• Pour page Attaque invisible 3, Rahar - www.routard.com

     

     

       Il venait à peine de s’assoupir, quand une lourde masse s’abattit sur lui, l’oppressant à la limite du supportable. Réveillé en sursaut, cherchant désespérément de l’air comme un poisson hors de l’eau, il tâtonna fébrilement pour retrouver sa torche de sa main gauche, alors qu’elle était à sa droite. Il essaya de repousser l’intrus, une ombre indécise, qui lui soufflait à la face une haleine fétide. En se débattant comme un forcené, son coude heurta la lampe qui roula. Une mâchoire baveuse chercha son cou, mais comme Jean se tortillait, les crocs acérés ne se plantèrent que dans on épaule.
      
       Malgré sa lassitude, il espérait ne pas sombrer dans les bras de Morphée. D’ailleurs, ses blessures l’élançaient et l’empêcheraient de même somnoler. Normalement, il pourrait supporter une nuit de veille. Il prit la résolution de rejoindre au plus vite la civilisation dès le lendemain. Il fallait une forte expédition comme le faisaient les orpailleurs, pour explorer cette contrée, et un hélicoptère ne serait pas un luxe pour rapatrier les hommes avant la nuit.
       Kean passa le temps à griffonner nerveusement dans son carnet, couchant ses impressions, formulant diverses théories, jetant des hypothèses et accumulant les interrogations. Vers une heure du matin, il perçut deux yeux de braise à travers les branchages. Il ne put s’empêcher d’avoir la chair de poule. Mais il se raisonna et se persuada que c’était certainement un félin curieux. N’empêche, sa main tremblait et le crayon faillit lui échapper.

     

       Aux environs de quatre heures, il se rendit compte avec effroi que la luminosité avait notablement diminué. L’aube était encore loin. Il n’était pas envisageable de faire du feu : l’exiguïté de l’abri ferait qu’il serait enfumé comme un hareng, et d’autre part, il devrait sortir pour trouver du bois, pas question de sacrifier la « porte ».
       Ce qu’il craignait arriva. Un souffle froid s’insinua dans la niche, et pourtant les rares feuilles des branchages de l’entrée n’avaient pas frémi. Les courts cheveux de Jean se hérissèrent, le crayon tomba par terre, ainsi que le calepin. Par pur réflexe conditionné, le globe trotteur ramassa machinalement le carnet et le glissa dans la poche de son jean. Un tremblement incoercible secoua le solide garçon. Il saisit la torche et balaya frénétiquement la petite caverne. Il crut entendre un couinement plaintif, mais c’était tellement ténu qu’il ne put se décider si le gémissement avait été réel. Un léger frôlement le fit sursauter. Il était tellement tendu qu’une névrose n’était pas à écarter. Il ne voyait rien, mais était conscient que « quelque chose » était là, avec lui.

     

       Un coup de griffe invisible qui entailla son jean et lacéra profondément sa jambe le convainquit qu’il n’était pas en train d’halluciner. Perdant toute dignité, il brailla sa terreur et se rua tête baissée vers la sortie, bousculant et éparpillant comme fétus les branchages. Heureusement, la lune, bien que loin d’être pleine, dispensait parcimonieusement une clarté qui évitait quand même de se casser la gueule. Piètre consolation, Jean se rendit compte, d’après l’effluve infect porté par le vent, que le monstre invisible le suivait.
       Jean était un sportif accompli, il avait du souffle. Par bonheur, le terrain n’était pas accidenté et les arbres de cette zone n’étaient pas trop serrés. Le professeur ne se souciait plus de la direction à suivre, il se contentait de fuir et essayer de distancer cette monstruosité. Mais fatalement, la configuration du terrain changea et il ne put plus soutenir son rythme. Le murmure rageur de son poursuivant l’atteignit et sa terreur monta d’un autre cran.
       Et ce fut le coup du sort. Jean trébucha sur une racine traîtresse et s’étala de tout son long. Sa terreur fut à son comble quand il se sentit saisi par les jambes. Il se cramponna à la maudite racine et sentit des griffes acérées lacérer profondément ses mollets. La force du désespoir et une montée d’adrénaline lui permirent de se dérober d’une puissante traction, en dépit de l’atroce douleur. D’un bond, il se redressa et reprit vaillamment sa course, bien que souffrant le martyre.

     

       Ne pouvant sortir du Mato Verde sans instruments, le seul espoir de Jean était de tomber sur un camp d’orpailleurs. Mais il risquait de n’y trouver personne avant le jour, ces gens ne se risqueraient pas dans la zone avant l’aube. Il n’eut d’autre recours que de courir sans but, s’efforçant seulement de maintenir la distance entre lui et son poursuivant.
       Il faut croire que le monstre ne connaissait pas la fatigue. Jean se rendit compte que l’entité se rapprochait. Il semblait tout de même que celui-ci ne pouvait pas traverser le tronc des arbres et devait donc suivre les zigzags de sa proie. L’homme s’était bien retourné une fois, mais il n’avait rien vu, rien entendu, sauf un très léger murmure grondant et évidemment l’odeur écoeurante quand il allait avec le vent.

