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    Dessins empruntés au site : grece-antique.fr
    Le Mythe de la caverne, rédigé par Jean-Louis.



    Philosopher, est-ce s'engager ?

    La question faisait l'objet du débat d'un Café philo exceptionnel, celui qui se tient au restaurant Le Picardie, à Ivry sur Seine et dont c'était ce jour-là le dixième anniversaire. Avant de s'y rendre, l'amalgameuse que je suis avait cogité !

    A événement exceptionnel, invité exceptionnel : M. Christian Godin, auteur de La Philosophie pour les nuls, entre autres.


    Mes profs du secondaire, que je voudrais remercier ici car ils m'ont marquée, celui de philo en terminale littéraire bien sûr, celui d'anglais, celui d'histoire et géographie aussi (je me souviens encore du prof d'histoire géo nous faisant un cours sur la Bourse, lui qu'on savait "marxiste"), que nous avons eu la chance d'avoir plusieurs années de suite, mes profs du secondaire (tous d'ailleurs, ainsi que ceux que j'ai connus après) m'ont ancrée dans l'idée que tout le monde fait de la philosophie sans forcément le savoir, comme tout le monde fait de la politique sans le savoir, de même que M. Jourdain chez Molière faisait de la prose sans le savoir.


    Oui, après tout, même la politique ou la philosophie de comptoir, c'est-à-dire les discussions quelquefois passionnées dans les bistros, apportent leur pierre, et pas seulement leur bière, à l'édifice des idées ! On remue des poncifs, on s'obstine dans ses prises de position, on s'affronte aux autres si ce qu'ils disent nous indigne, on parle de grands sujets de tous les temps comme des sujets d'actualité ou des faits divers, on s'informe du choix de vote que les autres ont fait si on est assez familier avec eux …


    On peut se laisser convaincre si les arguments des autres sont solides, on arrive à gagner d'autres à sa propre façon de penser si on a beaucoup réfléchi sur un sujet et qu'on est, du coup, convainquant soi-même. J'ai mis "de comptoir" ? Je ne suis pas une aficionada des cafés, bistros, restaurants, en fait, déjà mes moyens ne me permettraient pas d'y passer mon temps, alors il faut que je précise qu'une simple discussion dans l'intimité entre deux conjoints, en famille, entre amis doit être englobée dans cette très simple définition de philosophie de comptoir, pour moi du moins.


    Commençant à être habituée à ces débats au Picardie, je m'imaginait d'avance Edith et Gunther animant les débats.

    Je pensais qu'Edith commencerait par effectuer la distinction entre PHILOSOPHER d'une part, S'ENGAGER d'autre part.

    Alors je me suis mise à écrire, et il faut lire ce que je mets avec sourire et indulgence (si possible) que PHILOSOPHER, c'est un travail à plein temps autant qu'une façon de vivre, comme l'ont prouvé les grands philosophes de l'antiquité, Socrate, Platon, Diogène, pour ne citer que ceux qui me viennent immédiatement à l'esprit. Allez, un tout petit effort pour en citer d'autres : Pascal, Descartes, Rabelais, Thomas More, Jonathan Swift, Voltaire, George Sand, Proudhon, Sartre, Simone de Beauvoir, Albert Camus, Antoine de St Exupéry et son étonnant Petit Prince (quant on pense à l'aviateur viril et aventurier qu'il était), James Joyce, Katherine Mansfield, Paolo Coelho, Emmanuel Schmitt, Catherine Clément, Georges Brassens, Colette Magny …

    Je m'arrête là. Quoi ? Ce ne sont pas tous des philosophes ? Ah pour moi si, puisqu'ils ont guidé et orienté ma pensée … Et tous ceux auxquels je ne pense pas maintenant et qui ont également contribué à me façonner l'esprit ! C'est réfléchir sur l'humanité, sur la vie et la mort, c'est passer en revue les systèmes politiques et religieux des sociétés, c'est chercher des moyens de les améliorer, c'est souligner des dysfonctionnements, c'est suggérer d'autres pistes pour un nouveau monde, appeler à la création d'autres valeurs si l'examen de celles en place n'est pas satisfaisant. Je dis ce qui me vient, sans préméditation. Bon, tout ceci ne sort que de ma plume, évidemment, ce n'est pas Edith qui me dicte ces propos, même si j'ai la prétention de croire que j'ai retiré de l'écoute de ses développements un petit peu de rigueur et de méthode dans mon raisonnement ! Il faut me laisser mes illusions …

