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     Si je supprimais Rob, de quel bois sera fait son successeur ? Je n’irai pas jusqu’à le qualifier de bienfaiteur, mais sa méthode de gestion me semble tolérable. Même en prison, il pourra toujours administrer son territoire. Mon client est bien pressé d’enfiler les sabots du vieux. À propos, Rob se redresse. Il est livide, un filet de bave coule à la commissure de ses lèvres et sa respiration se fait plus chuintante. Il est assez mal en point.
     

     

      — Sais-tu pourquoi je n’ai pas eu peur de toi, fiston ? Je te considère comme une délivrance.
      — J’hésite maintenant à vous tuer, vieux sacripant.
      — Surtout pas, bordel ! J’ai le cancer, petit. J’en suis en quelque sorte au stade terminal et je n’ai que quelques jours, voire quelques heures à vivre. Je souffre le martyre et je marche à l’héroïne. La dose que me donne cette gratteuse d’infirmière ne me suffit pas. Là maintenant, je me crois en enfer. Je t’en supplie, achève-moi.
      — Ce serait de l’euthanasie.
      — Et alors ? Je mourrai sous peu, de toute façon. À propos, ton feu n’a pas de silencieux. Comment vas-tu t’en sortir avec les deux policiers dans le couloir ?
      — C’est un pistolet à aiguilles empoisonnées…
      — C’est douloureux ? Voyons, que dis-je, je souffre déjà, la douleur ne sera pas pire.
      — Détrompez-vous, vous aurez quelques secondes interminables d’agonie insupportable. Mais ne vous en faites pas, je vous endormirai avant, c’est le moins que je puisse faire, fais-je en changeant la cartouche.
      — J’ai une autre faveur à te demander, fiston. Un contrat sur la tête de Jesus Impacian. C’est lui qui veut prendre ma place. C’est un dur, il est aussi cupide qu’impitoyable, depuis toujours, j’ai eu du mal à le mater… Tiens, voici une clef de consigne de la Gare Cinq Lézards. Tu y trouveras des bons au porteur. Garde la monnaie, fait-il avec un sourire. Ah, tu plairais bien à ma petite-fille, un beau brin de fille intelligente et instruite, un docteur en médecine.
      — Désolé monsieur Deshambre, je suis déjà marié.
      — Ah, dommage !... Celui qui me succédera sera Joe « le Défroqué ». Je sais qu’il va suivre ma ligne de conduite et ne foutra pas le bordel sur mon territoire. Reste à savoir s’il pourra la maintenir face aux autres requins. Enfin, je suppose que cela ne me concerne plus.
      — J’accepte le contrat, Monsieur Deshambre… Adieu, puissiez-vous trouver la paix.
      — Merci petit. Vas-y  maintenant, je souffre trop.
     

     

     J’attends que l’aiguille soporifique fasse son effet, puis j’utilise celle empoisonnée. Brusquement, l’appareil d’assistance couine et bipe en continu ; le bruit paraît assourdissant. Imbécile que je suis ! J’ai oublié de bricoler l’appareil qui surveillait les signes vitaux de Rob. J’avoue que notre conversation a un peu troublé mon esprit. J’entends des bruits de pas.
      La porte est ouverte à la volée et une infirmière, un médecin et un policier font irruption. Alors que l’infirmière s’occupe de l’appareil, le toubib constate le décès.
      — Eh bien, votre prisonnier est clamsé, monsieur le policier. Je crois qu’il a eu une seconde attaque, fatale cette fois-ci.
      — Bah, bon débarras, doc ! Au fisc de se débrouiller maintenant.
      L’agent de police retransmet l’information dans son communicateur. Deux autres infirmiers arrivent pour évacuer Rob. L’infirmière ouvre le vaste placard et décroche les vêtements du mort. Puis tout ce beau monde sort de la chambre.
     

