• Albert Dubout -91643Revoici Josette et Cunégonde, plus fringuantes que jamais ... Il est toujours question du terrible parapluie de Cunégonde, comme on pourra le voir, mais si on dressait un inventaire à la Prévert, on pourrait y ajouter des gants de boxe, une porte de confessional arrachée dans le feu de l'action, un requin-marteau mangeur de jeune épousée, pour ne citer que ces quelques exemples !

    Divers portraits de femmes d'un certain âge et de caractère agrémenteront en illustration les nouvelles aventures de nos héroïnes déjantées (album à côté).

     Lenaïg

    ***

     

     

    5) 2011 rue Barré                 

    Avertissement: Les personnages créés par Marie-Louve et Di sont "politically incorrects" et ne reflètent pas les opinions des auteur(e)s.


    La chicane est pognée chez les Marsoin (par DI)


    Quand Josette vit Cunégonde entrer chez elle avec l’enquêteur Paul Poulet, elle claqua la porte et chercha Roger mais il était déjà sous la douche. Elle faisait les cent pas en allant et venant du salon à la ruelle d'en arrière pendant qu’il se pétrissait énergiquement pour ne laisser aucun relent d'effluve déposée sur lui par Cunégonde, alors qu'elle l'embrassait goulument et qu'il était sans défense. Il en pleurait de rage en se frottant. Quand il sortit enfin de la salle de douche, il était temps, car le réservoir d’eau chaude était vide. Il s’était lavé les jacques-faizant-les-vieilles-dames-coffret-6163473dents deux  fois mais l’odeur persistait. Il ouvrit la porte du réfrigérateur et pris une bière qu’il décapsula avec ses dents. Josette attendait le bon moment pour crier sa colère mais pour l’instant elle en était incapable. Le cri restait bloqué à l’intérieur, tellement il était gros à sortir. Elle fulminait tant dans son ire qu’elle écorchait les oreilles de sainte Cunégonde au ciel.


    Soudain, son attention fut attirée par un homme installé à la fenêtre du 2013 rue Barré, en face de chez elle. Il lui lui donnait l’impression de l’observer avec intérêt. Elle ne l’avait jamais vu mais elle se souvint que la famille Laterreur avait déserté leur appartement en catastrophe et en pleine nuit le mois dernier et personne dans ses réseaux de commères ne savait pourquoi. Pftt ! pensa Josette. Les Laterreur ! Une famille de tarés qui se marient entre eux de génération en génération et qui à l’âge adulte font de nouveaux tarés. Même mademoiselle Hétu-Guay n’en savait rien du pourquoi de leur départ et pourtant elle le demandait à tous les clients de la boutique « Viens faire joujou avec nous », où elle travaillait, sur la rue Notre-Dame ouest, près de la rue Stanly. Elle comprit que c’était le locataire qui avait remplacé les Laterreur. C’est donc lui le français dont lui parlait le facteur la semaine dernière. Celui-ci s’arrêtait parfois chez elle quand il livrait le courrier et qu’elle lui offrait un café, car il aimait commérer aussi. Lorsqu’il restait trop longtemps, il remettait l’ouvrage au lendemain, peu importe que les citoyens attendent des nouvelles, un chèque ou des comptes à payer.


    Elle lui montra son poing, lui fit signe avec son index de l’attendre une minute, fouilla dans le tiroir à la recherche des gants de boxe de Roger, les revêtis et retourna à la fenêtre lui montrer ses deux poings en faisant mine de le combattre à la boxe. Comme il ne réagissait pas, elle ouvrit la fenêtre et cria de toutes ses forces :
    alice-aux-pays-des-merveilles-la-reine-et-une-carte

    -         Eille le fife l’autre bord. Ça pense faire des crottes en or mais il parait que tu pues. Maudit français !

    Contente de sa trouvaille, elle se mit à rire, ce qui lui permit de dégager l’obstruction psychologique qui l’empêchait de crier son exacerbation et lâcha un de ces Aaaarrrrrrrgggghhh tonitruant et en MAJUSCULE, tellement fort que Roger sursauta en échappant sa serviette qu’il enroulait autour de lui, de la taille aux pieds, pour se sécher. Elle se déganta rapidement et ferma la fenêtre avant de se diriger d’un pas décidé vers Roger.


