• Roman jeu multiplume par courriels.
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    Un immeuble, sis au 101 Rue de la Mazurka.
    Une ville imaginaire : Santa Patata.
    Un pays inventé : Miroboland, frontière commune et nombreux liens avec la France.
    ***

     

     

    Les 28 et 29 août 2009

     

     

    Reçu chez Charlotte

    Auteur : Di.

     

     

    De : gsansoucicheztoctoc.psy
    À : Charlotte (Des3maison
    chezhotmail.fr)
    Date :2009-08-28 19:07:23
    Sujet : Re

     

    Enchantée mademoiselle Des Trois Maisons;

    Mon éthique professionnelle est on ne peut plus respectueuse. J’aviserai ma secrétaire d’annuler cette publicité interdite que vous avez trouvé sur Internet et dont vous me faites part subtilement.


    Je constate dès les premiers mots que vous m’adressez que vous êtes une femme qui prend de nombreux détours afin d’atteindre votre but amoureux et que les obstacles qui se dressent vous empêchent de l’atteindre. Ils sont pour vous une échelle sans fin où les marches sont de plus en plus pénibles à monter. Vous risquez de souffrir de vertige.

     

    Ne désespérez pas, vous avez utilisé des moyens surnaturels qui ne vous ont apporté qu’illusions. Pour réaliser un rêve, il faut savoir oser.

    Votre côté rationnel saute aux yeux. Vous êtes une personne organisée dans votre tête. Pourrais-je vous comparer à un gouvernement, oui? Le problème est que votre ministre du cœur fait interférence avec votre cerveau. Vous souffrez manifestement du « syndrome du gouvernement en chute ». Un cas courant mais jamais nommé.

     

    Toutes les femmes sont belles mais le plus beau chez elles est dans le sourire et dans les yeux qui dévoilent l’attrait qu’elles ont pour un homme. Cependant, n’allumez pas des étincelles trop brillantes. Il risquerait d’avoir peur et de prendre la fuite. L’homme est un chasseur qui n’aime pas les proies trop faciles. Tout est dans la modération. Croyez-en mon expérience, les atouts d’une femme vont bien au-delà de l’apparence physique.

     

    Cependant, quelques ornements supplémentaires sur votre peau le retiendra davantage, une coiffure qui vous avantage, des vêtements qui vous donnent un air moins sage. Vous êtes allé au-delà de votre budget pour investir dans votre garde-robe, chez l’esthéticienne et le coiffeur. Bravo chère demoiselle. Ce sont des Euros bien placés. Ils vous rapporteront en investissements du côté confiance et estime de soi. Car une condition essentielle pour séduire un homme est de se sentir bien dans sa peau. Quand une femme se sent belle, intelligente et déterminée, il n’y a rien à son épreuve. Les fortes foncent doucement et les faibles fondent rapidement.

     

    Il faut un premier contact réussi, car nous avons cinq minutes lors d’une conversation pour nous donner une idée de l’autre, de juger s’il nous intéresse de le revoir et d’allonger une conversation qui peut conduire à l’autel. Présentez-vous simplement en lui offrant votre aide comme bonne voisine. Si votre impression est bonne, ajoutez que vous aimeriez prendre un café dans un bistrot s’il accepte, afin de discuter de n’importe quoi de sensé. Si vous êtes chanceuse c’est lui qui vous l’offrira et vous aurez fait un gros pas. Un conseil de bricolage, des sujets d’actualité, mais surtout, surtout, faites le parler de lui. Les hommes sont toujours honorés de se sentir importants Si son ego est trop gros, laissez tomber. Il ne pensera jamais qu’à lui et ne s’intéressera à vous que pour la galipette. Et en partant vous démolira sur tout ce qui est précieux pour vous, votre estime de soi. Ce n’est pas ce que vous désirez et moi non plus.

     

    Votre rationalité se déchire lorsque votre cœur pleure à la pensée que cet homme puisse vous ignorer. Soyez naturelle et je ne le répéterai jamais assez, laissez le s’exprimer. Les femmes ont trop tendance à monopoliser la conversation et les hommes parlent peux. Intéressez vous à lui mais sans insister, ils aiment garder leurs petits secrets les premières fois. Le naturel, la gentillesse, c’est ce qu’il y a encore de mieux pour séduire un homme.


