• Pour la Cour de récré chez Jill 

    Prénom : Casimir - Lenaïg, Cour de récré chez Jill

    Ce n'est point le monstre gentil,
    Auquel beaucoup de gens pensent,
    Si amusant, gros, si orange :
    Il passait à la télé
    Mais je ne le voyais jamais,
    Il se montrait en soirée,
    Rentrant trop tard, je le manquais !

    ***

    Cherchant un autre Casimir
    A offrir à la Récré,
    Si possible un drôle de zèbre,
    Il m'a donc fallu creuser,
    M'amuser à l'imaginer ...
    Il vient juste d'arriver,
    Regardez puis devinez !

    ***

    Complice de ma fantaisie,
    A l'insu de son plein gré,
    Seul son oeil noir nous interpelle
    Il attend qu'on le reconnaisse.
    Mirez-le si vous voulez,
    Insistez avant de voir,
    Résistez à la tentation ...

    ***

    de sauter à la solution
    avant que de l'avoir trouvé !
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    Lenaïg

    ***

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  • LA CLOCHE MAGIQUE - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    http://www.paysmeresterel.com/loisirs/nos-visites/les-feeriques/

    La petite chapelle de St Baulic n’est pas très connue. Le moine réformiste du IXe siècle l’avait bâtie dans un vallon isolé. C’est une construction en pierres grossières flanquée d’un petit clocher. On ne sait pas exactement où le saint moine s’était procuré la petite cloche de bronze, car les villages de la région de cette époque n’étaient pas riches. Quelque temps après la construction de la chapelle, une tempête abattit le clocher, et la pauvre cloche fut fêlée. Ce fut à partir de la restauration du clocher que des phénomènes bizarres apparurent, selon la tradition, plus orale qu’écrite : rémission de maladies, guérisons accélérées… Au XIIe siècle des cisterciens avaient construit un monastère juste à côté de la chapelle. Ces trappistes avaient restauré tant bien que mal la petite bâtisse de pierres grossières, installé une dizaine de bancs et remis en place la petit cloche fêlée qui produisait un son unique.

    La fissure de la cloche, due fort probablement à sa chute lors de ladite tempête, est certainement la cause de ce tintement singulier qui vous remue singulièrement les tripes. Un adepte de la méditation zen pourrait peut-être expliquer le phénomène. Quoiqu’il en soit, on ne peut que constater les effets bénéfiques de ce son aux harmoniques indéfinissables.

    Tout au long des siècles, les villageois alentour avaient profité des propriétés particulières de la cloche. Les guérisons étaient, paraît-il, plus fréquentes et étonnamment plus rapides, les dérèglements psychologiques étaient rares, sinon absents, dans la région. Mais ce ne fut qu’au XVIIe siècle que la renommée de la chapelle s’était répandue. Et puis la montée du positivisme avait renvoyé la petite chapelle dans l’oubli.

    En 2006, un jeune historien, en vacances avec sa petite amie physicienne, fut de passage dans la région. En entendant certaines légendes du coin, sa passion reprit le dessus et il passa son temps à se documenter. Sa petite amie fut prise par la contagion de la curiosité. Ils sollicitèrent l’autorisation des trappistes pour visiter la chapelle. La physicienne enthousiasmée, s’était fait envoyer des appareils. Elle voulait étudier et essayer de reproduire le son extraordinaire de la cloche.

    Les deux jeunes scientifiques invitèrent une de leurs amis qui était psychothérapeute. Elle serait très certainement intéressée par les propriétés prétendument curatives de la cloche. Comme les villageois avaient gardé leurs croyances, il n’était pas difficile de prélever un échantillon d’individus qui souffraient de quelque désagrément de santé. Pour faire simple, deux hommes atteints de rhume des foins furent sélectionnés ; l’un se tiendrait dans la chapelle, directement sous  l’influence de la cloche, et l’autre serait traité avec un générateur qui reproduisait exactement le spectre phonique de la cloche.