    -         Roger Marsoin.
    -         Quoin ?
    -         Arrête avec tes farces plates.
    -         Ben quoin ! Tu oublies qu’il y a une heure à peine, j’étais pris dans un coin comme un pauvre fafoin avec une sorcière qui me semblait un vampire. Tu l’as vue la Cunégonde comme elle me happait ?
    -         Ouin !
    -         Ben moi, je l’ai l’ai pas juste vue, je l’ai sentie. En plein dans face. T’as pas senti toi-même les effluves épouvantables qui émanaient d’elle ?
    -         Pour ça ouais ! Je me demande si c’est juste du Baby Duck avec des relents de gyn. J’ai reconnu l’odeur du parfum qu’elle achète au magasin à une piastre. Ça s’appelle Crocrodile gueulard.
    -         Ce serait pas plutôt Tentaculesssssssssssssssssssssss.
    -         Roger, arrête de siffler comme un serpent.
    -         Nez en moins, elle m’aurait épargné son pif dans ma face Jolie galerie de méchantesque ça aurait été moins pire. Et d’ailleurs, regarde-moi. Ça saigne ici. Ça doit être son nez ou ses dents qui m’ont éraflé. Je vais me plaindre à la police pour port d’arme illégale.
    -         Ben non, c’est un poil de barbe que tu as oublié de raser et qui devient furoncle et puis son nez est déjà installé dans sa face et on ne peut pas lui enlever. C’est une arme naturelle.
    -         Je parle de son parapluie.
    -         Elle ne l’avait pas avec elle quand elle a sauté sur toi.
    -         Ce serait ben la première fois.
    -         Oui, c’est étrange. Elle va même pisser avec lui.
    -         Quoin ? ……….   Quoin ?
    -         Arrête de parler en canard Roger Marsoin et rase toi donc les cheveux pour enlever les empreintes de ses doigts sur ton coco, sous tes cheveux. Elle y a touché pas mal longtemps aussi.
    -         Es-tu folle toi Djozette ? Mes cheveux sont un outil de travail et sont faits pour se faire humer et picoter et caresser. Tu oublies que mon coiffeur Arthuro Del Venchy les traite aux petits oignons et qu’il demande pas mal de pognon pour les soigner. Ce serait d’offenser ma beauté que de les raser. Ils sont là et vont y rester pour se faire chouchouter par ces dames.
    -         Chouchoutés par les femmes. C’est ça oui et … par les hommes ? Comme au Limelight où je t’ai suivi sur la rue Peel, près de la rue Ste-Catherine ouest.
    -         QU’EST-CE QUE TU DIS ?
    -         RIEN. Ta cire d’oreille est encore coincée dans tes oreilles ?
    -         Je me sens sali Josette. Tu ne comprends pas ? Elle m’a agressé et une agression, c’est un crime. Appelle la police et passe-moi le téléphone.
    -         Personne ne va te croire.
    -         Mais Josette. Elle s’est jetée sur moi alors que je ne pouvais pas me défendre.
    -         Tu sauras Roger Marsoin que je ne suis pas ton garde du corps.
    -         C’est un crime infâme Josette. Elle m’a attaqué avec sa bouche et son nez.
    -         Ça aurait pu être pire si l’enquêteur Paul Poulet ne s’était pas montrer la bette. Tu devrais le remercier de t’avoir sortie des griffes de son appétit sexuel qu’elle semblait découvrir.
    -         Paul Poulet, la tapette ?
    Soeur-marie-therese - Une sacrée bonne femme-         Oui.
    -         Il ne s’est pas grouillé assez vite. Et puis celui-là, avec ses petites manières autoritaires, il m’énerrrrrrrrrrve.
    -         Eh que t’es matcho Roger Marsoin. Tu ne serais pas jaloux de la conservation de son corps plutôt ?
    -         T’es pas bien dans ta tête Djooooozettttte ? Moi jaloux ? Non non. Veux-tu bien me dire qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter ça ?
    -         Tant pis, ainsi tu as payé pour tes anciens péchés.
    -         Peut-être, mais c’est payé bien trop cher.
    -         Ça t’emmagasinera des indulgences pour tes prochains péchés d’œuvre de chair.
