• Horreur, malheur ! Les envahisseurs vont faire leur entrée. Moustiques tic tic, je vais bientôt être piquée. Il va falloir faire brûler les bougies à la citronnelle, vitres grand ouvertes. J’aurais bien mis des géranium à mon balcon, mais je n’ai pas de balcon. Quand je suis dans un wagon de métro, le moindre misérable moustique me détecte et, même s’il n’est pas dans le même wagon que le mien, il remontera toute la rame pour venir me trouver. Pas question d’être pieds nus dans des sandales ni jambes à l’air, je ne peux tout de même pas mettre un scaphandre.


    Moustique tic tic, c’était un jeu de l’Ours Castor avec son petit-fils, auquel j’ai quelquefois participé. C’est amusant, on se chatouille, on rigole à gorge déployée, en criant Moustique tic tic ! Petit Jean est grand maintenant, il ne trouve plus cela marrant. Mais ces moustiques étaient imaginaires et très sympathiques, tic tic !


    J’aime bien les animaux, les lions qui sont très câlins, vu de loin, ou bien les escargots très rigolos, les ours débonnaires, les chats et les renards malins, les lapins, les castors (oups, oui, heu, les castors qui me fascinent mais que je n’ai jamais vus et pourtant je veux parler d’eux …). Même les araignées je veux bien tolérer. Leur vue me fait frissonner mais si je les vois sur mon territoire, je les remets dehors en les coinçant dans un bocal.


    Les araignées ne m’ont jamais piquée (ou plutôt mordue !*), j’ai eu de la chance jusqu’à présent car, même par chez nous, on peut avoir droit à l’empreinte de leurs crochets avec une grosse cloque rouge autour. Ce doit être quand on leur a fait mal, car elles ne mangent pas d’humains quand elles ont faim, elles s’en prennent aux mouches, et aux moustiques tic tic. Un jour à la campagne, j’avais pris une douche et m’étais enveloppée dans un des peignoirs suspendus. Je me tenais devant la glace et mon regard fut soudain attiré par un trait noir qui dépassait dans le décolleté en V. J’allais y mettre la main, mais d’autres traits noirs ont émergé, puis une grosse araignée dans son entier. Ma Doué, quel cri j’ai poussé ! J’ai jeté le peignoir par terre avec l’araignée dessus. Une intervention extérieure très moqueuse a mis de l’ordre dans cette histoire. J’étais tellement terrorisée que je ne sais plus si l’araignée a été sauvée, ou si on l’a tuée. Pardon, Madame Araignée, qui ne m’aviez rien fait ! Vous étiez réfugiée dans le peignoir, vous vous êtes retrouvée coincée, vous vous êtes promenée sur ma peau mais vous ne m’avez pas piquée. Vous êtes juste sortie gentiment comme vous pouviez … Donc j’aime les animaux avec des préférences et des attirances mais pour les moustiques je suis sans pitié, je les tue !


    Quand je dors auprès de mon Ours Castor, des fois rode un moustique. Que croyez-vous qu’il se passe ? Le moustique me pique, l’Ours Castor n’a jamais rien. Il ne me croit pas durant la nuit, mais au matin il voit bien. Le plus fort, c’est que ces saloperies qui piquent après descentes en piquet sont des garces de femelles, les mâles ne piquent pas ! Alors là, pas de solidarité féminine entre elles et moi. Mais je vais parer à cela : un petit appareil électrique tic tic fera régner l’ordre chez moi, ha ha !


    Lenaïg

     

    Le 16 mai 2008

    Je dédie cette historiette à la jeune fille Edith et à sa Maman Marité, deux amies de Toulouse. Bonjour là-bas !

    Re-note ! * Les araignées ne piquent pas, elles mordent ! Je dois cette correction à la lecture de Marc Varin !


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  • Le petit récit qui précède, mon "Passage triomphal du Pont de Recouvrance" est un sourire qui n'enlève pas mon sentiment d'horreur et de tristesse devant la catastrophe d'Haïti. J'ai retrouvé ce petit récit manuscrit et le retaper m'a distraite un instant. Je l'avais fait paraître sur le site disparu et je me suis souvenue que l'épisode des mouettes, je l'avais rajouté au dernier moment, m'imaginant la scène comme une page de BD. Ce n'est pas tout à fait authentique, j'ai rassemblé plusieurs souvenirs (on peut me dire que pour un lecteur, cela n'a pas d'importance).

