• J'avoue, il m'arrive encore de rêver de voir un jour dans les librairies un ouvrage que j'aurais écrit ! Un vœu pieux, une utopie. Mais je ne suis pas Amélie Nothomb, ni Marc Lévy, ni Paolo Coelho, ni Dan Brown ; je cite les noms qui me viennent pêle-mêle.


    Amélie Nothomb, honnêtement, moi j'apprécie ses romans, sans ignorer qu'elle est dédaignée, voire méprisée de la critique. Ses sujets, sa façon tonique de les traiter me surprennent toujours et quelles que soient la noirceur, l'atrocité ou l'étrangeté de ses propos, même lorsqu'elle fait ressortir sa propension à l'anorexie, j'y trouve une joie de vivre et une force communicatives.


    Marc Lévy, ça se lit … Enfin, j'ai lu trois de ses romans : le thème du coma m'a captivée ; je reconnais qu'il tourne plutôt en rond depuis ; mais après tout, maintenant qu'il est lancé, il doit avoir la pression, il doit fournir "sa copie" en temps et en heure, je peux imaginer … C'est la rançon de la gloire.


    "L'Alchimiste", "La Cinquième Montagne" et "Véronika ne veut pas mourir" de Paolo Coelho pour moi méritent également leur succès mondial, même si ses détracteurs parlent de littérature facile.

    Dan Brown est un filou, qui tire parti de thèmes accrocheurs, de faits réels ou légendaires qu'il redispose à sa façon pour bâtir ses énigmes, créer la surprise, jouer avec la crédulité des lecteurs, je ne lui en veux pas, cela me fait rire. "Deception Point" (paru en français, au titre non traduit) m'a enthousiasmée et je l'ai trouvé bien meilleur que "Da Vinci Code" ou "Anges ou Démons".


    Controversés ou pas, ces écrivains sont sur des rails, on ne les arrête plus et ils vivent de leur plume !


    Oh, j'allais oublier J. K. Rowling et son sorcier Harry Potter. Je ne l'ai découverte qu'après la parution du troisième volume, après avoir lu plusieurs pleines pages du Monde qui lui était consacrées.

    J'ai commencé par lire le premier en français, par curiosité, l'ayant attrapé au passage dans le rayon des livres d'un supermarché mais je me suis jetée sur les suivants en langue originale, captivée par l'univers qu'elle a su créer, aussi puissant que celui de Tolkien. Voilà un auteur qui d'abord s'est vu refuser son manuscrit mais qui a su insister. Le succès qui l'attendait après démontre qu'il existe parfois des contes de fées dans la réalité !


    Il paraît que le roman n'est pas vendeur, que ce sont les ouvrages au parfum de scandale, dénonciateurs, qui attirent le plus. Cela sert d'être une star au préalable ! Quel n'est pas le chanteur, l'acteur, le présentateur de télé, le participant à une émission de télé-réalité qui n'a pas pondu son bouquin, fortement aidé par un écrivain confirmé qui met ses capacités à leur service … Mettez tout cela au féminin également, cela va de soi. Les gens achètent. Il faut dire que la promotion de ces ouvrages est outrageusement efficace : radio, télévision, les heureux élus se feront entendre et voir partout pendant une bonne semaine.


    On peut se laisser séduire par la publication à compte d'auteur, le piège. Même si l'ouvrage est de qualité, l'auteur devra se battre pour faire sa promo tout seul ; or, je crois qu'en général un écrivain est plus doué pour réfléchir et écrire que pour faire du marketing. C'est profondément injuste et cela peut décourager.


    Néanmoins, certains de nos amis de plume s'y sont risqués. Christina, elle, a choisi de ne pas tirer profit financier de son livre de nouvelles autobiographiques "Quelqu'un m'attendait quelque part" et de le distribuer à tous ceux qui sont intéressés (en même temps, elle sert une cause qui lui tient à cœur). Je lui tire mon chapeau ! Pourtant je suis d'accord que tout travail mérite salaire et trouve normal de payer pour lire un ouvrage. "Vie de femmes" de Victoria (ce n'est pas sous ce nom qu'elle signe) est un délice à lire et à relire. Quant à Babino (qui a signé deux ouvrages mais pas non plus sous ce nom-là), je viens de terminer son "Haus Toller"et lui dis simplement et mystérieusement : à bientôt !