    -         Djoooozette. Baiser des femmes, ce n’est pas un péché, c’est un travail. Qu’est-ce que tu penses que j’aurais pu exercer comme métier pour nous faire vivre toi et moi avec la belle face que j’ai ? Allez Josette. As-tu seulement une idée ?
    -         Thanatologue ! Personne ne t’aurait jamais attaqué. Et puis tu sauras Roger que j’ai travaillé trente ans dans un magasin anglais avant de prendre ma retraite. Tu te souviens pas ? Sur la rue Ste-Catherine chez Ogilvy’s ? Je me suis fait suer pendant 30 ans pour servir des anglaises de Westmount qui ne voulaient pas parler en français, dans notre pays, notre Québec. Ni bonjour, ni oui et même ni non. Tu penses que c’est pas humiliant ça de courber sa langue contre son gré pour travailler ? J’aurais donc du travailler chez Dupuis Frères dans l’est sur la Catherine. Au moins là on parle encore français aujourd’hui.
    -         Moi Roger Marsoin, je n’ai rien contre les anglaises en autant qu’elles soient riches et qu’elles paient cash. Des fois, elles me paient en double ou en triple pour un travail d’une heure. Ça dépend de la job à faire.
    -         Idiot.
    -         Tu ne comprends pas ma honte Josette. La vieille Cunégonde à côté, elle m’a agressé dans mon intimité la plus grande. Ma bouche. Elle me donnait des french kiss à qui mieux mieux.
    -         Tiens Roger, regarde, j’ai de l’eau bénite ici dans mon bénitier. Mets-en sur tes doigts et frotte ta bouche avec. Ça va te purifier.
    -         L’eau de ton bénitier ? Non, mais t’es malaaaaade ? Et puis tu la prends où cette eau bénite ?
    -         C’est le diacre de la paroisse qui me l’offre.
    La Fosse Croquis 2 by martinpm-         Le diable ?
    -         Non, le diacre.
    -         Comment ça ?
    -         Quand je paie ma dîme à la paroisse.
    -         Criss de bout d’criss ! Tu paies la dîme souvent ?
    -         Ça peut arriver des fois. J’ai à cœur d’entretenir le bon fonctionnement de notre église paroissiale, même si c’est l’église Ste-Cunégonde. En contrepartie, le diacre me fournit gratuitement l’eau bénite pour laver mes dentiers.
    -         Et tu acceptes l’eau bénite sans la payer ? Le diacre te fait des cadeaux et tu les acceptes ? Il te paie combien pour que tu paies la dîme à la paroisse ?
    -         J’ai une libido moi aussi et c’est pas toi qui peut me relaxer en ce domaine.
    -         Mais, mais, mais … mais Josette, t’es une salope ?
    -         C’est toi qui dis ça ? Salaud toi même.
    -         Tu sauras Djozette Marsoin qu’être un salaud c’est bien moins pire que d’être une salope.
    -         Alors pourquoi les fréquentes-tu ?
    -         Mes clientes ne sont pas des salopes.
    -         Je t’ai suivi un jour jusqu’au club échangiste « Bleu d’étoiles », sur la rue St-Laurent un jour. C’est vrai que c’était un jour férié et que tu as bu beaucoup avant de me remarquer, mais …
    -         Viarge. Quessé tu veux dire ?
    -         Ben tu as couché avec moi sans me reconnaitre tellement tu étais gelé par la cocaïne et tu n’avais certainement pas pris ta pilule bleue quotidienne « au besoin », parce que ça montait pas très haut ton outil de travail.
    -         Ah ben ça c’est le boutte de toutte.
    -         Tes performances d’homme font de la chaise longue souvent comme ça ?
    -         Fous-moi la paix. Je t’avais reconnue mais je n’ai pas voulu t’offenser en t’avouant que c’était ta « boite à joujou » qui n’était pas Méchante reinehuilée.
    -         Menteur. Ma boite l’était tout à faite. Ben continue à te couper les ongles d’orteils devant moi si tu veux, mais ramasse tes rognures.
    -         Ah ben sacramant, je suis pas ta bonne moé icitte. Je suis le mâle et ce n’est pas pour rien que je le suis.
    -         Tu ne veux pas ramasser tes rognures ?
    -         Non.
    -         Ok le marsoin. Tu vas retrouver tes rognures dans le pâté chinois que je prépare pour le souper. Mais juste dans ta portion à toé.