    Monsieur est infidèle? Savez-vous pourquoi? Est-ce un infidèle notoire dont les aventures sont connues entre l’Atlantique au Pacifique ? Est-il malheureux en ménage? Si c’est le cas, c’est votre chance. Mais n’allez pas vous battre avec un balai avec une rivale. C’est disgracieux et monsieur n’aimerait probablement causé un scandale dans la rue.

     

    La ménopause ne cause pas de problèmes à l’amour. Qui a bien pu vous dire de telles sornettes. L’amour n’a pas d’âge et rien de tel pour une femme amoureuse de mettre de côté ces légères indispositions car par son état amoureux, elle oublie ses chaleurs et devient toute chaleur pour son homme.

     

    Cette première consultation est gratuite car j’offre parfois la possibilité à des personnes désespérées de trouver avec eux la solution de leurs problèmes gratuitement. Une B.A. (bonne action) par jour depuis toujours. Scout un jour, Scout toujours.

     

    Je suis heureux de vous rendre service et soyez heureuse mademoiselle.

    GSansouci, psychiatre

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    Communiqué de la journaliste Océane Bildoquet

    Auteur : Di.

     

     

    De : Journaldederniereheure

     

    chezyaou.fr
    À : tous les lecteurs
    Date : 2009-08-29 10:30:51
    Sujet : Fait divers

    Nous savons de source sure que suite à une invasion de souris dans l’immeuble du 101 rue de la Makurza, dont la première fut trouvée dans l’appartement de monsieur Paolo Téquila, célèbre financier bien connu dans le milieu des affaires, les exterminateurs de la compagnie « Débaratisez-vous » ont dératisé l’immeuble. Ils ont trouvé monsieur Téquila, accroupi sur son réfrigérateur, marmonnant des mots incompréhensibles, souffrant visiblement d’un choc nerveux. Cela a causé tout un émoi parmi les résidents, chacun ayant dû sortir de leur appartement pour laisser les exterminateurs manœuvrer. Les exterminateurs ont aussi fait venir sur les lieux les policiers, car ils ont trouvé une chose suspecte chez l’un deux. On craint que des choses s’avèrent plus graves dans ce lieu chic et renommé de ce quartier. Monsieur Tequila a dû passer un jour et une nuit à l’hôpital et se relève tranquillement du dédain qu’il a pour les souris. L’enquête suit son cours. Si vous avez été témoin d’une chose étrange dans cet immeuble, veuillez communiquer avec le quartier général des policiers de votre quartier. Bien sur, ces personnes peuvent le faire de façon anonyme. Toutes les informations, même minimes peuvent être importantes.


    Océane Bildoquet
    Journaliste

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    Retour chez Charlotte

    Auteur : Marie-Louve.

     

    De : Charlotte

    À : Lumina


    Lulu ! Au secours ! J’avais écrit un poème sur du papier rose parfumé de jasmin, mais j’ignore comment il s’est retrouvé épinglé sur le babillard des employés. Quand je suis revenue au bureau après l’heure du lunch, la chipie de Charlaine, ma voisine de bureau me lançait des regards moqueurs. Les autres avaient le nez plongé dans leurs dossiers. Moi qui n’écris jamais de poème !

    Zut ! Le malheur me court après. Comment vais-je … ? Ok ! Je vais leur dire que je suis des cours de poésie pour améliorer ma créativité et que nous devions écrire un devoir avec des contraintes à respecter. C’est ça ! Laisse faire. Je vais me dépatouiller mon honneur. Elle ne perd rien pour attendre cette brebis galeuse de Charlaine ! Omondieu ! Je deviens méchante. Non. J’efface de ma mémoire, mais…

     

    Charlotte
    Oui je le veux ! Amour
    Diamant, toi toujours
    Charlotte
    Charlotte l’exquise
    Dans ton cœur, ta marquise
    Charlotte
    Je ne suis plus moi
    Je dérive à l’infini
    Sans toi
    Sens-moi, sans lavande
    Au diable les landes
    Rien n’est fini
    Charlotte

    Coco mon dealer
    Piqué à muse. Rêveur
    Saphir me roucoule
    Jazze mes yeux
    J’en ai pour deux
    Joue-moi mon soul
    Ta saveur
    Ma faveur
    Coco -Charlotte
    En cœur
    For ever

    Oublie tout ça !
    Charlotte, bisous ****

    ***

     

     

    A l'étage en dessous, chez Tugdual Kerloch

    Auteur : Lenaïg.