     

      J’essuie en soupirant la fine sueur de mon front. Heureusement, feu Rob n’a pas apporté toute sa garde-robe ; j’ai repoussé les cintres du côté du battant ouvrant et me suis tapi tout au fond du placard. J’aurais pu évidemment les endormir tous, mais je ne peux pas me fier entièrement à mon ouïe pour repérer la position de chacun, et le flic pouvait avoir des réflexes fulgurants, qui sait. Je n’ai pas de masque, et le temps qu’ils tombent dans les bras de Morphée, certains pourraient voir mon visage ; le poulet doit certainement être physionomiste. Je me rue sur l’interrupteur et éteins la lumière, puis me déplace comme un chat dans la pénombre vers la fenêtre. J’écarte un peu les rideaux et jette un œil dans la cour. Pas âme qui vive. J’atterris dans les bégonias que je n’ai vus qu’au dernier moment. Le jardinier de l’hôpital va avoir du boulot.
     

     

      On ne s’apercevra du meurtre qu’au cours de l’autopsie. À ce moment-là, le bâtiment va grouiller de keufs et je dois filer fissa. Je ne vais pas sortir par devant, j’ai encore droit à une séance de gym en sautant le mur de derrière.
     
     

      J’ai trouvé les bons au porteur. Rob ne m’a pas raconté des bobards, il y a là plusieurs fois mon tarif habituel. Quoiqu’il en soit, il m’a dit de garder « la monnaie ». Je crois bien que je vais honorer le contrat. Une jolie petite bombe directionnelle bien artisanale sous la voiture de Jesus Impacian fera l’affaire. J’ai expérimenté toute une année sur des tires mises à la casse et des mannequins pour parvenir à dégommer le passager d’une bagnole en épargnant autant que possible le chauffeur. Où vais-je bien emmener ma petite famille en vacance ? Miami ? Majunga ? Sydney ? Ou bien Paris ?

     

     

     

    RAHAR

     

     

    Photo du net : bégonias en plate-bande. 

     


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    - Et la Corse ? lui demandais-je un soir.

    Il me regarda alors avec un sourire et ses yeux brillèrent un peu. Une sorte de tristesse revint ensuite, il s'excusa en me disant bonsoir.

     

     

    La vie continuait. « Oh oui, oh oui... » avait donné son congé et le Tunisien la remplaçait. C'était moins romantique. Le corse, lui, vivait dans la petite chambre, celle que j'avais laissé pour la plus spacieuse des quatre dès que l'occupant de l'époque partit. J'étais le locataire le plus ancien maintenant. Je venais de trouver un stage en comptabilité avec des horaires de père de famille. Le corse ne sortait plus de sa chambre qui sentait le fromage rance et le tabac froid ; la fenêtre semblait ne jamais s'ouvrir.

     

     

    Un jour, il vint me voir en souriant :

    — Tu connais les chevaux ? me dit-il doucement, je t'emmène sur un hippodrome si tu veux.

    — Pourquoi pas, répondis-je innocemment, tu m'expliqueras, je n'ai jamais joué.

    Nous sommes partis aussitôt vers une « cabane », ces maisons de jeux sur les bords des terrains de courses, et, dans la voiture, il s'ingénia à me décrire la procédure des débutants, les combinaisons les plus simples, les paris sans risques... En fait, je n'ai joué qu'une fois, au grand désappointement de mon camarade soudain devenu plus familier. « Non, non, je ne suis pas fan de ces choses, je n'aime pas les jeux d'argent. Et puis, perdre 100 francs, ça me suffit : j'ai pas un sou... »

       

     

    Il commença alors à me parler de son pays : la corse, l'île de beauté, des Seigneurs :

    « Si tu voyais le maquis, à perte de vue, le gibier, le romarin, les odeurs ; elles me manquent les odeurs... »

    Le temps passait, et il disparaissait par intermittence.

    T'aurais pas 50 francs à me prêter. Je suis un peu juste en ce moment.

    Oui mais pas davantage, moi aussi je suis fauché.

    Sa chambre sentait de plus en plus et je m'habituai à l'inviter chez moi, par

    commodité. Il paraissait de plus en plus renfrogné. Un jour, il lâcha :

    J'peux pas revenir chez moi, en corse. J'ai..., j'ai...

    — T'as quoi ? Demandais-je, curieux.

    — Ah rien, rien...

