• Partie de boules 001

     

     

     

    Mon grand-père était un rescapé des deux guerres mondiales. Il aurait eu 116 ans aujourd'hui. Quand la Première Guerre mondiale éclata, il avait 19 ans. Lors de la Bataille de Verdun, il était estafette, entre les tranchées et l'Etat-major.

    Je ne me souviens pas qu'il m'en ait jamais parlé, mais à ma mère, il raconta que, pour se déplacer, à Verdun, il sautait de trou d'obus en trou d'obus car il avait constaté que les obus ne tombaient jamais au même endroit. Avait-il raison ? Etait-ce une de ces certitudes, ces convictions qu'on se forge pour se pousser en avant et vaincre la peur ?

    L'autre guerre était à venir, il la fit aussi.

     

    A maman il confia que si on lui demandait de revivre sa vie telle qu'il l'avait déjà vécue, il refuserait ! Je sais qu'il fut gazé en 14 et qu'il fit un séjour à l'hôpital de Berck car une balle lui traversa la cuisse. Moi je l'ai toujours connu très dynamique et joyeux.

     

     

     

    Pépé Trégarvan

     

     

    Ci-dessus : son portrait, par son autre fille, ma marraine.


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    Jaune vif au sol

    mais ciel de plus en plus sombre

    Contraste automnal.

     

    Novembre est mois noir*

    la lumière se fait rare

    Profitons du jour.

     

    Reste la douceur

    d'une atmosphère feutrée

    Allons en forêt.

     

    ***

     

    Un jour de mémoire

    défilés, arbres d'automne

    On dit : jamais plus.

     

    ***

     

    Lenaïg

     

     

    * Novembre : miz Du, en breton, donc mois noir.

    Décembre sera : le mois encore plus noir ! Miz Kerzu.


    ***

     

    Et pardon à Mamylilou, j'ajoute un sourire de potager d'automne en bande dessinée, que j'ai emprunté à :

    Fanch Ar Ruz (François le Rouge). Image : Jardin BIO.

    Ses dessins sont sous licence, peut-être n'avais-je point le droit d'en reproduire un ici ? Oh, je vais lui en faire la demande.

    Petit rappel : ce blog n'est toujours pas rémunéré, mes colocs et moi postons nos pages gratuitement.

    Mais oui, et sous le sol, que se passe-t-il ?

     

     

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    Annick ? Mais qu’est-ce qu’elle fait encore de ce côté du ferry ? Elle devrait déjà être avec ses parents. Enfin, elle doit savoir ce qu’elle fait, je ne la crois pas inconsciente au point d’ignorer son instinct de conservation. Bien, je vais vers l’armoire, ce qui n’est pas aisé, du fait du gîte du ferry et de l’eau qui m’arrive à la taillle. J’ouvre avec difficulté le meuble encastré et faillis me faire assommer par son contenu.

     

    Du matériel de plongée me tombe dessus : masque, palmes, combinaison de néoprène, lourdes bouteilles jaunes, lampe frontale étanche. Je m’ébroue et ressens un sentiment mitigé. Je n’ai jamais fait de plongée sous-marine, et pourtant tout ce truc va devoir sauver ma vie. Je pense que cette cabine a été louée par un amateur (ou un professionnel) de plongée, et que dans la débandade générale, il a été obligé de laisser son matériel. Et pour comble, une secousse m’indique que le ferry a atteint le fond.

     

    J’essaie d’enfiler la combinaison jaune, ce qui n’est pas facile pour une novice comme moi, d’autant que le sol est en pente et est glissant, et que je suis à moitié dans l’eau qui est devenue glaciale. Je m’accroche une bouteille dans le dos ; Je mets le masque qui me pince le nez ; ah oui, je dois respirer par la bouche dorénavant. Il m’a fallu une demi-heure pour m’harnacher et comprendre à peu près le fonctionnement de l’équipement, alors que l’eau m’arrive déjà aux épaules, mes tympans commencent à me faire mal.

     

    Bien, je suis prête, mais il reste encore le problème de la sortie. Je ne suis pas assez forte pour défoncer la porte, et d’ailleurs je ne peux prendre aucun élan dans l’eau. Je fais un tour complet, mais je ne vois rien qui puisse m’aider. Je crois avoir une hallucination auditive quand j’entend dans un souffle : « L’autre bouteille ». Quelle tête de linotte je fais, l’autre bouteille laissée dans l’armoire est assez massive pour me permettre de casser cette foutue serrure.

     

    La porte s’ouvre brutalement sous une trombe d’eau et l’air restant s’échappe. Je suis bousculée et je suffoque. Précipitamment, je mets le masque et respire avec soulagement. J’attends que la cabine soit remplie entièrement et je m’engage dans l’ouverture. En voyant l’obscurité alentour, une pensée subite m’interpelle : comment se fait-il que l’ampoule de la cabine soit toujours allumée en dépit de l’eau, alors que partout ailleurs l’électricité fait défaut ? Je classe l’anomalie dans un coin de mon esprit et cherche à m’orienter. Étant novice, je ne sais absolument pas où est le bas, ni le haut, dans ce noir. Je balade ma main autour de moi jusqu’à ce que je sente les bulles que j’expulse. Très bien, je sais maintenant où je dois aller.

