• Du sérieux, d'abord :
    Voici un lien proposé par Anaëlle et Marité.
    Juste une signature :
     http://www.amnesty.fr/index.php/amnesty/agir/actions_en_cours/petitions_et_cartes_en_ligne

    On peut aussi visionner le beau film d'animation d'Amnesty : Pouvoir_d-une_Signature.wmv.
    ***

    De l'amusement, ensuite :
    Il s'agit d'un jeu Viadeo, que Marc Varin a également proposé sur son site Plumes au Vent.
    Règles du jeu : écrire un maximum de trente lignes ; début : "Un éclair zébra le ciel" ; fin : "Rien ne pouvait entacher sa bonne humeur". J'ai rassemblé ici mes deux essais.


    large eclairs-1024x768-3 101624Une pause éclair - Premier volet !

    Un éclair zébra le ciel. Le chat qui somnolait sur le bureau à côté du clavier se dressa d'un bond, faisant sursauter son maître, et disparut sous le lit.
    C'est alors que le grondement subséquent à l'éclair retentit, traînant, redondant, s'infiltrant part out en faisant trembler les vitres. Il se leva et s'approcha de la fenêtre pour assister au spectacle.

    Sa femme entra dans la chambre et s'allongea de côté sur le lit, appuyée sur un coude.
    Il savait ce qu'elle allait dire : "J'ai peur ! Comment peux-tu rester le nez collé aux carreaux ! Mais c'est dangereux, recule-toi ! Aaaaaah !" Ce cri de frousse était provoqué par un nouvel éclair qui venait d'illuminer toute la rue, cette fois. Dans le vacarme qui suivit, sa femme lança, éperdue : "Eteins, débranche tout !"

    Il s'exécuta en riant, baissa le rideau roulant et se jeta sur le lit en approuvant : "Tu as raison, faisons une pause !"Le chat, terrorisé mais qui se croyait à peu près tranquille, rampa pour s'extirper de dessous le lit qui commençait à s'agiter et fila comme une flèche vers un recoin de la maison, plus sécurisé et connu de lui seul. On ne le reverrait sans doute pas avant la nuit.


    La foudre tomba non loin. L'orage eut beau s'attarder, ce fut sans perturber les ébats
    ponctués de rires et de soupirs qui se déroulèrent sous la couette en plein après-midi.Dans le calme revenu, au dedans comme au dehors, sa femme s'écria : "Quoi ! Déjà quatre heures ? Les gamins vont rentrer de l'école, je descends leur préparer leur goûter. Ma pâte à crêpes est prête, je vais déjà en préparer une petite pile, ils vont se jeter dessus."

    Il releva le store, ouvrit la fenêtre pour aspirer à pleins poumons la douceur et l'humidité providentielles de l'air,
    ainsi que les exhalaisons végétales parfumées. Avant l'orage, il s'était senti morose devant son ordinateur en relisant son exposé pour le cours en amphithéâtre qu'il devait assurer le lendemain. Son développement lui paraissait manquer de relief.
    Or, demain, en plus des étudiants, un grand ponte de la recherche lui avait indiqué que le sujet l'intéressait et qu'il viendrait assister au cours.Ne l'ayant encore jamais rencontré, il se sentait un peu dans ses petits souliers.

    Tout à coup, des idées fusèrent et il se remit au travail. Déjà les enfants ouvraient la grille du jardin et l'écho d'une dispute parvint à ses oreilles :
    "C'est moi qui joue à la console de jeux ce soir !",  "Ah non, c'est mon tour !", "De toute façon, Maman ne voudra pas qu'on y touche avant qu'on ait fait nos devoirs." "Ben, j'en ai pas de devoirs, moi, ce soir !", "Pfeu, si tu crois que je vais gober ça !", "Si, c'est vrai ! Pendant que tu glandais devant la télé, hier soir, j'ai tout fait pour demain ! "Même la récitation, je la sais ! Tiens, écoute ...", "Ah non, pas ça !" "Le bonheur est dans le pré, cours-y vite ! cours-y vite ! ...", "Ah, c'est celle-là ? Alors ça va, je l'aime bien aussi. Attend que je me rappelle ... Après c'est ... "Saute par-dessus la haie ...", "Mais non, il a oublié euh ! C'est pas ça, enfin, pas tout de suite !""Comme d'habitude en train de se chamailler !" se dit-il en restant néanmoins serein.

