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    MORT À LA TACHE !

     

     

    — Monsieur Georges Kulas est là, monsieur.

    — Très bien, faites-le entrer, Marilyn. Merci.

    Calvin O’Miel, dit ironiquement « Beau Gosse » (Sa mise et sa classe compensent son visage un peu chafouin), continue de consulter sa paperasse, quand un homme en chemise-cravate entre sur la pointe des pieds, remontant nerveusement ses grosses lunettes d’écaille. Calvin termine d’annoter un document, puis lève les yeux. Il a devant lui un type de la trentaine, comme lui, assez falot, une vrai bouille de Clark Kent avec ses lunettes, mais n’ayant pas la carrure imposante du superhéros. Calvin se lève et arbore son fameux sourire enjôleur.

    — Tiens donc, Georges ! Content de te voir, assieds-toi donc. Un whisky ?

    — Non merci, il est encore un peu tôt, tu ne trouves pas ?

    Georges s’assied gauchement sur le bord de son fauteuil, comme s’il craignait de salir le meuble ou comme si ce dernier était brûlant. Il a le dos un peu voûté de celui qui passe la journée à se pencher sur des chiffres. Calvin allume un ninas sans en offrir à son hôte ; il sait que celui-ci ne fume pas.

    — Alors, tu as enfin terminé ?

    — Pourquoi enfin ? Tu sais pertinemment que ce n’est pas un boulot d’amateur.

    — Calmos Georges, je te taquinais, c’est tout. Mais me garantis-tu les résultats ?

    — Absolument. La comptabilité pour le fisc est impec. Celle pour la Famille est à jour.

    — Ah, tout ce pognon que le fisc va me prendre !

    — Écoute Calvin, si tu veux rester peinard, tu dois payer scrupuleusement tes impôts. Tu sais très bien comment a fini Al Capone.

    — Oui, je sais. Mais c’est rageant de voir perdre tout ce fric… Enfin. Tiens, voilà ton chèque. Mais à propos, avec tout ce que tu gagnes, pourquoi te fringues-tu comme un beauf ? Tu n’es pas marié, si je ne m’abuse.

    — Euh… Non, je suis comme toi.

    — Minute, papillon ! Je ne suis pas comme toi. Je parie que tu n’as même pas de petite amie.

    — Ben… J’avoue que je n’ai pas beaucoup de succès, contrairement à toi.

    — Mais regarde-toi, Georges. Comment veux-tu faire tomber une fille avec ton aspect ? Tes lunettes par exemple, tu ferais mieux de les remplacer par des verres sans monture ; pourtant, tu as une bouille assez intéressante. Et puis tu devrais renouveler ta garde-robe, tu as l’air d’un paquet mal ficelé.

    — Tu crois qu’ainsi j’aurais plus de succès ? Mais je n’ai pas assez de bagou pour emballer une fille. Et puis, je n’ai pas ton appart de luxe. J’ai entendu dire que tu les tombais toutes, comment tu fais ?

    — Aaaah ! Mais un appart n’est pas suffisant pour draguer ; j’ai un secret, Georges. Tiens, pourquoi ne viendrais-tu pas à ma garçonnière ? J’aimerais te montrer quelque chose. Tu pourrais bien en prendre de la graine.

    — Maintenant, là ?

    — Eh bien pourquoi pas, je peux décréter que j’ai terminé mon boulot pour aujourd’hui.

     

    La garçonnière de Calvin est un luxueux penthouse perché au dernier étage d’un immeuble cossu. Compte tenu de ses activités et de sa position dans la Famille, « Beau Gosse » peut bien se le permettre. Il a même son propre ascenseur.

    Dès l’entrée, Georges est impressionné par la magnificence de l’appartement. On a manifestement donné carte blanche à un excellent décorateur. La vue est immédiatement attiré par un immense tapis de presque une vingtaine de mètres carrés au milieu du salon, se ariant parfaitement avec l’ameublement bas en précieux cuir.

    — Enlève donc tes chaussures, Georges, et viens fouler ce tapis.

    — Dis donc, où t’es-tu dégoté ce truc-là ? C’est absolument splendide.

    — C’est une commande spéciale d’Iran. Mais mets-toi donc à l’aise. Tu peux même t’asseoir sur le tapis.

    Précautionneusement, Georges marche sur le tapis. Il a une sensation extraordinaire avec ses pieds. Il s’accroupit et tâte avec hésitation la moquette duveteuse. Il finit par s’agenouiller pour caresser avec volupté cette douceur moelleuse.