    Et moi et moi et moi ? Je ne sais plus. Je vais faire comme Deranil, une fois que je serai satisfaite (au sens que je ne pourrai pas faire mieux), je proposerai mes manuscrits à des comités de lecture. Peut-être … si je ne change pas d'avis. Auquel cas, on risque de tout retrouver ici …


    7 commentaires
  • Roman jeu multiplume par courriels.
    Note : les adresses email fantaisistes étant prises pour des vraies et se retrouvant systématiquement en bas de texte, ce qui ne veut plus rien dire, il a fallu trouver un stratagème : le signe @ est remplacé par : chez, solution qui vaut ce qu'elle vaut !
    ***


    Le 29 juillet 2009

    ***

     


    Au rez-de-chaussée de l'immeuble, la gardienne patentée, Mme Van Der Prout,

    Auteur : Victoria.

     

    De Hermina Van Der Proutchezhotmail.fr
    A Wilhelmine Van de Poel
    chezhotmail.com

    Ma soeurette adorée,
    Notre pauvre mère avait bien raison, une fois, lorsqu’elle me conseilla il y a vingt ans d’épouser Léopold Vansteertegem plutôt que de m’amouracher de Octave Pinson.
    Mais voilà, j’étais bien jeune et déjà conquise par les moustaches conquérantes et le sex- appeal de ce beau Français.
    Ah ! la belle vie n’a pas duré longtemps. Après m’avoir trompée pendant des années, il vient de me quitter pour une Tonkinoise qui pourrait être sa fille. Enfin, quand je dis ça, je me comprends. Tu sais aussi bien que moi que le fringant étalon ne dispensait que graines stériles. Me voilà bien seule à présent, sans enfant pour me consoler et obligée de gagner ma vie. Bien contente d’avoir trouvé cet emploi de gardienne patentée même si je dois passer mes journées à cocher ( nettoyer) les escaliers pour qu’ils soient bien blinquants ( brillants) et passer la loque à reloqueter ( serpillière) dans le hall d’entrée. Le soir, j’ai les pieds remplis de cloches ( ampoules) et le dos aussi fourbu que si j’avais nonante ans.
    Mais, là n’est pas le pire, je suis entourée de drôles de paroissiens. Je te parlerai plus longuement dans un prochain courrier de Miss Touttiquanti, toujours accompagnée de son zinneke ( batard), de Sir Kerloch , un vrai froucheleir ( touche à tout), de mademoiselle Charlotte, toujours vieille fille qui vit avec son oncle, un peye ( vieil homme), de Lolita Delrioso, bien amitieuse ( affectueuse) avec les hommes, qui passe son temps à se laisser froucheler (tripoter)…
    Aïe ! l’heure tourne, s’agit pas de guindailler ( faire la fête), je dois encore sortir les bacs à ordures.
    Je t’envoie un baise.
    Ta petite sœur Hermina.

     


    De Wilhelmine Van de Poelchezhotmail.com
    A Hermina Van Der Proutchezhotmail.fr

    Ma Mimine,

    La vie est ainsi faite et rien ne sert de se ronger les sangs, une fois.
    D’ailleurs, tu n’as pas à avoir de regret, ton Léopold Vansteertegem s’est révélé au fil des ans un zievereer ( bon à rien) qui passe son temps dans les fritkots ( baraques à frites) à sketter ( boire) des pintes. Ché nié (je ne sais pas) comment il a eu le temps de faire 10 moutards à la grosse Eulalie.
    Vois plutôt que tu es encore jeune, fringante et libre à présent. Y’aurait-y pas dans tes étages, un base ( homme costaud) avec qui tu pourrais t’accorder.
    Assez babelé ( discuté) pour aujourd’hui, j’ai mes chicons ( endives) à ramasser.
    Je t’envoie un baise.
    Ta grande sœur Wilhelmine.

    ***

     

     

    Au troisième étage à gauche, en sortant de l'ascenseur : Luigi Paper,

    le beau compagnon de Lolita Delrosio.

    Auteur : Om Salma.