    Curieusement aujourd'hui, cela ne l'agaçait pas.
    Il s'attendrissait au contraire sur sa petite famille. Deux garçons, à quand une fille ? Le projet était dans l'air.
    Il ne vociféra même pas quand le chat, ayant fait une réapparition on ne peut plus discrète dans la chambre, contrairement à toute attente, se mit à vouloir piétiner le clavier et à lui fourrer sa queue sous le nez. Il prit la "maudite bestiole" ronronnante un instant dans ses bras. Rien ne pouvait entacher sa bonne humeur.

    Une pause éclair - Deuxième volet !

    Un éclair zébra le ciel. Dans l'ancienne grange réaménagée en atelier, tout en grandes baies vitrées, l'artiste absorbée dans la composition d'un nouveau fond marin n'eut pas le temps de poser la touche orange dans les subtils dégradés de bleu et de vert. La surprise du zigzag lumineux lui fit lâcher son pinceau, arracher sa blouse et se précipiter dehors en serrant les dents, tête rentrée, tandis que le tonnerre déroulait son tapis vibrant et assourdissant.


    Ouf, ça y était ! elle était dans la maison. Le couloir et l'escalier, sans fenêtres, lui procurèrent un apaisement provisoire. Dans la chambre, son mari était en train de se lever du fauteuil devant son ordinateur pour aller se planter devant la fenêtre. Elle s'allongea sur le lit qui avait le mérite de se trouver au fond de la pièce. Elle restait tendue à l'extrême. Les manifestations de la foudre engendraient toujours en elle la sensation qu'elle allait être frappée d'une façon imminente.


    Elle implora son mari de s'éloigner de la fenêtre, tandis qu'un miaou bref sortit de dessous le lit. Pas le temps de rassurer le matou d'un "Pas peur, Tim ! pas peur !" qu'un nouvel éclair emplit tout l'espace, lui faisant pousser un cri terrifié. Son mari écouta son ordre de tout éteindre et de tout débrancher, baissa le volet roulant et elle put se lover dans ses bras, toujours inquiète mais un peu soulagée.


    "- Nous sommes à l'abri, maintenant, toi et moi ; ce lit merveilleux et cette couette magique sont entourés d'un bouclier anti-foudre. Et dedans, il peut s'en passer des choses ! Si je me souviens bien, il nous est déjà arrivé des aventures, non ?" "- Je crois que je m'en souviens, oui ..." répondit-elle en riant à son tour. "- Tiens, si on prenait ce chemin ?" "- Je te suis !" eut-il le temps de prononcer d'une voix étouffée.


    Plus tard, le calme revenu partout, elle regarda l'heure.
    Quatre heures !imagesCATG0M85 Il était temps d'aller faire les crêpes
    pour le goûter des enfants qui n'allaient pas tarder.
    Un soupçon de remords pour son tableau qui n'aurait pas avancé fut vite balayé, nargué par le bien-être de l'aventure câline qui persistait. Rien ne pouvait entacher sa bonne humeur.


    Lenaïg
    ***

    Images :
    mon-coloriage.com
    coloriage.gulli.fr


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  • vieux montreal closse




           Autrefois, le Guenillou

                 Par Marie-Louve  

     

     



    Photo : grandquebec.com
    Statue de Paul de Maisonneuve, le fondateur de Montréal.
    ***

    Un œil jeté sur un tableau accroché au mur d’une galerie d’art, éveille en moi un souvenir presqu’effacé. Une ruelle agitée, bruyante par les éclats des voix d’enfants rassemblés sur ce terrain de jeux des enfants de Montréal, c’est le théâtre quotidien où se joue avec passion leur vie.  Les mères trop occupées à leurs lourdes besognes ne tolèrent pas les enfants dans les maisons. « Allez jouez dehors ! » Tant mieux, nous étions heureux de cette liberté qui nous permettait d’échapper au regard sévère de nos parents. 