    — Tu peux te rouler dedans, tu sais, fait Calvin avec un sourire goguenard. Allez, lâche-toi.

    — C’est extraordinaire ! Je comprends maintenant, une fois qu’une souris est sur le tapis, elle ne peut s’empêcher de s’y vautrer. Mais ce truc a dû te coûter la peau des fesses !

    — Bah, il vaut bien ses quelques milliers de dollars, tu ne crois pas ? Veux-tu boire quelque chose ?

    — Tu n’as pas du Baileys ?

    — Quoi, de la liqueur à cette heure ? T’es vraiment un plouc.

    — Ben quoi, je m’fous de l’heure et une liqueur me semble appropriée sur ce beau tapis.

    — Très bien, tu as peut-être raison.

     

    Georges se met sur le dos, se retourne à plat ventre, ne se lasse pas de caresser le tapis extraordinaire. Assis en tailleur en face de lui, Calvin arbore un sourire à la fois narquois et supérieur en sirotant son Baileys. Il a aussi une bouteille de Marie Brizard qu’il réserve justement à ses conquêtes ; ce Georges a des goûts de gonzesse.

    — Oups !

    — Putain Georges ! Tu ne peux pas faire attention, espèce de maladroit. C’est du beau !

    — Mille pardons Calvin ! J’ai été tellement fasciné par ton tapis.

    — Bougre d’imbécile ! Et moi qui attendais justement une gonzesse ce soir. Comment veux-tu que je l’emballe avec cette tache toute poisseuse de liqueur sur mon tapis ?

    — Vraiment navré, Cal…

    — Ah oui, tu peux l’être, connard. Fous le camp, je ne veux plus te voir. Je ne pourrais peut-être pas le faire nettoyer à temps.

    Penaud, Georges se rechausse et gagne lentement la porte. Sur le seuil, il se retourne avec un regard de chien battu.

    — Cal, tu peux faire partir la tache en un quart d’heure avec du tétrachlorure de carbone. J’ai aussi été chimiste, j’ai déjà synthétisé de la cocaïne pour Speedy Gonzales.

    — C’est vrai ? Bon, je vais m’en procurer. Mais tire-toi.

     

    L’urgentiste vient annoncer à la piquante brune qui avait appelé le SAMU le décès de Calvin O’Miel, il n’y a plus rien à faire.

    — Je crains qu’il n’ait été trop tard, mademoiselle.

    — Mais que s’est-il passé, docteur ? Nous nous sommes rencontrés ce matin même et il était en pleine forme. Et puis tout à l’heure, je l’ai vu étendu sur son tapis.

    — Vous avez dit qu’il avait une éponge à la main et qu’il y avait un flacon à côté de lui. Eh bien, c’était un flacon de tétrachlorure de carbone.

    — Il était en train de nettoyer une tache sur son tapis.

    — Voyez-vous mademoiselle, l’usage de ce détachant très toxique n’est pas recommandé aux particuliers, le jeune homme a été rapidement empoisonné par les émanations, et l’alcool qu’il avait ingurgité a malheureusement accéléré leur absorption. Personne ne pouvait rien faire.

    *

     

     

    A suivre

     

     

    RAHAR

     

     

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    Photos cueillies sur Google images

     

     

     


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  • Histoire n° 4,

    à double titre :

    Alastair - La peur de l'aspirateur !

     ***

     

    Rappelons-nous, dans l'Histoire n° 3, nous avons évoqué le spectre de la xénophobie, qui s'est bien vite dissipé dans notre microcosme.  "Spectre" ? Il n’en a pas fallu plus à l’ami Alastair pour venir subrepticement rôder au-dessus de l’appartement.

     

    Ce personnage en est un, de spectre. Que tout le monde se rassure, c’est un spectre gentil, ce n’est pas une allégorie (cela, en gros, veut dire une figure de style, une image pour représenter une idée). Alastair est donc un fantôme de son état et il préfère qu’on le nomme ainsi, ce qui veut dire la même chose. 

     

    Baptiste sent une présence inconnue et ne distingue d'abord rien. Comme il est le plus proche de Lena, tout frissonnant, il lui demande ce qui se passe. Alors, Lena le met dans la confidence et révèle Alastair à Baptiste. Et voici ce qu’il voit :

     

     

    Alastair

     

     

     

    "- Depuis quand es-tu là ? articule avec peine Baptiste, la mâchoire tombant d’étonnement.