       L’aube commençait à peine à blanchir l’horizon et Jean soufflait comme un phoque. Le désespoir le submergea. Les orpailleurs n’arriveront probablement que vers les sept heures. Il rejoindra certainement l’effectif des victimes du Mato Verde. Mais il se reprit : tant qu’il y avait de la vie… et il était un battant.

     

       Il gravissait un talus, quand des griffes accrochèrent l’un de ses rangers, et il chut sans grâce, le nez dans l’herbe humide de rosée. Une masse s’abattit sur son dos, essayant de l’immobiliser. En tentant un coup de tête arrière, Jean sentit son crâne buter contre quelque chose de mou et d’élastique ; c’était comme s’il avait cogné contre une balle de caoutchouc irrégulière. Un grognement inarticulé lui répondit, puis il sentit que des griffes puissantes labouraient son dos. Hurlant, tant de douleur que de terreur, il essaya de se tortiller pour se dégager. En vain, le monstre pesait de tout son poids. Dans un éclair de lucidité, Jean agrippa son APN qu’il avait mis en bandoulière, le tourna au pif vers son adversaire et appuya sur le déclencheur. Un flash aveuglant le débarrassa immédiatement de l’intolérable pression et il entendit un gémissement plaintif allant en s’éloignant. Profitant de ce moment de répit, il se releva en serrant les dents et essaya de progresser malgré ses blessures. Chaque pas était une torture et il laissait derrière lui un sillage de sang.

     

       L’aube naissante blanchissait à peine la canopée au loin. La pénombre régnait encore dans le sous-bois et Jean voyait à peine où il marchait. Brusquement, le sol se déroba sous lui et il roula tel un pantin désarticulé. Il s’arrêta, moulu, au fond d’un large bassin d’érosion ; pas loin, un bras de fleuve coulait paresseusement. Il était tombé sur un site d’exploitation aurifère ; il distingua la petite baraque d’un générateur-compresseur et divers outils éparpillés. Mais d’orpailleur, point : il était encore trop tôt. Un souffle de vent lui annonça l’arrivée de son poursuivant.
      
       Les orpailleurs furent frappés de stupeur en voyant cet étranger gisant en plein milieu de leur site d’exploitation. Le début de rage fut stoppé net quand ils constatèrent l’état pitoyable de l’individu ensanglanté. C’était absolument unique que quelqu’un qui avait passé seul la nuit ici fût retrouvé encore vivant. Les avis furent d’abord divergents sur la conduite à tenir. Néanmoins, la plupart de ces rudes gaillards n’étaient pas mauvais bougres et il fut donc décidé de ramener dare-dare l’infortuné blessé, d’autant que celui-ci avait réussi à murmurer avant de sombrer dans le coaltar qu’il avait des devises planquées dans la tige de ses rangers. Tous se résolurent alors à sacrifier quelques heures de cette journée pour porter secours à l’étranger, lequel arriva à l’hôpital délesté de son liquide ; il ne lui restait que sa carte Visa.
      
       Un accident bête m’avait fait frôler ce vortex fortuit, et il m’avait projeté dans cette dimension. En me référant à la décompte locale du temps, je suis arrivé ici il y a un peu moins d’un millier d’années. Ce monde est absolument insolite. Un globe lumineux qui se déplace pompe mon énergie et je dois m’abriter jusqu’à ce que son cycle se termine ; les créatures évoluées ici appellent ce cycle « jour ». Pour me régénérer, je n’ai d’autre recours que de voler l’énergie vitale des êtres vivants locaux. Je suis un naufragé, puisque je ne peux pas m’en retourner en retraversant le vortex, et j’ai bien essayé plusieurs fois sans succès. La puissante anomalie magnétique perturbe mon organisme et je dois donc sortir de cette région. Cependant, si je veux intégrer ce monde, je dois paraître comme les autochtones pour survivre. J’ai essayé d’intégrer un être humain, mais son degré d’intelligence et d’instruction ne me donne que très peu d’atouts pour m’en sortir sans problème dans cette civilisation.
     

     

      Ce Jean Nébavet a été ma chance : intelligent, instruit et cultivé, sa personnalité me permettra de m’en sortir aisément dans le monde. Mais le bougre se défend bien, c’est un esprit fort. J’ai dû me résoudre à l’affaiblir, tant mentalement que physiquement. Je me suis bien gardé de ne pas le blesser mortellement. Je sais par mes contacts mentaux que ces humains savaient se guérir dans leurs hôpitaux. Insensiblement, j’ai conduit sa course vers un camp de chercheurs d’or pour que le corps de mon futur hôte soit trouvé et traité. Il m’a un peu décontenancé avec son appareil à éclairs lumineux, mais je l’ai finalement rejoint, avant que la boule lumineuse ne se lève.

