• Après une courte nuit où le sommeil s'est fait chiche, le Minotaure se manifestant une première fois par des assauts de sentiments négatifs : incertitude, isolement, angoisse, épuisants à repousser, je me décide à lever le camp. J'ai des courbatures partout et qu'il m'est dur de m'extirper de mon duvet. Le soleil perçant à travers les arbres, le murmure des branches et les quelques ébrouements et cui cui d'oiseaux cachés, le vol planant et croassant d'une corneille, la chaleur du café en poudre que je prépare sur mon petit réchaud à gaz, achèvent de me donner du coeur à l'ouvrage.

    N'empêche, je n'ai pas d'allant. Comment vais-je faire pour progresser ? Pourquoi, cela je le sais : pour trouver la réponse, pardi ! Surtout ne pas perdre le nord, suivre ma boussole, le plus fiable des instruments, écouter le GPS incorporé dans mon crayon mais, comme ce dernier a tendance à n'en faire qu'à sa tête, je vais m'amuser à le désorienter sans cesse, en prenant les directions opposées à celles qu'il m'indique. Vais-je le rendre fou ? Pfeu, ce n'est qu'une machine après tout. Quand il en aura marre de s'époumoner à m'enjoindre de faire demi-tour immédiatement, soit il se taira, soit il se décidera enfin à me guider vers le pourquoi du comment. Il comprendra peut-être que nous n'allons pas linéairement d'un point A à un point B (forcément j'ai bien été obligée de lui indiquer quelque chose, alors il croit que le lieu de départ est Pourquoi et l'arrivée Comment ...). Il laissera tomber l'itinéraire le plus court ou le plus rapide et m'apportera son concours pour une exploration tout azimut, dans le présent comme dans le passé, dans l'espace comme dans le temps.

    Depuis dimanche soir, c'est vrai, un Minotaure m'a imposé sa compagnie, insidieusement. Il m'a laissé croire que je cheminais seule d'abord, prenant le temps de s'installer partout en moi. Mais, hier matin, quand je suis sortie de mon duvet pour chauffer l'eau de mon café, il s'est annoncé :
    "- Coucou, c'est moi ! On me connaît sous le nom de Virus Saisonnier, syndrome grippal de mon état ... Je t'ai choisie entre autres élus, pour progresser, moi aussi ! Ne t'inquiète pas : au bout d'une semaine, ou peut-être deux, ou trois, je te quitterai, je ne suis pas fidèle en amitié (d'ailleurs, cela vaut mieux pour toi, je suis néfaste, on ne m'aime pas) ; j'irai rejoindre d'autres randonnées, celles qui ne seront pas barrées ...
    - Ah, Virus Saisonnier, dis-tu ? Etant donné l'accès de fièvre élevé que ton arrivée a provoqué, je m'attendais à plus dramatique : la grippe A.
    - Quoi ! La grippe A ne t'épouvante pas plus que ça ? Certains osent à peine prononcer la formule maudite H1N1, on croirait qu'ils évoquent le diable ou la peste ! Puisque tu m'es sympathique (oui, je sais, la réciproque n'est pas vraie), je te le confirme, sans mentir, cette fois : mon vrai nom c'est Agrippa !
    Je sais, je peux être très méchant mais ...
    - Et sans gêne, surtout ! Tu n'as pas frappé avant d'entrer ..."
    Il a paru penaud :
    "- C'est que je ne contrôle pas bien mes milliards de particules, je te l'avoue, elles se faufilent dans tous les nez avant que j'ai le temps de dire ouf ...
    Pour ma défense, je te rappelle que tu vas fabriquer des anticorps et que tu n'auras pas besoin de te poser la question de te faire vacciner ou pas quand tu recevras ta convocation !
    - Hum, tu ne serais pas en train de te vanter ? Fièvre et courbatures oui, mais je n'ai aucune difficulté à respirer !
    Agrippa, je veux bien si cela te fait plaisir, mais je n'oublie pas le premier nom sous lequel tu t'es présenté ! En fait, j'ai du mal à te croire ...
    - Accorde-moi le bénéfice du doute !
    AGRIPP~1- Je n'ai pas le choix. Alors, passons à autre chose ! Pourquoi "Agrippa" ? Tu te sens fier de ce jeu de mots ? Te prendrais-tu pour un général romain ? Mais tu n'es même pas capable de contrôler tes troupes, c'est du beau !
    Est-ce qu'au moins tu me seras utile dans ma quête du pourquoi du comment ?
    - Je peux me prendre pour Agrippa d'Aubigné, si cela te plaît. Tiens, écoute, je le cite : 

     

    "Quelquesfois en me pourmenant
    La Vérité m'allois menant
    Aux lieux où celle qui en faute
    De peur de se perdre se perd
    Et où l'Eglize qu'on tourmente
    S'enferma d'eau dans le désert".