    Mais les visions terribles me restent devant les yeux et s'y ajoute l'inquiétude, plus personnelle, pour une personne de ma famille qui se trouvait sur place. Une information que cette personne figure parmi les rescapés est parvenue à la mère de celle-ci, sans plus de précisions. Depuis, silence.

    Là, personne n'a été épargné, ni les "grands" ni les "petits", des constructions qui semblaient solides se sont effondrées aussi facilement que les bidonvilles, à voir les images qui nous sont parvenues.

    Va-t-on crier au scandale si j'ose avoir une pensée pour ... le chat, compagnon de cette personne de ma famille, qui a fait le grand voyage de France jusqu'à là-bas, lui aussi ? J'espère que non, c'est aussi triste s'il a péri ou s'il a disparu, pour cette personne de ma famille.

    Il faut tâcher de se rassurer, se dire que les survivants sont nombreux, que s'ils sont portés disparus, c'est parce qu'ils ont fui le lieu du sinistre et que le nombre de disparus n'ira qu'en diminuant. Le problème -et la souffrance- de la faim va prendre une ampleur énorme. Souhaiter que les aides internationales arrivent le plus rapidement possible et en grand nombre et surtout que les secousses ne reprennent pas. Paroles banales, mais je n'en trouve pas d'autres. C'est l'incompréhension et l'inquiétude qui me font m'exprimer.

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  • Petit Elfe peint ... Petit Elfe découpe ...
    Papi regarde de loin. Quand c’est fini, il admire
    et il punaise les oeuvres dans son couloir.
    Papi aime son poussin, donc il dit que c’est bien,
    lui qui n’aime que Poussin ! (Nicolas).
    Papi ne comprend rien aux dessins de son poussin
    mais Papi est ... daltonien.
    Lénaïg, elle, est myope (entre autres défauts).
    Depuis qu’elle était toute petite (mais que c’est
    loin ...), elle s’émerveille quand éclate les couleurs,
    les fleurs dans la nature, les harmonies dans une pièce,
    les couvertures des beaux livres,
    les jeux d’ombre et de lumière,
    les reflets chatoyants de la mer.
    Les couleurs primaires et les autres, les seules
    qu’elle a toujours vues ... bien !
    Les contours et les formes, Lénaïg ne les perçoit
    qu’à travers des carreaux.
    Merci, lentilles et lunettes, braves bêtes !
    Les pastels de Petit Elfe poussin, Lénaïg les comprend,
    presque tous.
    Quand elle contemple sur le papier un beau ciel bleu nuancé
    et une grosse tache jaune dans le coin,
    même s’il pleut en vrai dehors,
    Lénaïg sait qu’elle est propulsée dans un été ... radieux.
    Lénaïg se jetterait bien dans la piscine toute ronde
    d’un autre dessin, vue d’en haut, comme d’un plongeoir !
    Petit Elfe sait comment il faut faire quand Papi a dit que
    c’était trop tôt pour installer la vraie piscine dans
    le vrai jardin. Il suffit d’en peindre une et ... comme
    on y est bien !
    Lénaïg a d’abord un problème avec
    “le dauphin mort vivant” ...
    La sérénité de Petit Elfe la rassure ... Le dauphin,
    il est mort parce qu’il a été tué, mais il est vivant,
    parce que c’est un dessin. On le voit échoué
    mais il restera à jamais, sur le dessin
    et notre imagination peut le faire revivre ...
    Alors, Lénaïg comprend, à sa façon,
    ce que Petit Elfe a exprimé, à la sienne.
    Petit Elfe a déjà saisi que la mort côtoie la vie, toujours ...

    Touche de fin : pourquoi Petit Elfe
    découpe-t-il certaines parties de ses dessins,
    en leur donnant des formes mystérieuses ?
    Ne cherche pas, Papi, c’est le jardin secret
    de Petit Elfe.



    Merveilleuse journée



    Di à gauche, Lenaïg à droite, Petit Elfe au milieu.
    On ne distingue pas bien Petit Elfe, on la confond avec l'arbuste derrière ?
    normal, Petit Elfe garde son secret. Ah si ! Petit Elfe est d'accord pour qu'on révèle qu'elle est une fille ...

    Petit Elfe voulait bien montrer son dragon qui avale le soleil, sa piscine vue d'en haut et son beau ciel d'été,
    mais là, c'est le blog qui ne sait pas les voir et n'a pas pu les copier ...

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  • Le 25 mai 2008.

    Souvenirs … de ma Tante Marie Marguerite, la sœur de mon Père, touchée par la terrible maladie d'Alzheimer
    et de ma Marraine, la sœur de ma Mère, à son tour prise dans la tourmente.