     

    De : tugdual.kerloch

     

    chezhotdog.com
    A : fred-louarn
    chezhouhou.mi
    Envoyé le 29 août 2009 - 16:04:27
    Sujet : les Nounours et Cie !

     

    Salut Fred,
    Je commence à me plaire dans mon quartier ! On ne s’y ennuie pas une seconde ! On a eu droit à la visite du commissariat, une histoire de souris et mon voisin du premier, Monsieur Paolo Tequila, l’expert-comptable complètement hystérique … Le service de dératisation qui est passé sur ces entrefaites …

     

    Encore merci pour le petit job que tu m’as refilé l’autre jour aux Nounours Farceurs, avec la complicité de cette chère Margoton. C’est le vrai portier qui a dû apprécier ses quelques heures de liberté aux frais de la Princesse …

    Depuis notre premier rendez-vous aux Nounours, j’y passe régulièrement prendre deux cafés serrés avant de me pointer au turbin. Les clients habituels qui, eux, sont à l’apéro à cette heure-là, ne s’étonnent plus car ils me croient veilleur de nuit. Margoton, qui a été super bien “briefée” par toi me dispense de répondre à leurs questions indiscrètes, c’est elle qui répond à ma place et … quelle imagination elle a ! Elle me fait passer pour son neveu ! Remarque, étant donné qu’autrefois, elle était de la partie, ce rôle-là doit lui sembler du gâteau …

     

    Pour en revenir à l’autre jour, en dehors des découvertes que j’ai faites quand je tenais le vestiaire, en dehors du fait également que je suis content que la mission qu’on m’avait confiée ait été fructueuse, figure-toi que ma charmante voisine du 3ème au 101, Charlotte Destroismaison, est arrivée déjeuner en compagnie d’une amie;

    Eh bien, je l’ai fait rire aux éclats, “ma” belle Charlotte, qui est si timide quand nous nous croisons, qui avait les mains qui tremblaient quand elle est descendue m’offrir un cake aux noix de sa confection en remerciement de l’aide apportée lors du malaise de son oncle et qui s’est enfuie lorsque je lui ai proposé d’entrer … Un peu triste que ces éclats de rire ne m’aient pas vraiment été destinés puisqu’ils s’adressaient à ma carcasse de gros ours polaire. Forcément, elle ne m’a pas reconnu dessous.

     

    Marrant, cette mise en scène aux Nounours Farceurs : les serveurs déguisés en ours brun, en kodiak, en Balou et en Winnie L’Ourson tandis que le portier joue les ours polaires ! Pour le moins surprenante aussi, la fontaine à miel dans l’angle … Margoton m’a parlé d’une légende qui court sur les anciens propriétaires, ceux qui avaient inauguré cette mise en scène ursidée. Ils ont disparu du jour au lendemain, la rumeur mentionne des extraterrestres, ou quelque chose comme ça …*
    Bon, c’est de l’histoire ancienne au fond, nous avons d’autres chats à fouetter toi et moi ! Mais, à l’occasion, tu me diras si tu en sais plus long sur le sujet.

    ***

     

     

    De : fred.louarn

     

    chezhouhou.fr
    A : tugdual.kerloch
    chezhotdog.com
    Sujet : TR les Nounours et Cie !

    Oui, ça bouge pas mal dans ton quartier. D’ici à ce qu’on découvre que plusieurs affaires sont liées, il n’y a qu’un pas. Il faudra peut-être déplacer le pion à nouveau, un plan B est déjà prêt. C’est moi qui te remercie pour le coup de main. Des merveilles, ces petites caméras, elles font des photos d’une précision remarquable. Nous avons pu ainsi retracer le pedigree de deux citoyens moldènes qui ont déjeuné chez Margoton, certainement à une table voisine de ta Charlotte !
    Arrivés la veille de Skarpetta. Charly et Bruno ne les quittent pas d’une semelle et nous espérons les coincer.

     

    On ne se croisera pas cette nuit, je ne suis pas de service.

    Mais toi, tu m’as l’air d’en pincer fort pour Mlle Destroismaison, dis donc ! Fais gaffe, tu vas te retrouver entre les pattes de l’illustrissime mécène Wilfrid, qui va penser que tu lorgnes sur son argent ! L’amour te fera-t-il perdre ton flegme, hé hé !
    Allez, à la prochaine.
    ***

     

     

    De Tugdual.kerloch

     

    chezhotdog.com
    A : misssexygirl
    chezbonbon.net
    Envoyé le : 29 août 2009
    Sujet : Votre beauté me sidère.