    Josette se retenait pour ne pas sacrer. Elle était respectueuse des choses liturgiques, ayant été éduquée par des religieuses à la poigne sévère et ferme. Dans sa jeunesse, elle allait à la messe et à la confesse sans problème. Elle y allait par habitude mais surtout pour entendre les potins et rumeurs courants dans le quartier et surtout en été quand les gens traînaient un peu sur le perron de l’église à la sortie de la messe. Elle avait la conscience élastique. Mais la dernière fois qu’elle s’était confessée au curé St-Mars, il la menaçait d’absoudre ses péchés seulement si elle les regrettait sincèrement. Elle était sortie du confessionnel en furie lui disant de faire de l’air. La semaine suivante, le curé lui envoyait une facture en notant de payer la porte qu’elle avait arrachée en sortant du confessionnal. Elle voulait bien payer sa dîme, mais pas la porte dont elle ne se tenait pas responsable, sachant très bien qu’elle était usée et ne tenait plus que par magie. 


    Roger s’habilla d’un pantalon jogging rouge pompier et enfila un t-shirt d’un rouge un peu plus pâle. Il cherchait sa revue préférée et commença à la feuilleter, debout devant la fenêtre d’où le français pouvait le voir. Josette en prit ombrage et lui dit :


    alice-au-pays-des-merveilles-la-redoutable-reine-de-coeurs-         ROGER JE-TE-PARLE. Vas-tu la lâcher ta revue de KU ?
    -         Ma revue de King of Univers ?
    -         Oui.

    Il la jeta sur un fauteuil et se rendit à la fenêtre voir si le français dont avait parlé sa femme y était encore. Josette l'entendit tomber. Il était encore dans les pommes. D’un coup rapide, elle attrapa le téléphone.

    -         Allo.
    -         Hello ! C’est moi, votre voisine de ruelle, Henriette.
    -         Henriette ? Laquelle ? Vous voulez-dire la femme de Nestor ou l’autre ?
    -         Henriette Labelle-Rathé. Celle qui n’est pas petite mais pas grosse non plus. Ne me dites surtout pas la grosse Henriette. Ça m’insulte.
    -         Eh bien ! C’est votre avis qui compte après tout. Vous tombez un peu mal, Roger vient de perdre conscience à cause du voisin d’en face, un maudit français. Vous savez comme ils sont quand ils perlent très bien. Ils font ch… Mais il va revenir lui-même, ça commence à être une habitude de tomber dans les pommes.
    -         Je voulais juste vous demander pourquoi votre voisine Cunégonde a jeté dans la poubelle dehors dans la ruelle, un parapluie en lambeaux, quand il fait aussi froid dehors et qu’il neige encore ? Je l’ai vu faire. Elle aime tellement son parapluie. Elle doit être en détresse pour faire une telle chose.
    -         Comment ? Vous dites UN PARAPLUIE ?


    Auteur : DI (à suivre ...)

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    6) Paul Poulet tombe sous le charme de Cunégonde (par Marie-Louve)

     Chargé des cinq gros sacs de mets chinois, Paul Poulet pénétra dans le portique de la demeure de son héroïne du jour. Son logis  fleurait bon les odeurs des îles du Sud. Il reconnaissait le capiteux effluve vanillé de la fleur de tiare de Tahiti. Il se sentit envahi par la chaleur des lointains souvenirs rapportés de son voyage de noces du temps que le bateau partait encore pour Tahiti en chanson. Lui et sa douce Lulu y Jacques Faizant - Réunion de vieilles damesavaient connu ensemble le paradis et tous les premiers septièmes cieux qu’on puisse rêver. Hélas, les dieux de l’enfer lui avaient ravi sa perle d’eau douce. Dès la septième journée après leur arrivée dans ce paradis, un monstre marin, un requin-marteau inconnu avait avalé tout rond sa Lulu qui barbotait dans les vagues chaudes de l’océan. Des larmes lui montèrent aux yeux. Cunégonde aux aguets, saisit son regard, le déchargea de son fardeau en déposant les paquets sur un banc de bois de chêne qui lui servait de chaise pour chausser ses bottes à crampons. D’un geste faussement maternel, elle le prit dans ses bras faisant mine de le consoler, elle sortit de sa brassière un mouchoir de dentelle parfumé du crocodile écarlate pour essuyer les larmes de Poulet.  