    Quant à Gunther, j'admire sa façon de faire le lien entre toutes les idées qui fusent dans le débat, tout en exprimant les siennes. Moi aussi, j'ai la furieuse manie de chercher une unité dans ce qui m'entoure et, tiens, j'aime beaucoup l'humanisme de Jules Romains, pour moi un philosophe de plus ! Une recherche de l'harmonie cachée, ou non évidente, peut-être ma façon de me rapprocher le plus du concept divin, sur lequel je m'interroge sans fin et auquel je ne veux pas renoncer. Ceci me fait penser à Michel Onfray (conseillé par un ami de plume) et à Slavoj Cicek (conseillé par Gunther), que j'ai commencés à lire, mais je dois m'accrocher ! Leurs idées d'appliquer au monde actuel l'enseignement du christianisme du tout début, sans forcément être croyants, sont très intéressantes. Pour conclure ce chapitre sur ce qu'est PHILOSOPHER, je résume en quelques mots : c'est faire avancer les idées.

    Que veut dire S'ENGAGER, maintenant ? Ne pas rester tourner en rond dans son coin, ne pas rester figé dans des certitudes et des idées reçues, alors que toutes les idées du passé sont constamment remises en question, sans pour autant être abandonnées, mais remuées, agitées dans le grand chaudron de la pensée. Serrer au plus près la sincérité, l'intérêt pour les autres, aider les autres. Repousser les opinions qu'on sait ou qu'on devine inspirées par des intérêts égoïstes et nocifs à l'avenir de l'humanité. Ne pas adopter les prises de position dominantes sous prétexte que c'est plus confortable que d'autres pensent pour soi.

    Continuer à faire confiance aux découvertes scientifiques, à condition d'avoir compris que ces découvertes et les conclusions tirées pourront à nouveau être remises en question par de nouvelles découvertes. Ne pas continuer à croire que l'homme descend du singe, par exemple, ou s'insurger bêtement contre ce fait, se rappeler qu'on en est à l'idée que l'homme ne descend pas du singe, mais que le singe est plutôt notre cousin, que nous aurions un ancêtre commun (ou plusieurs !). Veiller à ce que des mouvements religieux n'entravent pas l'avancée des nouvelles idées. S'insurger contre la persistance ou le retour de l'obscurantisme dans le monde. S'engager, c'est-ce que font tous les penseurs grands ou anonymes, qu'ils aient fait ou pas de la philosophie leur métier ! Venir animer des débats philosophiques bénévolement, venir y assister dans la volonté d'en ressortir plus éclairés, plus forts pour affronter l'adversité, je crois bien que c'est cela s'engager.


    Maintenant je repense à Emmanuel Kant, qui, lui aussi, philosophait comme il respirait. Pour le comprendre, il m'a fallu les commentaires détaillés du prof de philo de terminale. J'ai eu l'occasion de lire un long texte écrit par le Pape Benoît XVI et j'ai éprouvé l'impression que je me trouvais à nouveau devant un texte de Kant. Au fond, à mon niveau, ce n'est pas étonnant : j'y ai discerné une pensée allemande un peu similaire, très très élevée dans les hautes sphères de la pensée, bien loin du commun des mortels. Comme pour certains politiques, planer si haut vous rend hors d'atteinte du simple mortel, je dirais et si on pousse le bouchon plus loin, vous empêche de voir les réalités en face. Notre Pape actuel est un pur intellectuel, c'est à ses évêques et ses cardinaux, à ses prêtres et ses moines, ses bonnes sœurs, ses diacres sur le terrain de faire le tri des idées qu'il exprime, de prendre des décisions radicales voire contraire aux déclarations papales.