     

     

    La logeuse le regardait d'un oeil bizarre. « Y'a d'l'eau dans l'gaz... » Ces pensées me revenaient régulièrement mais je n'osais aborder le sujet avec un gars aussi fuyant que le Corse, cet homme changeant comme la météo, fuyant et jovial à la fois, attachant et presque repoussant. Un jour, il arriva avec un sourire radieux.

    — Tiens, voilà 150 francs pour le total, plus 50 avec les intérêts. Je vais même pouvoir payer mes deux loyers de retard, je me suis refait.

    Refait ?

    T'occupe. T'es pas content ?

    — Si, si. Garde tes intérêts, je n'en veux pas.T'as trouvé du boulot ?

    — Non, non. Ce sont des amis...

     

     

    Les locataires changèrent, lui restait dans sa chambre rance et noire où la

    fenêtre n'ouvrait jamais. Il allait et venait, débraillé et les cheveux en épis, l'air hagard en me disant à peine bonjour depuis que j'avais essayé d'en savoir plus sur sa vie. Il ne me demanda encore qu'une fois 50 francs jusqu'à ce que je ne le revois plus. Un jour où son absence s'attardait depuis près de trois semaines, la propriétaire

    vint me voir en me demandant si je l'avais vu :

    — Vous n'avez pas de nouvelles du corse, Dominique ? Il me doit trois mois de loyer et je n'arrive pas à le joindre au téléphone. J'en ai marre de lui faire crédit et puis, vous ne sentez pas l'odeur ?

    — Bôh, c'est pas grand chose, dis-je pour la rassurer.

    — S'il ne m'a pas répondu à la fin du mois, je le vire, glapit-elle. J'en ai marre !

     

     

    J'espérais naïvement qu'il réapparaîtrait, qu'il sauverait la situation. Au premier du mois suivant elle vint devant sa porte avec appréhension. Elle m'avait demandé de l'aider, au besoin. En ouvrant, l'odeur contenue surgit comme une vague de chaleur d'un quinze août (on était en février) et nous submergea en emportant avec elle un relent de gruyère fermenté à l'ail et au jus de chaussettes encrassées depuis des lustres. Une poussière s'éleva tel un tsunami dans un noir presque opaque sur des vêtement crasseux entassés. Çà et là, des papiers gisaient au milieu de bouteilles entamées et de slips couleur de merde. Le lit, pas fait, s'ouvrait sur des sacs décharnés, et un cendrier rempli trônait sur le drap brûlé par endroits. La sueur, le

    renfermé s'évaporaient lentement par la porte...

    Il fallut une journée entière pour nettoyer et assainir la pièce ( désinfecter

    diraient les mauvaises langues). On apprit un peu plus tard que la police le

    recherchait pour dettes de jeux dans la région, et d'autres exactions plus grave en Corse. L'homme figurait parmi les truands dangereux du milieu.

     

     

    Devant la nouvelle, notre logeuse faillit s'évanouir mais se remit de son malaise en se vantant d'avoir résisté victorieusement aux avances d'un bandit... Je l'aimais bien, le Corse, je crois que j'aurais pu l'aider en dialoguant davantage. Il ne m'a pas laissé le temps. Le voulait-il ? Le voulais-je ? Et qu'aurais-je fait à sa place ? Je ne sais pas, après tout. Il y avait comme une fatalité dans son regard, comme une malédiction.

     

     

    On ne l'a jamais revu.

       

     

    Dominique Biot

     

     

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      Une proposition de contrat sur Rob Deshambre. Je sais bien qui c’est : c’est le grand ponte de la prostitution et des jeux à Vas Legas, une ville réputée touristique de la côte est. Je devais être encore en langes quand ce gangster avait fait main basse sur la cité des jeux. Il n’avait pas fait trop de vagues, voilà pourquoi peu de gens ont entendu parler de lui.
      Mais des agents du fisc zélés ont fini par l’épingler. Je me demande bien pourquoi quelqu’un veut l’effacer, Rob s’était arrangé pour que sa chute n’entraînât pas celle de ses subordonnés ; il était respecté des autres parrains, même s’il n’était pas aussi violent qu’eux.
      Ce n’est pas tellement la prostitution en elle-même qui me choque, mais l’exploitation de ces pauvres filles qui doivent se contenter de ce que le gang leur laisse. Concernant les jeux, ce sont surtout les étrangers et les touristes qui se font plumer. Si j’étais cynique, je dirais que cet apport de devises est plutôt bénéfique au pays et les gogos n’ont que ce qu’ils méritent.