     

    Quand au loin, dans la chaleur des vacances de l’été, comme une cigale, on entendait son chant plaintif, une courte litanie, toujours la même, « Guenilles à vendr’… Guenilles à vendr’… Guenilles à vendr’…», une onde de choc nous frappe. Tous à nos jeux et tout s’arrête. « Freeze !»

     

     Là, nos yeux arrondis se figent soudés les uns aux autres. Un signal. Le plus brave entame la course, les autres suivent à ses basques. Rassemblés derrière une vieille clôture de bois mité, serrés comme les doigts d’une main crispée, nous lorgnons le  bout de la ruelle, guettant ce monstre légendaire qui emporte les enfants malcommodes dans sa charrette.  C’est le Guenillou. Il s’apprête à traverser notre espace au milieu des cordes à linges pliant sous le poids de nos vêtements lavés par nos mères.

     

    Les pieds ancrés sur la barre transversale de notre barrière, le souffle coupé, rien n’échappe à notre regard rivé sur ce loup-garou de notre enfance. Plombés par la peur, notre silence remplit la ruelle. 

     

    Il est là ! Nos  cœurs battent la chamade. Nous dévisageons le vieux Guenillou édenté, haut perché dans sa barouette allant cahin-caha, tirée par une vieille jument tachetée de gris, tête basse, avançant au pas de tortue et lui, nous chante sa complainte :  «GUÉNILL’ à vendr’. Guénill’ à vendr’. Guénill’…» 

     

    Dans sa carriole, mille misères achetées pour quelques sous aux pauvres. Des paillasses béantes, des galoches ou des bottines trouées, des couchettes, des sommiers métalliques dont les ressorts pointaient leur tête comme des tire-bouchons, des réservoirs perforés et encore des dizaines de vieilleries inutilisables devenues encombrantes dans nos maisons trop petites pour autant d’enfants sous un même toit.   

     

    Sur son passage, traînent des effluves malodorants. Pour nous, l’odeur du démon. Nous restons là, pétrifiés, quand arrivé à notre hauteur, il baisse un regard vide sur nous. Le temps s’arrête. Le sang glacé dans nos veines, nous frôlons la mort. Puis, sa picouille lamentable tire péniblement la charge et éloigne de nous le danger. 

     

    Maintenant, il est loin de nous, juste au bout de notre ruelle. Nous sommes sains et saufs. En chœur et à tue-tête, nous chantons :

     

    «  Guenillou plein de poux

        Les oreilles pleines de poils

        Les dents arrachées

        Le nez crochu…»

     

    Fiers de notre exploit, celui d’avoir affronté ensemble nos peurs d’enfants  en restant cachés derrière nos barreaux branlants, nous repartons à la conquête de nos rêves et à nos jeux qui finiront à l’appel de nos parents avant que la nuit ne tombe.   

     

    Nous étions si jeunes et naïfs. Pour nous calmer, les adultes nous menaçaient de nous vendre au Guenillou quand il viendrait à passer. Vous imaginez la peur devant ce pauvre homme qui finalement ne faisait que du recyclage avec les matériaux récoltés çà et là. Pauvre Guenillou !

     

     

    Picouille : vieux cheval 

    Barouette : vieille charrette, guimbarde

    Auteur : Marie-Louve.
    ***


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  • Trèfle impossible 1Lena dort. Elle est peu à peu sortie du sommeil par un appel télépathique répété : “Lena, Lena, m’entends-tu ?”.

    Lena finit par se réveiller, s’assoit et allume la lumière, un peu hébétée et attend.

    La voix dans sa tête renouvelle sa question. C’est Cassandra.

    Lena est envahie par une vague de panique. Dodue! Il lui est arrivé quelque chose !
    Si Cassandra me tire du sommeil, il y a urgence !