    Au grand dam et à l’incompréhension des jeunes scientifiques, le cobaye soumis à l’influence du son électronique voyait sa morve continuer à couler, alors que le patient assis dans la chapelle dont on avait fait sonner une seule fois la cloche, avait senti ses fosses nasales se libérer et s’assécher, les mucosités de ses poumons se tarir, et cela en moins d’un quart d’heure. Les trois chercheurs durent se rendre à l’évidence, il y avait quelque facteur inconnu qui devait agir avec la cloche. La physicienne ne trouva aucune radiation quelconque dans la chapelle ; la psychologue suspecta un effet placebo possible, et se fit envoyer un autre malade qu’elle fit asseoir à l’extérieur sur un rocher proche de la chapelle. Un quart d’heure après le tintement de la cloche, l’individu s’était senti mieux, bien mieux, sinon guéri de son rhume.

    Une octogénaire du village le plus éloigné était de passage. Elle finit par savoir d’après les potins la recherche qu’effectuaient les quatre touristes scientifiques. Curieuse de cette activité frôlant le sacrilège, elle fit la connaissance de ces jeunes citadins qui discutaient avec animation à la terrasse du café local. Elle comprit ainsi que la reproduction électronique du tintement de la cloche n’avait aucun effet.

    L’octogénaire s’esclaffa. Elle leur dit que reproduire artificiellement le tintement n’était pas suffisant, la cloche était bénie tous les ans en allant à Rome la nuit de Pâques. Évidemment que personne ne l’avait  jamais vu voler, il y avait toujours quelque incident qui empêchait les curieux de voir le phénomène. Mais il était sûr qu’elle partait : le lendemain, on constatait que la cloche avait une autre position, on se repérait à l’aide de la fêlure. Les jeunes étaient quelque peu dubitatifs, mais la psychologue tempéra ce scepticisme en expliquant l’importance de la formation d’un égrégore par le psychisme multiplicatif des croyants. Les quatre scientifiques décidèrent alors de vérifier l’assertion de la vieille dame : ils allaient veiller pour voir « voler » la cloche.

    Hélas, les trappistes étaient intraitables, aucune autorisation ne peut être accordée, même pour des scientifiques accrédités par le Pape lui-même. Nos jeunes se résignèrent alors à observer de loin le vol de la cloche, avec des jumelles à infrarouge. Hélas, encore hélas, la nuit était zébrée par des éclairs d’orage et les appareils étaient constamment éblouis, et les malheureux scientifiques ne virent rien, bien entendu.

    Le lendemain, à l’ouverture de la chapelle pour les visiteurs, il était aisé de voir que la cloche avait bougé, rapport à sa fêlure qui avait changé de position. Nos jeunes scientifiques ne savaient plus que croire, toutes leurs certitudes cartésiennes ont été ébranlées. Le physicien avait bien avancé l’hypothèse que les cisterciens avaient décroché la cloche pour la nettoyer et la fourbir pendant la nuit, et l’avaient replacée, mais pas  dans la même position ; un indice était le lustre de l’objet. Toutefois, personne n’avait vraiment fait attention à l’éclat de l’instrument et ne pouvait avoir d’élément sûr de comparaison. Il se pouvait aussi d’ailleurs que la cloche eût été nettoyée lors de son voyage, qui sait.

    Toujours est-il que depuis l’expérience de ces jeunes, quelques chercheurs farfelus ont tenté, toujours en vain jusqu’ici, de reproduire le pouvoir curatif de la cloche. Du fait de l’isolement relatif de la région, pratiquement seuls les villageois alentour se soignent à la chapelle de St Baulic.

    RAHAR

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Cloche

     

    Joyeuses Pâques à tous !

     forum.doctissimo.fr


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  • http://www.lesconfins.com/syst%20solai%20ind%20pres.htm

    Ce ne fut qu’en entrant dans l’atmosphère de Vrille que je dus déployer toutes mes facultés et mon adresse. Les turbulences de Toupie étaient de la gnognote, comparées à celles auxquelles j’étais confronté présentement. Toute action avait une réaction exagérée dans un sens ou un autre, sans prévenir. J’ai dû faire appel à toute mon expérience et à mon doigté pour diriger tant bien que mal ce sabot capricieux. Les bizarreries magnétiques de la planète ne me facilitèrent pas le repérage de l’épave. Finalement, je l’aperçus posé de guingois dans une herbe épaisse, au pied d’une falaise. La petite navette était cabossée.
    Je sortis en scaphandre : l’oxygène était presque inexistant et Vrille ne sentait pas la rose avec son atmosphère de méthane et d’hydrogène sulfuré. Le cockpit éraflé de l’épave me fit voir une silhouette qui me fit signe de la main. Elle s’activa pour enfiler son scaphandre et sortit en claudiquant après un moment. Je fus un peu surpris, c’était une femme, une très jolie femme même. Je réglai la fréquence de mon communicateur.