     

    Mademoiselle,
    Pardonnez mon entrée en matière, mais cela dissuadera vraisemblablement une certaine catégorie de fouineurs de regarder par ici ! J’ai d’ailleurs laissé passer quelques jours depuis notre rencontre, exprès, avant de revenir vers vous. La lettre dont vous m’avez chargé a bien été remise à votre ami le soir même. Il l’attendait avec impatience et, faute de pouvoir vous répondre de la même façon, il me charge de vous transmettre que vous lui manquez.

     

    Je suis ravi d’avoir fait votre connaissance l’autre jour au Café Taupes Cinq Hontes. Vous savez, je ne regarde pratiquement pas la télé et je préfère vous avoir vu sous votre vrai jour que dans un des rôles que vous interprétez !

     

    Bien que voisins, il est entendu que nous ne connaissons pas mais cela ne m’empêche pas de vous souhaiter d’heureuses retrouvailles, à vous et votre ami, dans un avenir aussi proche que possible.
    C’est émouvant de savoir que vous aviez rompu mais que vous vous êtes rendus compte que vous ne pouviez vous passer l’un de l’autre.

    Bien cordialement,
    T. Kerloch

    PS : au fait, personne ne me l’a soufflé mais c’est VOUS la princesse de la BD ! Mais oui, je l’ai lue.

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  • Castors - un-castor-4570207siygz - www.ushuaia.comFeuille de Tremble promenait ses petits la nuit, mi dans l’eau mi sur la rive. Sur la rive, les castors grands et petits sont patauds, mais dans l’eau, ils s’en donnent à cœur joie, ils sont faits pour cela. Pieds palmés, pelage étanche, queue plate gouvernail, il leur suffit de fermer leurs narines et leurs oreilles pour nager et leurs vifs petits yeux ronds sont recouverts d’une membrane spéciale transparente. Combien de nageurs humains souhaiteraient être équipés de ces atouts-là, pour nager en piscine ou faire de la plongée sous-marine !

    La nuit, pour « les petits frères qui parlent », comme les nomment certaines tribus indiennes, c’est la vie ! Dans la journée, ces travailleurs forcenés se reposent. Ecorce de bouleau, le mari de Feuille de Tremble, y était, au travail. Mais c’est plutôt relâche en ce moment de la saison. Il fallait juste consolider le gros œuvre, effectuer des tournées d’inspection, récolter des plantes aquatiques et cueillir des feuilles pour approvisionner le grand réfectoire. C’était facile, après l’effervescence de la construction du terrier dans la berge, pour les nouveaux couples formés, avec l’entrée sous l’eau comme il se doit.

    Soudain, Feuille de Tremble fit glisser ses petits dans l’eau car elle perçut une présence étrangère. Elle se dressa sur sa solide queue en s’apprêtant à saisir un rondin pour le brandir et intimider l’adversaire (les castors savent très bien faire cela), mais des petits cris, des soupirs, des murmures se firent entendre, oh bien maladroits mais parfaitement compréhensibles en langage élaboré de castor : « - Madame Feuille de Tremble, soyez rassurée, je suis votre amie. Voulez-vous bien m’écouter ? » « - Qui êtes-vous ? Et où êtes-vous , J’ai de bons yeux pourtant … »

    «  - Me voilà ! » et Gascarina se matérialisa devant Feuille de Tremble. Celle-ci huma une odeur agréable et nullement hostile, les marmots curieux commencèrent à regrimper sur la rive et leur mère les laissa faire. Aucune sensation de danger ne planait, bien au contraire.

    Castors - castor29 - www.fauneetflore.haplosciences.comTout en jouant avec les petits, qui lui tournaient autour, Gascarina expliqua qu’elle voulait rencontrer le conseil de la communauté, car elle avait un très grand service à demander. Le grand conseil fut réuni dans la nuit. Gascarina parla longuement ; le conseil émit des objections, se fit expliquer les intentions, et trancha : « On y va ! » Les castors dans ce débat par exemple eurent du mal à accepter l’idée d’œuvrer pour aider un humain, mais le portrait de Luther Redtimber que Gascarina leur brossa les convainquit.

