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    lune-avion-shanghai pics 809 - www.lejdd.fr 

     

    De : fred.louarn @ skute.mi

    Envoyé : début novembre 2010 22:54

    A : noelle.nozvad @ kiwi.mi

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    Salut, ma Fifi Brindacier Nolimit (1) !

     

    D'abord : tu me manques et, crois-moi, même si je suis loin de toi, je n'irai pas jusqu'à dire que je ne pense qu'à toi, à ton rire, à tes idées aussi géniales que farfelues, à tes yeux, à ta frimousse, à tes [censuré], à ton [censuré], et encore à tes [censuré] ou à ton [censuré] ... hééé non (soupir), je ne pense pas qu'à toi, tout bêtement parce que je n'en ai pas le temps. Mais à chaque petit moment de relâche, je me rattrape, je deviens Claude Nougaro devant son écran noir qui ne reste pas noir ! Bon, je me suis auto-censuré, tu mettras ce qui te plaît -tu me connais- entre les crochets !

     

    Ils sont sympas, tes deux nouveaux voisins et ... très amoureux l'un de l'autre. Avec eux, je suis tranquille, je ne crains pas la concurrence : ni l'un ni l'autre ne cherchera à te tourner la tête, du moins pas dans un sens qui me déplairait fortement. Dis, un doute m'habite : ne suis-je pas un peu vieux pour toi ? Dix ans de différence, à ton avantage ... C'est moi qui, à ton contact, ai l'impression de rajeunir. Tu remercieras de ma part Stevy et Zizi pour leur agréable compagnie l'autre soir chez toi. Avec vous trois, je me suis éclaté, ça m'a rendu tout léger, libéré du poids des enquêtes et de mes nouvelles responsabilités.

    ***

     

    Bon, c'est pas tout ! Retour à la dure réalité. Voici les infos officielles que je vais te laisser le soin de faire parvenir à l'APM (2).

    Le suicidé du Cours Michel Houellebecq n'a pas fini de faire parler de lui. La piste du suicide peut d'ores et déjà être écartée (psst, Nono, c'est pas du style journalistique, ça ? ). Malgré toutes les précautions prises par les criminels, la police scientifique mirobolandaise et le SKUTE ont détecté des indices encore tenus secrets qui confirment une intervention extérieure. On a fait boire à l'homme un bouillon d'onze heures et le malheureux a rendu l'âme juste avant qu'on ne le balance par-dessus le mur. Un témoin de dernière minute (3) a apporté son concours involontaire mais précieux à l'enquête : l'homme s'est assis sur un banc du Cours certainement parce qu'il se sentait mal, étourdi, l'effet du breuvage ingurgité finissant d'agir ; ce breuvage contenait, entre autres, une puissante dose de soporifique. Le cri entendu par notre témoin a peut-être été un dernier sursaut de la part de l'homme, qui a compris qu'il était en train d'y passer et qui a très probablement eu le temps de voir ses assassins s'approcher.

    Le SKUTE ne veut en révéler plus pour le moment, hormis le fait qu'il y a bien eu mise en scène : déshabillage, pliage méticuleux des vêtements, papiers d'identité, argent laissés dans les poches ; d'après le témoin, l'homme était aussi en possession d'une petite valise qui, elle, a disparu.

    ***

     

    Maintenant, pour toi, ma Noëlle, voici ce que je peux te révéler : les papiers de l'homme sont faux. On s'en doutait déjà lors du dîner où tu nous a rassemblés, Stevy, Zizi et moi ; c'est désormais certain. Cet homme n'était pas un innocent lui-même : il avait usurpé l'identité d'un citoyen américain. Je suis obligé de m'arrêter là, mais tu as ainsi la raison de mon déplacement aux Zamériques, comme dit Stevy. Ne t'inquiète pas, mon voyage là-bas, devrait être sans risque ; c'est ici qu'il pourrait y avoir du grabuge ...