     

       La morphine administrée par le docteur m’a permis d’expulser totalement l’âme affaiblie de Jean Nébovet. La période de convalescence me permettra de bien maîtriser ce corps qui abritera mon essence, jusqu’à ce que puisse en changer dans quelques dizaines d’années.

     


     

    RAHAR

     

     

     

    Pour page Attaque invisible 3, Rahar - SGGoauldHuman

     

     

     

    Photos du net : forêt vierge (trouvée sur site www;routard.com) et photo archive de la série SG1 Stargate.

     

     

     

     


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  • Liseron - Photo haïku de Mamylilou août 2011

     

     

     

     

     

    Fleurs envahissantes,

    Maudite plante rampante,

    Pétales fragiles.*

     

    ***

     

    Petit liseron

    Mauvaise réputation

    Un si joli nom.

     

    Petit liseron

    se fait souvent arracher

    par les jardiniers.

     

    ***

     

    Fragiles trompettes

    s'avançant à la conquête

    des prés et des champs.

     

    Petit liseron

    avance et hisse couleurs :

    rose, bleu ou blanc.

     

    ***

     

    Petit liseron

    n'est pas de taille pourtant

    contre le béton.

     

    ***

     

    Lenaïg

     

     

    * Premier haïku déjà posté dans "Deuxième floraison chez Mamylilou", où j'avais pris pour thème les fleurs mal aimées.

     



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  • Pour page Attaque invisible 2, Rahar - Eclair1 - www.forum-ovni-ufologie.com

     

     

     

     

       En chemin, il entendit l’écho d’un groupe électrogène. Certainement des orpailleurs au boulot. La sagesse était de les éviter à tout prix pour ne pas risquer un affrontement inutile, on l’accuserait de vouloir voler leur site aurifère. En consultant sa boussole, il décida de se diriger vers le nord, vers les chutes du Guyanara. Alors qu’il franchissait un talus, il fut ébloui par le soleil montant… et il en resta baba. Incrédule, il vérifia sa boussole ; elle indiquait bien le nord… et pourtant il se dirigeait plein est ! Il se rabattit sur le GPS ; il lui disait que les chutes étaient à une centaine de mètres. Foutaises ! Il n’entendait pas le grondement caractéristique des cataractes, il ne voyait à perte de vue que le vert déprimant de la forêt. Avançant encore de quelques pas, son regard fut attiré par un arbre fourchu bien particulier. Ça alors ! Il aurait donc tourné en rond ? Ce n’était pas possible, depuis qu’il avait entendu les orpailleurs, il n’avait dévié que de quelques degrés et il savait tout de même suivre une ligne droite, ce n’était pas la première fois qu’il se déplaçait en forêt. Mais le fait était là : sa boussole indiquait le nord, le soleil lui montrait l’est, et le GPS semblait lui mentir sans vergogne.

     

       Voyons, un endroit ne peut pas être maudit, il devait y avoir une explication rationnelle. Des anomalies magnétiques ! C’était ça, mais oui. Bon, ça pouvait expliquer des troubles de l’orientation chez les disparus, mais encore fallait-il expliquer la mutilation des morts découverts, blessures incompatibles avec une attaque peu probable de la faune, d’après les gens. Y aurait-il un prédateur qu’on n’avait pas encore découvert dans cette jungle ? La cryptozoologie avait quand même permis la découverte d’espèces ignorées jusqu’à ce siècle.
       Désorienté mais déterminé, il décida de se fier au soleil. Il grimpa à un arbre et tenta de se repérer. Il aperçut au loin les deux mamelons ; ils étaient normalement au sud. Si l’on se fiait aux cartes, les chutes devraient se situer au nord. Il laissa donc le soleil à sa droite. Après quelques kilomètres, toujours pas de grondement liquide. Pas de doute, les cartes étaient fausses. Pire, en montant sur un arbre, il aperçut le même arbre fourchu devant lui. C’était invraisemblable, il ne pouvait pas retourner sur ses pas en marchant tout droit à l’opposé, bon Dieu ! Et pourtant le soleil était maintenant à sa gauche, poursuivant sa course. Se pourrait-il qu’il y eût deux arbres fourchus semblables ? Pas besoin d’être statisticien pour en déterminer la très faible probabilité.