    Un nouveau barrage fut ainsi petit à petit spécialement dressé pour détourner une partie des eaux de la rivière Dew et la faire gagner le lit sec du Rainbow qui traversait autrefois le village de Luther. Le barrage fit travailler ensemble des communautés de castors cousins, qui apprirent à se connaître, dans le projet commun approuvé par Ecorce de Bouleau, Feuille de Tremble et leurs pairs, mais engendré par Gascarina. La Dew eut très vite deux bras pour rejoindre le grand Missouri !

    Gascarina aida tant qu’elle put à transporter des rondins, des branchages, des brindilles, elle s’occupa de récolter le plus possible de nourriture végétale appréciée des castors pour leur réfectoire commun. Seulement, elle les déposait sur la rive, ne voulant pas se mettre à l’eau et ne sachant de toute façon pas plonger. Feuille de Tremble et les autres dames s’en chargeaient. Gascarina regrettait presque de n’être pas bâtie pour des exercices nautiques, à voir ses nouvelles amies si gracieuses et rapides dans l’eau !

    Ah si, une anecdote et non des moindres, Gascarina sauva quand même la vie à tout un groupe de castors. Ce fut au moment où un jeune fougueux venait de finir de ronger le tour d’un arbre et haletant, en oubliait le fameux signal, en se positionnant dans un angle sûr avant que le tronc ne tombe. Gascarina lui sauta carrément dessus pour le secouer puis s’assit et mima aussi bien qu’elle le put de sa queue rayée le battement attendu d’une queue de castor sur le sol. Le jeune fougueux du nom de Vif Argent se ressaisit aussitôt et le POUM POUM POUM POUM POUM de la queue du castor sur le sol permit à tout le monde présent de changer de côté par rapport à l’orientation de la chute de l’arbre. Ouf, «  no casualties » se détendit mentalement Gascarina, qui entra brièvement en contact avec Danilo, le robot « nordinateur » passionné par la série des films terriens du « Terminator ». « No problemo », bravo, lui répondit celui-ci. Donc pas de morts ni de blessés, pas de pertes castoriennes ! Puis elle pulvérisa les démons qui accouraient dans la tête du pauvre Vif Argent, il n’avait pas mérité cela, vade retro le remords ! Elle lui fit vite oublier son petit moment d’absence passager.

    Castors - castorld021 - www.dinosoria.comEt les phéromones allèrent bon train, papillonnèrent, se trouvèrent, s’apprécièrent. Les castors jeunes qui, cette saison, n’avaient pas eu le temps de penser à l’amour et au mariage se rattrapèrent dans l’euphorie générale. Les jeunes males courtisèrent leurs dulcinées, celles-ci, après avoir fait les coquettes, choisirent leurs fiancés et ce serait pour la vie. Chez les castors, on est fidèle, Monsieur et Madame sont unis jusqu’au bout et élèvent leurs portées et les protègent deux bonnes années. Quand l’un des conjoints meurt, l’autre ne le remplace pas et continue bravement d’assumer sa place et sa tâche dans la communauté. Gascarina, en vivant au milieu d’eux, songeait aux problèmes des humains, aux ruptures déchirantes d’amoureux, aux disputes continues de parents qui ne s’entendent plus et qui se séparent, laissant leurs enfants le cœur et la tête sens dessus dessous ; Elle soupirait sans illusion « ah si ces humains, terriens ou autres, pouvaient prendre exemple sur mes nouveaux amis. Quand je rentrerai de mission, j’espère bien moi aussi me trouver un lémurien câlin, avec qui je ferai mes premiers petits et qui ne me quittera pas ! » Mais elle évacua vite cette douce pensée, favorisée par toutes les phéromones de reproduction qui naviguaient dans le coin et qu’elle avait elle-même provoquées par sa savante maîtrise des hormones et autres réactions chimiques.