    Pour que la jonction soit réalisée entre la philosophie et l'engagement, il serait peut-être bon de savoir naviguer dans les pensées les plus abstraites, les plus hermétiques, en créer soi-même éventuellement mais rester tout le temps en prise directe avec la rue, l'épicier, le supermarché, savoir que les producteurs de lait sont sous-payés et ne font plus leur beurre alors que les produits laitiers sont de plus en plus chers (mais quel est-ce mystère ?), connaître le prix exact de la baguette de pain, faire la tournée du 115 pour dialoguer avec les SDF, aller voir les ouvriers en instance de licenciement ; ce peut être aussi se rendre avec courage dans des états en guerre pour se rendre compte de la situation et combattre cela par les idées … La jonction entre philosopher et s'engager peut consister à faire de nombreux allers retours entre le concret et l'abstrait, à vivre et écrire aussi !

    Lenaïg - Cogitation du printemps 2009 !



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  • Couverture Haus Toller

     

    Mes impressions un mois après la lecture et sans avoir encore rouvert l'ouvrage.

     

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    "Haus Toller" brosse le tableau de la tragédie des habitants d'une région centrale de l'Europe bien précise, le Trentin, en imbriquant des témoignages vécus et écrits d'une famille chère à Denis Costa et les reconstitutions personnelles de l'auteur, depuis l'invasion napoléonienne jusqu'à la seconde guerre mondiale.

    La lecture des épisodes successifs nous apprend à quel point la carte de l'Europe se dessine et se redessine au détriment des habitants de la région. J'ai toujours senti les frontières comme des absurdités et une telle tragédie ne fait que me conforter dans ma conviction.

    La première histoire, je la connaissais pour l'avoir découverte sur le site de Lgdm. Mon impression à sa redécouverte est restée aussi poignante. Cette histoire authentique fait l'effet d'un conte cruel, du fait que le grognard à la tête de la soldatesque napoléonienne envahisseuse et donc ennemie nous est présenté de l'intérieur, comme un humain loin de sa famille, normande, qui est évoquée et comme un chef sachant contenir les pulsions et les excès des hommes sous ses ordres.

    Nous sommes loin du tableau de Goya, Les fusillés du 3 Mai, où l'on voit un groupe compact, sombre, de soldats napoléoniens, de trois quarts, donc sans visages, s'apprêtant à tirer sur un Espagnol, l'air halluciné, les bras en croix. La différence de point de vue n'enlève rien à la puissance dénonciatrice du tableau de Goya.

    Mais le récit de Denis Costa est tout aussi puissant par le paradoxe de cette histoire vraie dont la fin apporte quelque chose d'irréel et de fantastique, où la mort est au bout du chemin, tapie dans le brouillard et l'inconnu. Je n'en dirai pas plus pour ne rien dévoiler, sauf pour mentionner l'héroïne, décrite tout en retenue et dont l'hésitation à un moment crucial fait comprendre sobrement son déchirement intérieur.

    Dans les histoires suivantes, je dirai que cela ne semble pas essentiel aux habitants malmenés et déplacés d'être autrichiens ou italiens, sauf tout de même pour des jeunes gens qui prennent parti et s'engagent politiquement comme les résistants de tous temps. Ce qui compte pour eux, ce sont leurs maisons, leur bétail, leur village, leur voisinage.

    Ce qui les fait tenir dans leur camp d'internement, c'est l'espoir de revoir un jour leur milieu familier. Je comprends bien que l'horreur des situations ne soit pas décrite de façon grandiloquente : quand on est en train de vivre les événements, ou plutôt qu'on est mobilisé pour survivre, on ne s'appesantit pas sur le caractère atroce de ce qui arrive. Surtout qu'on ignore de quoi le lendemain sera fait ; ce n'est qu'une fois sorti d'affaire qu'on mesure les dégâts, comme on a peur seulement après un danger et une émotion intenses.

    Un exemple de cette sobriété de ton : nous étions trop fatigués la nuit pour chasser les rats qui nous couraient dessus ; ce n'est pas une citation, je fais appel à ma mémoire.

    Au passage, l'épisode du très jeune homme dont la lingère du camp d'internement fait l'éducation sexuelle rappelle un peu les thèmes du premier ouvrage de Denis Costa : on retrouve en souriant les hésitations, les emportements et la honte mêlées de Tommy !

    Je peux souligner aussi l'alternance originale du "je" et du "il" au fil des histoires, les extraits de journaux personnels et les reconstitutions effectuées par l'auteur aboutissant à un ensemble intéressant.