     

     

     

      Rob est gardé à l’Hôpital Central : son cœur a flanché quand le fisc lui est tombé dessus. L’information devait être tenue secrète, mais mon client doit avoir un ripou dans la poche. Yvonne en a bien fait épingler quelques uns, mais pour les détecter, elle doit leur être présentée et leur serrer la main, ce qui n’est raisonnablement pas possible pour sa propre ville qui compte plus d’un millier d’agents, et encore moins ici à Vas Legas où on ne la connaît pas.
      Le problème est d’approcher Rob. Le coup du faux médecin ou du faux infirmier est bien surfait et cela ne marche que dans les films. Le personnel d’un hôpital, même aussi grand que celui-ci, risque fort de détecter l’intrus. Le coup du réparateur est aussi aléatoire et buterait sur l’administration tatillonne. Je dois alors me mettre dans la peau d’un cambrioleur en bleu de travail et casquette.

     

     

      C’est un jeu d’enfant pour moi de franchir le haut mur d’enceinte, grâce à mon heure quotidienne d’entretien physique. Un arbre providentiel me permet d’accéder au balcon d’une chambre du premier étage. La lune n’est pas pleine, mais elle me dispense assez de clarté pour que je ne me casse pas la gueule. La porte n’est heureusement pas verrouillée et j’écarte doucement le rideau. Un malade est en train de lire sur son lit. Je l’endors avec une fléchette, le borde soigneusement, ferme le livre et éteins la veilleuse. C’est la chambre 122. Celle de Rob est le 26, quatre chambres plus à droite en dessous, si je me fie au plan du bâtiment.
      J’entrebâille la porte du couloir. Je ne détecte rien, alors je me glisse vers la chambre 126. En passant, je jette un œil furtif dans la cage d’escalier. Une infirmière est en train de monter. Je me hâte, ouvre la porte du 126, le pistolet à aiguilles au poing, et entre précipitamment. La malade éberluée en robe de chambre n’a pas le temps de crier. Je cueille au vol le corps endormi et le dépose doucement sur le lit. Elle n’a vu que le bas de mon visage avec ma fausse moustache.
     

     

    Je change la cartouche d’aiguilles soporifiques contre une autre contenant des fléchettes empoisonnées. Grâce à la chaise, j’atteins la grille d’aération que je descelle et je me glisse dans le passage. Bandant tous mes muscles, je descends lentement vers l’étage en dessous. J’atteins le coude et rampe vers la grille de la chambre de Rob. Avec ma pince au vanadium, je descelle la grille d’aération que j’enlève sans bruit, puis je me coule dehors et j’atterris souplement.

      Rob Deshambre est alité et sa respiration est laborieuse. Je me redresse et m’approche du lit. Je n’ai fait aucun bruit avec mes semelles de crêpe, mais Rob ouvre les yeux et me fixe, il n’a même pas un regard pour mon arme. La surprise m’a paralysé une seconde. Mon doigt se crispe sur la détente.
      — Alors il n’a pas attendu longtemps pour vouloir prendre ma place. Je suppose que tu vas me tuer, fiston.
      J’ai en face de moi un octogénaire nullement effrayé, souriant même ; on aurait dit un charmant papi s’entretenant sereinement avec son petit-fils. Contrairement aux autres, il n’était pas bouffi ni obèse, il paraît même légèrement émacié. Je ne sais pas ce qui m’a pris, mon doigt s’est relâché.