    Les Tragiques, Préface, Agrippa d'Aubigné (1152-1630).

     

    "- Lui aussi cherchait sa route, non ?
    - ...
    - Pas convaincue ?
    - C'est que ma quête ne comporte pas de querelles de clochers, heu pardon, de considération sur des schismes ! C'est gonflé, osé, risqué !
    - Attends, attends, j'ai mieux :"

     

    ... "Usons ici le fiel de nos fâcheuses vies,
    Horriblant de nos cris les ombres de ces bois :
    Ces roches égarées, ces fontaines suivies
    Par l'écho des forêts répondront à nos voix.

    Les vents continuels, l'épais de ces nuages
    Ces étangs noirs remplis d'aspics, non de poissons,
    Les cerfs craintifs, les ours et lézardes sauvages
    Trancheront leur repos pour ouïr mes chansons."

    Théodore Agrippa d'Aubigné, poète du 16ème siècle.

     

    "- Tu vois bien qu'il t'a précédé dans ce labyrinthe boisé !"
    Séduite par ces vers, je me suis promis sans illusion (car je me promets d'aller approfondir tant de connaissances que je n'y arrive pas), de revenir méditer sur les écrits de cet Agrippa d'Aubigné, compagnon fidèle d'Henri IV (jusqu'à ce que celui-ci change de religion ; après, cela se gâta ... leur amitié n'y résista pas).

    Une bonne âme doublement fraternelle m'ayant apporté mon courrier, je me suis absorbée dans la lecture de mon magazine scientifique favori (le seul qui me soit accessible) ... Ai-je fermé les yeux ? Je ne sais plus, mais je crois avoir tout mélangé.
    J'ai assisté au spectacle hallucinant d'un combat de titans : deux acariens je ne sais L'Etoile mystérieuse -araignéecombien de fois grossis s'affrontaient dans un énorme nuage de gaz froid (comme ceux qu'on vient de découvrir dans la Voie Lactée). J'ai eu peur ! Puis j'ai ri. J'ai repensé à l'album de Tintin et Milou, "L'Etoile mystérieuse", un de mes préférés ... à l'exclamation de Tintin observant la météorite grandissante au télescope de l'Observatoire et s'épouvantant de ce qu'il voyait, une énorme araignée noire cramponnée à la météorite. Après vérification du savant, intrigué par les commentaires étranges de Tintin, on découvrit la malheureuse petite bestiole simplement interposée entre le verre de l'appareil et la vision offerte ...
    Quant à ces nuages de gaz froid (mais vraiment froid !)longs de plusieurs années lumière (au moins), il paraît qu'ils semblent se concentrer dans le but de former de nouvelles étoiles. Il s'en passe des choses dans notre galaxie, quand nous avons le dos tourné !
    Une piste du pourquoi du comment pourrait bien se présenter là : en élucidant comment l'infiniment grand rejoint l'infiniment petit, on devrait approcher du pourquoi !

    A propos d'araignées (outre celles que ce diable d'Agrippa m'a collées au plafond), ce matin ... est-ce que je somnolais ? Toujours est-il que j'ai sursauté en entendant parler à la radio d'une araignée dite coccinelle ... joli nom, belle carapace, masquant une vilaine réalité : ses morsures sont terriblement dangereuses. Pour me rassurer, au cas où un autre Minotaure de mon labyrinthe personnel veuille prendre cette forme-là, un coup de baguette de ma fée me fait voir à la place un autre spécimen de la gent arachnide, récemment découvert : la première araignée végétarienne, pardon herbivore est le terme approprié, toute petite et gratifiée d'un nom magnifique : Bagheera Kiplingi, Mexicaine raffolant des bouts de feuilles d'acacia, que lui disputent les fourmis, ses ennemies ...

     

    A suivre

     

    Lenaïg (délires fiévreux, novembre-décembre 2009)

     


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  • saint-pabu-plongeeSapristi* ! Me dis-je en mon for -sans ajouter : intérieur, car il paraît que c'est un pléonasme, comme la panacée qui, par essence, est universelle, ou comme "faire partie" qui suffit, sans qu'il soit besoin d'y adjoindre : intégrante, ou intrinsèque. J'ai un engagement à tenir dans le monde virtuel ! Plus que quelques heures pour respecter l'étiquette protocolaire des mots imposés du magazine hebdomadaire L'Esprit de la lettre ! Pour rédiger un texte correct, assez intéressant pour attirer quelques lecteurs, comme les fleurs du tournesol dirigent leurs visages vers le soleil, pour susciter un soupçon d'interrogation, le début d'un suspense et même, ô luxe supplémentaire, soulever des critiques ! La colère, je n'aimerais pas …