    « Capitaine Dominique Traise, je présume ? à la vue de ses galons. Je suis le capitaine Harry Vey.
    — Non, il y a méprise, je suis le docteur Marlène Ditriche.
    — Mais… Je ne me suis tout de même pas trompé de planète !? Et vous êtes blessée.
    — J’ai eu une fracture, mais j’ai pris un analgésique puissant. Non, vous ne vous êtes pas trompé.
    — Bon, il y a probablement eu une erreur quelque part. Couillon d’amiral.
    — Pardon ?
    — Non, non, rien. Allez venez, je vous ramène. »
    Elle eut un sourire triste et secoua la tête.
    « C’est Dominique que vous devez ramener.
    — M’enfin, vous êtes atteinte du syndrome de double personnalité ? J’aime la plaisanterie, mais là, les circonstances ne sont pas appropriées, ne trouvez-vous pas ?
    — Mais non, je ne suis pas folle. Tenez, voilà Dominique ! »


    Un homme sortit du taillis. J’en eus la mâchoire décrochée. Ce fut alors que je me rappelai que la navette était biplace… et que la mienne l’était également. Je ne pouvais prendre qu’une seule personne. La question d’espace utile pouvait être débattue, mais le principal problème était la propulsion : le moteur électromagnétique était calculé pour une certaine masse et celui-ci avait été adapté à une navette-espion. Mon cerveau sembla geler. Mon regard se porta tour à tout sur Marlène et Dominique. Pourquoi lui ? Et Marlène était blessée, elle avait un besoin urgent de soins.


    « J’ai dû m’éloigner de la navette, elle perturbait mes mesures, fit Dominique.
    — Confirment-ils mes premières estimations ?
    — Oui Marlène, les probabilités d’une invasion imminente sont élevées.
    — Vous voyez capitaine Harry, il est urgent que vous rameniez Dominique.
    — Mais et vous ? Je ne sais combien de temps vous êtes ici, mais je parie que votre réserve d’oxygène ne sera pas suffisante, même si je forçais le propulseur pour revenir.
    — Vous ne reviendrez pas. Compte tenu des circonstances, les risques de détection seraient catastrophiques.
    — Mais qu’est-ce que le sieur Dominique a-t-il donc de plus que vous ? Sûrement pas la galanterie.
    — Il a toutes les données dont l’Hexagone a besoin. Malgré mon titre, je suis un soldat, capitaine, je dois me conformer aux ordres.
    — Mais c’est dément ! On dit toujours : « Les femmes et les enfants d’abord ». Dominique n’a qu’à vous filer les données.
    — Hélas, c’est impossible.
    — Mais pourq… »


    Ce fut alors que j’eus un flash. Dominique n’était pas en scaphandre, dans cette atmosphère pourrie, et il n’avait aucun appareil, aucun instrument sur lui. Il était l’instrument. C’était un androïde de modèle DMK 13. Je n’en ai jamais vu, mais j’ai entendu des rumeurs comme quoi les aliens avaient aidé nos savants à créer des androïdes capables de travailler dans des conditions difficiles, surtout là où les robots indisposaient les humains par leur aspect.


    Ainsi donc on avait chargé un androïde de jouer à l’espion, il cumulait à lui seul tous les appareils imaginables. Mais il fallait un humain pour le superviser. C’était le rôle du docteur Marlène. Dans le cas présent, l’androïde était plus important que l’humaine, quitte à la sacrifier. Voilà pourquoi je ne m’étais jamais engagé, je suis allergique à l’autorité inhumaine.
    Toutefois, j’avais un problème… ou plutôt un dilemme. Au fond de moi, je savais que les données étaient vitales pour la paix de ce bras de la Galaxie. Mais ma conscience se rebiffait à l’idée de laisser là la belle Marlène. Ben ouais, je la trouvais belle, quoi !