     

    Son premier message, à Fabriz, semble bien répondre à celui envoyé par Fabriz le 29 février. Luigi a donc pris tout son temps pour répondre à son frère …

     

     

    De : CLuigi Paper(C_luigichezgmail.com)
    A : Fabriz
    chezgmail.com)
    Date : le 29.07.2009
    objet : pardon pour la confession

    salut fréro,
    J’ai appris à être expéditif et c’est pourquoi je réponds illico presto à ton mail et comme je suis vraiment bousculé par le temps je vais essayer d’être moins bavard cette fois-ci. Ta description m’a vraiment surpris au point que je ne m’y suis pas reconnu.

    Tu n’a peut-être pas tort mais vois-tu frèro la vie a été très dure avec moi, qu’elle a fait de moi une toute autre personne qu’il te peine à reconnaître. Ce monde m’a appris à mener ma barque au gré du vent, là où souffle la tempête qui fait couler des dollars. Par incertitude, j’ai endossé l’habit de l’arrogance impassible. Les sentiments n’ont plus de place dans mon cœur. A part vous « mon clan familial » , je n’aime plus personne et encore moins moi-même. Comment pourrai-je m’aimer alors que j’ai perdu mon âme et égaré mon cœur. Le corps qui me porte est devenu semblable à une pierre tombale froide et sans vie. Je dis bien sans vie car la vie ne se résume-t-elle pas à donner et recevoir?

    La mienne… ne se résume, en fait, qu’à prendre, ramasser et surtout saisir toutes les occasions, les bonnes comme les mauvaises pour remplir mes poches, renflouer mes comptes, sans gêne et sans scrupule. J’ai du mal à me reconnaître, à reconnaître l’animal qui niche en moi… Comment t’expliquer cette métamorphose bestiale insolente qui m’épouse et me surprend moi-même. Comment t’expliquer la froideur glaciale saisissante et insoutenable qui m’enveloppe face à ma proie. Comment texpliquer l’inouï plaisir que je tire et que je vois jaillir en moi à chaque fois que je fais une nouvelle victime. Je suis le mal personnifié – l’ennemi de tous – l’ennemi de moi-même. C’est ainsi que je me vois et pas autrement mais je feins de l’ignorer pour ne pas souffrir. Oui, grand frère c’est ainsi que je me vois et pas autrement.

    Au bout de 15 ans de vie bravée par les tourments, ma devise est devenue méfiance. Mon monde se résume et se conjugue en un seul mot : argent et basta. Comment faire le plus de blé possible et rester en vie et c’est là toute la question et malgré que ma sale vie ne tient qu’à un seul fil que j’essaie de maintenir solide malgré les intempéries, je persiste et continue dans la voie crasseuse que je me suis tracée, sans pouvoir m’en défaire. La vie que je mène n’est pas de la tarte - c’est une vie pleine d’embûches et d’horreur et quand je pense à toi, aux autres qui ont accepté leur pauvre destin de pauvres , je n’peux m’empêcher de vous en vouloir (vois-tu même les braves gens qui ne font du mal à personne ne sont pas épargnées) et ceci juste parce que vous avez acceptez votre destinée sans vergogne, ni tracas.


    Tu me demandes de revenir à la maison, non grand frère, je préfère rester loin, pour ne pas vous attirer d’ennuis. J’ai assez fait souffrir la mamma. Je préfère me tenir loin d’elle, loin de vous pour ne pas vous causer de problèmes. J’ai déjà fait beaucoup de mal tout autour de moi.


    Bref ! Mais qu’est-il en train de m’arriver pour me lamenter ainsi sur mon sort ? Est-ce le fait de n’avoir trouvé personne à qui me confier pour trouver du réconfort ? Pardon grand frère, pardon et ne m’en veux de t’avoir mis dans la confidence. Garde ça pour toi et n’en parle jamais à la mamma.


    Voilà grand frère c’est presque la fin et pourtant j’ai promis d’être court mais comme tu vois…. les gens de mon espèce n’ont qu’une parole, ….celle de ne pas en avoir – Tu as voulu savoir où je vis, dans quelle ville ? A quelle adresse ? Eh bien grand frère par souci, je préfère garder le secret et puis comme tu l’as si bien compris je reste toujours le délinquant que tu as connu jadis qui n’a pas d’adresse fixe mais qui a quand même évolué en grade – Je loge actuellement chez ma nouvelle proie (?) en attendant d’aller voir ailleurs. Tu te souviens de ce que disait l’arabe du coin, pour parler des gens qu’on n’arrive jamais à corriger ni à remettre sur le droit chemin, tu te souviens… ? « on a beau mettre la queue du chien au plâtre, elle en sort, à chaque fois, tordue » et bien il n’avait pas tort l’arabe du coin. Je suis le témoignage attestant de son proverbe arabe (lol …).