       Se sentant fatigué et sale, Jean se mit à la recherche d’un abri pour sa seconde nuit. Il ne put trouver qu’une sorte de niche peu profonde dans une butte calcaire. Il trouva des bananes plantains et alluma un feu devant la niche pour les cuire ; elles accompagneront bien les rations un rien fades. Il amassa des branches mortes, malheureusement inermes, pour former tant bien que mal un semblant de porte, et les pulvérisa quand même d’extrait de poivre. C’était tout ce qu’il pouvait faire.
       Il avait eu l’intention de contempler le ciel nocturne jusqu’à la consomption du feu, mais de nouveau, la sensation désagréable d’être épié le mit mal à l’aise et il décida de se réfugier dans sa niche. Alors qu’il se retournait pour jeter un dernier coup d’œil à l’insondable obscurité, il se figea : au loin, à environ un kilomètre, une lueur féerique dansait ; on aurait dit une mini aurore boréale avec ses rideaux de lumière mouvants. Décidément, l’hypothèse de l’anomalie magnétique se précisait. Secouant sa fascination, Jean s’empressa de sortir son appareil et mitrailla avec fougue l’insolite spectacle. Il n’avait entendu personne mentionner ce phénomène ; aurait-il été privilégié ? Il laissa son appareil en bandoulière.
     

      Il venait à peine de s’assoupir, quand une lourde masse s’abattit sur lui, l’oppressant à la limite du supportable. Réveillé en sursaut, cherchant désespérément de l’air comme un poisson hors de l’eau, il tâtonna fébrilement pour retrouver sa torche de sa main gauche, alors qu’elle était à sa droite. Il essaya de repousser l’intrus, une ombre indécise, qui lui soufflait à la face une haleine fétide. En se débattant comme un forcené, son coude heurta la lampe qui roula. Une mâchoire baveuse chercha son cou, mais comme Jean se tortillait, les crocs acérés ne se plantèrent que dans on épaule.
       Hurlant de terreur et de douleur, le pauvre homme rua, y mettant ses dernières forces et aidé par une poussée providentielle d’adrénaline. Sa main agrippa finalement la précieuse torche, après que des griffes monstrueuses eurent lacéré ses bras. Rien ni personne ! À la lumière violente de la lampe, il constata qu’il était seul.
     

      Un agresseur n’aurait pas eu le temps de s’enfuir : le monstre était encore sur lui quand il avait allumé. De toute manière, le semblant de porte de branchages était intact. Non, il n’avait pas rêvé, en témoignaient ses blessures aux bras et la morsure à son épaule. Comme un somnambule, il farfouilla dans son sac, tel un automate parkinsonien, en extirpa avec peine le coffret de premier secours, badigeonna en grimaçant ses blessures avec de l’alcool iodé, avala quelques comprimés d’antibiotique et s’accorda une lampée de bourbon de sa flasque d’argent.

     

       Le savant était abattu, il n’y avait aucune explication scientifique ou rationnelle à ce qui venait de lui arriver. Ce n’était certainement pas psychosomatique, il était mentalement et psychologiquement stable, il était peu perméable aux croyances superstitieuses. Une peur insidieuse commença à s’infiltrer dans son esprit. Devant l’inconnu qui ne pouvait pas être enfermé dans une cage d’équation mathématique, le scientifique perdait ses moyens et retombait au niveau de l’individu moyen, vulnérable à la terreur brute.
     

      Un point semblait toutefois être encourageant : l’entité ne supportait pas la lumière. Jean fit un rapide calcul. Il avait besoin de huit heures de clarté. Les leds, bien que de faible consommation, étaient sensibles à la courbe de décharge des piles et leur luminosité pourrait décliner drastiquement bien avant l’aube. Jean ignorait le seuil de tolérance du monstre mais il ne pouvait faire autrement que de laisser allumée sa torche.

     

     

    A suivre

     

     

    RAHAR

     

    Photo du net (album Fantaisies 5).


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  • Denis Costa - Photo 23

     

     

     

    - C'est juré, Guido, tu  tiendras la promesse de mettre ton enquête entre parenthèse pour ce week-end? adjura Alice.

    Moins que jamais, Rizzoli n'avait envie de jurer ni de promettre quoique ce soit. Il se sentait mal et il avait une sacré envie d'envoyer tout balader: le vice-questeur, le procureur, le gamin pas fini dans sa tête, comme disait Farina, ainsi que sa femme et leurs deux jumeaux, qui n'échapperaient pas à ce jeu de massacre. Ce ne sera certainement pas un week-end propice à la tendresse et aux câlins. Le doute le tenaillait. La houle était trop forte, le courant trop puissant pour que son esprit s'évade vers des activités que les circonstances rendaient futiles, comme le foot à la télé, une partie de scala quaranta en famille, ou le classement des facturettes de sa bancomat, débitée pendant la semaine écoulée.
    Il avait interrogé le gamin en fin d'après-midi, et son entêtement à se présenter comme le coupable, le déroutait, tout simplement... Ils se parlèrent, peu, trop peu, et peut-être maladroitement, pensa Rizzoli. Il n'avait pas réussi à le mater à défaut de le conseiller, et il n'était pas d'avantage parvenu à gagner sa confiance. Il s'en voulut. Le commissaire avait traité Matteo de menteur, et il l'avait mis en garde contre son obstination qui pouvait l'envoyer tout droit en prison. Il lui avait raconté ce qu'était la prison: la privation de liberté, la pasta froide et molle, les cellules surpeuplées, la console de jeu confisquée, l'interdiction du téléphone et d'internet, le racket, les viols, parfois collectifs, que subissaient les adolescents à la chair tendre... Le gamin l'avait écouté, les yeux baissés, se contentant de rabâcher la même litanie: c'est moi qui ait tué Lisa, commissaire! Sono delle cazzate, lui avait invariablement répondu le commissaire. Puis plus rien, Matteo s'était emmuré dans le silence. Un silence qui flotta dans la petite salle destinée aux interrogatoires, comme un gros nuage d'orage, lourd, électrisé, inconfortable. Le commissaire attendait que le gamin craque, en déversant son lot de sanglots, il n'en fut rien. Matteo lui cachait quelque chose, Matteo couvrait le coupable, Matteo connaissait le coupable, le commissaire en était persuadé.
    Rizzoli s'efforça néanmoins de sauver les apparences et ne pas paraître trop désagréable à son entourage. Il fit contre mauvaise fortune bon cœur.