    - Depuis cette nuit, répond Alastair, j’ai chatouillé les pieds de Lena pendant qu’elle dormait, pour rigoler et pour la préparer à mon arrivée, mais sans la réveiller. Angus le bélier ne dormait pas quand je suis arrivé et il m’a invité à me réfugier avec lui sur sa Montagne du Coussin vert, où nous avons refait l‘Ecosse , en riant et en pleurant tous les deux, de joie et de nostalgie mêlées."

     

    Merci, Alastair, d’avoir été si patient ! s’écrie Lena, en levant les yeux de son ordinateur, où elle est en train de dactylographier les notes qu’elle a gribouillées ce matin au petit déjeuner. En effet, ce matin, avant de sortir du placard le monstre aspirateur pour remuer le ménage, heu pardon pour faire son ménage, Lena a vite couché sur le papier des idées. Elle a cherché sa gomme normalement restée sur la table … Point de gomme … Mais, en soulevant son verre de jus d’orange, qu’a vu Lena, planquée derrière celui-ci ? la gomme et, assis en face d’elle, le fantôme Alastair en train de rigoler mais bien sapé, en kilt et en béret. C’était lui le coupable !

     

    Lena a ri aussi, ce qui fait du bien le matin (et tout le temps dans la journée) mais elle a momentanément laissé tomber Alastair pour s’atteler à une tâche monumentale : le passage de l’aspirateur et la séance d’époussetage. En guidant le va et vient de l‘appareil, elle dit à Baptiste en soupirant, par la voix mentale bien entendu, étant donné le bruit :

     

    "- Je ne connais pas la Fée du Logis, je le regrette bien car elle ferait tout ça tellement mieux que moi.

    - Et si tu avais été Blanche Neige, alors, tu te rends compte ? Pour faire le ménage dans la maison des Sept Nains, elle avait tous les oiseaux, les souris et les rats du coin ! "

     

    chien+aspirateurLa voix mentale est aujourd’hui vraiment fort utile à Lena et à Baptiste car, comme on dit communément, on ne s’entend plus causer dans cet appartement … Il y a en effet le grondement de l’appareil et les grognements, jappements de tous les chiens en peluche. Lena a renoncé à essayer de leur faire changer d’attitude : les chiens n’aiment pas l’aspirateur, c’est viscéral, pour eux c’est un ennemi, un intrus, et là, même le sage Piotr joint sa voix au concert des autres.

     

    Quant aux chats de tout poil du microcosme, il n’y en a plus un seul de visible : dès l’allumage de l’appareil, des dérapages de démarrage en trombe, des miaous de télescopage ont à peine eu le temps de se faire remarquer tellement cela s’est passé rapidement. Ils se sont tous planqués, les minets, pratiquement tous sur les hauteurs, et l’odeur de leur terreur s’est répandu partout (qu’on se rassure, ils ne sentent pas mauvais quand ils ont peur, c’est juste une odeur, bien caractéristique).

     

    Alastair l’a senti, cette odeur, mais il s’est bien gardé de tenter de les Chat perché - rassurer, car un chat qui a peur n’a plus toute sa tête et ne reconnaît plus rien ni personne. Il vaut mieux ne pas s’en approcher, il devient dangereux et peut vous planter ses griffes dans les bras, dans les yeux ! Il n’y a plus qu’à les laisser tranquilles et attendre que la cause de la peur cesse et que la situation redevienne normale. Lena a continué, résignée.

     

    Les peluches grand format, les ours et le lion n’ont pas peur, au contraire, ils aiment beaucoup ces journées, où Lena les cajole et leur parle à tous un par un en leur nettoyant le pelage avec la brosse. L’aspirateur est ramassé, Lena s’est douchée, elle s’installe dans le canapé pour causer enfin avec son fantôme favori.

     

    "- Alastair, te rappelles-tu comment tu as été conçu ?

    - De cela, non, Lena, l’eau a tellement coulé sous les ponts depuis."

     

    A  son retour d’Ecosse, où elle était allée en vacances avec sa maman, Lena avait envoyé à Mona des photos. Sur l’une d’elle, la maman de Lena posait devant un château en ruine et normalement … hanté.  Mona ne voyait pas le fantôme sur cette photo, alors Lena l'a dessiné et lui a donné un prénom … Alastair est né !