     

     

    Ai-je au moins la vague lueur d'une idée, galvanisée par mon premier bain de mer pris hier, dans la Manche, ma chère ? Quand je glissai mon pied droit en éclaireur dans la mer, à marée haute, après avoir foulé le fin sable blanc, je la trouvai glacée. Puis, entourée des autres joyeux baigneurs, je continuai d'avancer, un gros rouleau facilitant grandement mon immersion ! Mais non, elle n'était pas froide, et ce fut bon de barboter dedans ou de se laisser porter par elle en contemplant le ciel tout autour et les bateaux qui croisaient plus au large. Un étonnant gréement tout en voiles noires attira un instant mon attention. Fort bien, mais maintenant, me voilà propre ! Car, ici, c'est du sérieux, de la littérature ou tant soit peu, qui est demandé. Cela va-t-il exiger de ma part un effort magico-phénoménal ?

     

    colette smockAu fait, serai-je traitre à la cause de L'Esprit de la lettre en révélant que j'ai choisi le mot redingote ? Je ne suis pas trop à la fête en cette heure matinale, où les gardiens de nuit partout passent le relais à leurs collègues de jour et sortent, déjà ensommeillés, tandis que les étoiles palissent et disparaissent, que la nuit passe du gris anthracite au bleu timide encore ; cette heure où j'ai préparé le café, disposé sur la table du premier repas de la journée croissants, pain, beurre et confiture. Que je me dépêche, profitant de ma solitude momentanée, de coucher sur le papier mon petit essai. Et que je revienne à mon mot redingote : un manteau masculin qui s'est porté du XVIIe siècle au début du XXe ; quelle belle longévité pour ce vêtement qui, tel le phénix, renaît régulièrement de ses cendres et revient à la mode.. Provenant de l'anglais riding-coat, ses basques se ramenaient sur le devant ; un habit de cavalier, donc, à l'origine.

     

    George Sand en habit d'hommeMais ce nom m'évoque le XIXe siècle finissant, le ballet des fiacres dans les rues, à Paris ou ailleurs, le trot des chevaux sur les pavés, le crottin à ramasser (plus il y en avait devant les théâtres, plus cela signifiait que le drame ou la comédie à l'affiche avait du succès). Ces fiacres transportaient les messieurs aisés, coiffés des hauts de forme qui complétaient leur tenue, avides de coquineries, se rendant en soirée chez leurs maîtresses (ou co-épouses) toutes fraîches et sûres d'elles du haut de leurs dix-neuf ans, tandis que les épouses légitimes fermaient les yeux sur ces frasques, gardant secrets leurs sentiments mêlés, où la révolte se confrontait à la résignation.

     

    George Sand VisageC'est qu'on n'avait point l'habitude à l'époque que la gent féminine se comportât de la même façon. Il y eut pourtant George Sand, qui n'hésita pas à se choisir des amants plus jeunes qu'elle, à permettre à des artistes encore en herbe de s'épanouir sous son toit, faisant bouillir la marmite de tout son petit monde par la grâce de sa plume, ou Colette qui, une fois affranchie de la coupe du peu scrupuleux Willy, s'habillait en homme aussi, parfois, pantalon et redingote (coucou, la revoilà !) et vécut pleinement ses amours féminines comme masculines.

     

    En début de XXIe siècle, on les appelleraient des femmes couguar. Qu'on ne m'interroge pas sur l'origine de cette appellation, de cette étiquette qu'on leur colle aux basques (chic ! Deuxième fois que je cite ce mot imposé !) ; à brûle-pourpoint, je ne saurai en fournir l'explication. J'entends du bruit, remuer dans la maisonnée, souffrez que je range feuille et crayon et que je quitte la noble compagnie, momentanément c'est promis !

     

    * Pour changer de saperlipopette !

     

    Lenaïg, pour L'Esprit de la lettre du mardi sur facebook (mots imposés en gras).

     


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  • vermeer chapeauJe suis la Nouvelle Femme au chapeau, une œuvre presque terminée, qui sèche dans un atelier. Mon créateur n'est pas connu. Il peint pour son plaisir depuis longtemps : beaucoup d'abstrait, mais, depuis quelques temps, il s'est attelé aux portraits. Je sais ses sources d'inspiration, me concernant :

     

    La Femme au chapeau rouge, de Vermeer,

    La Femme en chapeau, de Van Dongen

    Et la Femme qui pleure, de Picasso.

     

    Comment me décrire, moi ? Je n'ai pas l'air triste, ni les paupières lourdes, le nez brillant, les lèvres ouvertes et pulpeuses de la Femme de Vermeer, semblant supplier le spectateur de lui apporter satisfaction ou de venir à son aide,

    sous son immense et large chapeau 31937-Femme-qui-pleure-ultimo-periodo-pablo-picassoplat aux jolies plumes rouges qui, au prime abord, réjouissent l'œil, comme appelant à la gaieté, mais se transforment vite en flammes d'une passion dévastatrice.