    Lena :
    Oui Cassandra. Excuse-moi, je dormais profondément. Tu m’appelles ainsi depuis longtemps ?

    Cassandra
    Oui ! Enfin, non ... Ah, tu dormais ? Désolée mais il fallait que je te joigne/...

     

    Lena retrouve d’un coup toute sa lucidité tandis que Cassandra continue à émettre. Sa panique ne fait que s’accroître, car Cassandra ne semble pas être elle-même.
    “Elle n’aurait pas dû ignorer que c’était la nuit et que je dormais ... Ce doit être grave, elle est perturbée” ...

    Cassandra
    .../ Oui Lena, j’ai besoin d’entrer en contact avec Danilo mais, pour des raisons que je ne peux t’expliquer, ce doit être par ton intermédiaire.

    Lena
    Mais ... Danilo a fermé toutes ouvertures de communication pour sa nouvelle mission. Si toi tu ne peux pas le joindre, comment veux-tu que moi j’y arrive, moi qui balbutie dans la communication télépathique ?


    Cassandra
    Oh, mais tu n’as qu’à “sonner” ta fée, là, elle répondra !

    Cassandra
    Lena, pardonne ma brusquerie, je suis fatiguée. Rends-moi ce service : appelle ta chère Dodue, dis-lui juste de demander à Danilo de me contacter.

    Quasi disparition de la voix, ou plutôt perception difficile de celle-ci, impression qu’un dialogue avec d’autres voix se déroule en sourdine ...

     

    Lena réfléchit à toute vitesse, laisse passer un moment et reprend :
    Je viens d’essayer mais Dodue dort, elle aussi, je ne suis pas assez forte pour qu’elle m’entende !

    Cassandra
    Ah, c’est la nuit pour Dodue et Danilo aussi ? Mais oui, je suis bête !

    Lena,
    aussitôt :
    Non, je ne suis pas sûre que ce soit la nuit pour eux mais Dodue est peut-être en train de faire une sieste.

    Cassandra, sur un ton cassant :
    Zut, c’est raté !

    Puis sur un ton à la limite du doucereux :
    Oh pardon ! Non non, Lena, ne t’en fais pas. Nous nous ... enfin, je me débrouillerai autrement. Fais de beaux rêves ... Tiens, je t’insuffle un soporifique télépathique, ou mieux : où souhaites-tu que je t’envoie en rêve ? Demain, tu te sentiras bien et tu auras tout oublié ...


    CASSANDRA
    , la vraie
    Joue le jeu, Lena, je suis là. Je suis arrivée à temps ! J’ai vite rembobiné pour avoir le début de votre conversation, je maîtrise maintenant.


    Lena
    Pouvez-vous, heu peux-tu me transporter sur une plage de l’Atlantique, en plein été, à marée haute ?


    Cassandra 

    Aussitôt dit, aussitôt fait ! C’est bon, tu y es, sur ta plage ?

    Lena
    , guidée par Cassandra la vraie :
    Je mets les pieds dans l’eau, c’est un peu frais mais pas trop, comme j’aime, je descends facilement le sol en pente ... ça y est, je nage. Quel bonheur ! Tiens ! je vais aller faire le tour de ce bateau ...


    Fin de la connexion avec Cassandra la fausse, fin de l’alerte !


    Cassandra s’est matérialisée chez Lena et allongée à côté d’elle sur le lit. Elles se regardent et éclatent d’un rire salvateur.

    Lena
    Merci pour la baignade, Cassandra, je suis allée contourner ce bateau en “crawlant” et je suis revenue au bord à la brasse, car je me fatigue facilement. J’ai encore l’impression de sentir la mer et le soleil sur ma peau !


    Cassandra
    Le mérite revient surtout à ma sosie mentale ! Mais elle a cru que son stratagème avait marché et que tu ne te souviendrais de rien demain matin. Bon, les dégâts du pillage de notre robot Icare (voir chapitre 9) s’avèrent plus graves que nous ne pensions. Mais nous allons y mettre bon ordre.
    Seulement, il faudra rester sur nos gardes. Si cette fausse Cassandra tente encore de te parler, je serai tout de suite là pour t’aider ; en plus, je serai équipée pour traquer l’origine de l’appel !
    Je suis fière de toi, Lena, tu as presque tout de suite saisi qu’il y avait supercherie.