    -          Allons, allons, mon bon monsieur Poulet, faut pas vous en faire. Les Marsoin sont de solides vieillards. Grincheux soit, mais j’e me suis attachée avec grande amitié depuis plus de quarante ans passés auprès d’eux. Pour sûr, ils perdent occasionnellement la boule, mais je suis là, moi ! Je les garde à l’œil et je les protège. Il m’arrive même de les nourrir quand ils oublient de manger.

    Le policier pleurait à chaudes larmes dans les bras de Cunégonde qui riait sous cape. Il se moucha et confessa :

    -          C’est pas les Marsoin ! Je n’aime pas les vieux barjots. Ils me les cassent à tous les jours avec leurs fugues. C’est ma Lulu. Elle me manque tant. Je hais les requins. Tous les requins !

    Soeur Marie Thérèse Déconcertée, Cunégonde prit peur. Promptement, elle le prit par la main et le conduisit à sa poubelle sur le balcon arrière.

    -          Calmez-vous, mon bon Monsieur Poulet. Il n’y a pas de requins ici. Voyez ! Ce ne sont que les baleines de mon pauvre parapluie ruiné par le lavage vigoureux qu’il a subi après ce malheureux incident chez Quiquine Couche Tard. Je n’avais pas le choix ! Vous imaginez mes risques encourus avec  ce bandit des Bloods, sûrement un drogué  infecté par le sida. J’ai tenté de le récupérer, mais peine perdue. Je le réclamerai à mes assureurs quand vous me signerez la déclaration de victime d’un acte criminel. Pour l’instant, laissez-moi vous requinquer avec un bon verre de vin Baby Duck. Il m’en reste un fond de bouteille. Sinon du bon gros gin. Cela réconforte solidement.
    -          Vous êtes une femme forte pareille à ma Lulu.

     Il se remit à chialer de plus belle. Dans sa cuisine, Cunégonde lui versa un triple gin avec un peu de miel comme sa mère en donnait aux bébés en pleurs qui perçaient leurs dents. Paul Poulet lui raconta tous ses malheurs et sa vie de solitaire qui lui pesait si lourd sur son cœur de rockeur écrasé par le mauvais sort. Plus elle écoutait son Poulet, plus Cunégonde ressentait en elle une attraction fatale pour cet homme que le destin mettait sur son chemin. Dans sa tête, elle entendait la voix de Diane Dufresne, les seins nus, chantant : «  Aujourd’hui, j’ai rencontré l’homme de ma vie… »  Pour en avoir la certitude, elle plongea sa main dans le sac de biscuits chinois offerts en dessert. Elle en sortit un au hasard et en retira l’oracle : «  Ce que femme veut, Bouddha le veut. » Elle traduisit ainsi : «  Ce que Cunégonde veut, Cunégonde le prend. »  Paul Poulet serait son amant. Ses entrailles s’ouvraient telle une porte de poêle à bois, pas de calvaire, qui  répandait un feu de braise en elle.  Elle sut contenir sa passion soudaine. Surtout, ne pas effaroucher son Poulet en brûlant les étapes. Cela risquait de couper les ailes à ses rêves. Elle lui remplit un second ballon de cette Morticia Adamsdélicieuse eau-de-vie et s’en versa un autre pour elle-même en y allant mollo pour le sien.  Sachant que son garde manger donnait sur celui de ses voisins les Marsoin et qu’un trou d’aération permettait d’entendre aisément ce qui se disait de l’autre côté du mur mitoyen, elle ouvrit ce dernier et laissa la porte entrouverte. Avec patience on arrive lentement, mais sûrement. Ses deux nigauds ne tarderaient pas à rompre ce silence inhabituel. Elle revint à sa table pour rouler des yeux doux à son nouvel espoir. Enfin un homme d’imposante stature dans un beau costume de police ravivait ses désirs d’adolescente pâmée. Une idée l’obsédait : posséder l’amour et l’admiration de cet homme pour elle. Il était taillé sur mesure pour elle qui fut reine de tombola de la Petite Bourgogne autrefois. Elle se voyait en Alice au pays des merveilles et son lapin était là devant ses yeux. Lui, il pleurait encore quand on entendit un hurlement sortant du garde manger :

    -         Aye le fiffe ! Ça pense faire des crottes en or mais il parait que tu pues. Maudit français !...