    Et Luther, le vieil indien ? Il ne fit pas une danse de la pluie comme le lui avait suggéré Gascarina, influencée par les lectures et les films qu’avait aimé Danilo. Dans la tribu dont il était issu, cela n’existait pas ! Les sioux connaissaient la Danse du Soleil, mais c’était un rituel d’hommes plutôt cruel. Les jours suivants la rencontre avec la belle "lémurienne", Luther se mit à observer autour de lui, tous ses sens en alerte. D’abord il ne découvrit rien, mais il était très patient. Un matin en sortant de sa maison, il sentit de l’humidité dans l’air, alors que le ciel était clément et il comprit que l’événement se préparait. Plusieurs jours après, Luther eut la joie d’être aux premières loges pour la grande scène du final : l’eau détournée de la Dew, après s’être imposée entre les cailloux, les rochers, après avoir évité le piège d’un marécage, après avoir gravi des côtes, esquivé de peu un nid de marmottes endormies, contourné une colonie de fourmis, tout cela sous le guidage discret de Gascarina,  faisait son entrée dans le village de Luther, un petit flot d’abord qui devint vite plus affirmé. Luther qui faisait sa ronde de surveillance et de maintenance la regarda passer, l’air impassible et muet mais, dans sa tête, c’était la fête ! Il se projeta en un éclair dans l’avenir et il est possible de confirmer que le futur lui donna raison, se développant en un bel effet papillon : la végétation repoussa, le gibier rappliqua, plus tard les gens aussi, apportant du bétail et cultivant leurs champs et jardins ; merveilleux pour Luther, Payton se réinstalla dans sa maison et ne le quitta plus.

     

    Castors - barrage-castors-7817005b83 - www.harunyahya.frConversation de Gascarina avec sa Chef :
    «  - Chef, j’ai fini, l’opération est en bonne voie ! »
    «  - Ma belle, je vais devoir insister mais d’abord toutes mes félicitations ! Luther ne doute pas que son village maintenant renaîtra, il a raison. Mais ton effet papillon n’est pas suffisant ! C’est toi qui t’es fixée d’en déclencher un, alors je considère que ta mission continue, je te demande de trouver des solutions, en tous cas de m’en proposer, pour que le Missouri et ses affluents par exemple ne charrient plus autant de limon, pour éviter l’abondance de mercure dans les lacs créés par les castors, pour … non, je m’arrête là, le reste je m’en chargerai ! Il nous faut un effet papillon à l’échelle planétaire ! »
    «  - Bien Cassandra, comptez sur moi ! » répondit la lémurienne, à la fois fière et déconfite. Mais elle oublia sa légère déception et se mit à ronronner comme un chat sous les caresses de Cassandra qui, elle-même, enfouit la tête dans la fourrure grise, pour un petit moment de tendresse, un îlot au milieu de leur dure mission loin de leurs familles.
    «  Cassandre, si tu n’étais pas si exigeante, tu ne serais pas la Chef », conclut mentalement Gascarina mais sans le formuler sur une longueur d’onde commune, en télépathe bien entraînée !

    A suivre.

     

    Lenaïg

     

    Source des illustrations : voir Castors dans l'album photos Animaux. 

     


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  • En plein cœur de la Charente, loin des charadriiformes, sous une charmille où chantaient mésanges charbonnières et chardonnerets, venus en charrettes et chars à banc, de joyeux drilles s'étaient réunis pour une fête printanière, un déjeuner sur l'herbe non formel mais pas aussi charnel que celui de l'impressionniste Manet, arrosé de Chardonnay et de Pécharmant : tomates charbonneuses, tartines de pilchards, plateau de charcuterie, beurre et fromages charentais, poires charnues.


    On voyait ainsi festoyer : Richard Lagarde le charcutier et sa charmante Charlotte, Armand Michard le charpentier et sa Lucie charmeuse, qui avaient invités tous leurs amis ainsi que le charismatique curé du village, originaire de Chartres.

    Un clochard décharné vint à passer, qui reçut une charitable part.


    On joua aux charades, en deux équipes, sans esprit vachard ni revanchard.

    Mon premier est un félin,

    Mon deuxième est un classement,

    Mon troisième est un bruit,

    Mon tout dévore les haricots secs …

    Il fallut donc deviner : charançon, puis écharde et chardon, charnière et charbon, charabia, charlatan !


    Lagarde et Michard, musiciens à leurs heures, sortirent violon et accordéon et on se mit à danser le charleston avec acharnement.


    Un petit vent se chargea de charrier le charivari jusque tard dans l'après-midi.

    Lenaïg avec le concours acharné de l'Ours Castor !


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  • PROPOSITION DE JEU : syllabe récurrente : CHAR
    Margoton
    Ecrire un texte, un poème, ou un récit farfelu, composé d'un maximum de mots comportant la syllabe CHAR.
    A vos plumes, vos méninges et vos claviers !




    Merci Margoton !
    Je vais m'y mettre.
    Soit les participants postent leurs textes en commentaires ici, soit ils m'envoient leurs textes par email et je les publie sur des pages séparées.