    « Tranquillise ta conscience, Harry. La paix du monde civilisé est plus importante que ma petite personne, je me suis résignée à me sacrifier… D’ailleurs, ce sera un honneur pour moi.
    — Ah oui, vous les militaires, on vous a toujours seriné de mourir avec honneurs. Mais tu es encore si jeune, Marlène ! et on n’est pas sur un champ de bataille. Il doit y avoir une solution.
    — Tu sais bien que non. Fais ton devoir de citoyen, emmène Dominique.
    — Je reviendrai…
    — Non, et tu le sais très bien. Allez.
    Je restai là, buté, essayant de faire tourner les rouages de ma cervelle. On me disait ingénieux, que j’avais des éclairs de génie. Mais là, je pédalais à vide. Et dire que je devais sacrifier une humaine contre ce satané machine.
    Minute ! Vous aviez dit machine ? Un sourire fleurit à mes lèvres. Marlène se recula, surprise. Je pensais bien qu’elle croyait que j’allais prendre la mauvaise décision.
    « Dominique, les données sont bien stockées dans ce qui te sert de tête, non ?
    — Oui, capitaine. Une petite batterie sous ma clavicule maintient son alimentation.
    — Très bien. Tu vas détacher ta tête et la batterie qui va avec. C’est eux que je vais emporter. »


    Marlène comprit immédiatement et sa figure resplendit d’espoir. Le poids du docteur avec la tête de l’androïde n’atteindrait pas le poids de Dominique. J’aidais le capitaine à s’installer, prenant un soin particulier à ménager sa fracture, puis je lui confiai la tête de Dominique. Nous abandonnâmes ainsi l’épave et le corps imputrescible à la merci des intempéries de Vrille.

    Fin

    RAHAR


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  • MÉPRISE - 1/2 - RAHAR - Science-fiction

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je me présentai à l’Hexagone et montrai mon laisser-passer. Je ne me serais jamais douté entrer un jour dans ce formidable bâtiment de la Défense. On racontait que tous les stratèges et les plus brillants cerveaux y étaient rassemblés, œuvrant pour la sécurité de la Terre. Les aliens que les générations d’avant craignaient, étaient pour la plupart pacifiques et n’avaient jamais eu l’idée d’asservir les Terriens. Certains nous avaient même aidés à perfectionner notre technologie pour l’exploration d’une partie de la Galaxie. Toutefois, il y avait des créatures turbulentes et belliqueuses qui voudraient étendre leur influence. Nous, Terriens, devions donc apporter notre contribution à la sauvegarde de la paix dans ce bras de la Voie Lactée en établissant des avant-postes de surveillance. N’étant qu’un simple pilote commercial, j’ignorais les détails de ces manœuvres, et d’ailleurs, je ne m’en souciais pas comme la plupart des gens.
     

    Tout en me dirigeant laborieusement dans cet immense labyrinthe, je me demandais pourquoi la Défense avait besoin de moi. Je ne me jugeais pas exceptionnel et ne trouvais aucune qualité qui pût intéresser les militaires. Après des tours et des détours, j’arrivai enfin à ma destination avec quelques secondes de retard.
    « Je suis le commandant Vey, Harry Vey. Voici ma convocation.
     

    — Ah, vous voilà ! L’amiral vous attend.
    — L’amiral ? Mais…
    — Par ici, commandant. »
     

    De mieux en mieux, ce n’était pas tout le monde qui était reçu par un amiral. Je rectifiais machinalement ma tenue en entrant dans un bureau que j’imaginais bien plus vaste. J’étais impressionné plus par le regard perçant du personnage grisonnant que par ses décorations qui lui donnait l’air d’un sapin de Noël.
     

    « Prenez place, commandant.
    — Euh… En quoi un simple pilote commercial pourrait donc intéresser la Défense, amiral ?
    — Eh bien, je suis là pour vous l’expliquer, mon ami. Voulez-vous boire quelque chose ? Un whisky ?
    — Pendant le service ?
    — Bah, vous ne l’êtes pas, et moi je n’ai pas de problème. »
     

    L’amiral m’expliqua donc des choses qui n’étaient pas secrètes en elles-mêmes, mais que le public ignorait. Selon un accord passé entre la Société des Nations de la Terre et la Coalition des extraterrestres, la Marine Spatiale devait assurer la surveillance d’une zone de la frontière galactique. Des garnisons avaient donc été installées sur certaines planètes, avec des instruments de détection fruits de la coopération avec certains aliens.
    Une petite navette-espion avait été envoyée vers une planète tout près de la frontière. La discrétion avait été nécessaire, car des rumeurs avaient courus parmi les aliens, que les créatures hostiles semblaient préparer une invasion de ce côté. La navette avait été construite spécialement et était dotée du plus petit appareil expérimental d’invisibilité à tous les spectres de détection.
     

