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Alphonse et Betty étaient arrivés essoufflés à la clinique : leur avion avait eu du retard. Le père de Richard faisait déjà les cent pas dans la salle d’attente, un cigare éteint au coin de la bouche. L’heureux futur père assistait, légèrement inquiet, à la césarienne : le bassin de Lucy était un peu étroit. Le docteur s’affairait, assistée de deux infirmières dont l’une plutôt novice. La tête du bébé était sortie.
— Bêêêêh…
— Infirmière ! Sortez !... Non mais…
— Oh ! Mon Dieu !… La pauvre enfant !
— C’est quoi ÇA, docteur ?
— Ben, c’est votre fille, mon gars.
— Mais c’est monstrueux !
— Votre femme a-t-elle été exposée à des produits dangereux ?
— Pas que je sache. Vous l’avez bien consulté juste avant, non ?
— Alors c’est génétique.
*
— Non, non et non, mon fils n’a pas engendré ce monstre. C’est la faute de votre fille.
— Si vous ne l’aviez pas forcé à vous faire un petit-fils, cela ne serait jamais arrivé.
— Que voulez-vous dire, beau-papa ?
— Venez avec moi, Richard, laissons les hommes se chamailler. On va parler.
*
Betty raconta tout à son gendre, toute l’histoire cachée de sa femme, depuis sa naissance jusqu’à son opération de chirurgie esthétique.
— Tenez Richard, j’avais gardé une photo d’Aglaé… ou Lucy comme vous l’appelez. Remarquez, elle a pris son deuxième prénom après son opération : elle voulait se refaire une nouvelle vie, loin de l’environnement qui ne lui avait apporté que tourments.
— Mais elle aurait pu me dire la vérité, j’aurais compris son aversion de l’enfantement. J’aurais tenu tête à mon père. Le mariage est basé sur la confiance réciproque.
— Je sais, oui, mais nous n’avions pu la persuader. Je suis désolée. Qu’allez-vous faire maintenant ?
— Je ne sais pas encore. Lucy m’a trompé. Nous allons nous brouiller avec mon père. Ma tête éclate !
*
— Je t’avais prévenue, ma puce. Rien ne vaut la vérité. Tu connaissais ta tare, tu aurais dû agir avec responsabilité.
— C’est une dure leçon, papa. Mais j’étais déchirée, le père de Richard n’a plus que lui, je n’ai pas eu le cœur de les séparer.
— Ce qui est fait est fait, on ne va plus y revenir. Tu sais que tu es toujours la bienvenue ici avec ta fille. Mais va voir ta mère, elle désire te parler.
— Alors Aglaé, qu’est-ce que tu vas faire maintenant que votre divorce est prononcé ?
— Je ne sais vraiment pas, maman. Je suis abattue, et c’est ma faute.
— Tutut, c’est la faute de ce vieux débris gâteux et démodé. Ce Richard est aussi un faible, il ne t’aime pas assez. Que vas-tu faire de l’enfant ?
— Je suppose que je vais l’élever…
— Attend, écoute-moi. Tu ne veux tout de même pas que ton opération ait été faite pour des prunes. Tu as encore la possibilité d’avoir une vie heureuse.
— Mais comment ?
— D’abord, tu vas laisser ta fille ici, nous allons l’élever : ton père a déjà l’habitude. Elle ne serait qu’un poids trop lourd pour toi, non ne proteste pas. Ensuite, tu vas te faire ligaturer, ton père n’a pas besoin de le savoir, ainsi tu n’auras plus à mentir ni avoir de cas de conscience, puisque tu seras stérile. Enfin, va dans un autre pays refaire ta vie. Tu trouveras un autre homme, meilleur que ce Richard, qui ne subira pas de chantage de sa famille et qui t’aimera pour toi-même. Va ma fille, et sois heureuse.
* *
*
RAHAR
FIN
Ourse blanche et son petit en peluche WWF
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Museau lové dans la fourrure
du grand nez blanc de sa maman,
petit ourson ne craint froidure,
il est bien protégé du vent.
Dans l'Arctique la vie est dure.
Quelques heures auparavant,
ils ont pu trouver nourriture :
phoque à se mettre sous la dent.
Deux ou trois ans même aventure,
la faim, le danger sont constants.
Sieste au soleil, détente pure.
Les câlins sont précieux moments.
On les aime ainsi et on pense ...
Peut-être ont-ils rêves communs ?
La banquise autrefois immense
disparaît ; que sera demain ?
Ce spectacle est beau et intense,
on voudrait qu'il n'ait pas de fin.