    Je ne suis pas encore habituée à tous les rouages du blog ! Tu m'as prévenue par email, Margoton, Over-blog vient aussi de m'envoyer ta proposition par email, en m'avertissant que je la trouverai aussi "au bas de la page de mon blog".
    (Hi hi, je ne sais pas où la trouver ici ...)



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  • Le 25 mai 2008.

    Souvenirs … de ma Tante Marie Marguerite, la sœur de mon Père, touchée par la terrible maladie d'Alzheimer
    et de ma Marraine, la sœur de ma Mère, à son tour prise dans la tourmente.


    Tante Mimi était en maison spécialisée, installée par les soins diligents et constants de ses enfants.

    Sa chambre était jolie, petits meubles personnels, tableaux, photos. Mes cousins de l’autre côté ont fait la même chose par la suite pour ma Marraine.

    Pour ma Tante Mimi, nous avons commencé à nous inquiéter quand nous l’avons vu noter et noter avec acharnement le plus de choses possibles, car elle oubliait tout. Puis elle s’énervait, avait des accès de colère, nous ne l’avions jamais connue comme cela avant. Ma Marraine, elle, un jour au téléphone, m’avait questionnée quand je l’avais appelée.

    «  - Bonjour Marraine ! »

    «  - Marraine ??? Mais, qui est à l’appareil ? »


    Cela fait mal mais on n’y peut rien. Les « Alzheimer » perdent pied avec la réalité, les connexions mentales lâchent les unes après les autres, ils oublient les noms d’abord, les personnes ensuite, ils n’ont plus le sens de l’orientation. Ils atteignent la déchéance physique. Imaginons leur désarroi quand, au milieu de leur appartement, par exemple, ils ne « connaissent » plus le chemin des toilettes … On aura peut-être remarqué que j’attache beaucoup d’importance au sens de l’orientation (clin d’œil au Canard de Tof’, qui roupille dans son coin ; peut-être l’histoire est-elle finie ?), c’est que je redoute de le perdre un jour moi aussi, le sens de l’orientation ! Peut-être me retrouverai-je un jour dans la rue, laissant la porte de mon appartement grand ouverte, en chemise de nuit, après être allée chercher mon pain ou mon journal, sans me rappeler du code pour rentrer chez moi ? Peut-être mettrai-je aussi mon courrier dans le congélateur ? Marraine le faisait, « Jean de la Lune » mon cousin le récupérait.


    Nous plaisantons quelquefois sur le sujet, malgré tout. Nous avons des petits tests : quand nous ne savons plus où nous avons mis nos clés, pas grave, juste embêtant ! Quand nous les aurons en main et ne saurons plus quoi en faire, là nous comprendrons qu’il y a un risque d’aller vers le pire !

    Si nous avons un nom sur la langue et la personne en tête, c’est moche et bête mais toujours pas inquiétant ; si on nous nomme une personne bien connue ou proche et que nous ne voyons plus qui c’est, là nous sommes faits !


    Un dimanche, nous consacrions l’après-midi, Papa, Maman et moi à ma Tante Mimi, mes cousins bien sûr étaient présents. On se promenait dans le jardin, je poussais le fauteuil roulant et une idée farfelue me vint. Tout d’un coup, je me penche vers ma tante et lui dis :

    «  - On court, Tante Mimi ? » Eh bien, elle a compris et elle a souri.

    Je me mis à trottiner en poussant le fauteuil. Maman eut une exclamation inquiète mais Papa se marra, ma Tante aussi rigolait doucement. Tante Mimi apprécia, et moi

    donc ! Quant à ma Marraine Jeannette, la regarder bien en face en souriant la faisait sourire également et semblait la rassurer, au-delà de ce qu’on se disait.


    J’ai l’impression que ces malades sont plongés dans une angoisse sans fond, qui se lit dans leurs yeux. A la limite on peut se demander si leurs moments de lucidité sont à souhaiter, car ils sont tout le temps perdus ; alors quand, en plus, ils se voient fugacement comme ils sont devenus, ils pleurent carrément. Avec eux, vivre dans le présent, réagir sur le présent, embrayer sur leur pensée quand ils parlent du passé, même en tout emmêlant, les suivre dans leur délire, sans essayer de corriger ou de forcer la réalité, sauf quand on sent que c’est possible, qu’il y a une percée …

    Marraine, c’est le portrait en « life » que tu as réalisé de notre Grand-père que j’ai placé dans mon arbre généalogique, pas une photographie. Qu’est-ce que tu peignais bien ! Et les fleurs ! Et … le Chemin du bois, aussi mythique pour la famille que … la N12 pour les Bretons, la Nationale 7 pour les méridionaux, la Route 66 aux Etats-Unis, les grands GR pour les randonneurs ! Pour les Ch’ti, ce doit être l’autoroute où Kad Merad se fait arrêter par les gendarmes à 50 à l’heure !