    Lena
    C’est vrai ? Tu es fière de moi ? Alors je suis contente, mais j’ai failli donner un indice pour le lieu où se trouvent Danilo et Dodue. J’ai eu idée de dire que Dodue dormait, parce que j’en avais l’impression. Tu as entendu la réaction de l’usurpatrice ?

    Cassandra
    Pas grave ! Ton impression était bonne, Dodue est bien en train de roupiller un peu sur le fauteuil d’une chambre de l’hôpital. Tiens, je te révèle que ce n’est pas du tout la nuit en ce moment pour Dodue et Danilo, mais Dodue dort, c’est vrai !
    Dodue s’est liée d’amitié avec Millicent, une vieille dame atteinte de la maladie d’Alzheimer et a réussi à lui redonner une joie de vivre qui, j’ai vérifié, sera durable, même après son départ. De toute façon, la connexion mentale est établie entre elles deux.

    Dodue a aussi pour copain Julius, un jeune autiste et elle arrive vraiment à le faire progresser, il s’ouvre sur l’extérieur, commence à regarder ses parents dans les yeux, à leur répondre même, c’est merveilleux !

    Mais dans quelques jours terrestres, tu vas la revoir, ta Fée Dodue !

    Lena
    Sûr ? Cela commençait à être long sans elle C’est que j’ai besoin d’elle, moi aussi, c’est elle qui me donne confiance en moi.

    Cassandra
    Je sais, Lena, c’est pour cela qu’elle va revenir.Trèfle impossible 2
    Quant à Danilo, il faudra qu’il se passe un peu de sa dulcinée.
    Tu sais, s’il avait interrompu toute communication, ce n’était pas seulement pour se concentrer, mais pour être hors d’atteinte
    du danger ...
    Si mes supérieurs sont d’accord, je t’en dirai plus sur ces usurpateurs qui nous pistent ... J’ai bien envie de dormir un peu ici, pour une fois. On retourne sur la plage, toutes les deux ?


    A suivre

    ***


    Images : les trèfles et figures impossibles
    www.mathcurve.com/.../trefle-impossible.gif 

     


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  •  

    Dupont et Dupond

    Image : www.story-bd.com/tintin.htlm
    Dupont et Dupond sont-ils des jumeaux homozygotes ? Pas sûr, mais un fait est certain : ils ne se séparent jamais ...
    Clin d'oeil entre  parenthèse, car ...
    place à Rahar !
    ***

    La boucle sans fin

    - Monsieur, monsieur ! C’est épouvantable !
    - Qu’y a-t-il, Ivan ?

    - Votre fils, monsieur…

    - Enfin, voulez-vous bien parler ! Quoi, mon fils ?

    - Un accident, monsieur. Un camion a brûlé un feu rouge…

    - Et quoi, Ivan , et quoi ?

    - La berline de monsieur Sergueï a été fauchée. Lui et madame Tatiana sont mort sur le coup…

    - Mon Dieu !...

    - Mais les jumeaux sont indemnes. Leur couffin était bien arrimé.

    - Où sont-ils ?

    - A l’hôpital Saint Grégoire, monsieur. Ils ont été juste un peu secoués.

    - Préparez la limousine.

    - Et madame ?

    - Je me charge de la prévenir. Allez.


    Vladimir Karopov était la 15e fortune du pays ; sa niche était les bijoux de fantaisie et les marchandises de marque contrefaites de l’Extrême-Orient. Natacha et lui n’avaient eu qu’un fils. Vladimir espérait transférer à celui-ci les rênes de son empire dans trois ans. A la cinquantaine, il désirait lever le pied et prendre sa retraite ; sa femme aimerait bien voir du pays, elle en avait assez des vacances à l’isba, quand bien même celle-ci serait luxueuse.