     

     

      — Mon client vous en veut certainement à mort pour m’avoir engagé.
      — Non ! Ne me dis pas que tu es le Cobra…
      — Je ne suis que l’Éboueur.
      — Quand même ! Le fameux Éboueur ! C’est un honneur, fiston, fait-il hilare, ce qui le plonge dans une longue quinte de toux qui le laisse pantelant. Il ne paraît pas très en forme.
      — Vous ne semblez pas craindre la mort, fais-je un peu intrigué. Ceux qui ont eu le privilège de me voir ont fait dans leur culotte, pour ainsi dire.
      — À ce qu’on m’a dit, tu as une certaine éthique et tu enquêtes sur ta victime avant d’avaliser un contrat.
      — Je vois que vous êtes bien renseigné.
      — Tu as enquêté autour de moi, mais m’as-tu parlé une seule fois ? Me connais-tu vraiment ? Ce n’est pas que je veuille te convaincre de m’épargner, mais je ne veux pas que tu te fasses une fausse idée de ma personne.
      — Vous êtes le chef du gang de la prostitution et des jeux, cela ne suffit-il pas ?
      — Je l’admets volontiers, mais primo, je n’ai pas de sang sur les mains… Enfin, je me suis bagarré, souvent violemment, je le concède, mais je n’ai jamais tué de mes mains, ni commandité de meurtre. Deuxio, je fais vivre décemment des tas de familles…
      — Cependant, j’ai entendu dire qu’il y a eu des exécutions…
      — Des initiatives malheureuses dont je n’ai entendu dire qu’après coup. Les auteurs ont d’ailleurs été durement châtiés.
      — Et la part que vous soustrayez aux pauvres filles…
      — Écoute fiston, ces pauvres filles ou garçons dont tu parles sont pour la plupart des désespérés. On ne les a pas obligé à faire ce métier, contrairement à la pratique des autres territoires. On ne fait que leur fournir une protection ; c’est comme quand tu souscris une assurance, quoi. Quant à leur niveau de vie, va comparer avec celui des autres ailleurs. Concernant les jeux, il y a belle lurette que je ne truque plus, la banque gagne toujours et cela me suffit. J’aurais dû avoir plus d’instruction, voilà-t-il pas que le fisc me tombe dessus au soir de ma vie.
      — Justement, votre vie tire à sa fin, que vous apporte maintenant toute votre fortune ?
      — Tu sais fiston, j’ai eu une vie de chien, dans ma jeunesse. J’ai bouffé de la vache enragée. Comme je te l’ai dit, je n’ai pas eu d’instruction, j’ai dû me frayer le chemin du succès à coups de poings. J’ai bien sûr écrasé des pieds et probablement détruit des familles, mais j’ai essayé de me racheter en m’adonnant à des œuvres charitables. Je n’ai pas oublié mes origines, et je m’efforce d’aider les démunis, les laissés pour compte. Comme dans le conte chinois, je distribue des cannes à pêche et non des poissons.
     

     

    Son visage se crispe brusquement et il se plie en deux. Je suis indécis, je rumine toutes ces informations. 

     

     

    A suivre


     

    RAHAR

     

     

     

     

     

     



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  •   Pour page Un sourire - Emoticone sympa

     

     

     

    Pour page Un sourire - Sourire mauvais, www.jedessine.com N'avez-vous pas remarqué

    Qu'un visage qu'on dit laid,

    Qui d'un sourire s'anime,

    Change tout à coup de mine ?

     

     

    Pas le sourire mauvais,

    Celui mal intentionné,

    Un rictus, une grimace,

    Car de ceux-là on s'en passe !

     

     

    Celui qu'on n'attendait plus,

    D'un être las et déçu,

    Qui retrouve l'espérance,

    Pour page Un sourire - Arlette Chabot revêche - Photo du netEt qui rentre dans la danse !

     

     

    Pas le sourire apprêté

    Des stars de ciné, télé,

    Commercial et sur commande,

    Qui n'est là qu'à la demande !

     

     

    Celui-là, il est aisé

    De pouvoir le démasquer.

    Si le regard reste vide,

    Le sourire en est stupide.

     

    Pour page Un sourire - Hugh Laurie Doctor House - photo du net

     

     

    ***

     

     

    Madame Arlette Chabot,

    Justement c'est rigolo,

    N'a pas beaucoup pris la pose.

    Souvent elle a l'air morose.