     

    Je heurte de la tête une paroi dure. Je m’affole un instant. Idiote que je suis, j’ai une lampe frontale. J’allume et je suis le trajet oblique des bulles jusqu’à une ouverture : c’est l’escalier qui mène au pont. Libre ! Enfin libre et sauvée. Je ressens une euphorie extraordinaire. Je vois tout en rose. Un poisson vient vers moi. Je le trouve suprêmement beau et élégant, il me sourit. Il fait un pas de danse, j’ai envie de danser aussi, mais mon équipement me gêne. Je vais m’en débarrasser.

     

    Alors que j’allais déboucler ma ceinture, je sens qu’on me tire par les cheveux. Je me débats et je cherche l’importun. Je reçois une claque cuisante… en tout cas, c’est l’impression que j’ai. Je reprends mes esprits, ma pensée s’éclaircit. Mon Dieu ! Qu’est-ce que j’allais faire ? J’étais devenue folle ou quoi ? Enfin, je reprends ma montée.

     

    Puis quelque chose semble retenir mes pieds. Je me débats, serait-ce une pieuvre ? Non, je n’ai pas senti de tentacule, j’ai l’impression que mes jambes sont engluées dans de la vase épaisse. Je ne peux plus bouger et cela m’affole. J’ai beau faire une brasse ample, je ne semble pas bouger d’un pouce. Vais-je mourir au seuil de la délivrance ? Je vois très loin au-dessus de moi un faible reflet, c’est probablement la lune qui éclaire la mer. Je regarde avec désespoir les bulles qui montent vers la surface, ce but si proche et pourtant inaccessible.

     

    Après un temps que je ne peux évaluer, mais qui me semble une éternité, je ressens comme une caresse dans mes cheveux et mes jambes semblent dégagées. N’y croyant pas encore, j’essaie doucement de m’élever. « On » m’a libéré. J’actionne frénétiquement mes palmes, mais je me sens comme freinée et je monte plus lentement que je le veux. Le phénomène se répète encore une fois, à mon exaspération. Il se passe des trucs dingues, sous la mer, à mon avis.

     

    Finalement, je crève la surface avec un soulagement indicible. Je me déharnache et laisse tomber la lourde bouteille. Je regarde autour de moi. Je vois des débris… et des corps, malheureusement. Un hélicoptère tournoie plus loin avec un projecteur fouillant la mer. J’entends faiblement l’écho des cris des survivants sur des radeaux de fortune. Un chalutier et une embarcation des gardes-côtes s’affairent à repêcher les naufragés.

     

    Je hurle à l’aide, mais je suis assez loin des bateaux. Je suis épuisée et je ne crois pas avoir la force de nager jusqu’à l’île. Je ne pense même pas aux requins qui sont actifs la nuit, paraît-il. Vais-je échouer si près du but ? Soudain, la mer autour de moi semble briller, à mon grand étonnement ; c’est quelque chose de phosphorescent, et étrangement, une nuée de mouettes apparemment insomniaques tournoient au-dessus de moi en criaillant.

     

    Miracle ! L’hélico se dirige vers moi et la vedette des gardes-côtes m’envoie un dinghy motorisé. Un bel agent m’a délicatement repêchée et enveloppée dans une chaude couverture. Il s’est mépris sur mes larmes de soulagement et m’a demandé où j’étais blessée, puis il a essayé un peu maladroitement de me réconforter, mais je lui en suis reconnaissante.

     

    Quand je lui ai raconté mes mésaventures, le médecin n’a pas caché son étonnement en constatant mon excellente forme et l’absence de séquelles physiologiques. Il m’a expliqué que remontant d’une trentaine de mètres, je devais respecter des paliers de décompression, mais il n’a pu me dire comment j’ai pu rester immobile précisément à ces profondeurs requises. Il a remarqué également que j’aurais dû être frigorifiée et engourdie par le froid des profondeurs, alors que je suis alerte et que ma température est normale.

     

    La psychologue des gardes-côtes, une charmante quinquagénaire, à qui j’ai également narré mon histoire m’a prise à part.

    — Donc vous avez rencontré la ‘tite Annick, fait-elle d’un air entendu.

    — Vous semblez bien la connaître. Je suppose donc qu’elle fait des séjours fréquents ici avec ses parents.

     

    Elle me regarde d’un drôle d’air.

    — Il est vrai que vous n’êtes pas censée savoir que le ferry est un ancien cargo transformé. En 1963, son capitaine est parti avec sa femme et sa ‘tite fille pour une traversée apparemment banale vers l’Orient. La ‘tite Annick était une mignonne gamine plutôt délurée qui s’intéressait à tout. Elle furetait partout sur le cargo, faisant fi des remontrances de ses parents. En Mer de Chine, le bâtiment essuya une tempête assez forte, et au cours de l’intempérie, la fillette avait disparu. On ne la retrouva plus, malgré toutes les recherches. Sa mère mourut de chagrin, peu de temps après. Le père était devenu alcoolique. Un jour, certainement ivre, il a échoué son cargo sur des hauts-fonds. Cela l’a achevé. Je déduis donc que c’est le fantôme de la ‘tite Annick qui vous a aidé. C’est elle qui vous a montré la cache secrète, c’est elle qui vous a conduit vers la cabine aux matériels de plongée. C’est encore elle qui a allumé l’ampoule, ne me demandez pas comment, et vous a fait respecter les paliers de décompression en vous protégeant du froid. En ce qui concerne la mer phosphorescente, il se pourrait que vous ayez été entourée par du plancton luminescent, je ne sais pas.