    Maintenant, il fallait dire adieu à ce rêve. Natacha devait recommencer à pouponner, car il revenait naturellement à eux d’élever leurs petits-fils orphelins, et Vladimir devait rester à la barre de son industrie. La complexité et les ramifications de ses affaires étaient telles que seul un cerveau pouvait en maîtriser le mécanisme ; deux cerveaux, même jumeaux
    , ne pourraient qu’apporter la
    pagaille. Du moins, c’était le raisonnement de Vladimir.


    Le magnat décida donc de ne léguer son empire qu’à un des jumeaux. Son stratagème de sélection était des plus simple. Il fit asseoir les deux bambins au pied du mur du salon, dégagé de la table pour l’occasion, sous les yeux inquiets de Natacha, et mit son silver dollar fétiche, souvenir d’un voyage à l’étranger, au pied du mur opposé.


    - C’est simple Natacha, c’est le premier qui attrapera la pièce qui héritera de toutes mes affaires.

    - Mais c’est injuste, Vladimir. Et que deviendra l’autre ?

    - Tu sais bien mamouchka que je ne peux faire autrement. Je veillerais à ce que l’autre ait une éducation irréprochable, qu’il soit bien armé pour affronter la vie.

    - Mais tu ne peux pas attendre qu’ils soient assez grands pour connaître celui qui sera le plus apte ?

    - Ce sont des jumeaux homozygotes, Natacha. Ils ont le même cerveau, les mêmes aptitudes. Crois-moi, c’est le seul moyen… Venez les enfants, venez prendre la belle pièce.


    Les deux bébés commencèrent à ramper à quatre pattes en gazouillant vers leur grand-père. Celui-ci leur désignait la pièce brillante, les encourageant à le prendre. A mi-chemin, les bambins s’arrêtèrent
    et firent une pause, ils se regardèrent, se sourirent, puis tournèrent la tête vers leur grand-mère. Natacha eut un sourire contraint, le cœur serré ; elle jeta un regard désespéré à son mari, puis ses yeux revinrent aux bébés. A contrecœur, elle les encouragea à rejoindre Vladimir. La course reprit donc, mais à quelques mètres du but, l’un des deux accéléra soudain et s’empara avidement du silver dollar.

    - Tu as vu mamouchka ? On dirait que Boris sait bien ce qu’il veut. Il sera mon héritier.

    - Je trouve quand même que c’est monstrueux, Vladimir.

    *


    Boris et Grégori étaient des enfants éveillés et intelligents. Leur scolarité n’avait posé aucun problème, cumulant les mêmes excellentes notes (on était jumeau ou on ne l’était pas). C’était lors du choix des études supérieures que la première discussion sérieuse troubla l’harmonie de la famille Karopov. Vladimir était intraitable, Boris devait étudier l’économie et la gestion ; et en parallèle, devait suivre le droit. Les jumeaux avaient une aptitude naturelle pour les disciplines scientifiques, et Grégori prit le parti de son frère.

    En vain. Boris se plia à la volonté de son grand-père. Cependant, il finit par prendre goût à ses études, y excellant même. Son frère étudia les mathématiques et la physique.

    Vers la septantaine, Vladimir appela les jumeaux. Il leur révéla tout, le secret de ses affaires, le choix arbitraire de son héritier, l’orientation de celui-ci vers sa future destinée. Une onde glacée parcourut l’échine de Grégori ; la tristesse se mêlait au dépit, puis une rage froide le submergea. Papi devrait savoir qu’en tant que vrais jumeaux, Boris et lui avaient la même mentalité, la même tournure d’esprit, ils n’auraient jamais de divergence de vue dans la gestion de l’entreprise.


    L’onde glacée eut évidemment un écho chez Boris. Mais celui-ci l’avait associé à la surprise. Il avait considéré ce cadeau comme une compensation à son sacrifice ; il avait gardé une rancune inconsciente à l’égard de son grand-père qui avait contrarié sa vraie vocation. Ce ne fut qu’un peu plus tard qu’il prit vraiment conscience de l’injustice flagrante. Cependant, il ne put jamais raisonner Vladimir qui défendait avec opiniâtreté sa position.