    Tante Mimi était en maison spécialisée, installée par les soins diligents et constants de ses enfants.

    Sa chambre était jolie, petits meubles personnels, tableaux, photos. Mes cousins de l’autre côté ont fait la même chose par la suite pour ma Marraine.

    Pour ma Tante Mimi, nous avons commencé à nous inquiéter quand nous l’avons vu noter et noter avec acharnement le plus de choses possibles, car elle oubliait tout. Puis elle s’énervait, avait des accès de colère, nous ne l’avions jamais connue comme cela avant. Ma Marraine, elle, un jour au téléphone, m’avait questionnée quand je l’avais appelée.

    «  - Bonjour Marraine ! »

    «  - Marraine ??? Mais, qui est à l’appareil ? »


    Cela fait mal mais on n’y peut rien. Les « Alzheimer » perdent pied avec la réalité, les connexions mentales lâchent les unes après les autres, ils oublient les noms d’abord, les personnes ensuite, ils n’ont plus le sens de l’orientation. Ils atteignent la déchéance physique. Imaginons leur désarroi quand, au milieu de leur appartement, par exemple, ils ne « connaissent » plus le chemin des toilettes … On aura peut-être remarqué que j’attache beaucoup d’importance au sens de l’orientation (clin d’œil au Canard de Tof’, qui roupille dans son coin ; peut-être l’histoire est-elle finie ?), c’est que je redoute de le perdre un jour moi aussi, le sens de l’orientation ! Peut-être me retrouverai-je un jour dans la rue, laissant la porte de mon appartement grand ouverte, en chemise de nuit, après être allée chercher mon pain ou mon journal, sans me rappeler du code pour rentrer chez moi ? Peut-être mettrai-je aussi mon courrier dans le congélateur ? Marraine le faisait, « Jean de la Lune » mon cousin le récupérait.


    Nous plaisantons quelquefois sur le sujet, malgré tout. Nous avons des petits tests : quand nous ne savons plus où nous avons mis nos clés, pas grave, juste embêtant ! Quand nous les aurons en main et ne saurons plus quoi en faire, là nous comprendrons qu’il y a un risque d’aller vers le pire !

    Si nous avons un nom sur la langue et la personne en tête, c’est moche et bête mais toujours pas inquiétant ; si on nous nomme une personne bien connue ou proche et que nous ne voyons plus qui c’est, là nous sommes faits !


    Un dimanche, nous consacrions l’après-midi, Papa, Maman et moi à ma Tante Mimi, mes cousins bien sûr étaient présents. On se promenait dans le jardin, je poussais le fauteuil roulant et une idée farfelue me vint. Tout d’un coup, je me penche vers ma tante et lui dis :

    «  - On court, Tante Mimi ? » Eh bien, elle a compris et elle a souri.

    Je me mis à trottiner en poussant le fauteuil. Maman eut une exclamation inquiète mais Papa se marra, ma Tante aussi rigolait doucement. Tante Mimi apprécia, et moi

    donc ! Quant à ma Marraine Jeannette, la regarder bien en face en souriant la faisait sourire également et semblait la rassurer, au-delà de ce qu’on se disait.


    J’ai l’impression que ces malades sont plongés dans une angoisse sans fond, qui se lit dans leurs yeux. A la limite on peut se demander si leurs moments de lucidité sont à souhaiter, car ils sont tout le temps perdus ; alors quand, en plus, ils se voient fugacement comme ils sont devenus, ils pleurent carrément. Avec eux, vivre dans le présent, réagir sur le présent, embrayer sur leur pensée quand ils parlent du passé, même en tout emmêlant, les suivre dans leur délire, sans essayer de corriger ou de forcer la réalité, sauf quand on sent que c’est possible, qu’il y a une percée …

    Marraine, c’est le portrait en « life » que tu as réalisé de notre Grand-père que j’ai placé dans mon arbre généalogique, pas une photographie. Qu’est-ce que tu peignais bien ! Et les fleurs ! Et … le Chemin du bois, aussi mythique pour la famille que … la N12 pour les Bretons, la Nationale 7 pour les méridionaux, la Route 66 aux Etats-Unis, les grands GR pour les randonneurs ! Pour les Ch’ti, ce doit être l’autoroute où Kad Merad se fait arrêter par les gendarmes à 50 à l’heure !