    « Tout cela est très intéressant amiral, mais qu’est-ce que j’ai à voir là-dedans ?
    — La navette a fait une fausse manœuvre et s’est écrasée sur la planète. Il est absolument vital que nous récupérions les données qu’elle a recueillies.
    — Elles ne peuvent pas être transmises ?
    — Nous avons bien des émetteurs-récepteurs delta, mais on ne veut risquer une quelconque interception, quand bien même la probabilité en serait faible.
    — Eh bien, vous avez des hommes tout à fait compétents pour ce genre de boulot, que je sache.
    — Vous avez, je crois, remporté la course célèbre de la planète Toupie. Vous avez été d’ailleurs le seul à arriver avec votre bolide intact.
    — Je ne vois pas le rapport.
    — Vrille est une planète un peu semblable à Toupie, avec des tempêtes et des ouragans gigantesques, et en plus des tourbillons magnétiques imprévisibles. Le pilote n’avait pas vos compétences.

    — Attendez, vous voulez dire que c’est moi qui vais récupérer votre homme ? et en pleine zone hostile ?
    — Écoutez commandant, une effroyable guerre pourrait être évitée, si nous récupérons ces infos. Il en va aussi de l’honneur de la Terre en montrant que nous sommes des alliés dignes de confiance. Et n’allez pas imaginer que nous serons épargnés en cas de conflit galactique.
    — Mais et la supériorité des aliens dont on nous rabat les oreilles ?
    — N’oubliez pas que nos alliés sont éminemment pacifistes. Ils préfèrent un étalage dissuasif de leur force, et c’est généralement suffisant. Mais si on nous attaque par surprise, des massacres ne pourraient pas être évités, le temps que nos forces soient réunies.
    — Très bien, je vois que je ne peux pas me défiler, amiral.
    — Heureusement, nous avons un autre exemplaire de la navette expérimentale. Vous allez vous familiariser avec ses commandes. »
    L’amiral nous mena vers un ascenseur dont la descente rapide faillit me donner la nausée. Je me doutais que nous descendions à plusieurs centaines de mètres sous terre. Puis nous débouchâmes dans une sorte de silo… et je vis la navette : une soucoupe d’à peine trois mètres de diamètre.
    « C’est une navette biplace. Vous devez ramener Dominique Traise.
    — Mais où sont tous les instruments habituels ?
    — Vous n’en aurez pas besoin. Le module de guidage n’a qu’une seule destination : Vrille. Tout ce qui est nécessaire a été intégré à l’appareil d’invisibilité.
    — Les aliens ne peuvent vraiment pas nous aider ?
    — Nous devons leur montrer que les Terriens peuvent se débrouiller seuls. »

    A suivre

    RAHAR

    MÉPRISE - 1/2 - RAHAR - Science-fiction


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    LA MAISON DE MÉMÉ - RAHAR