    — Admettons, mais et les mouettes ? Elle ne sont pas censées dormir la nuit venue ?

    — Je ne suis pas ornithologue, mais elles ont peut-être été attirées par la luminescence qu’elles supposaient attirer de petits poissons.

    — Alors quand elle m’a dit que ses parents étaient là-haut…

    — C’est qu’ils sont en réalité au Ciel.

    — Mais pourquoi moi ?

    — Alors là, je ne puis vous le dire. En tout cas, elle semble vous avoir prise en affection.

     

    Billie a été parmi les rescapées et on est tombées dans les bras l’une de l’autre avec des larmes de joie. Le bel agent des gardes-côtes est venu demander de mes nouvelles. Mon cœur a fait un bond. Mais pourquoi justement moi ?

     

    Deux mois plus tard, le rapport du Bureau des Enquêtes sur les Accidents Maritimes a conclu à une défaillance du système stabilisateur, trompant le pilote automatique. Le capitaine ne devait reprendre la main que passées les deux énormes colonnes de rocher calcaire dressées à un demi-mille du port. L’aileron droit du système s’est bloqué, faisant dévier le ferry, et dans l’obscurité et la légère brume, l’équipage ne s’est aperçu de rien. Le ferry a fait donc plus que frôler l’une des colonnes rocheuses et a réitéré l’accident du Titanic avec son iceberg.

     

    Fin

     

     

    RAHAR

     

     

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    Illustrations :

    www.plongeur.com

    www.blog.aufeminin.com


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  • Lune au matin, Sacré Coeur dans le coin    

     

     

     

    Le silence absolu,

    Ce doit être terrible,

    L'ai-je jamais connu ?

     

    Comme le noir complet,

    Quelquefois on le souhaite,

    Quand on est fatigué ...

     

    Cela pendant la nuit,

    Fermer les écoutilles,

    Ni lumières ni bruits !

     

    Je hais le brouhaha

    des salles des cantines,

    Surenchère des voix ...

     

    La ville et son trafic

    Ignorent le silence,

    Monstrueux alambic.

     

    Silence relatif

    Sera ma préférence,

    Quelques sons lénitifs !

     

    Un exemple ? Voilà :

    Petit vent dans les feuilles,

    C'est mon silence à moi !

     

     

    Lenaïg

     

    pour le jeudi en poésie d'Annick,  ABC.

     

     

     

     


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    Jeu de la cour de récréation chez jill-bill

     

    Clet

     

     

    Comment filer à l’anglaise sans passer par Londres

     

     

    Ce matin-là, comme tous les autres, le petit Clet du haut de ses treize ans, n’avait pas fait ses devoirs du jour. Encore gelé, il quitta la résidence familiale en claquant la porte qui faillit sortir de ses gonds. Les parents apeurés n’osèrent élever le ton, craignant de traumatiser leur rejeton qui leur piquerait une crise majeure en pareil cas.

     

    Depuis longtemps, ces parents-là avaient renoncé à dominer le hamster fou qui trottait dans la tête de leur fils. Ce dernier empoisonnait leur vie. Vivement, les deux parents se précipitèrent sur la porte et la verrouillèrent solidement afin de jouir de quelques heures de sainte paix sans la présence fatale de  l’erreur de leur vie : Clet. Après, ils débranchèrent le téléphone pour ainsi s’assurer que la directrice de l’école ne les contacterait pas au sujet de cet enfant contre-productif selon la psychologue ou possédé du démon, selon le curé du village. En effet, le vieux prêtre certifiait depuis longtemps, tout en vociférant du haut de sa chaire  que cet enfant incarnait à lui seul les sept péchés capitaux. Tout un village ne suffisait pas à l’éduquer. Il faudrait le faire décroître.

     

    Rien n’y fit ! Clet grandissait à vue d’œil à force de gourmandise et d’artifices collectionnés pour ressembler à Johnny Deep. Ses dernières trouvailles, porter de faux cils pour avoir un regard de biche caché sous des verres colorés et accrocher à son cou douze colliers en provenance du précieux coffre à bijoux de sa grand-mère. Puis, pour compléter son look d’enfer, il avait volé la casquette quatre saisons du  clochard au village.

     

    Plutôt que d’aller à l’école, Clet se présenta à la cave à vin pour faire bombance. Il assista à la présentation avant de disparaître soûlé, sous les tables des fromages. 

     

      http://www.cletduvin.com/index.asp?ID=481

     

     

    Marie Louve

     

     

    Photos du net


     

     

     

     

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