    - Je te l'ai déjà dit Alice, demain matin, direction le Supermarket Interspar, on fait le plein pour la semaine, puis dans l'après-midi, on part avec les gosses, faire un tour dans le coin... ça te va comme programme? En revanche, laisse-moi le dimanche, je t'en prie Alice, le temps d'interroger de nouveau mon suspect... Ça tombe bien, c'est le sergent Kallmünz qui a pris la permanence. Avec lui, pas de sentiment, il est froid, méthodique, on ira jusqu'au fond des choses.

    Tout se passa comme prévu. Après avoir fait les courses au centre commercial de Bolzano sud, Alice s'attela à la préparation d'un oss buss à la milanaise, avec de la polenta comme garniture, sachant que ce plat était l'un de ceux que préférait Guido. Le commissaire, hanté par le remord d'avoir mal fait, se sentit pourtant ragaillardi, rien que par l'odeur de cuisine qui parvint à ses narines. Tout ce qui cuit lentement est par définition, de la haute cuisine, se persuada-t-il. Ce jarret de veau légèrement enfariné, qui cuisait à feu doux dans la cocotte, lui rappelait son enfance. C'était le plat traditionnel mitonné par sa grand-mère, puis par sa mère, et le jeune Guido fut tout ému, lorsqu'un jour de fiançailles, Alice lui avait confié bien connaître la recette. Le commissaire, aiguisé par la faim, s'avança vers la porte entrebâillée de la cuisine. Alice surveillait la cuisson en rajoutant de la sauce, un peu à la fois. Elle commentait aux jumeaux la recette du plat, sans occulter les variantes possibles, tout en leur communiquant son savoir-faire. La relève est assurée, s'amusa Rizzoli. 
    La fourchette bien en main et le couteau aiguisé, Rizzoli se dérida au cours du repas, allant même jusqu'à plaisanter sur des discussions locales qui d'habitude le font bougonner. La polémique sur la toponymie des sentiers de montagne en fit partie, tout comme la fermeture des lits d'hôpitaux, privés sans discernement de la manne financière des années d'avant la crise, celles des vaches grasses.

    - Tu te rends compte du boulot, Ciccia, si l'on devait traduire littéralement d'allemand en italien les 34.000 panneaux de nos sentiers de montagne, ça donnerait des trucs incroyables, marrants, même...  Burgeis équivaudrait à Castelghiaccio (Châteauglace), Albeins, Uno e mezzo... Tu prends quel sentier pour arriver à Un et demi? ridicule, non? plaisanta le commissaire… Sigmundskron, ça ferait... attends...

    - Ça ferait Vittoriaboccacorona (Victoirebouchecouronne), proposa Alice. Pas très sexy comme lieu-dit, en effet... Mais bon, Guido, le Haut-Adige fait encore partie de Italie que je sache, et c'est pas très normal que le club alpin local ait remplacé les panneaux bilingues par des panneaux uniquement renseignés en allemand... et avec l'argent de la province, par dessus le marché!

    - Sans parler que désormais, après l'ultimatum de Rome qui somme les politiciens de la province de revoir leur copie... Ils vont devoir repartir de zéro, et installer de nouveaux panneaux, bilingues, cette fois-ci... et encore avec l'argent public, quel gâchis! déplora Rizzoli.

    - Ne t'inquiète pas Guido, la commission constituée pour l'occasion trouvera bien une solution médiane, équilibrée, comme ils disent...

    - Je n'en crois pas un mot... N''y a-t-il pas des choses plus urgentes à régler? tu n'es pas de mon avis, Alice?

    - Tu sais, amore, je me contente de glisser un bulletin de vote dans l'urne, pour le reste... soupira Alice.