       

    L’imaginative Mona a bien contribué par la suite, avec Lena, à donner vie à l’ectoplasme (encore un autre nom pour fantôme). C’est ainsi que l’on a appris qu’Alastair, dans sa vie terrestre, avait été amoureux de la jeune Marie Stuart et que c’est d’ailleurs, en la défendant de toutes ses forces et de toute sa loyauté, qu’il perdit la vie, dans des circonstances tellement affreuses qu’on ne peut même pas les raconter, cela dépasse l’imagination. Etant mort sans avoir su ce qu’était devenu sa belle, il est resté errer entre les mondes, jusqu’à ce que Mona et Lena viennent le récupérer.

     

    Mona et Lena, par emails et par sms, inspirées par Terry Pratchett, lui ont notamment fait faire de la musculation ectoplasmique en compagnie du roi Vérence, fantôme du Disc Monde, il a pris du corps, de la stature, de la consistance et maintenant il vole carrément de ses propres ailes, oui on peut dire cela pour un fantôme, même s’il est loin d’être un ange !

     

     

    Lenaïg

    Mardi 18 mars 2008 

     

    Illustrations :

    Alastair, dessin Lenaïg

    Photos du net (voir album Animaux) 

    Traduction du dessin de London's time :

    "Je ne sais pas ce que c'est, mais je reconnais le Mal incarné !"

    

     *** 

     

    Le livre de Mona

     

     

    L'eau a coulé sous les ponts, nous dit le fantôme Alastair

    dans cette histoire.

    Et l'imaginative Mona vient d'achever son premier roman !

    Bravo, Mona !

    Un Alastair en cachait un autre ... celui-là bien humain.

    Mona, qui a vécu en Ecosse, qui aime tant se promener en forêt

    de Huelgoat, a puisé son inspiration dans ces deux sources-là

    en les réunissant.

    L'Alastair de Mona n'a rien à voir avec notre brave fantôme,

    il nous entraîne dans un tourbillon de fantaisie et de science-fiction !

     Si on aime le monde du Petit Peuple, des korrigans et des fées,

    si on n'a pas peur de voyager loin dans le temps et l'espace,

    si, comme moi, on apprécie les illustrations, surtout quand c'est

    "fait maison", on se plongera sans hésiter dans le roman de Mona :

     

    De Huelgoat à Kilchoan,

    initialement posté, chapitre après chapitre,

    sur Plumes au vent,

    maintenant édité chez Stellamaris !

     

     

    couverture-huelgoat-kilchoan-2d5c685 Editions Stellamaris 

     

     


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     <()>

     

     

    x 1310417297506Nuit en Savoie

     

    Un joyeux torrent

    chambre la nuit en montagne

    l'eau se fait berceuse

     

    <()>

     

     

    Nuit à Paimpol

     

    Chambre sur le port

    tintinabulent les mâts

    à Paimpol on dort

     

    <()>

     

     

    jurassic park1Nuit fantastique

     

    Des bruits sourds et lourds

    l'attente dans l'épouvante

    le T-Rex approche

     

     

    <()>

     

     

    Plage au crépuscule

     

    Le ressac tranquille

    loin des rumeurs de la ville

    froufrou apaisant  

     

    port de paimpol<()>

     

     

    A la ville, ou pas

     

    Rareté des sons

    la nuit a ce privilège

    les soucis s'allègent

     

    <()>  

     

     

    Fenêtre entrouverte

     

    Petit vent discret

    feuilles bruissant doucement

    everything OK.

     

    <()>

     

     

     

    Lenaïg  

     

     

    PS : depuis hier soir, impossible pour moi d'obtenir des images, "overblog ne répond pas".

     

    Note à 12 h 19 : ah, mon bon vieil ordinateur, qui n'en peut presque plus mais que j'ai remis en service. Brave bête, c'est lui qui me sort de ce mauvais pas, quand le petit nouveau cherche toujours comment régler les problèmes et bien se connecter ...

     

     

    Photos :

    Extraites de la vitrine de Google images

     ET ...

     en haut, photo de bord de mer prise par Mona le 11 novembre 2011

     

     


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  •  
     
     
     
    Quand on navigue sur ... l'Attente,
    On a le temps pour océan.
    Le calme plat ? On s'impatiente,
    Heures passant trop lentement.
     
    Et lorsque l'échéance arrive :
    Evénement, des êtres chers,
    Une mouette annonce la rive :
    Terre, terre ! Fini la mer !
     