    Encore quelque chose avant de finir : comme je vois le mal partout , même à cet instant où je suis seul face à l’écran, je n’peux m’empêcher de penser que quelqu’un d’autre que toi puisse intercepter et lire mon mail ce qui fera de moi un coupable idéal avec preuve à l’appui. Tu vois…. la peur m’habite jour et nuit mais ne m’empêche de côtoyer le danger avec lequel je vis en symbiose et dont je tire l’adrénaline nécessaire à ma survie. Promets-moi de détruire le mail dès lecture. Je compte sur toi.
    A bientôt frèro. J’ai un 2ème mail à écrire - Bye - Embrasse la mamma et les enfants, joints une photo de toute la famille la prochaine fois. J’ai hâte de voir les têtes qu’ils ont tes ptits choux.

     


    De : C-luigi-Paper
    chezhotmail.com
    A : Faroukolov
    chezgmail.com
    Date : le 29.07.2009
    Objet : affaire presque en poche
     

    Un temps pour déplumer la dinde - un temps pour désosser la poule.

    On se mettra à table quand la poule sera prête à aller au plat.
    J’ai trouvé la poule aux œufs d’or, une jolie fille qui n’a jamais eu affaire ni au monde de la rue , ni à la police. Elle n’a pas de casier judiciaire, je l’ai bien vérifié. Je l’ai rencontrée lors d’une soirée mondaine organisée (...chez qui tu sais…) - Elle s’appelle Lolita Delrosio une invitée imprévue portée sur le luxe et le raffinement, une jet-setteuse de la pure espèce. Une petite comédienne qui rêve d’avoir son nom en haut de l’affiche. Elle est loin de se douter de nos trafiques - simplement intéressée et superficielle. Je vais faire de la sorte pour la faire tomber mais pour cela, il me faut beaucoup… beaucoup de blé. Cette démarche, comme tu l’sais déjà demande beaucoup d’argent. C’est le chemin le plus court et le plus efficace. En l’entretenant quelque temps et en lui offrant le luxe dont elle rêve, je suis certain de pouvoir concrétiser l’affaire à travers elle et je peux t’assurer qu’elle est loin de se douter de quoi que ce soit. Une romantique qui rêve de sentiments (lol) et puis elle l’a bien cherché, elle s’est invitée d’elle-même dans mon cybermonde, il n’y a donc pas de quoi en faire un drame.


    Faut d’abord que je mette la main sur ses papiers personnels…, son passeport. C’est une fille de mon pays et je sais comment qu’elle fonctionne. Tu sais Faroukolov de quelle façon je me comporte quand je suis face à ma proie. J’ai joué de mon charme comme il se doit et j’ai mis à contribution mon humour et ma convivialité tranchante et cela a suffit pour l’embobiner. Je lui ai montré mon coté fort comme la ronce et mon côté doux de minet. Je suis sûr de l’avoir envoûtée. Je l’ai tellement aimantée qu’elle s’est accrochée à moi, au point qu’elle n’a pas pu détourner ses yeux de moi toute la soirée. J’ai sauté sur l’occasion pour lui proposer de la raccompagner dans la Berline noire que m’a prêté (tu sais qui ?) jusqu’à chez elle - Elle a dit “oui” sans même réfléchir et du coup, elle m’a avoué chemin faisant qu’elle est en train de tomber amoureuse de moi (n’est-ce pas drôle ?) Arrivée en bas de chez elle, enflammée, elle m’a supplié de passer la nuit avec elle. J’te laisse deviner le reste…. et le plus marrant dans tout ça c’est qu’elle habite au 101 rue de la mazurka, le fameux immeuble tu t’souviens… ? Je vais faire en sorte d’éviter les regards pointus de madame Blanche Tuttiquanti qui passe ses nuits à espionner les locataires de sa fenêtre toujours ouverte et sans rideaux ou encore de la gardienne patentée de l’immeuble Madame( je n’sais qui ?)..qui sort son nez au moindre bruit ? Pour finir, je vais t’annoncer la dernière : j’ai élu domicile chez elle ...depuis. D'ailleurs, j'achète l'appartement, qu'elle n'occupe qu'en location !