    *


    Pendant cinq ans, Vladimir servit de mentor à Boris, avant que celui-ci pût maîtriser les arcanes des affaires et savoir louvoyer à la limite de la légalité, et enfin de voler de ses propres ailes. L’intelligence aiguë du jeune homme avait même permis à l’entreprise de s’étendre. Après quelques années, Boris nageait dans le luxe, voyageait partout dans le monde, vivait trop intensément pour sentir la vague pensée qui l’importunait en arrière-plan.


    Un jour, après un déjeuner d’affaire, alors qu’il rentrait seul à sa villa luxueuse, son cabriolet tomba en panne en rase campagne. Il aperçut au loin une isba et projeta d’y demander le téléphone (il n’avait pas
    de réseau). En passant par le verger, Boris surprit deux enfants. La fille donnait des roubles au garçon.


    - Qu’est ce que vous faites là, les enfants ?

    - Oh, rien m’sieur.

    - Vous partagez le fruit de vos rapines ? fit Boris, taquin.

    - Oh non, m’sieur. Voyez-vous, j’ai eu de très bonnes notes à l’école, et papa m’a donné de l’argent. Il a jugé que celles de mon frère n’étaient pas assez bonnes, alors il ne lui a rien donné. Pourtant, je sais que mon frère a fait des efforts.

    - Ma voiture est en panne, et je voudrais téléphoner chez vous.

    - Mes parents sont là, mais s’il vous plaît m’sieur, ne parlez pas de ce que vous avez vu à mon père.


    Boris repensa aux enfants. Il prit conscience du vague malaise qui le tourmentait depuis longtemps. Il avait été obnubilé par l’agréable contrepartie de ce qu’il avait considéré comme un sacrifice, et avait passé son temps à savourer sa récompense. Il n’avait plus son grand-père sur son dos et pouvait faire tout ce qu’il voulait. Dès son indépendance, il aurait dû penser à son frère. Où était Grégori ? Le remord commençait à le tarauder insidieusement
    . Il était injuste que son frère ne profitât pas du luxe et du confort dont lui, Boris, jouissait grâce à une course arbitraire au silver dollar.

    Ses études terminées (Vladimir avait tenu sa parole) avec de prestigieux diplômes en poche, Grégori avait émigré dans un pays qui lui avait proposé des émoluments largement supérieurs à ce qu’il espérait chez lui. Il fut recruté par le Centre de Recherches de Physique Appliquée sous le nom de Professeur Gregory Carropow. En ce moment, il travaillait sur une machine à remonter le temps.


    Boris mit des années à retrouver son frère qui avait coupé les ponts de dépit. Grâce à sa fortune, le jeune magnat avait embauché nombre de détectives et avait fini par le retrouver au CRPA ; celui-ci avait même changé de nom. Il avait longuement préparé ce qu’il allait dire à Grégori, réfléchi aux arguments pour ménager son amour-propre et vaincre son ressentiment. La secrétaire le faisait attendre, elle disait que le professeur Gregory était en train d’expérimenter une invention et qu’elle le préviendrait dès que l’expérience serait terminée.


    Boris patienta une demi-heure. Puis pour tromper sa nervosité, il chercha à bavarder avec la secrétaire. L’expérience présentait-elle des dangers ? Peut-être, personne ne le sait. Mais une fois, le professeur avait provoqué une explosion, qui n’avait heureusement pas fait de victime. Boris fut pris d’inquiétude ; il n’allait pas risquer de perdre son frère juste en ce moment. Il n’allait pas attendre. Il profita de ce que la secrétaire s’absenta un moment pour
    se ruer vers le laboratoire de son frère.


    - Boris ! Mais qu’est-ce que tu fais ici ?