    ***
     
    Quand j'étais toute petite,
    Attendre, c'était trop long.
    Je voulais mes bonheurs vite,
    Ours en rond dans la maison !
     
    Maintenant que je suis grande,
    Je vois l'attente autrement.
    Et du temps, j'en redemande,
    Attendre n'est plus tourment !
     
    ***
     
    Attendre est comme un naufrage,
    Quand on n'a qu'un mince espoir.
    Disparus, fugueurs, otages :
    Horreur de ne pas savoir.
     
    ***
     
    Les heures défilent
    Tout comme les jours ;
    Confiante ou fébrile,
    J'attends son retour.
     
    ***
     
    Lenaïg
     
     
      Jeudis en poésie
    Proposition :
    Pour le 10 novembre : Le silence
    Pour le 17 novembre : l'attente
     
     
    ABC
     
     
     
     
    Photo du net :
    "Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir",
       
     
     
     

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  • Jeu de la cour de récréation chez jill-bill

     

    Josaphat fille de Carrie Dondelle et d’Aminedada Boulabas

     

    À douze ans, Carrie Dondelle fut contrainte d’épouser le père devenu veuf de l’ami d’enfance de son propre père, Polycarpe Dondelle.  La cérémonie fut vite bâclée dans la chapelle d’Arnac-La Peste.

     

    C’est ainsi que Carrie devint la mère de suppléance des douze enfants, tous des garçons, du veuf, Aminedada Boulabas. Pauvre Carrie. Pire sort ne pouvait lui être dévolu. Même Blanche-Neige connut mieux avec ses sept nains et son  affreuse belle-mère.

     

    Pour l’aider dans ses nouvelles tâches, une  vieille tante célibataire, Isobelle Dondelle, vint à son secours. Il nous faut savoir que cette dernière faisait fort mauvaise mine, à ce point qu’aucun soupirant n’eut souhaité demander sa main. Elle en fut fort aise et se consacra à la culture des fines herbes qu’elle collectionnait minutieusement. Parmi les femmes du bourg d’Arnac, plusieurs la consultaient pour guérir leurs mauvais jours. Les hommes la dédaignaient, mais Aminedada Boulabas n’était pas en position de force avec ses douze orphelins sur les bras. Il dut baisser les siens devant la présence indésirable de la vieille Isobelle chez lui. Celle-ci avait pris les commandes des cuisines et mijotait pour tous, les savoureux repas servis dans cette famille. Bien sûr, le meilleur, toujours un plat spécial pour le maître des lieux.

     

    Le vieil homme dut se soumettre à ce nouveau régime sous peine de perdre lui-même le contrôle sur ses fils qui grandissaient plus vite que sa vieillesse. Il ne pouvait s’expliquer la chute de sa libido devenue au point mort depuis le jour de son mariage et l’arrivée des deux femmes dans sa maison. Pourtant, preuve faite : douze orphelins en douze années de mariage avec sa première épouse morte en couches du treizième, le laissait perplexe et surtout mortellement humilié. Conclusion : Carrie Dondelle et Isobelle étaient la cause de son manque d’appétence sexuelle !

     

    Sur le champ, il chassa de sa demeure Isobelle. Étrangement, le mois suivant, il sentit l’homme revenu en lui.  Vigoureusement, il viola Carrie qui hurlait sa révolte.   Depuis le premier jour. Timinedada, le fils aîné d’Aminedada, aimait secrètement la belle Carrie. Il en rêvait jour et nuit. Timinedada ne put réprimer sa jalousie ni sa colère. Il tua son père encore béat des plaisirs interdits du viol commis contre la volonté de la douce Carrie.

     

    Alertée par toutes les femmes du bourg, Isobelle revint à la maison des Boulabas. Par ses fines herbes et ses cultures maraîchères, elle reprit le contrôle des cuisines de la maison. Carrie accoucha d’une petite fille qu’on prénomma Josaphat, on l’a déclara de sexe masculin pour qu’ainsi, elle grandisse librement comme un homme et que jamais, on ne l’oblige à marier contre sa volonté. La fin justifie les moyens.

     

     

    Femme ? - La Duchesse laide, Quentin Metsys, 1513 

     

    Choix de Marie-Louve

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Vieille_Femme_grotesque

    Ou : voir références dans l'album Femmes d'un certain âge et de caractère sur ce blog.

     

     

    Est-ce Isobelle ?

     

     

    Marie Louve

     

     


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