     

     

     

    Son sourire est spontané,

    Pour page Un sourire - Arlette Chabot souriante - Photo du netEt tout change quand il naît !

    J'en suis contente pour elle,

    Elle est soudain bien plus belle !

     

     

    Et le satané Doctor,

    Lui alors il fait très fort,

    Tout pour être antipathique,

    A voir si sa barbe pique !

     

     

     Pour page Un sourire - Dr-House-augmentation-de-salaire-pour-Hugh-Laurie image art

    Il doit être fatigué

    De ne jamais être gai !

    Allez, allez, on s'amuse,

    On va l'avoir par la ruse !

     

     

    C'était ma farce du jour,

    Concoctée avec amour.

    Rien ne vaut un vrai sourire,

    Qui pourra me contredire ?

     

     

    ***

     

     

    Lenaïg

     

     

     
    Photos du net.
    Au fait, que dit la légende de la dernière photo ?
    Hugh Laurie vient d'obtenir une augmentation de salaire !

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  • Pour page Le Corse, Dominique Biot - 060609 hortensias - www.rmc.fr

     

     

     

    On l'appelait le Corse comme on aurait l'aurait surnommé François ou le Bordelais. En fait, on ne connaissait pas son nom et, s'il nous l'avait dit, ce fut si doucement, si insignifiant, qu'on ne l'avait pas retenu. Il parlait peu, au début.
    Lorsque je le croisai comme colocataire, les premiers jours, je ne remarquai qu'un visage frustre, fuyant mais poli :
    — Bonjour, me dit-il avec pudeur.

     

     

    Depuis deux ans, je vivais dans une des chambres meublées d'un pavillon cossu encastré en banlieue d'une grande ville. Un petit jardin entretenu entourait la maison, et sa porte arrière ouvrait sur un couloir bordé des quatre logement loués qui changeaient régulièrement de pensionnaires. Les merles, la pelouse verte, les hortensias sous un ciel du Sud, tout portait à la légèreté, le sourire, si les incidents de la vie ne venaient ternir le tableau... Lors de l'entretien d'embauche, la propriétaire nous recevait avec bonhommie, elle s'appliquait une humeur joviale à nous mettre à l'aise, elle nous dorlotait même, comme pour compenser sa solitude de retraitée ;
    c'était la " mama " du quartier. Quand un locataire partait vers d'autres lieux, elle versait presque sa petite larme, elle faisait son deuil, à moins que le protégé l'eut ennuyée, combattue, truandée auraient dit les jeunes. Alors la vieille dame sortait ses griffes, tempêtait, lançait des regards indignés et furieux, des regards de louve...
    « Après tout ce que je fais pour lui, pour elle ; enfin... »

     

     

    Moi, elle m'avait à la bonne, elle m'aimait presque comme un fils, j'avais mes entrées et nous nous voyions à chaque occasion sans arrière-pensées. Pour autant, elle ne me demandait rien sur mes compagnons de chambre, son avis lui suffisait. C'était une brave femme.
    De l'autre côté du mur, je vivais ces évènements, ces cohabitations, plus
    intimement, si j'ose dire, avec leurs avantages et leurs inconvénients... En arrivant, j'héritai de la plus petite chambre venant de se libérer. En fait, elles se composaient toutes d'un lit rectangulaire et d'une armoire en face d'un lavabo encadré d'un lino anti-humidité. Une fenêtre éclairait l'ensemble.
    « Vous ne devrez pas cuisiner compte tenu de l'étroitesse du logement, intimait la propriétaire. »

     

     

    Son bon coeur arrondissait les angles la confiance venue, mais il fallait faire ses preuves. Quoi de plus naturel ? Les murs étaient en carton : des cloisons mince de quelques centimètres, et il suffisait d'un mot trop haut pour que les habitants du rez de chaussée communient aux mêmes aventures, aux mêmes odeurs, aux même drames quelquefois. Encore novice en matière sexuelle, hors quelques flirts un peu poussés, ma libido tirait plus aux fantasmes qu'à la réalité du moment. Les cris endiablés de la voisine s'employèrent à m'enseigner quelques mystères cachés qui eussent fait rougir un bataillon de jeunesses :
    « Oh oui ! oh oui ! oh mmm ! Encore, encore ! »
    Le vendredi soir sonnait la charge lorsque l'amoureux rencontrait sa belle à partir de 22 heures jusqu'à..., je ne me rappelle plus... Et le matin :
    « Bonjour, vous allez bien ? Je ne vous ai pas dérangé hier soir ?
    « Non, non, ça va... » répondais-je, gêné.
    Hum, mon savoir vivre m'empêchait de dormir, mais que pouvais-je dire, ou faire ?