    J'ai donc lu le nouvel ouvrage de Denis Costa il y a environ un mois et je jette ici mes impressions avant de le rouvrir à nouveau pour vérifier si je ne me trompe pas et approfondir certains points. Je m'en vais maintenant lire le compte-rendu de Menfou, que j'imagine plus rigoureux et plus documenté. Ceci te permettra, Denis, d'avoir ainsi deux sons de cloches !

    Bravo encore et toute mon amitié.

    LBK, Léna

    12 janvier 2010
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    Ce commentaire est d'abord paru dans Le Plum'Art, aujourd'hui fermé. La raison de la fermeture, je ne la connais pas mais je ne crois pas à une fermeture définitive ! Il renaîtra ! Les lurons et luronnes du Plum' se manifestent déjà de diverses façons, sur leurs blogs respectifs. Le fantôme Slévich s'est rematérialisé, Picoti a créé L'écritoire, Tof' a toujours son blog, "Menfou" Lucide aussi, Maria des Faïences a le sien depuis longtemps, de même que Cally, etc etc !


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  • Le 28 mai 2008

    Sommes-nous devenus INUTILES ? Ce sera la question à laquelle il faudra tenter de répondre au Café Philo d’Ivry de vendredi. Je n’y participerai pas cette fois, donc je pourrais ne pas me la poser, et m’en laver les mains, comme Ponce Pilate ! Mais elle est écrite dans ma tête et je sens que, comme elle ne s’en va pas, je vais pondre une réponse, même en méandres farfelus.

    Déjà, cela commence : l’image de Ponce Pilate flotte encore devant mes yeux. Ce dernier a peut-être été un peu mal jugé, c’est l’impression que j’en ai. En effet, il avait interrogé le trublion Jésus et, selon les réponses obtenues, il se grattait bien la tête et ne voyait pas ce qu’on reprochait à cet individu. « Mais cet homme n’a rien fait ! », c’était ce qu’il avait conclu et c’est-ce que j’ai retenu. Si mes souvenirs sont bons, Ponce Pilate venait d’être catapulté en Galilée, loin des siens. Il ne voulait pas contrarier les habitants du coin et il sentait la pression de Rome pour faire régner l’ordre, alors … il a laissé faire. Imaginons qu’il ait empêché la mise à mort de Jésus, mais je suis pas Dan Brown ! Alors, à mon avis (humble, je ne suis pas sûre de l’être ici !), son intervention aurait sans doute été INUTILE, ce n’aurait été que partie remise car : Jésus d’un côté dérangeait trop ; de l’autre côté, il semblait tellement convaincu qu’il devait mourir pour sauver l’humanité de ses pêchés qu’il serait allé tout seul au sacrifice.


    Ce n’étaient pas des temps marrants, la violence était brute, les corps des condamnés étaient exposés cloués en croix. Jésus au milieu de tout cela ne semblait pas très UTILE, il ne voulait pas faire de politique, il ne voulait pas se battre, il ne faisait que parler mais ses paroles captivaient les foules, il diffusait son message d’amour et de partage, grande nouveauté … En marge de ce message originel chrétien, dans un contexte non religieux, il m’a été suggéré de lire les écrits du philosophe « montant » slovène Slavoj Zizec et je vais m’y mettre car j’augure que je vais pouvoir creuser dans une matière intéressante !


    Mais, de fil en aiguille, je repense à l’entrée de Jésus dans Jérusalem avec ses disciples, où il savait ne pas être le bienvenu. Malgré l’horreur qui l’attendait, un épisode plutôt cocasse eut lieu. La prophétie disait que le sauveur ferait son entrée dans Jérusalem à dos d’âne. Or, Jésus et ses compagnons n’avaient pas d’âne sous la main. Ils sont tombés sur un brave paysan qui passait avec une ânesse et son petit. Le paysan ne voulait pas leur vendre son ânesse, elle lui était UTILE ! Il a fini par céder, on lui a acheté l’ânesse et … son petit (eh bien oui, ils n’auraient pas séparés les deux !). Jésus est donc monté sur l’ânesse et le petit suivait, ainsi que les disciples. J’espère que l’ânesse et son petit ont eu longue vie, ils la méritaient, pour avoir aidé Jésus à accomplir la tâche qu’il s’était imposée, menant au sacrifice UTILE à l’humanité.