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    En ces temps-là, on ne prenait pas les petites vacances au bord de la mer. La côte n’était pas la porte à côté et nous ne pouvions nous offrir l’avion, comme la majorité des gens de l’époque, d’ailleurs. Mais il fallait déstresser les petits élèves, après un trimestre d’études bien rempli. On ne pouvait pas dire qu’on fuyait une ville polluée, les véhicules n’étaient pas assez nombreux pour que les communes daignassent mettre un seul passage clouté. Mais il était de bon ton de changer d’environnement, de troquer pour un temps la vie citadine contre une vie champêtre pour se « ressourcer ».
    La tante de ma mère, que tout le monde appelait familièrement Mémé, habitait dans un hameau à une vingtaine de kilomètres de la ville. Elle avait hérité de la maison de son grand-père, une maison à étage ayant bénéficié du savoir-faire des anciens ; elle était bien plus que centenaire. La toiture devait néanmoins être examinée et éventuellement réparée tous les trente ans. La solide bâtisse était en fait un peu à l’écart du hameau, perchée sur un monticule boisé. Pour l’eau, il y avait la source intarissable, même en cas de sécheresse exceptionnelle. Bien entendu, l’électricité ne desservait pas une si petite agglomération de quelques toits. On s’éclairait à la bougie ou à la lampe à pétrole (pour ceux qui voulaient un peu plus de confort). La cuisine était à l’ancienne : au grenier.
    Aujourd’hui, je suis encore impressionné par le savoir-faire des ancêtres. Le plancher du grenier est recouvert de torchis et trois simples briques constituaient le foyer. Les anciens savaient régler la hauteur des flammes et il n’y avait aucun risque d’incendie. Évidemment, les enfants n’avaient pas le droit de jouer avec le feu, et du plus loin que je me souvienne, il n’y avait jamais eu d’incendie dans aucune cuisine de l’ancien temps. Il est vrai que les enfants d’antan étaient plus obéissants.
    En ces vacances de cet Avril-là, ce fut ma famille qui eut le privilège de bénéficier de l’hospitalité de Mémé. Veuve sans enfant à la quarantaine, Mémé avait vécu un temps seule avec son chat qui ne chassait que les rats, dédaignant la famille de souris qui avait élu domicile dans un coin encombré du grenier. La chère octogénaire avait encore l’énergie d’une quinquagénaire, mais elle avait constaté que la conversation avec son chat n’était pas des plus productive. Elle avait donc engagé une domestique qui lui tenait compagnie.
    À notre arrivée, la domestique dut prendre ses propres vacances, car quoiqu’extérieurement grande, la maison n’offrait qu’un espace assez limité, à cause de l’épaisseur des murs à l’ancienne. En bas, il y avait ce qu’on appellerait le salon, et une chambre : à l’étage, il y avait deux pièces et une sorte de salle de bain avec un tub antique.
    Les parents avaient pris d’autorité la chambre du rez-de-chaussée. Mémé avait pris avec elle la petite dernière et mon frère et moi avions hérité de la petite chambre à côté de la salle de bain. Compte tenu de l’absence d’électricité, et pour économiser les bougies, nous devions nous coucher vers les dix-neuf heures trente. Seuls les parents pouvaient écouter les nouvelles et quelque feuilleton sur le poste à transistors qu’ils avaient amené. Quant à Mémé, elle ne s’encombrait pas le ciboulot des turpitudes de l’extérieur, les ragots et potins du petit marché du hameau lui suffisaient.
    L’heure du couvre-feu était donc raisonnable pour des gamins d’une dizaine d’années qui s’étaient dépensés sans compter durant le jour : course à travers champs, escalades, randonnées… et surtout grand air. Le soir, mon frère et moi pouvions nous réchauffer près du feu, tandis que Mémé cuisinait, tout en nous gavant de contes et légendes plus ou moins épiques, avec quelquefois une morale que nous, gamins, avions parfois du mal à discerner.
    Le péché mignon de Mémé était une tasse d’odorant café après le dîner. Elle était de ces rares gens qui étaient insensibles à la caféine. Un soir, mal m’en prit d’avoir voulu goûter en cachette au breuvage à l’arôme capiteux. Le sommeil me fuyait et je fixais, impuissant, les ténèbres. Je m’étais juré de ne plus toucher à ce maudit café, mais c’était un peu tard. Le lendemain, tout le monde serait étonné de mes cernes.
    Ce fut la troisième fois que je me retournais en évitant de réveiller mon frère, quand j’entendis des bruits de pas dans le grenier. C’était impossible, le torchis étouffe tous les bruits. Mon père me disait toujours de réfléchir. C’était ce que je fis, à m’en péter les neurones. J’étais trop jeune pour voir des films d’horreur, mais j’écoutais les grands commenter ce qu’ils avaient vu. À mon âge, on était crédule, on avait quelque difficulté à différencier le réel et l’imaginaire. J’imaginais tout de suite quelque monstre sanguinaire qui allait descendre nous massacrer.