    Le chemin du bois, la « Rout’ du bois », ce tableau fait par toi, Marraine, très difficile à reproduire, paraît-il (ce n’est pas moi qui essaierais, je suis bonne en dessin mais d’une maladresse affligeante en peinture), tiens, tu viens, moi je pousse le fauteuil roulant de Tante Mimi et on trottine toutes les trois dessus, on s’en fout des petits cailloux.

    On ne verra que la grève, qu’on laissera derrière nous ; la rivière salée nous accompagnera, car on la longera, entre les pins et les chênes ; on s’enivrera de verdure, de parfums de fougère et de goémon, les insectes bourdonneront et butineront ; on continuera jusqu’à la cascade et ses joyeux glougloutements, on n’ira pas plus loin car le fauteuil ne pourra pas mais on saluera le Bois noir, en face, on imaginera les sangliers dedans.

    Le bois


    Un autre bois, tapisserie au point lancé, une des rares que j'ai réalisées. Deux enfants reviennent d'un promenade dans le bois, ils n'ont pas rencontré le loup, ne se sont pas fait manger, ils rentrent pour l'heure du dîner ...
    C'est ma version, d'autres observateurs pourront imaginer d'autres scénarios ...
    ***


    Parfum des roses et vapeurs d’essence

    Impressions simples et souvenirs précieux

     

     

    Le 30 novembre 1997

    Ecrire, pour retrouver, entre autres choses, des parfums disparus.

    Un reportage qui passe à la radio sur l’agriculture polonaise -et que j’écoutais, jusque là assez attentivement- me fait soudain entendre des meuglements !

    Alors là, je ne suis plus. Je me retrouve au premier étage de la ferme, garée dans le créneau de mes dix premières années, la nuit, quand on entendait les vaches dans l’étable qui jouxtait la maison remuer ou meugler doucement dans leur sommeil …

    Et c’est l’odeur des betteraves coupées en belles tranches par Fifine dans la grange, pour les vaches, qui me revient en mémoire ensuite. Ces belles tranches jaune pale, plutôt crème, bordées selon mon souvenir soit de rose vif, soit de jaune. Bien nourries, ces vaches de l’époque. Il y avait par ailleurs une bonne réserve de foin qui sentait bon l’été dans le grenier au dessus de l’étable.

    Le parfum du colza dans les champs quand j’y suivais Marguerite, après la pluie, ou avant peut-être, dans une atmosphère humide, sous un immense ciel magnifiquement gris, dans la belle luminosité de la côte finistérienne, était tellement galvanisant qu’il est resté gravé dans ma mémoire, et je m’en sers pour chasser dans ma tête les miasmes parisiens.

    J’aimais bien le palier aussi, après la classe, dans la lumière du soir, être postée dessus, dominer tout la longueur de la cour, la cime des grands arbres par delà le toit de la grange, voir les collines assez loin, par delà le jardin. Tiens, et le foisonnement des roses le long de la rampe de l’escalier, odorantes à souhait. Il y en avait de belles grosses, bien roses et de toutes petites rouge carmin.

    « Je me shoote à l’air pur, aux balades en forêt » vient de déclarer Brigitte Fossey à France Inter, après qu’on lui ait demandé d’où venait sa bonne mine et l’absence de rides. Cet air pur qui me manque tellement, justement. Existe-t-il encore, ou a-t-il disparu dans « Le Monde perdu » ?



    Le 12 juin 2000

    C’est au cours d’un long week-end, en l’occurrence ces trois jours de la Pentecôte, où on a décidé de ne pas « bouger », de rester entre nous, qu’on sent vraiment le temps passer. « On » trouve même le temps d’écrire.

    L’envie d’écrire survient aussi quand on sent non pas un ange passer mais une petite fulgurance d’éternité, « a glimpse of happiness », quelque chose qui se rapproche sans doute de la madeleine de Proust, le plaisir de marcher à deux dans l’ombre rafraîchissante des arbres, par exemple, quand le soleil se fait accablant.

    Paris aura été respirable ce week-end, sans doute à cause d’un petit vent constant.

    ***


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