    Quand j’te dis que mes muscles et mon charme ne laissent aucune gonzesse indifférente faut me croire.
    un autre mail suivra - et comme toujours ce texte est à détruire.
    Luigi P.

    ***

     

     

     

     

     

     


    1 commentaire
  • Quatre chapitres du roman cité plus haut sont déjà parus mais, pouce !, Lena demande à utiliser le temps psychologique, c’est celui qu’elle préfère ! On ne sait pas encore se téléporter ni dans le temps ni dans l’espace, mais l’imagination et la subjectivité y suppléent ! Donc, on va dire qu’on se positionne avant la parution des quatre chapitres et on y va.


    Le temps psychologique est élastique. Une semaine de vacances « ailleurs », où l’on se plonge dans un « univers » qui n’est pas le sien, où l’on rencontre des gens qui vivent et pensent autrement, où l’on se trouve face à des maisons, des végétations inconnues, où l’on grimpe des montagnes quand on vient du bord de mer, où l’on nage dans des lagons parmi les poissons (Tu t’emportes, Lena, dit la Fée, cela tu ne l’as pas encore fait ! En plus, tu mets ça pour faire joli, car tu préfèreras toujours la fraîcheur tonique de l‘Atlantique !), une semaine de vacances « ailleurs » (Lena, tu exagères, regarde la longueur de la phrase, pourtant tu n’as pas encore lu Proust ; je sais que tu as essayé mais n’es pas allée plus loin que la première page ; j’essaierai à nouveau de le lire, répond Lena, c’est sûrement une lacune, je n’ai retenu que « la madeleine », il faut que je voie ce que Proust a vraiment dans le ventre …), une semaine de vacances « ailleurs » (Fée Dodue disparaît, complètement dégoûtée …), quand on a pris l’avion aussi, ce qui change des trains souterrains et du train-train, équivaut bien à un mois de vie chez soi !


    Avant de reprendre le fil du récit « science-fictionnesque », nous allons faire quelques petites mises au point. Il sera notamment question plus loin de l’effet papillon et de la théorie du chaos.

    Lena tient à présenter ses excuses aux savants qui, par hasard, pourraient lire ce qu’elle écrit.

    Elle a poursuivi des études purement littéraires, surtout linguistiques, car elle s’y sentait comme un poisson dans l’eau, tandis qu’elle a carrément renoncé à continuer en « C », comme cela s’appelait à l’époque. Même que son Papa et sa Maman, pourtant eux très scientifiques d’esprit et plutôt cartésiens, l’ont parfaitement compris. Son Papa, si sévère (peut-être serait-il plus approprié de mettre « strict »), mais épris de justice, ne s’est pas du tout formalisé que son aînée ne pige rien, ou presque, aux mathématiques. Et sa Maman lui disait : « Arrête de vouloir tout le temps remonter à la source. En maths, pour avancer, il faut quelquefois oublier le pourquoi du comment de certains théorèmes, etc et les prendre pour acquis, afin de continuer la démonstration …

    Lena n’y arrivait pas. Préférant l’intuition à la déduction (tout en sachant que l’intuition est utile aussi aux mathématiciens), elle suppose que l’héritage vient de plus haut, dans l’arbre généalogique ! Cette intuition lui a bien rendu service dans son ancien métier, où elle était entourée d’appareils électroniques sophistiqués. Malgré son hermétisme aux algorithmes et compagnie, Lena parvenait à saisir comment cela fonctionnait, ce qui était plus pratique pour traduire les notices de l’anglais en français … Elle aimait bien dialoguer avec les chercheurs du CNRS quand l’occasion se présentait. Les relations étaient avant tout commerciales mais Lena se souvient d’échange d’emails qui dépassaient ce cadre, empêchaient l’ennui de la routine, minimisaient les problèmes concrets.

    « Ennui », a-t-elle écrit ? Quelle drôle d’idée, marmonne de loin la Fée, qui est revenue mais reste boudeuse dans son coin. Lena au travail ne s’est jamais ennuyée ! Mais la page est tournée, Lena n’en dira pas plus car elle se sent liée par la clause de confidentialité. Qu’est-ce qu’elle raconte, bougonne la Fée, elle s’y est liée toute seule, elle n’était pas technicienne et on n’a rien exigé d’elle à ce sujet !