    Rizzoli se sentit bien. Comme d'habitude, il avait pris place à table, assis au soleil, une place qu'il s'était attribuée et que personne ne lui contestait. L'ensoleillement à cette époque de l'année n'éclairait la cuisine que quelques heures pendant la journée, et en cette fin de repas, le commissaire apprécia la douce chaleur qui lui réchauffait le dos. Les enfants, peu concernés par les discussions d'adultes et impatients de sortir de table, liquidèrent le plat de polenta et demandèrent ce qu'il y avait au dessert. Alice leur apporta ces crèmes glacées dans leurs confections individuelles, dont la publicité affirme qu'elles flattent le palais et favorisent la digestion... Les jumeaux en raffolaient. Il n'était pas rare qu'ils en agrémentent leurs repas, quel qu'était la saison, en alternant les six parfums disponibles: citron, ananas, mandarine, cappuccino, vanille et chocolat extra.
    Alice se leva et annonça qu'elle allait préparer le café tout en chargeant le lave-vaisselle. Rizzoli repoussa également sa chaise, agrippa d'une main, le plat qui avait contenu l'osso buco et de l'autre, la bouteille de Lagrein au quart entamée. Il suivit sa femme dans la cuisine.

    - A ton avis, Don Moser aurait-il enfreint le vœu de chasteté imposé par le clergé catholique?

    La réaction d'Alice fut immédiate, et à la vérité, la question la fit sourire.

    - Ce serait plutôt un truc qui fait du bien, la conso de sexe, répondit-elle, en vérifiant le niveau d'eau de sa Mokona. 

    - Bien! comme toujours, Alice, on peut te faire confiance pour imaginer le pire dans la nature humaine, s'esclaffa le commissaire.

    - Caro mio, tu me demandes mon avis, je te le donne... Un homme, c'est un mâle dominé par des pulsions et un taux élevé de testostérone, bref, tu sais ce que j'en pense... un homme ne peut pas se passer de sexe, les curés comme les autres!

    - Ouais, je ne suis pas loin de penser comme toi... Beaucoup d'ecclésiastiques s'arrangent pour interpréter la règle de la manière qui leur convient le mieux... C'est pas si mal finalement, et ceux qui ne le font pas peuvent devenir de redoutables prédateurs d'enfants...

    - Je suis sûre que la grande majorité des prélats se comporte correctement, concéda Alice, mais j'avoue que je ne leur confierais pas nos jumeaux. Je jouerai le jeu pour les communions et autres cérémonies, c'est déjà pas si mal... Mais tant que le Vatican n'autorisera pas le mariage des prêtres, je resterai sur mes gardes!

    Le café fut prestement consommé et, tandis qu'Alice mit de l'ordre dans l'appartement, Rizzoli sortit avec les jumeaux pour charger les vélos du garage dans le ludospace familial. La lourde voiture offrait le volume d'une camionnette de déménageurs. Les deux vélos furent engloutis dans le vaste haillon, sans même que l'on ait eu à dévisser les roues avant, ce qui arrangeait bien le père des enfants, réticent à manier aussi bien le pinceau que la clé à molette.
    Le véhicule des Rizzoli s'engagea bientôt sur la Mebo en direction de Merano. Dans la plaine, le ciel printanier était bleu azur et la température presque estivale, dans cette région, pourtant cernée de hauts sommets dépassant les deux mille mètres.
    La bonne humeur quitta soudain Alice, et elle s'enferma dans un complet mutisme lorsqu'elle soupçonna la destination que son mari souhaitait donner à la promenade familiale. Dans la voiture régna un silence particulièrement lourd, au moment où Rizzoli ralentit l'allure du véhicule pour sortir de la voie rapide par la bretelle de Gargazzone.

    - Tu ne respectes pas tes promesses, Guido, que cherches-tu, c'est bien par ici qu'est morte la petite Lisa, n'est-ce pas?

    - C'est un excellent endroit pour exercer les enfants au vélo, et nous à la marche, répondit Rizzoli, sans grande conviction dans la voix.


    ***

    La pasta: les pâtes.
    Scala quaranta: jeu de cartes qui s'apparente au rami.
    Bancomat: une carte de crédit.
    Sono delle cazzate: ce sont des conneries.
    L'oss buss : osso buco (dialecte milanais).
    La Mokona: machine à café.
    Mebo: la voie rapide qui relie Merano à Bolzano.

    ***

     

    2ème partie à suivre !

     

     

    Denis Costa

    Texte et photo

     


     



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  • Amazonie-poumon-vert-Terre Veronique-Debord-CC-by-sa-2 - www.futura-sciences.com

     

     

      
       — Est-ce qu’il peut parler, doc ?
       — Il est dans un piteux état : fracture du tibia, profondes lacérations des mollets et du dos, des côtes cassées, crâne fêlée, une partie du cuir chevelu arrachée… Il en a vraiment bavé, mais il vit. Il est conscient, il a eu sa dose de morphine. Ne le fatiguez tout de même pas.
       — Bah, une petite conversation ne va pas l’épuiser.
       — Détrompez-vous inspecteur, parler mettra à rude épreuve ses poumons, et sa tension peut faire des siennes.
       — Bon, ben je vais essayer de m’en tenir à l’essentiel, doc.
      
