauf que tout va bien aller, à son "aide de camp" qui pourtant déploie des trésors de sollicitude pour le rassurer (au point de commettre une énorme imprudence), il l'adresse à Dieu ... Il l'adresse aussi, une fois qu'il s'est échappé, en civil, inconnu, à des personnes qu'il rencontre au dehors, chez qui il trouve un écho et de l'aide concrète ...  Son problème, c'est qu'il sent, qu'il pense qu'il n'est pas à sa place, qu'il n'a pas les capacités requises et ... Dieu sait s'il réfléchit, il ne fait que cela !

     

    C'était donc très original ! Mais si on s'attend à voir un film satirique ou démolisseur, on se fourvoiera ! Pour moi, c'est du comique où la légèreté aide à vaincre le désarroi. Il m'est arrivé à moi aussi de douter de mes capacités, à tort parfois certainement, ou d'avoir l'impression de ne pas me trouver au bon endroit au bon moment ... Curieusement, j'ai revécu des bouts de vie personnelles !

     

    Comment s'achève la réflexion du nouveau pape, que contient sa déclaration tant attendue quand, enfin, il regagne le Vatican ? Je ne peux pas le révéler, pour la raison que j'ai indiquée plus haut ! Pourquoi ai-je avoué, plus haut également, que le film m'avait laissée sur ma faim ? Parce que les questions restent bien plus importantes que la réponse, ou les réponses ! En même temps, j'aime bien les questions qui en appellent d'autres !

     

     

    Lenaïg

     

     


     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 10 Septembre 2011 à 19:21
    m'annette

    ouh la la! quel résumé!!

    moi, qui suis athée, je t'avoue n'avoir même pas lu le résumé!

    Mais ton récit truculent m'inciterait à revoir ma décision...

    Quant aux questions sans réponse, ma pov'dame, je crois bien que c'est le propre de la vie...

    Merci pour ce savoureux partage!

    bises

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    2
    Samedi 10 Septembre 2011 à 19:24
    Qu'importe

    Pour avoir eu le bonheur dans mes jeunes années de pouvoir jouer au foot avec les soeurs Clarisse de ma ville, j'ai reconnu là un pan de mes souvenirs, dire ensuite qu'effectivement la tâche est lourde à porter, qui peut se prévaloir d'être le  chef des chrétiens sans avoir de doutes, d'envie de désertion? Le propre de l'homme est de douter, juste intermédiaire entre nous pauvres humains et la parole divine comment ne pas avoir peur? J'irais peut-être le voir, tu m'en as donné envie, merci Lenaïg.

    Au fait je ne signe plus le 19 Sept mais le 24! Bises et bonne soirée.

    3
    Dimanche 11 Septembre 2011 à 16:26
    mireille

    Bonjour Lénaïg, j'ai lu ton billet avec beaucoup d'attention. je n'avais pas l'intention d'aller voir ce film et puis voilà que tu as éveillé ma curiosité ! Je pense que je ferai ça un des soirs de la semaine. Bises. Mireille

    4
    Mercredi 14 Septembre 2011 à 05:39
    Marie-Louve

    Lecture très intéressante. En mode ludique pour moi. Je me jouais les scènes décrites comme dans un théâtre de guignols, mais un théâtre qui met en action le ridicule de nos propres perceptions et celles des autres. J'imagine facilement que j'aurais aimé voir ce film.

    5
    jill bill
    Vendredi 6 Juillet 2012 à 08:41
    jill bill

    Bonjour Lenaïg !  Cent kilomètres aller retour pour en trouver un par chez moi, je ne vais que peu souvent au cinéma, juste pour voir un ou deux dessins animés avec les petits-enfants !  Picoli à une bonne tête de pape en tous cas... en tous cas très original oui à lire tes impressions !  Merci à toi, la bonne semaine sur OB  Bizzzzzz  

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