    - Grégori, mon cher frère…

    - Ouais, mon cher frère mon œil ! J’ai attendu des années la manifestation de ton amour fraternel, et c’est maintenant que tu te montres. Pourquoi ? Pour étaler ta réussite ?

    - Non, Grégori. Je voudrais réparer…

    - C’est un peu trop tard, tu ne penses pas Boris ? Il y a trop longtemps que la rancœur me ronge. Mais j’ai construit une machine qui va corriger tout ça. On va reprendre notre course.

    - Attend Grégori, il n’est pas trop tard, je voudrais te dire…

    Le professeur avait appuyé sur un bouton de l’imposante machine. Tout sembla vaciller, puis devenir flou. Le décor se délita et partit en lambeaux.

    *


    L’esprit de Gregory n’arrivait pas à se concentrer. Les réincarnations ne se passent pas toujours de la même façon : chaque cas est particulier. Le jumeau avait beaucoup de difficulté à rassembler ses souvenirs, le fleuve de l’oubli commence à les emporter ; mais son instinct lui disait qu’il devait se souvenir d’un fait très particulier et très important. Il était par terre, avec un autre lui-même ; la grande créature bienveillante les appelait d’une voix pressante mais agréable. Lui et son image
    rampaient sur la douce moquette. A mi-chemin, il s’arrêta, comme le fit son double ; il regarda Boris comme dans un miroir, puis l’autre grande créature en robe. Elle souriait, mais le sourire n’était pas naturel. Il n’eut pas le temps de s’inquiéter de ce sourire artificiel, là-bas, un objet brillant l’attirait. C’était çà ! Il fallait se saisir de cet objet coûte que coûte. Gregory se remit à ramper comme son double, mais il força son petit corps à accélérer.

    - Tu as vu mamouchka ? On dirait que Gregori sait bien ce qu’il veut. Il sera mon héritier.

    ...

    *
    ...

    - Tu as vu mamouchka ? On dirait que Boris sait bien ce qu’il veut. Il sera mon héritier.

    ...

    Auteur : RAHAR.

    *** 


    6 commentaires
  • Note : il s'agit ici d'infos et histoires qui se transmettent de mail à mail.
    J'ai bien apprécié cette sélection d'Anaëlle.


    Merci Anaëlle pour cette première superbe histoire, vraie !
    ***


    "BELLE HISTOIRE D'HOMME ET DE CHIEN

    Le baiser
    Belle histoire de chien et d'homme
    Il venait juste de la sauver de sa maison en feu,la sortant sur le parterre avant tout en retournant combattre l'incendie.
    Elle attendait des bébés.
    > Le pompier eut peur d'elle en la sortant parce qu'il n'avait jamais côtoyé de Doberman avant.Quand finalement l'incendie fut contrôlé, il s'est assis sur le gazon pour reprendre son souffle et prendre un peu de repos.
    > C'est à ce moment qu'un photographe du journal "The Observer" de la ville de Charlotte,Caroline du Nord a remarqué que la femelle Doberman fixait le pompier.
    > Il l'a vu s'approcher du pompier et se
    demandait ce qu'elle avait l'intention de faire. C'est alors qu'il la vit donner un baiser à l'homme qui l'avait sauvé du brasier ! Et dire qu'il y a des gens qui pensent que les animaux sont stupides !

     

     Ce courriel doit continuer de circuler... "
    ***


    Et encore merci, Anaëlle, pour cette histoire étonnante, moins crédible mais bien originale !  
    ***

    "Le fils d´un Émir arabe part étudier en Allemagne.
    > > >
    > > >
     Au bout d´un mois il envoie une lettre chez lui avec ces mots :
    > > > " Berlin est superbe et les gens sont sympas et ça me plait beaucoup ici mais j´ai un peu honte

    > > > d´arriver à l´école avec ma Mercedes en or alors que mes professeurs descendent du Tramway ".

    > > >  Au bout de quelques jours le fils reçoit une lettre avec un chèque de 1 million de Dollars avec ces quelques mots :

    > > > " Ne nous fais pas honte plus longtemps, va t´acheter aussi un Tramway ". "
    ***   


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