    Affichant une physionomie chagrine, Cunégonde satisfaite, raconta au policier qu’il en était ainsi jour et nuit avec sa voisine Josette qui pourtant était sa meilleure amie avant que la maladie ne l’affecte. Puisque Paul Poulet ne comprenait rien de ces propos malveillants à caractère discriminatoire à l’égard des gais et des Français, la belle Cunégonde se releva de sa chaise et juchée sur ses mules vert lime, à talons hauts s’approcha de lui pour lui chuchoter à l’oreille qu’assurément, Josette s’adressait aux nouveaux locataires du 2013 en face de leur demeure. Deux escogriffes sortis de nulle part, des Français, pas des lumières, plutôt des moufettes de ville tant ils empestaient l’air de la rue Barré. Elle les avait aperçus devant leur fenêtre se faisant des galipettes mutuellement avec l’intention d’exhiber leur déchéance bestiale. Encore pire, son voisin Roger ayant perdu la carte le soir de la Saint-Valentin et en état d’ébriété, s’était joint à eux avec une escorte peu recommandable. Une greluche du quartier, la grosse Henriette Labelle-Rathé. Si Josette savait ça, Roger finirait haché dans la bouche de Boulette. Par esprit de charité, jalbert-dubout2amais elle ne dirait à Josette ce secret honteux. Pauvre Josette ! Heureusement, le curé de la paroisse lui rendait souvent visite et la soutenait moralement. Peut-être Josette avait-elle appris l’odieux secret et cela expliquerait sa colère contre ces deux miteux personnages. Des gales de France, des sarcomes que Sarko a dû expatrier pour nettoyer la France. Rien de nouveau dans ce nouveau monde. N’est-ce pas Louis XIV qui avait envoyé ses voyous coloniser sa nouvelle-France ?  Et dire qu’il fallait faire un pays avec  cette galère ! Heureusement qu’on a eu des saints martyres que les sauvages ont écorché pour le salut de la patrie. Paul Poulet écoutait la savante Cunégonde et en restait médusé devant cette grande dame qui n’avait pas froid aux yeux comme sa Lulu. A cette pensée, sa peine reprit de plus belle laissant couler une rivière de larmes. Cunégonde l’enveloppa de ses longs bras et lui caressa le dos pour le consoler en lui murmurant :

    -          Pleurez mon bon Poulet. Cela vous fera du bien. Votre chère Lulu doit se retourner dans le ventre de ce maudit requin qui vous l’a ravie. Lulu vous aimait et j’ose croire qu’elle ne souhaite pas vous savoir aussi souffrant. Son amour pour vous ne désire que votre bonheur. Il est temps de penser à vous. Vous êtes un bel homme, plein de vie et de nouveaux bonheurs s’offrent à vous. Sortez de ce sarcophage qu’est la mort de votre déesse. Je suis là. Je comprends votre désarroi ayant perdu également l’homme de ma vie, mais pas dans la gueule d’un requin. Un malicieux crabe me l’a enlevé. Je me suis fait une raison de vivre : faire du bien autour de moi. 

    Cunégonde n’en croyait pas ses oreilles de s’entendre dire de pareilles choses. Au mieux, elle espérait dire cette fois la vérité. Etait’ elle dans les bras d’un saint ?  Elle pressa les siens contre la poitrine de Poulet et sentit une onde de chaleur monter jusqu’à ce qu’elle n’osait dire même en pensée.
    Jacques Faizant - Demande en mariage
    -         Ma Lulu avait un beau corps de fusée comme le vôtre. C’est pour cette raison que ce maudit requin-marteau me  l’a pris. Dans vos bras, je me sens comme dans les bras de ma Lulu. J’ai honte. On dirait que je la trompe.  
    Boulette mit fin à cette déclaration en miaulant autour d’eux. Cunégonde lui lança un regard bouleversé par les mots qu’elle venait d’entendre et s’arracha des bras du beau Poulet.  
    -         Viens Boulette ! Maman t’a préparé ton Paris Pâté. Ton préféré Mange ma belle Boulette.
    -         Boulette se précipita dans l’assiette sans demander plus.
      