    Cependant, les pas s’étaient arrêtés. Baigné par une sueur malsaine, j’attendais le cœur battant. Il se passa plusieurs minutes sans que les pas revinssent. Évidemment, j’avais fini par succomber au sommeil, probablement vers minuit. J’avais fait la grasse matinée ; puisqu’on était en vacances, on n’avait pas jugé opportun de me réveiller. On finissait de déjeuner, quand je déboulais de l’escalier en me frottant les yeux. Et j’avais fichtrement faim.
    « Alors fiston, tu as l’air d’avoir dormi comme un loir. On aurait juré que tu avais découché, plaisanta mon père.
    — J’ai entendu des pas, cette nuit… Dans le grenier.
    — N’importe quoi, frérot ! Il n’y a que nous ici, comment quelqu’un pourrait être au grenier, alors que Mémé y cuisine ?
    — Klotz, tu vas arrêter de dire des bêtises, tu vas effrayer ta sœur. Tu vas faire la vaisselle ce soir.
    — Mais m’man…
    — Ne discute pas, c’est ainsi. »
    Mémé n’avait pas jugé utile de rajouter une aile pour une cuisine et son évier, comme l’ont fait d’autres. La vaisselle se faisait donc également au grenier où un évier avait été installé. Le jour, les activités ont estompé l’appréhension de la corvée du soir. Insouciant comme le sont les enfants, l’incident était sorti de ma tête. La journée s’était passée dans la joie et la gaité. Mais le soir, la pensée de l’injuste punition m’accablait. Mémé ne voulait pas interférer, quoique je crusse que ça lui fendait le cœur. Tout ce qu’elle avait pu faire était de mettre la vaisselle dans l’évier, au grenier.
    Évidemment, je trainais les pieds pour accomplir mon pensum. Mais je savais que je n’y couperais pas, je n’attendais aucune indulgence de ma mère, et mon père ne prendra pas ma défense. Je savais aussi qu’une seule bougie m’attendait en haut, et il fallait faire vite pour ne pas la gaspiller, eu égard à Mémé. Si j’étais plus raisonnable, j’aurais dû penser que plus vite je m’y mettais, plus vite je rejoindrais le lit douillet. Mais voilà, j’étais trop perturbé par l’injustice pour penser raisonnablement.
    Je montais donc comme un condamné au grenier. Mon frère avait dédaigneusement décliné mon invitation, je n’avais personne pour me tenir compagnie, même pas le chat qui n’avait trouvé mieux que de se lover dans le giron de Mémé. En lançant un dernier regard de chiot perdu à celle-ci, j’eus la surprise de la voir faire un clin d’œil. Voulait-elle se moquer de moi ? ou était-ce un signe de compassion ? Cela ne me réconforta pas.
    Je vais me diriger vers l’évier, frissonnant déjà à la perspective de me mouiller avec une eau qui devait être plutôt fraîche. Un de mes oncles bricoleur avait installé un bélier hydraulique pour monter l’eau jusqu’au grenier ; Mémé ou sa domestique n’avaient donc plus à puiser à la source.
    Je me pétrifiais devant l’évier vide. Où donc Mémé avait mis la vaisselle ? Puis je regardais les étagères. Tout était en place. Je sentis une légère odeur de lavande. N’en croyant pas les yeux, je tâtais les assiettes. Elles étaient propres et sèches. Voyons, Mémé n’avais matériellement pas eu le temps de les laver et de les sécher, juste le temps de mettre la vaisselle dans l’évier.
    Je n’étais pas encore comme les grandes personnes qui étaient effrayées par ce qu’elles ne comprenaient pas. Mon esprit ne s’attarda pas sur l’étrangeté du prodige, j’étais juste émerveillé et surtout soulagé. J’allais annoncer la bonne nouvelle. Mais arrivé au palier, je reçus le regard de Mémé, puis je vis son index qui me faisait signe discrètement de remonter. Heureusement, les autres étaient absorbés par leur discussion. Je remontais donc, et j’attendis le temps raisonnable pour effectuer le boulot. Je m’absorbais alors dans la contemplation de la flamme de la bougie.
    Ce ne fut que le lendemain matin que je pus coincer Mémé. Je me doutais qu’elle voulait la discrétion.
    « Mémé, tu es donc une magicienne ?
    — Non mon petit Klotz. C’était Papy qui avait fait la vaisselle.
    — Mais Papy est mort.
    — Je sais, mon petit. J’ignore comment il fait, mais le soir, c’est lui qui fait la vaisselle.
    — Comment sais-tu que c’est lui qui le fait ?
    — Oh, il met toujours son parfum de lavande quand il vient. Et puis je sais que tu n’as pas menti en disant avoir entendu des pas. Tu avais bu du café, avoue-le.
    — Mais pourquoi cacher que le fantôme de Papy et là ?
    — Eh bien, les gens sont parfois bizarres, mon petit. Beaucoup de gens ont peur des fantômes. Et que deviendrais-je si personne ne me rend plus visite ?
    — Mais moi je te rendrais toujours visite, Mémé.
    — Tu es un gentil garçon, mais promets-moi de garder le secret.

    RAHAR

    LA MAISON DE MÉMÉ - RAHAR


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