    Tout ceci pour avouer que je ne m’en lave pas les mains. C’est une question qui trotte en permanence dans ma tête, comme chez tous les quinquas en recherche d’emploi. UTILE ? On peut l’être tant qu’on est valide, on peut faire du bénévolat. Je connais des retraités qui se dépensent sans compter. Mais il faut pour cela assurer ses arrières, sinon c’est du bénévolat des autres qu’on aura besoin ! Qu’ai-je vu défiler sur mon ordi, pour les offres d’emploi correspondant à mon « profil » ? Des emplois loin, très loin de chez moi. Mon profil a d’ailleurs été redéfini et en juin quelque chose se passera. Mais ici, je me sens UTILE, je compte pour mes proches, je me suis assez expatriée sans hésiter dans ma vie comme cela, maintenant je n’hésite pas, je ne veux pas ! Mes proches sont tout pour moi aussi, le temps est compté, donc je resterai là et … cela viendra.


    UTILES ? Les Cafés Philo, les Débats d’idées le sont sans conteste pour moi. Utiles à la pensée pour lui éviter de tourner en rond. Les animateurs le font bénévolement, justement. Le doute doit les prendre sûrement, et la lassitude quelquefois. L’engouement du début semble se tasser, les participants ne venant pas aussi nombreux qu’au début. Dommage si cette tendance s’accentue, la philosophie n’est pas une mode, pour ensuite passer à autre chose ! Elle permet de faire le point sur soi, sur la société, sur l’humanité, sur le monde entier, de relativiser les « egos », de voir ce qui ne va pas dans notre course effrénée à la technologie et à l’argent artificiel, d’empêcher le chacun pour soi, de corriger les tirs sans utiliser d’armes destructrices, de favoriser les échanges, de réunir le virtuel et le réel !


    Ma conclusion bête et pas méchante est qu’il ne faut pas se poser la question ! Quand je mets « faux », j’ai d’ailleurs dans la tête une phrase de mon prof de philo de terminale, qui nous corrigeait toujours quand nous disions : «  il faut penser ceci, ou cela … » « Non, il ne « faut » pas », intervenait-il, « quand on exprime une idée de « devoir », on tombe dans l’éthique, ou la morale, restons en philosophie ! Alors, je vais corriger : ma conclusion est que la question ne se pose pas ! On a besoin de moi comme j’ai besoin des autres, cela me suffira ! Quant à savoir si l’humanité, l’espèce humaine tout entière, est utile, elle est simplement là ; pour son utilité, l’avenir tranchera !

    Lenaïg


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  • Voici des questions, auxquelles j'apporte -ou non- mes réponses persos accompagnées de quelques digressions, en proposant aux lecteurs de les remplacer par les leurs.


    1) Pourquoi convient-il de ne compter qu’un nombre impair de roses (5, 7, etc) quand on veut offrir des fleurs ou confectionner un bouquet ?

    2) Préférez-vous les fleurs dans les jardins et les champs aux fleurs coupées en vase dans les salons ?

    3) En a-t-on fini avec la symbolique rigide des couleurs, la convenance de ne pas offrir de fleurs jaunes, sauf si on ne souhaite pas de bien à la personne à qui on les offre (“je ne vous aime pas” les fait-on dire à ce moment-là, non ?) ?

    4) Aimez-vous les fleurs, les plantes et les feuillages artificiels ?
    ***


    1) Je n’ai pas de réponse personnelle à cette question. Ma mère, interrogée, m’affirme que composer un bouquet est beaucoup plus facile si les fleurs sont en nombre impair, sauf si les fleurs du bouquet sont si nombreuses qu'on ne les compte plus !


    2) Mon cousin Hervé a toujours été réticent à couper les fleurs de son jardin. Il trouvait que leur place était ... sur place ! Pourtant, mon cousin Hervé a souvent offert de magnifiques bouquets de fleuriste à sa mère et ... à la mienne (entre autres) !