    ***

     

    L'avion du SKUTE m'attend ... Bon dodo, ma Nono, bisous partout de ton grand fou, que la vie te soit belle, ma Noëlle,

    Fred

    ***

     

    • (1) Nolimit : nom de plume de Noëlle Nozvad. Noëlle s'était déguisée en Fifi Brindacier lors de la grande fête organisée par Luigi et Lolita (saison 1).
    •  (2) APM = Agence de presse mirobolandaise.
    • (3) Le témoin de dernière minute : Paolo Tequila !

    ***

     

     Lenaïg

     

    Références illustrations : voir albums Fantaisies 3 et Livres, films, affiches.

     

     

     

    163071-0 


    8 commentaires
  • Avertissement : pour les amateurs de "polars" noirs uniquement.

    Celui-ci est très très noir.

    Âmes sensibles s'abstenir.

     

    Klotz, le retour !

    Voir auparavant la nouvelle "Peut-être au revoir, petit" de Lenaïg.

    Merci à Rahar d'avoir écrit la suite.

    ***

     

     

    L'inspecteur Canardo - FIQ canardo de Sokal - www.bdgest.comJe viens d’ouvrir les yeux. Un matin maussade me salue. Cela n’entame pas ma bonne humeur naissante et je me lève du pied droit. Je vais à la cuisine préparer le petit déjeuner. En attendant que la bouilloire chante, je vais consulter mes messages. Aucun client aujourd’hui.

     

     À dix heures, je vais chez Mojo’s siffler une bonne tasse de caoua. J’y trouve un petit journaleux qui se vante d’avoir interviewé Peter O'Towl, l’ex policier en cavale. Il s’exprime plutôt bien, malgré son atroce accent frenchie. Certains des habitués ne connaissent pas la triste histoire de O'Towl ; il est vrai qu’elle avait été reléguée en huitième page.

     

     Peter O'Towl était un policier ; un bon policier même, au point d’avoir été le principal auteur de l’arrestation du célèbre Manuel Travô, l’un des plus redoutables trafiquants de drogues. Cependant, le fourgon qui devait amener le malfrat devant le tribunal fut attaqué par ses sbires et l’individu put s’enfuir en proférant des menaces de représailles à l’encontre des policiers qui l'avaient arrêté. En dépit d’un impressionnant déploiement de forces, on ne put rattraper Manuel. Le lendemain, les enfants de Peter furent criblés de balles, sur le chemin de l’école, et sa femme fut abattue à la porte du supermarché. Les témoins n’avaient vu qu’une voiture banale, sans numéro et aux vitres teintées.

     

     Enragé par la douleur, Peter O'Towl enfreignit les règles en enquêtant lui-même. Sermonné par son supérieur, il lui remit avec défi son insigne et son arme de service. Averti de ne pas se mêler de l’affaire, il en fit fi et piétina allègrement les plates-bandes de ses anciens collègues. Ses indics l’informèrent alors que Manuel Travô s’était réfugié dans un autre pays. Puisque le petit journaliste était là, Peter doit donc être ici… de même que Manuel Travô, sous un autre nom, j’imagine.

     

     Le malfrat doit être entré sans faire de vagues, nous avons nos propres trafiquants, et il y a tellement de mouvements aux frontières pour repérer un quelconque immigrant malfaisant. Mes propres indics n’ont certainement pas prêté attention à un délinquant à l’envergure moyenne. Il est clair que l’ex policier veut se venger. Normalement, cela devrait m’indifférer, mais je ne connais pas ce gonze et je ne voudrais pas qu’il foute le bordel ici. Je crains toujours les dommages collatéraux. Je crois que je vais jeter un œil sur ce Ricain.

     

     Un de mes indics m’informe que Peter O'Towl loge au Rat Chaussé. J’y vais pour le voir ; je commande une bière à la terrasse. Lui aussi y est, buvant machinalement la sienne. On m’a dit que c’est un Irlandais, pourtant c’est un type nullement grand, avec une tignasse  châtain et non rousse. À priori, ce n’est pas non plus une soupe au lait. L’impression qu’il donne est celui d’un jeune cadre dynamique. Ce pauvre type devrait avoir un brillant avenir s’il ne faisait pas de bêtises et si sa douleur ne l’aveuglait pas.