       Jean Nébavet gît sur son lit. Une jambe dans le plâtre, la tête enturbannée, la poitrine certainement entourée de bandes, l’index pincé dans une sonde, il donne l’impression d’être un grave accidenté de la route. Malgré tout, ses yeux sont lucides et brillants, probablement grâce à la morphine. C’est un type de la trentaine, pas très grand, mais plutôt bien charpenté. C’est certainement aussi le stupéfiant qui a anesthésié son esprit, car le policier ne retrouve pas la terreur de la veille qui avait submergé le rescapé.
       — Bon, je vais résumer pour éviter de vous fatiguer, monsieur Nébavet. Je ne vous demanderai que quelques précisions… D’après les visas sur votre passeport, vous vous êtes beaucoup baladé, à ce que je vois.
       — Je suis géologue et archéologue, et j’aime les sports extrêmes.
       — Ouais, un savant casse-cou.
       — Ce que j’ai subi ne relevait pas du sport, croyez-moi.
       — Peut-être, mais vous ne devez votre survie qu’à votre excellente forme physique. Bref, vous êtes venu ici pour explorer le Mato Verde. Outre que cette expédition est insensée, vous avez eu l’inconscience de partir sans guide.
       — Écoutez inspecteur, j’avais une carte satellitaire et un GPS. J’avais bien cherché un guide, mais personne n’avait voulu m’accompagner.
       — Je comprends ça, mais on ne vous a donc pas dit que c’est une région taboue ?
       — La science ne peut progresser sans qu’on prenne quelques risques. J’ai beaucoup roulé ma bosse, et je puis vous assurer que bien de craintes n’étaient que de la superstition. Je n’ai vu que très peu de phénomènes inexplicables.
       — Monsieur Nébavet, avant d’entrer dans la police, j’ai fait des études d’anthropologie et de sociologie, et j’ai quelques années de mathématiques appliquées. Nous avons quelques dizaines de dossiers d’affaires irrésolues qui défient la science et la logique ; tous concernent le Mato Verde. Alors croyez-moi, ici il ne s’agit certainement pas de superstitions.
       — Après ce qui m’est arrivé, je vous crois volontiers, inspecteur.
       — Voyez-vous, le plus curieux c’est que nous avons catégorisé plusieurs types de phénomène. Disons que c’est plus par curiosité que je veux étudier votre cas, vous allez entrer dans nos statistiques.
      
       Jean Nébavet était arrivé une semaine plus tôt. Ce qui l’avait attiré ici était une anomalie décelée sur une carte de la région du Mato Verde, dressée une cinquantaine d’années plus tôt. La configuration était différente de ce que Google Maps et ce qu’une carte satellitaire montraient, ne serait-ce que le tracé des deux principaux fleuves. Le cours d’un fleuve peut évidemment varier, mais pas notablement en un demi-siècle. À la grande rigueur, une plaine peut devenir une jungle dense avec des essences à croissance rapide favorisées par une pluviosité accrue. De toute façon, un plateau ne peut se déplacer de plusieurs centaines de mètres, et les cartographes du siècle dernier n’étaient tout de même pas des ignares ni des plaisantins.

     

      Il est curieux de constater que le peuplement du pays a soigneusement évité cette région. Ce n’est pas tant à cause de la dangerosité de la faune (dont le haut de la chaîne alimentaire est représenté par une sorte d’ocelot et un boïdé moins impressionnant que le python), ni de la flore (qui ne possède que peu de plantes vénéneuses), que d’une légende initiée des siècles plus tôt. La civilisation moderne n’a jamais pu extirper une superstition profondément ancrée ; d’ailleurs les savants ont dû s’incliner, bien que de mauvaise grâce, devant des phénomènes inexplicables.
       Le Mato Verde est loin d’égaler l’Aokigahara Jukai, la forêt maudite du Japon, mais la disparition de chasseurs, d’orpailleurs et de chercheurs de pierres précieuses, ainsi que nombre de morts inexpliqués, ont renforcé le caractère tabou de la zone. Des rescapés d’explorateurs téméraires ou de matamores sceptiques sont revenus dans un état frisant la folie, la plupart ont dû subir un suivi psychologique intense, et certains ont vécu avec des séquelles quasi incapacitantes.