    Pendant ce temps, le diable était encore aux vaches chez les Marsoin qu’on entendait se disputer encore une fois. Josette parlait de son bénitier et de sa dîme. Roger se plaignait d’être agressé par elle probablement. Paul Poulet ne put que rendre hommage à Cunégonde de sa grande patience envers ses pauvres voisins visiblement en détresse. Il en ferait rapport aux intervenants sociaux de la communauté par le biais de CSSS. Puis, il annonça qu’il avait une faim de loup. Il proposa à son hôtesse de se mettre à l’aise et de profiter de ces bons moments en partagent les mets chinois avec elle. Sur le champ, la vieille adolescente en elle ne sut comment réagir. Elle rougit et timide comme une jeune jouvencelle, elle questionna :

    -          À quelle heure finissez-vous votre quart de travail ?
    -          C’est déjà fini. À mon arrivée, j’en avais pour cinq minutes. Mais, vous dire la vérité, je n’ose. Ce soir, acceptez-vous de sortir  avec moi dans votre maison ? Nous ferons comme si c’était notre premier rendez-vous surprise. Comme avec ma Lulu la première fois.
    -          Oh ! Je suis… je ne sais… Comment faire. Il y a si longtemps. ..Mais je le veux bien sûr ! Accordez-moi quelques instants pour être digne et présentable à ce premier rendez-vous de nous deux. 

    Elle fila comme une fusée dans sa chambre et en ressortit aussi vite avec un peu de poudre au nez.et un kimono de soie rouge et or. Dessous, des dessous affriolants.  Elle se sentait l’âme d’une geisha. 

    Auteur : Marie-Louve

    (à suivre)

     

     

     

     Il y en a sous la coiffe et aussi dans les doigts de pieds !

     


    7 commentaires
  • sticker-rater-un-plat

     

     

    J'ai envie de faire un petit point sur des règles de grammaire ou d'orthographe, d'abord pour ma gouverne, ensuite en pensant qu'il pourra être utile aussi à d'autres lecteurs ou écrivains qui hésitent sur l'écriture de certains mots ou sur certaines conjugaisons.

     

    Je me suis même lancée dans un petit essai, posté sur Lgdm puis sur Plumes au vent, sur une écriture en ortograf simplifiée ! Uniquement basée sur les sons ! Je n'ai pas rencontré une grande compréhension, j'en rigole moi-même mais pourtant j'avais planché sérieusement sur le sujet !

     

    Il arrive qu'on véhicule des fautes sans le savoir, jusqu'à ce qu'on rencontre le mot écrit correctement et alors, on est surpris ! Moi, c'est par exemple le mot "vis" que j'avais tendance à écrire : "visse", jusqu'à ce que je le rencontre un jour écrit comme il faut ! Eh oui : une vis, un clou, un écrou !

     

    Et le mot aigu, au féminin ! A chaque fois, je me demande où placer le ¨ ! Sur le u, ou sur le e ?

    Sur le e ! Aiguë !

    Pour qu'il ne soit pas absorbé par le u, et qu'on ne prononce pas "aigue", comme ... bègue, par exemple !

    Oh, au fait, le film Le Discours d'un roi est très réussi, je n'entends que des gens enthousiastes. Je vais peut-être me fendre de dix euros pour l'aller voir aussi ...

     

    Le mot "flèche", je l'écrivais : "flêche" ! Mais ça y est, le correcteur automatique d'orthographe a cela de bon, maintenant je sais !

     

    Et à propos d'accents circonflexes, on en rencontre fréquemment, à tort,  dans la conjugaison du présent de l'indicatif !

    On voit souvent écrit : "vous dîtes !"

    Non ! L'accent circonflexe est réservé au passé simple !

     

    Au présent :

    Que dites-vous, belle amie ? Voudriez-vous répéter ? Je suis un peu dur de la feuille ...

     

    Mais au passé simple :

    Le repas que nous servit l'aubergiste n'était pas à la hauteur du pompeux menu qu'il nous avait présenté ; nous lui dîmes son fait !

     

    L'accent circonflexe sur le i du verbe dire, pour ne prendre que celui-là donc, ne se présente que trois fois :

    au passé simple dans : nous dîmes, vous dîtes,

    à l'imparfait du subjonctif dans : qu'il dît !

     

    Je joins le lien que j'ai utilisé pour vérifier mes dires :

    http://www.la-conjugaison.fr/du/verbe/dire.php

     

    Mais, pour conclure, on peut aussi contourner ces pièges ! Ecrire un récit, un conte au présent de l'indicatif peut, au fond, lui donner de l'originalité et plus de force (pourquoi se tenir à la convention de tout narrer au passé ?), à condition donc de ne pas y introduire des accents circonflexes dont on n'a point besoin ! (Plus de "vous dîtes" au présent de l'indicatif !).