     

     Je le trouve sympathique et je me fie à mon intuition. Je dépêche un de mes indics qui est psychologue (tous ne connaissent que ma voix) pour l’approcher et le sonder. Peter s’est d’abord braqué. J’ai cru qu’il allait tomber à bras raccourcis sur mon émissaire, mais il a rapidement repris son sang froid. Mon indic a beau déployer toute sa compétence, il bute sur l’entêtement farouche de l’ex policier, imperméable à tout raisonnement, il n’a même pas jeté un coup d’œil au petit papier où était inscrit l’adresse mail de l’Éboueur : il était prêt à assouvir sa vengeance au prix de sa propre vie. Je n’ai d’autre choix que de le mettre sous surveillance et de m’occuper moi-même de ce Manuel Travô. Je demande à Romain de m’envoyer la binette de l’individu et je mobilise tous mes indics pour le retrouver. Naturellement, on l’a trouvé acoquiné avec Kahn Abby, le chef de gang du sud de la ville. Je n’ai plus qu’à étudier ses habitudes.

     

     Ce Peter est vraiment un excellent enquêteur : il a fini par dénicher Manuel. Je ne sais comment il a fait, mais il possède maintenant un Luger. Je ne sais s’il est également excellent au tir, mais on m’a affirmé que Manuel est un tireur redoutable, pouvant émasculer une mouche en plein vol ; il pourrait même me damer le pion, à moi Klotz, en cas de duel style western.

     

     À dix neuf heures, j’aperçois Peter au coin de la rue, dissimulé derrière un kiosque déjà fermé. Il attend la sortie de Manuel du Dé Cassé. Je regarde alentour, la rue est pleine de gens rentrant du travail ou allant s’amuser. O'Towl n’est pas un pro et je crains une bavure. Le garde du corps du malfrat sort en éclaireur. Je me déplace et j’arrive derrière Peter ; j’enfonce mon Glock dans ses reins, à travers la poche de ma gabardine.
      — Tu ne bouges surtout pas, tu ne sors pas tes mains de tes poches.
      — Alors, non content de tuer ma femme et mes enfants, Manuel veut aussi m’éliminer ?
      — Tu te goures mon vieux, je sauve ta vie… et aussi ton avenir.
      — Ça m’est égal de mourir quand j’aurai la peau de ce salaud.
      Manuel Travô sort de la boîte et monte dans sa caisse luxueuse, sous le regard impuissant et rageur de l’ex policier. La bagnole disparaît au coin de la rue
      — Rendez-vous demain soir au garage désaffecté Good Yeah, à vingt heures. Inutile d’amener ton feu.
      — Mais…
      Je ne lui ai pas laissé le temps de se retourner que je me suis déjà fondu dans la foule.
     
    J’endors le chauffeur de Manuel, le traîne dans une ruelle, derrière une poubelle, enfile son veston et mets sa casquette. Je bricole la séparation de la bagnole blindée pour adapter ma bouteille de soporifique et je me glisse derrière le volant.

     


    L'Inspecteur Canardo - www.livre.fnac.com 
     

     

     

    Peter O'Towl arrive comme un commando, avec toutes les précautions imaginables. Il n’a pas tenu compte de mon conseil et il tient son Luger à la main. À la vue de Manuel attaché à un pilier, il se détend et s’approche du truand qui sort juste des vapes.
      — Tu vas vraiment le buter ?
      Peter sursaute et se tourne de tous les côtés, l’arme prête. Il ne peut me voir, je suis confortablement installé au-dessus de lui sur une plateforme, derrière la lampe ; ma voix transmise par un micro-cravatte sort de deux baffles.
      — Vous devez savoir que je ne peux le faire extrader, d’ailleurs je n’ai plus de fonction officielle.
      — Est-ce que sa mort ressuscitera ta famille ? Le tuer ne sera qu’une satisfaction passagère et tu vivras avec du sang sur les mains. D’après mes informations, tu n’as pas encore tué, même dans le cadre de tes anciennes fonctions.
      — Ma vengeance n’est-elle pas légitime ? Vous voulez qu’il reste impuni ? Et d’abord, pourquoi vous mêlez-vous de cette affaire ? Je ne pense pas que vous soyez un flic.
      — Non, je ne suis qu'un simple citoyen, mais Je ne tiens pas à ce qu’on sème la pagaille ici. Je n’aimerais pas voir de dommages collatéraux car je ne te connais pas ; je sais seulement que tu es aveuglé par la rage et ta soif de vengeance, ce qui me fait douter de ton efficience.
      — Alors que voulez-vous que je fasse ?
      — Tu veux des suggestions ? Tu pourrais le mutiler pour qu’il ne puisse plus nuire. Par exemple une balle dans chaque genou, broyer ses mains avec ce démonte-pneu…
      — Tiens, c’est une bonne idée.