    Le chemin du bois, la « Rout’ du bois », ce tableau fait par toi, Marraine, très difficile à reproduire, paraît-il (ce n’est pas moi qui essaierais, je suis bonne en dessin mais d’une maladresse affligeante en peinture), tiens, tu viens, moi je pousse le fauteuil roulant de Tante Mimi et on trottine toutes les trois dessus, on s’en fout des petits cailloux.

    On ne verra que la grève, qu’on laissera derrière nous ; la rivière salée nous accompagnera, car on la longera, entre les pins et les chênes ; on s’enivrera de verdure, de parfums de fougère et de goémon, les insectes bourdonneront et butineront ; on continuera jusqu’à la cascade et ses joyeux glougloutements, on n’ira pas plus loin car le fauteuil ne pourra pas mais on saluera le Bois noir, en face, on imaginera les sangliers dedans.

    Le bois


    Un autre bois, tapisserie au point lancé, une des rares que j'ai réalisées. Deux enfants reviennent d'un promenade dans le bois, ils n'ont pas rencontré le loup, ne se sont pas fait manger, ils rentrent pour l'heure du dîner ...
    C'est ma version, d'autres observateurs pourront imaginer d'autres scénarios ...
    ***


    Parfum des roses et vapeurs d’essence

    Impressions simples et souvenirs précieux

     

     

    Le 30 novembre 1997

    Ecrire, pour retrouver, entre autres choses, des parfums disparus.

    Un reportage qui passe à la radio sur l’agriculture polonaise -et que j’écoutais, jusque là assez attentivement- me fait soudain entendre des meuglements !

    Alors là, je ne suis plus. Je me retrouve au premier étage de la ferme, garée dans le créneau de mes dix premières années, la nuit, quand on entendait les vaches dans l’étable qui jouxtait la maison remuer ou meugler doucement dans leur sommeil …

    Et c’est l’odeur des betteraves coupées en belles tranches par Fifine dans la grange, pour les vaches, qui me revient en mémoire ensuite. Ces belles tranches jaune pale, plutôt crème, bordées selon mon souvenir soit de rose vif, soit de jaune. Bien nourries, ces vaches de l’époque. Il y avait par ailleurs une bonne réserve de foin qui sentait bon l’été dans le grenier au dessus de l’étable.

    Le parfum du colza dans les champs quand j’y suivais Marguerite, après la pluie, ou avant peut-être, dans une atmosphère humide, sous un immense ciel magnifiquement gris, dans la belle luminosité de la côte finistérienne, était tellement galvanisant qu’il est resté gravé dans ma mémoire, et je m’en sers pour chasser dans ma tête les miasmes parisiens.

    J’aimais bien le palier aussi, après la classe, dans la lumière du soir, être postée dessus, dominer tout la longueur de la cour, la cime des grands arbres par delà le toit de la grange, voir les collines assez loin, par delà le jardin. Tiens, et le foisonnement des roses le long de la rampe de l’escalier, odorantes à souhait. Il y en avait de belles grosses, bien roses et de toutes petites rouge carmin.

    « Je me shoote à l’air pur, aux balades en forêt » vient de déclarer Brigitte Fossey à France Inter, après qu’on lui ait demandé d’où venait sa bonne mine et l’absence de rides. Cet air pur qui me manque tellement, justement. Existe-t-il encore, ou a-t-il disparu dans « Le Monde perdu » ?



    Le 12 juin 2000

    C’est au cours d’un long week-end, en l’occurrence ces trois jours de la Pentecôte, où on a décidé de ne pas « bouger », de rester entre nous, qu’on sent vraiment le temps passer. « On » trouve même le temps d’écrire.

    L’envie d’écrire survient aussi quand on sent non pas un ange passer mais une petite fulgurance d’éternité, « a glimpse of happiness », quelque chose qui se rapproche sans doute de la madeleine de Proust, le plaisir de marcher à deux dans l’ombre rafraîchissante des arbres, par exemple, quand le soleil se fait accablant.

    Paris aura été respirable ce week-end, sans doute à cause d’un petit vent constant.

    ***


    5 commentaires
  • Le carosse de Cendrillon edited


    Que se souhaiter lézunzozôtres, en sortant de la tradition et de la banalité, en cette fin d'année ?
    Nos proches et voisins se seront chargés de l'"année bonne" et de la "santé".
    Donc, ici, formulons des voeux pour que les muses viennent se faire taquiner sans se faire prier,
    que la magie des mots écrits et lus nous ensorcelle et nous transporte loin des soucis du quotidien !
    Bizzzzz !
    Lenaïg


    La lune en chapeau edited





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