    Puisque je mentionne mon cousin Hervé, sur son bateau j’ai fait de merveilleuses mini croisières dans la Rade et le long de l’Aulne ... Mon cousin Hervé, météorologue, a bourlingué partout dans le monde avant de prendre sa retraite et il a des histoires passionnantes à raconter. Mon cousin Hervé était appelé Youssef quand il vivait en Afrique du Nord ; là-bas il avait un chien, qui l'a accompagné en France quand il est rentré, avant d'être nommé … en Guyane …


    Mon père, lui, cultivait des fleurs pour le plaisir de ma mère ! Mais il laissait ma mère venir les cueillir et faire ses bouquets. Je crois l’avoir entendu dire aussi qu’il les préférait ... en terre ! Camélias, jonquilles, narcisses, lys, ancolies, dahlias éclatants se succédaient dans le salon et la cuisine ... Et le muguet ! Les anciens propriétaires étaient des communistes convaincus et nous avions hérité d’un riche carré de terre consacré au muguet ...

    Mais quelquefois, il était nécessaire de couper des fleurs dans le jardin familial, ne serait-ce que les camélias trop haut perchés dans leur arbre. Alors, mon père, qui était grand, tapait au carreau du salon donnant sur le jardin ; on apercevait plusieurs fleurs s’agiter joyeusement ; Maman allait ouvrir la fenêtre ; sous les fleurs, elle découvrait Papa souriant !


    Mon père n’est plus là ; le jardin est loin d’être à l’abandon, car ma mère fait venir un jardinier de métier, qui lui a d’ailleurs dit qu’il aimait beaucoup travailler ce jardin ; mais il ne peut venir que de temps en temps, Maman n’y connaît rien au jardinage, les escargots et les limaces font la fête en liberté et la floraison n’est plus ce qu’elle était ...


    N’empêche que des petites merveilles éclosent dans ce jardin et, hier, sous un ciel tout gris, pluie annoncée, dans un début de tempête, ma mère a opéré UN SAUVETAGE in extremis, celui d’une tige de lys secouée par le vent, toute penchée, prête à casser ...


    Ce matin, outre les trois fleurs de lys d’un rose délicat déjà sur la branche hier, le salon de ma mère s’enorgueillit d’une quatrième qui s’est ouverte ! Deux autres boutons prêts à éclore ont été repérés ...


    3) En ce qui concerne les fleurs jaunes, ma mère et moi apprécions beaucoup les roses de cette couleur, notamment. Et moi, quand j’étais petite, j’avais une fascination pour les pissenlits, je l’ai déjà écrit ici ! Quand nous roulions dans la traction et que je criais “F’eur !”, mon père s’arrêtait sur le bord de la route pour aller me cueillir l’objet de mon désir et on ne m’entendait plus du reste du trajet ...


    4) Chez moi, j’ai comme compagnons végétaux des petits cactus cierge, qui absorbent les ondes néfastes dégagées par les appareils électroniques, cinq bambous qui ont l’air de se plaire et un petit cactus de Noël offert lors d’un repas d’entreprise ... Le cactus de Noël était couvert de fleurs rouges au début, depuis il m’en fait de très jolies, mais roses ... Mes plantes ne reçoivent de soleil direct qu’à partir de 16 h00 environ et, pour beaucoup de variétés, ce n’est pas assez ...


    Alors, les plantes artificielles sont arrivées à la rescousse. Le bruissement des feuilles réelles des arbres, que j’entends par ma fenêtre ouverte, m’a toujours galvanisée, autant que le parfum de la fougère et des pins maritimes, autant que le ressac sur les côtes ... Eh bien, mon lierre artificiel citadin agité par un courant d'air ou quand on le frôle en passant me fait le même effet !

    Créer des bouquets est un art, même une passion. Quelqu’un nous la ferait-il partager ?

     

     


    La branche de lys sauvée



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  • Et aussi : Mille milliards de mille sabords ! Tonnerre de Brest !