     

     

     Manuel est muet de terreur, mais prestement bâillonné par Peter, il ne peut que grogner comme un cochon. Le garage est assez isolé et personne ne peut entendre les détonations. Je savais que son désir intense de vengeance surmonterait le dégoût de ce que Peter allait faire ; en d’autres circonstances, je doute fort qu’il oserait le faire.
      — Tu vois Peter, je suis persuadé que de là où elle est, ta famille est fière de toi. Crois-moi, elle ne veut pas que tu gâches ton avenir par un meurtre même moralement justifié. Tu peux faire ton deuil en paix. Va, je me charge d’avertir ses acolytes.

    L’ex policier parti, je descends et remballe mon matériel. Manuel sort de son évanouissement et me voit. Il est plus solide que je ne le pensais. Je sors ma petite torche laser et lui brûle les yeux, pas question qu’il reconnaisse l’Éboueur. Je le fouille et pêche son portable ; je trouve le numéro de Kahn Abby.
      — Ho Abby, viens prendre livraison de ton copain au Good Yeah.

    Rahar

     

    Illustrations : scènes des BD de l'Inspecteur Canardo, personnage imaginé par Benoît Sokal. 

     


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    faustine-et-le-bel-ete-01 

     

    À l’opéra

    Divine Faustine

    Jamais ne badine.

    En sourdine, se faufile

    Au Gymnase, prend bobine

    La jeunesse, l’enjeu, on devine.

    Au bras de Faust se dandine.

    Effeuille la Marguerite !

    Son âme à pied dans ses bottines,

    Le sapin de haute couture de Marie-Louve - Novembre 2010Au diable la coquine,

    Pendant que Valentin sans médaille,

    S’escrime.

     

    Mauvais augures, l’heure assassine

    Une fauvette à l’opéra de Faustine.

    Son cinéma, elle se joue à la mine,

    La divine baladine dodine

    De la tête sur sa creuse fosse.

    Repose un bouquet d’aubépines

    Au parfum de l’Air des bijoux.

    La gueuse boudine de blanc sa ligne

    Et dîne devant sa machine.

    Ainsi carabinée, elle rembobine.

     

    Sa Bossa Nova, son Faust de Gounod

    Souffrances de Goethe, passées, « go »,

    Faustine se débine avant de quitter les lieux,

    Le veau d’or est toujours debout !

    Il était un roi de Thulé,

    À la Castafiore, l’archétype :

    Ah ! Je ris de me voir si belle,

    Gloire immortelle de nos aïeux,

    Vous faites l’endormie…

    Anges purs Anges…

     

    Faustine plie l’échine

    Sur sa machine de la rue Sainte-Catherine

    Et sur sa tête, elle pique des bobépines

    Made in Palestine qui n’est pas chum avec ma voisine,

    Elle, la fureur de Méphisto, combine brigandine,

    Au clou de Chine,

    Faustine se fait son cinéma.

     

    Marie-Louve

     

     

    Illustrations :

    • Faustine ou le bel été, film de Nina Companeez 1972 (Muriel Catala)
    • Belle dame haute couture, photo de Marie-Louve
    • Bobine de projection

     

     

     

    bobine20film-2 - www.yawatani.com 


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  • Arletty Garance
     
     
    Lenaïg en rase-mottes au pied de la lettre !
     