     

       Seuls quelques orpailleurs courageux ayant un instinct développé de l’orientation, se risquent dans la région maudite. Ils n’y vont que de jour, ne consacrant que de cinq à huit heures de dur labeur selon la distance du gisement, se contentant des pépites et négligeant la poussière d’or, car il leur faut rejoindre à tout prix la civilisation avant la tombée de la nuit. Ils ne roulent certainement pas sur l’or, car comme ils doivent s’associer au moins à dix pour la sécurité, la récolte déjà dérisoire suffit à peine à couvrir leurs frais et à les faire simplement vivre. Malgré toutes leurs précautions, la région maudite ponctionne mensuellement leur effectif par des décès et des disparitions. Cela ne décourage nullement les pauvres hères et les têtes brûlées, chacun espère toujours trouver un filon assez riche pour valoir tous les risques.

     

       Dans sa recherche d’un guide, Jean Nébavet avait été confronté à l’indifférence froide des uns, au refus hargneux des autres et à la fuite éperdue de certains. Un vieux colporteur avait daigné éclairer un peu sa lanterne. Les orpailleurs sont jaloux de leur chantier et sont très méfiants ; ils craignent que des étrangers disposant de moyens hors de leur portée viennent exploiter leurs gisements. Ces gens à l’instruction souvent plus que rudimentaire ignorent ce qu’est une expédition scientifique. Quant à ceux qui avaient détalé comme des lapins, quelle que fût la rémunération proposée, ils avaient trop peur pour vouloir s’aventurer ne serait-ce qu’à l’orée de la zone.
       L’étranger avait étudié les lions au Kenya, aidé à recenser les tigres au Népal, vécu seul au milieu des jaguars dans le Mato Grosso, et il ne craignait pas de s’aventurer en solitaire. Cette région réputée maudite ne l’impressionnait pas outre mesure : il avait ses cartes, son GPS, son portable et son émetteur ultrasonique pour faire fuir toute bête indésirable, sans oublier sa bombe à poivre. Il ne comptait pas consacrer plus de quatre jours à son projet se préparait à voyager léger. Il fourra dans son sac à dos ses carnets de note, des rations militaires et le peu de linge de rechange.

     

       La jungle n’était pas trop difficile à pénétrer. Jean se fiait à sa boussole et à son GPS pour se diriger. Dès le premier jour, il fut confronté à une première énigme. Il y avait manifestement contradiction entre la vieille carte, la carte satellitaire et les indications du GPS, concernant deux mamelons caractéristiques. Ne voulant pas s’y attarder trop, l’aventurier se contenta de reporter ses observations dans son carnet et poursuivit son chemin.
       Au crépuscule, alors qu’il cherchait une grotte ou une caverne pour passer la nuit, il sentit une impression désagréable d’être observé. Des orpailleurs l’auraient-ils suivi ? C’était assez peu probable : le vieux colporteur lui avait affirmé que même le plus téméraire de ces individus n’oserait passer la nuit dans la zone pour tout l’or du monde. Serait-ce un félin qui cherche une proie ? Ce n’était pas plausible : ce prédateur était à peine plus gros qu’un serval ou un lynx, et il était avéré qu’il évitait la compagnie humaine ; d’ailleurs les zoologues avaient eu beaucoup de peine à en estimer la population. 

     

      Jean finit par trouver une caverne acceptable. Après l’avoir copieusement arrosée d’ondes ultrasonores, il y déposa son sac, puis se mit à rassembler avec précaution des branches épineuses d’acacia pour barrer l’entrée aux intrus. Comme de bien entendu, son dîner consistait en barres énergétiques arrosées d’eau de gourde. Avant de s’accorder un sommeil réparateur mérité, il arrosa l’entrée d’extrait de poivre pour dissuader toute intrusion de reptile.
       Un peu avant minuit, en plein milieu d’un rêve dont le contenu scientifique rebuterait l’individu lambda, Jean Nébavet fut tiré désagréablement de son sommeil par un contact pour le moins répugnant : on aurait dit une limace géante. Se redressant comme piqué par une guêpe, le jeune professeur sans chaire tâtonna fébrilement pour trouver sa torche à leds.

      La puissante lampe l’éblouit un instant, mais il accommoda rapidement. Et alors ses cheveux se dressèrent : dans la caverne illuminée comme en plein jour, il était seul, absolument seul. Pas d’intrus, pas de bête. Un serpent avait-il eu le temps de fuir alors qu’il cherchait sa torche ? Cependant en y réfléchissant, il n’avait pas ressenti le contact reptilien d’écailles lisses et froides, plutôt quelque chose de visqueux mais paradoxalement sec.
       Abasourdi, Jean finit par se secouer, il alla vérifier sa porte d’épines. Aucune trouée. Il pouvait encore sentir l’extrait de poivre. Rien ni personne n’aurait pu entrer sans le réveiller. Mais en fin de compte, il se força à se persuader qu’il avait fait un cauchemar. De fait, il ne put retrouver le sommeil qu’à quelques heures de l’aube.

     

    A suivre

     

     

    RAHAR

     

     

    Photo :

    Amazonie-poumon-vert-Terre_Veronique-Debord-CC-by-sa-2.jpg

    www.futura-sciences.com

     

     

     

     



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