    Et si on écrit au passé, on est dispensé maintenant des fameux subjonctifs imparfaits !

     

    Exemple : l'aubergiste s'attendait à ce que nous dissions que son mets était succulent !

    Maintenant, on peut se contenter d'écrire : que nous disions.

     

    Que ceci n'empêche pas les écrivains, poètes, romanciers d'écrire en toute liberté ! Les fautes pour eux sont secondaires et ils sont en droit de laisser des correcteurs, automatiques ou humains, faire ce qui ne sont que les finitions de leurs oeuvres ! Je comprends que cela puisse poser des difficultés, de la même façon que, moi de mon côté, je ne saisis pas bien les arcanes de l'informatique, ce qui, pour beaucoup de petits et grands, n'est qu'un jeu d'enfant !

     

    Mais quand on s'emploie à enseigner le français, comme l'anglais, aux enfants (c'est mon cas actuellement), on se doit d'être rigoureux soi-même. En tout cas, c'est comme cela que je le conçois.

     

    Lenaïg

     

     poisson

     

     

     


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  • Méfiance de mise :

    Femmes sur un piédestal,

    Anguille sous roche ...

     

    Le statut de femme :

    Des bons et mauvais côtés.

    Jeunesse passée.

     

    Je suis une femme ...

    Etre un homme pour changer

    Ne me déplairait !

     

    Quête pathétique,

    Courir après sa beauté,

    Garder sa jeunesse ...

     

    Accepter ses rides,

    Vivre sa féminité

    Sans exagérer.

     

    La femme à tout âge,

    Si on lui dit qu'elle est belle,

    Le croit volontiers.

     

    Armes qui désarment :

    Mieux que des seins tout refaits,

    Le sourire et la gaieté.

     

     

    Lenaïg,

    pour ce jeudi poétique où Lilie tient la barre

    link 

     

     

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  •  stock-photo-glass-of-rosemary-martini-gin-vodka-garnished-w

     

      

    Tardive, à la dérive, baignant dans un dry gin sans vermouth,  ma lascive olive salive sur un pied.

    Olive enjolive de piment rouge sa furtive beauté.

    La chétive oisive se noie d’un trait au bord d’une incisive fictive devant une langue convulsive et vindicative.

    Vive, la ronde olive s’esquive dans la mémoire narrative

    de ce récit.

     

    Admirative, la maladive Janyve, grise, titube

    de solive en solive sur une relative ligne subversive.

    Une ligne adhésive d’ennuis et de blanches nuits à ses gencives inexpressives ravive la maladive Janyve qui d’un coup d’incisive croque la belle olive captive  au bar du Five O’clock. 

     

    Olive ne nagera jamais dans les grosses huiles.

     

    Marie-Louve

     

    olive ~antolive 

     

     


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  • Bonjour ! Je vous présente mon Olive, à moi. Que Shakespeare me pardonne, j'ai pris les amants de Vérone et j'ai revisité l'histoire à ma façon, pour éviter le pire.

    *** 

     

     

    Petite Olive Capulet

    Traînait au jardin tristounette.

    olives vertesSes parents avaient refusé

    Son Romeo, son amourette.

     

    Banni d'ici, ce cornichon,

    Ce gars-là n'a pas de noblesse,

    Avait dit le papa ronchon,

    Chez nous ni vice ni faiblesse !

     

    Même le doux rossignolet

    Chantait en vain pour la pauvrette,

    Espérant être accompagné,

    Mais fifille restait muette.

     

    Arriva Zorro Montaigu,

    Chevauchant belle jument fière,

    Sautant par-dessus la barrière,

    Ce n'était pas du tout prévu !

     

    Sa dulcinée il enleva,
    Laissant la mère médusée.

    Longtemps après on en rêva,

    De cette entreprise rusée.

     

    Petite Olive et beau Zorro

    Convolèrent en justes noces.

    La tragédie au point zéro,

    Il n'y eut pas de fin atroce !

     

    Lenaïg

     

    olives

     

     
     
    Emma m'aima, les Têtes Raides et Jeanne Moreau !

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