     
    Je ne peux pas soupçonner la délicieuse soupe à l'oignon et croûtons amoureusement préparée par mon compagnon d'être un bouillon de onze heures, ou un bouillon d'onze heures, comme on disait autrefois, quand on pratiquait l'élision et qu'on traquait le hiatus ! De nos jours, on n'en a plus peur, du hiatus, et notre langue subit moult transformations avec plus ou moins de bonheur pour les yeux et les oreilles : on entend dire des choses comme : "si il y a un problème, nous le règlerons ..." On le voit même écrit. Bon, d'accord, s'il y a un problème, le principal est de régler le problème ! Mais ... pauvre apostrophe abandonnée ! Les voyelles lui ont échappé, pour des motifs variés, elles se sont émancipées, elles se lient d'amitié, se pacsent ou se marient au gré de leur fantaisie, ne veulent plus se cacher et, quelquefois, de nouvelles élisions apparaissent, porteuses du hiatus qui auparavant était au ban de leur société ! Lorsque on évoque, -oh pardon- lorsqu'on évoque la couleur oranger, c'est la consonne r que les voyelles ont fait sauter ! "Orange", dit et écrit-on. Moi je veux bien, je trouve "orange" plus joli que "oranger" -oh, repardon : qu'"oranger"-. Et on entend ceci : "prenez donc du orange, cela vous va bien au teint !" Oh, le beau hiatus en u et o ! Pour l'éviter, autrefois on aurait mis : "prenez donc de l'orange" ...
     
    Hi hi, et comme je suis partie à digresser loin de mon sujet, les mots imposés attendront ! Oui, car elle est captivante et marrante la phrase : "cette émission va fêter ses un an(s ?) d'existence !" Oh miracle, un est devenu plusieurs et fait la nique aux mathématiques ! "Son an d'existence", effectivement, ne ferait pas élégant ni aussi festif ! "Son année d'existence" ne ferait ... pas assez !
     
    Non, mon Ours, ta soupe à l'oignon n'était pas un poison ! Nous n'avons d'ailleurs pas attendu qu'il soit onze heures du soir pour la déguster et nous approchons de minuit, l'heure du crime ... Tu dors et moi je suis en train de rire jaune toute seule, je plaisante sur la langue pour me donner une contenance, je m'agite, mal à l'aise car je n'ai pas fait mon devoir du mardi ... Ma fille, me morigéné-je -eh oui, quand on inverse verbe et sujet et que l'infinitif du verbe se termine en "er", on tranforme, en principe, l' "e" en "é" : me trompé-je ? On l'a oublié, il a pourtant le droit de vivre aussi, ce petit "é" ! Moi, je le défendrai !-, ma fille, secoue-toi ! Il est grand temps d'écrire ton texte du mardi, au lieu de tergiverser, de produire une histoire, un poème, un essai dont tu n'auras pas à rougir. La vaisselle est faite, ne recours pas à ce prétexte ! Cesse de te tordre le cou pour apercevoir la lune par la fenêtre !
     
    bouillon fantamaskLa lune aperçue m'adresse, me semble-t-il, un message ; oh, rien de nouveau sous le soleil, qui à cette heure est caché ! La lune me sourit, bon signe, mais se contente de me lancer : "Aide-toi, le ciel t'aidera !" A quel ciel se réfère-t-elle ? Et que diable attends-je ? Un souffle divin ? Un souffle tout court ? Il arrive que je me jette sur les mots imposés avec gourmandise, que le capharnaüm des idées dans mon cerveau s'organise comme par enchantement et presque sans ratures, sur mon cahier ou sous mon clavier et là, rien ne vient ? Source tarie ? Quel est ce trouble qui me laisse sans courage, aussi amorphe qu'une betterave ? Est-ce l'ambition de faire bien qui me retient ? Alors, je n'irai pas loin ! Ne pas céder à la facilité ni aux ficelles des charnières artificielles ? D'accord, cette fois, garance ne sera pas le prénom d'un personnage, à cela je m'engage, puis il est déjà pris, par Arletty ! Mais, pour le reste, je ne vais pas déguiser en motifs nobles ni en simulacre de discours pompeux ma simple panne d'inspiration !
     