Doit-on s'en remettre à la chance,
est-ce la faute de l'humain ?
***
Lenaïg
Image de tendresse proposée
qui, dans un tankafaire,nous rappelle la férocité latentesous la tendresse dévouéede la mama pour son petit,
à contempler aussi en lisant les amis-mots du Nounou'rsde Jill (clic !)
les Antidotes rimés en ours(es)de Dominique (clic !)où apparaît même le papa.
Pour un autre câlin partagé en tankafaire,
Il faut rendre visite au Terrier des renards blancs également,chez Catherine et Laurent (clic !)
sans compter ceux qui viendront après !
espace nécessaire
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— Alors ma puce, tu es heureuse ?
— Oh papa, je nage dans le bonheur. Richard est si gentil. C’est le mari idéal. Mais tu as bien détruit toutes mes photos d’avant, n’est-ce pas ?
— Je n’étais pas d’accord, mais je l’ai fait, rassure-toi. Tu sais, je t’aime quel que soit ton aspect. Mais crois-tu que ce soit honnête de cacher à ton mari la vérité ? Le docteur a dit que tes gènes sont dominants, il l’a appris d’un collègue généticien.
— Ne t-en fais pas, je n’aurais pas d’enfant.
— Et lui, qu’en pense-t-il ?
— Je lui ai dit que je n’en voulais pas et que c’était ma condition.
*
— Alors fiston, voilà déjà une année de passée, où est mon petit-fils ?
— Euh… Nous ne voulons pas avoir d’enfant.
— Foutaises ! Tu veux que notre nom soit rayé du cabinet à ta mort ?
— Mais quelle importance cela a-t-il ? Je suis heureux, nous sommes heureux, c’est tout ce que nous voulons. D’ailleurs, si petit-fils il y avait, qui te dis qu’il voudra devenir avocat ?
— Ecoute, j’ai trimé dur pour en arriver où je suis et où tu es. Tu crois que je vais laisser passer une telle ingratitude ? Je pourrais facilement vous rendre la vie impossible.
— Ah tu veux faire du chantage. Fais selon ta conscience.
*
— Richard, je ne veux pas que tu te brouilles avec ton père.
— Tu veux qu’on cède au chantage ? On peut toujours s’en sortir. On peut filer à l’étranger s’il nous étrangle ici. Et puis, tu as toujours ta chance au jeu.
— Chéri, il n’est pas question d’argent. C’est une question de famille. Je ne me pardonnerais jamais de vous séparer. J’ai un père, moi aussi, et je sais que vous vous aimez. Comprend-le, il est de la vieille école et il est attaché aux traditions.
*
RAHAR
A suivre
Illustrations :
Les dix ballons en forme de coeur, www.vitrinemagique.com
image .gif de broyeuse à papier
papier broyé, vu sur www.companeo.com
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Jolis champignons
tout juste éclos sous la pluie
tous en mouvement
vus d'en haut par la fenêtre
Où sont passés les humains ?
Des passants pressés
clic clac sandales de bois
plic ploc parapluies
On ne voit plus les visages
chacun vite à son chez-soi.
***
Ombrelle en papier
petit soleil sur dessert
touche de gaieté
couleurs vives et sorbet
pluie et gris restent dehors.
***
Lenaïg
choix de photo d'Alice :
"Parapluie - ombrelle "
peinture de Lilian May Miller - Rain blossoms
Communauté du Coucou du haïku (clic !)
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Mon crayon n'est pas de bois
je ne sais pas dessiner
il n'y a que moi qui vois
mon portrait de l'être aimé
Le dessin est dans ma tête
ses contours sont évidence
j'esquisse sa silhouette
son visage se fait dense
Bien mieux que sur le papier
je n'ai pas besoin de gomme
des fusains doux et discrets
la présence de mon homme.
Lenaïg
Photos du net :
Gâteau "Paris Brest" www.cuisine-facile.com
Bornes RN12 et panneau d'entrée dans le Finistère
(www.geobreizh.com, etc)
Et la chanson du Livre de la jungle pour sa gaieté et ses paroles pleines de sagesse.
Ne pas imiter Baloo quand il jette des peaux de banane par terre ni quand il arrache un palmier pour se gratter ... Si Baloo était né au XXIe siècle, il serait sûrement un ours écolo.
La ressemblance avec l'Ours Baloo repose sur le fait qu'il est ...
un ours très bien léché.
NB : Mon ours à moi préciserait qu'un palmier n'est pas un arbre.
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