    Ces fameux jurons du Capitaine Haddock n'ont laissé personne indifférent, contribuant au succès des albums de Tintin, tout comme le chien Milou, que l'éternel jeune reporter emmenait partout, le petit veinard ! Même jusqu'en Ecosse, faisant fi de la quarantaine imposée à l'époque aux animaux entrant au Royaume-Uni. C'est qu'on n'est pas îlien pour rien, on a une mentalité particulière quand on est né et qu'on réside sur une île : méfiance et distance envers le continent, crainte des invasions, aussi bien humaines que de canidés enragés ou de lapins zélés reproducteurs … ah ouais ? Mais d'où nous est venue la vache folle ? Et une alerte de porc à la dioxine très récemment ? Cette dernière venait d'Irlande, je crois. Mais je les aime bien quand même, ces Anglo-saxons et ces Celtes d'outre-Manche et de toute façon, il faut faire attention à ce qu'on met dans nos assiettes, mais ne pas trop réfléchir non plus, sinon on n'aurait plus qu'à repartir chasser, pêcher du poisson, cultiver nos propres légumes, élever nos propres poules, activités très prenantes difficiles à réaliser quand on est en ville …


    Ce Milou, tiens, l'ami Chveïk (Slévich), dans son étourdissante pièce de théâtre "Hot Dog & Kick Kat – Saynète Versifiée" ne l'a pas fait apparaître … Il est attachant, ce chien de Tintin qui parle dans les histoires, il a ses propres bulles ! L'originalité d'Hergé à ce sujet, c'est que ni Tintin ni les autres personnages ne l'entendent mais nous, lecteurs, si ! C'est nous qui nous trouvons projetés dans la quatrième dimension et partageons le secret de Milou. Quel bel os à ronger !


    A moi d'en prendre de la graine pour donner une suite aux aventures de mon Chien Incertain. Je voudrais que Zigue, maintenant qu'il est entré en contact avec le Chat d'en face, parvienne à faire comprendre à son maître qu'il n'est pas seulement instinctif et affectueux, qu'il est également doté de conscience et d'une pensée évolutive … Je serai taxée d'anthropomorphisme ? Pas dans la fiction, quand même ! Zigue n'est que le frère de Milou, Gai Luron, Rantanplan, Idéfix, de tous ceux que Chveïk a ou n'a pas cités. Une chose est déjà sûre, Zigue ne s'exprimera pas en alexandrins classiques, car c'est moi son deus ex machina et je ne suis pas calée en tragédie antique ni en poésie du genre rigoureux et impitoyable du sonnet (j'entends encore claquer le fouet virtuel des corrections de rimes incomplètes ou mal croisées et je sais qu'il me reste à en rectifier un rétif sur l'une de mes pages !). Si je commets un nouvel épisode des pensées du Chien Zigue, ce sera en somme la revanche de Milou !

    Rien que ça, comme on dit en français parlé ? J'ai du boulot …


    Et le Tonnerre de Brest ? Il n'a rien à voir avec la foudre ni les éclairs. Non, le bagne de Brest se situait sur la rive droite de la Penfeld, en plein quartier de Recouvrance, non loin du pont du même nom. Il arrivait que des prisonniers s'en évadassent (oh, pas beau l'imparfait du subjonctif, on va garder le présent : s'en évadent !). On faisait alors donner le canon pour prévenir la population que ces individus dangereux vadrouillaient dans la région. Ce canon, qui faisait trembler les braves gens, était baptisé Le Tonnerre de Brest.


    Adoncques, "Anachorète !" "Anacoluthe ! " figurent en bonne place dans le riche répertoire de jurons du Capitaine.

    L'anachorète, j'avais une vague idée de ce que c'était. Si on veut le rencontrer sur le site, il faut aller lire Chveïk, il y est ! J'imaginais un ermite, un humain vraiment isolé de tout et de tout le monde. C'est cela, en y ajoutant une dimension religieuse. L'opposé, m'ont soufflé les hommes de ma famille autour de la table dominicale, c'est le … "xénobite", heu le … "zénobite" ! Ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord. Le "dico" a tranché : le cénobite ! Lui aussi est un religieux, qui met un point d'honneur à vivre en communauté, mais une communauté de religieux comme lui. Est-ce que ces deux sortes d'"énergumènes" se livrent au prosélytisme ?