     

    Non, j'ai les yeux étranges de la Femme de Van Dongen, aux pupilles et prunelles rouges presque confondues, ainsi que la même chevelure mi-longue et ondulée, sauf que les boucles ont emprunté les lignes bleues, jaunes et violettes de la Femme qui pleure et mon visage est jaune et ombré de vert.

     

    Mon nez ? On le trouve sur les affiches et les pochettes des DVD du film Avatar. Je ne suis pas terrestre, comme en atteste le paysage étrange qui se dévoile derrière moi. Si on veut en avoir une idée, on peut contempler l'étonnant arrière-plan du tableau de Femme en chapeau - Van DongenLéonard de Vinci, celui où Mona Lisa la Joconde nous regarde de son balcon) en y ajoutant deux entrées d'habitation souterraines, signalées chacune par un portique à la grecque.

     

    Je me tiens dans l'angle droit de la toile, je suis placée de trois-quarts. Mon regard est à la fois lointain et anxieux, levé vers le ciel. J'oubliais de préciser que mes yeux sont immenses et ma bouche … eh bien, ma bouche est restée à l'état de problème ! Elle est floue, mon créateur hésite encore. C'est le seul élément qui manque au tableau !

     

    Ce que je ne vois pas , alors que c'est-ce que j'attends, c'est l'arrivée de la mini-soucoupe volante de mon amoureux, qui fait fuir un essaim d'oiseaux vers la droite du tableau. Il a x196image 64483 v2 m56577569830685201quitté le vaisseau spatial mère en orbite autour de la planète pour venir passer quelques jours de repos en ma compagnie. Mais je ne regarde pas dans la bonne direction et, comme tous les soirs, depuis qu'il y a du retard dans le programme prévu et pas de communications, je m'inquiète et m'exaspère à la fois.

     

    Je crois bien que j'aurai des lèvres boudeuses à la Brigitte Bardot, à moins que ce ne soit celles de Jeanne Moreau, les photos des deux actrices dans la fleur de l'âge étant restées étalées tandis que mon créateur est allé se coucher, épuisé mais satisfait d'avoir au moins mis les dernières touches, qu'il juge parfaites, à l'éclairage de mon visage et du paysage.

    

    Lenaïg

     

    Note : Je reconnais, je suis hors sujet ! Je viens d'aller jeter un petit coup d'oeil chez les autres Croqueurs et vais y retourner plus longuement. Mon imagination, qui au départ se basait sur l'intitulé du défi "je suis une oeuvre en cours d'écriture" a glissé petit à petit vers une oeuvre tout court ! Lorsque je me suis mise à écrire, j'ai perdu de vue qu'il devait s'agir d'une oeuvre littéraire ! On voit tout de même qu'il y a une idée de roman, de science-fiction, derrière mon écrit !

     

    Pour ma défense, je dirai que le créateur de cette histoire est un touche-à-tout et qu'une fois sa toile terminée, il a rédigé un vrai roman !

     

     

     

     


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  • pourpre-cadeau-rouge ~jba0273

      

     

    Qui vient de recevoir un cadeau magnifique ?

    Aumonière et collier, rouge fil de coton,

    Perles raffinées, fleur sur un cabochon.

    Brocéliande est son nom, de légende celtique.

     

    Car Dame Tricôtine a un pouvoir unique,

    Viviane en est jalouse en forêt de Paimpont !

    Doigts de fée au crochet, inspirés par Néon,

    Qui des merveilles font, sans baguette magique.

     

    Lenaïg en est fière et aime la couleur

    De ses deux beaux présents, couvés avec bonheur.

    Qu'importe le crachin, la scène s'illumine !

     

    L'aumonière accueillant les bijoux tout petits,

    Au cou le pendentif, qui donne bonne mine,

    Lenaïg dit : bizzouxx et de joyeux mercis !

     

     

    Le pendentif edited

     

     


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  • maisons-arbres-L-1

     

     

    Vers dorés


    Homme ! libre penseur - te crois-tu seul pensant
    Dans ce monde où la vie éclate en toute chose :
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
    Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

    Respecte dans la bête un esprit agissant : ...
    Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
    Un mystère d'amour dans le métal repose :
    "Tout est sensible ! " - Et tout sur ton être est puissant !

    Crains dans le mur aveugle un regard qui t'épie
    A la matière même un verbe est attaché ...
    Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

    Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
    Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
    Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !

     

     

    Gérard de Nerval,

    proposé par Dominique ! 

     

     

    pierres fleuries 

     

     


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