    Elle frisait les 20 ans, la voisine insouciante et vive : une fois sur deux, elle hurlait de jalousie, d'indignations, de colère et l'homme mûr de lui rétorquer l'air navré: « mais ma biche, ma femme ne voudra jamais... »

     

     

    Les autres locataires se faisaient plus discrets, comme cette esthéticienne en
    stage qui se mourait de solitude et me racontait ses déboires sentimentaux quelques soirs de cafard. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours eu la vocation de confident, un homme servant de grand frère à défaut de servir d'amant. Quoique, je n'ai peut-être pas su voir, comprendre autre chose ? Elle me glissait son chagrin à devoir côtoyer un homme marié un soir de semaine, subir cette maladie presque universelle qui les touchait toutes après la libération sexuelle... Mais je suis libre moi, avais-je envie de leur dire, vous comprenez ? Libre ! M'entendaient-elles à cette époque ?
    Lorsque qu'une chambre abritait un homme, c'était souvent un marginal tel que ce Tunisien asthmatique que j'amenai une nuit en urgence à l'hôpital vers trois heures du matin sur le dos cahoteux de mon deux-roues, et qui me prédisait la libération du Maghreb un grand soir en vomissant Bourgiba et les siens. « Khadafi, kadhafi,
    répétait-il sans cesse. » Sinon il ne pensait qu'aux femmes, il fut même remercié par la propriétaire parce qu'il courtisait assidûment sa petite fille de quatorze ans en voulant l'initier au Kama-sutra... Notre logeuse n'affectionnait pas les parasites du sexe, elle tolérait plus volontiers les chômeurs comme moi qui payaient leur loyer malgré tout, même avec retard. « Vous vous en sortirez mon petit, tenez bon, va ! Me disait-elle gentiment.»

     

     

    Et puis, il y eut le Corse. Le fameux Corse.
    — Bonjour, me dit-il avec pudeur le premier jour.
    L'homme se voulait discret, petit, invisible. Dans la semaine qui suivit son arrivée, il frappa timidement à ma porte pour me demander comment trouver les administrations, prendre les bus les plus rapides vers le centre-ville, joindre tel endroit. « Merci, me disait-il, merci beaucoup, vous êtes sympa. » .
    Je ne le revis plus un temps, il semblait affairé à des tâches importantes, très occupé, très pris. Il ne m'avait pas dit quel métier il exerçait, ou quel job il cherchait. J'aurais peut-être pu l'aider, j'avais tout mon temps à cette époque de chômage attrapé, d'oisiveté existentielle, d'errance personnelle, j'étais du pays, de la région. Il faut dire qu'à cette période je vivais la nuit et rentrais me coucher sur les 6 heures du matin.  Sitôt le soir, j'enfourchais ma mobylette pour rejoindre mes copains au même sort, mes frangines un peu zonardes. Ah ! jeunesse, jeunesse...

     

     

    Son type physique avoisinait les traits nordiques : cheveux blonds et rêches de lavages au savon, visage coupé à la serpe sur une barbe mal rasée, yeux farouches, avec un corps râblé et un peu voûté, mais d'une vivacité surprenante. Ce ne fut que des mois plus tard qu'il commença réellement à me parler, se confier même. Je crus comprendre qu'il ne travaillait plus, mais il n'abordait pas ce sujet ni ceux qui le gênaient. Une atmosphère mystérieuse l'enveloppait.

     

     

    A suivre

     

     

    Dominique Biot

     

     

    Image du net (voir Album Fantaisies 5).

     

     

     


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