    Comme les chrétiens mormons, que dans ma jeunesse je voyais sillonner les villes deux par deux à bicyclette en costume foncé et cravate, comme les Témoins de Jéhovah ? Comme l'effrayante pieuvre de Ron Hubbard, la Scientologie. Comme Opus Dei ? Eux aussi sont suspects et semblent se comporter comme une secte, tout en restant intégrés à l'Eglise catholique …


    Je pose la question : l'Abbé Pierre, Sœur Emmanuelle, le prêtre Guy Gilbert (que j'ai croisé dans mon quartier autrefois), le jeune "trader" boursier devenu moine peuvent-ils se ranger dans la catégorie des cénobites ? Là, Dominique pourrait nous éclairer …


    Quant aux anachorètes, je n'en connais pas de célèbres. Jean Baptiste, qui se retirait dans le désert, vêtu exclusivement de peau de chameau et ne se nourrissant que de sauterelles, pour prier, pour être plus près de Dieu, se tenant sur un pied comme un échassier peut-il être défini (entre autres caractéristiques) comme un anachorète ? En réfléchissant, je ne crois pas, s'il en avait été un, il n'aurait pas laissé les foules venir autour de lui pour l'entendre prêcher la bonne parole, il n'aurait pas baptisé Jésus et, comble de l'horreur, Salomé ne serait pas tombée amoureuse de lui, d'une passion non partagée, ce qui a valu à Jean Baptiste de finir la tête tranchée, posée en cadeau sur un plateau …


    Que je n'oublie pas l'anacoluthe, surtout ! Là, je viens de découvrir la signification du mot.

    Ce que je pensais être une incorrection, du style de ce qu'on entend quelquefois sur les répondeurs téléphoniques :

    "Etant absents pour cause de voyage de noce, veuillez laisser un message et vos coordonnées",

    n'en est peut-être pas, finalement, d'incorrection !


    Ben oui, quoi, moi sur mes bonnes grosses bases de grammaire simples mais solides, je considère cette phrase comme une erreur, le sujet de la proposition principale n'étant pas le même que celui de la proposition subordonnée !

    Ah ah, pas si simple, puisque ma recherche sur le net m'a mise nez à nez avec ces vers de Baudelaire :

    « Exilé sur le sol au milieu des huées /
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »

    (Baudelaire, « L'Albatros » dans Les Fleurs du Mal).


    Cette façon de s'exprimer est donc une figure de style, qui dissimule dans son bec des non-dits et des sous-entendus, que les lecteurs, ou les auditeurs sont supposés trouver tout seuls ! Mais chez Baudelaire, l'albatros, même s'il n'est pas sujet de la proposition principale, est bien présent, ses ailes sont le sujet mais c'est lui que ses ailes "empêchent de marcher" …


    Alors, pour que le message téléphonique que j'ai créé plus haut soit correct et devienne à son tour une figure de style, une anacoluthe, il doit falloir transformer un peu la phrase :

    "Etant absents pour cause de voyage de noce, veuillez nous laisser un message et vos coordonnées, nous nous ferons un plaisir de vous rappeler".


    Peut-être que ce message restera sans suite, d'ailleurs, si le voyage de noce ne s'est pas bien passé et qu'ils n'ont pas envie de rappeler. Peut-être qu'il ne faut pas faire une telle confidence, des fois que des cambrioleurs potentiels soient au bout du fil. Mais je garderai l'idée du voyage de noce car, par association d'idées, ma pensée s'évade et je suis en train de me choisir une île pour aller y rêver, dans les bras de Morphée.


    Note concernant le Tonnerre de Brest :
    Lu dans "Détours en France, Bretagne, spécial Brest" de juin 2009

    "A quoi l'interjection de prédilection du capitaine Haddock dans les aventures de Tintin fait-elle référence ? Aux coups du canon -chargé à blanc- qui annonçaient chaque jour l'ouverture (à 6 heures tapantes) et la fermeture (à 19 heures précises) de l'arsenal. A ne pas associer avec le canon du bagne dont le tir signalait à la population l'évasion d'un forçat.
    Le "tonnerre de Brest" s'est tu à la fin du XIXe siècle. Il ne retentit plus qu'à l'occasion de la Fête nationale."


    Réflexion à la suite de la note !
    Mais ... ce canon de l'arsenal ... devait être le même qui "sonnait" l'alerte pour les prisonniers évadés !
    Le bagne ne devait pas avoir de canon ...


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