    Ce n'est pas encore l'heure du Père Noël, que je ne compte pas sur lui pour me livrer tout prêt, en un paquet cadeau garance et vert, à motifs de fleurs de givre et de pommes de pin, l'oeuvre accomplie, la transformation d'une liste hétéroclite mais muette de mots banals ou originaux, graves ou sérieux, savants ou farfelus en un magnifique édifice contribuant à l'élévation de l'esprit. Minuit est passé, j'ose espérer que mon inspiration n'a pas été tuée, qu'elle a juste fui ... Et que mon sommeil n'en fera pas autant.
     
     
     Lenaïg
     
    selon la liste de mots imposés, chaque membre proposant le sien, Freddie Sailor procédant ensuite à la récolte, pour le magazine L'Esprit de la lettre sur facebook (de Dominique Bar et Freddie Sailor). 
    Les illustrations : affiche de Les Enfants du paradis, de Jacques Prévert et Marcel Carné, où Arletty est Garance ; jaquette de Le Bouillon d'onze heures (derrière l'Ange noir qui livre ses confessions se cache Frédéric Dard). Références ? Oh, fatiguée de galérer, je vais mettre simplement que je les ai cherchées et trouvées sur Google.
    Reste à ajouter une musique maintenant, à moi déjà cela fait plaisir ! Voyons ...
     

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  •  lampe-de-salon-pistolet1 - www.blog-deco-maison.com

     

     

     

    Chaque matin, quand je me réveille ... Banal, ça, comme phrase, hein ? Pourtant, si tu ne te réveilles pas, il n'y a plus d'histoire ; c'est que que tu as rendu le dernier soupir, que tu t'es éteint, que tu as passé l'arme à gauche, selon les expressions consacrées. Mais si tu es devant moi, jeune journaliste "Frenchie", c'est parce que cette phrase n'est point banale pour moi. Tu es fûté, tu as réussi à me trouver !

     

    Si tous les êtres vivants se réveillent le matin, chacun n'a pas, comme moi, tout de suite en tête deux idées bien nettes qui ne le lâchent plus. Mon revolver étant prêt, il se peut qu'aujourd'hui je passe effectivement l'arme à gauche mais ce sera parce que je l'aurai coincé et qu'il m'aura tiré dessus le premier. Au fait, pour plaisanter un peu, en tant qu'états-unien d'Amérique, je ne suis pas sûr que, politiquement, nous ayons la même conception, aussi tranchée, de ce que sont la gauche et la droite.

     

    Bref, ma première motivation au réveil, je résume, est l'esprit de vengeance. Hors la loi moi-même, ayant restitué mon arme officielle et ma plaque de police, actuellement recherché par celle-ci, je veux avoir en face de moi l'ordure qui a tué ma femme et mes enfants. Si j'arrive à le neutraliser en le gardant en vie, je nous livrerai tous les deux à la justice. Si cela tourne mal, j'espère lui faire passer son arme à gauche, à lui, avant d'être abattu.

     

    Ma seconde pensée est que, pour moi, le jour qui commence est peut-être le dernier. Porté par ma motivation première, je laisse mon corps apprécier les milliers de gouttelettes de ma douche et je descends savourer les oeufs au plat, les saucisses et haricots, les toasts de mon petit déjeuner. Je prends des forces en vivant l'instant sans penser à rien. Puis je me remets en chasse.

     

    Pourquoi je te fais confiance, petit ? C'est juste au "feeling" ! Et, avec toi, j'ai eu l'impression de redevenir humain. Tu pourras raconter mes longues confidences quand tout sera fini.  Adieu, ou au revoir, petit.

     

     

    english-breakfast-blackpudding - www.londondailypicture.com

     

     

     

    Lenaïg,

    pour le nouveau jeu du texte sandwich de Marc Varin sur son forum Plumes au vent.

    Références des illustrations dans l'album Fantaisies 3.

     


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