    « Effet papillon » … Quel beau sujet ! Donc, que les scientifiques soient un peu indulgents mais qu’ils veuillent bien rectifier tout de même ce qui serait erroné !

    « Effet Casimir » … Encore quelque chose qui fait rêver et qui vous projette dans les étoiles. Pour Lena, là, c’est très compliqué et, dans le roman, elle n’osera pas y toucher. Mais … elle a osé réaliser un montage sur son petit ordi : une sorte de « fichier » de vœux pour ses amis, où apparaissent la matière noire cartographiée, un Casimir (celui de l’Ile aux Enfants, bien sûr, c’était trop tentant !) et l’énergie répulsive du vide.

    Lena comprend vaguement comme cela « s’emboîte », mais réunir : la représentation de cette matière noire sous forme de gros nuages bleutés, semblant se déplier, sortant d’une carte que l’on vient d’ouvrir, puis cette photo de l’énergie répulsive du vide dans l’espace, telle un feu d’artifice magnifique et … Casimir qui passe au milieu sur une trottinette, effectivement, c’était osé, complètement farfelu ! Mais, des fois, il faut s’amuser, rire même de ce que l’on ne comprend pas. Vive la « farfelutude » !


    Peut-on rire de tout ? Tiens, cette question arrive, sans être invitée ! Lena suppose que la question sait ce qu’elle fait. Alors, elle essaie de répondre : oui, mais pas n’importe comment, pas n’importe où et à la condition que ce ne soit jamais foncièrement cruel et qu’on sente l’humanité derrière …

    Lena pense à Pierre Desproges et vient de rallumer sa radio, car elle se souvient d’avoir entendu ce matin qu’on célèbre l’humoriste aujourd’hui. Elle a bien fait, elle a attrapé au passage l’info que celui-ci aurait écrit : « Comment violer les filles » … Elle a du mal à continuer, tellement elle rit de ce qu’elle entend ensuite … Ah, Desproges, lui a tout osé, même avancer « j’ai lu votre livre d’un derrière distrait » … La présence de sa maladie et la conscience que ses jours lui étaient comptés n’ont dû faire que lui aiguiser son humour brillant et dur comme un diamant. Dans un genre rabelaisien, Coluche aussi était une sommité de l’humour, dont la spécialité était d’en faire des tonnes, ça lui réussissait ! Nouvelle sortie de Desproges, captée à l’instant : « elle voulait me faire nationaliser la zigounette … » … Lui, il savait innover !


    Un dernier souvenir avant de terminer, celui de « La Vie est belle » de Roberto Begnini, pour répondre à cette question qui s’est imposée. Je viens de trouver, sur le net, des propos tenus par lui à la sortie de son film et je vais les citer, car cela fera la liaison entre mes élucubrations d’aujourd’hui sur le temps psychologique, le pouvoir salvateur de l’imagination, les intuitions et, même, « la question qui s’impose » (il n’y a pas de hasard, j’en suis de plus en plus convaincue - cette intuition ne cadrera peut-être pas avec la théorie du chaos, voire, mais tant pis !).

    « - Pourquoi vous êtes-vous intéressé à un sujet aussi différent de ceux de vos précédents films ? »

    « - Je ne me suis jamais demandé si cette idée était semblable ou différente de celle de mes autres films. J’ai seulement senti qu’elle me plaisait énormément, qu’elle me bouleversait. Je pourrais même dire que ce n’est pas moi qui suis allé chercher cette idée, mais que c’est elle qui est venue me chercher. Un jour, je l’ai trouvée sur moi et depuis ce moment-là, elle ne m’a plus quitté …

    J’ai pensé à Trotski et à tout ce qu’il a enduré : enfermé dans un bunker à Mexico, il attendait les tueurs à gages de Staline, et pourtant, en regardant sa femme dans le jardin, il écrivait que, malgré tout, la vie est belle et digne d’être vécue. Le titre est venu de là …

    Rire nous sauve, voir l’autre côté des choses, le côté irréel et amusant, ou réussir à l’imaginer, nous aide à ne pas être réduits en miettes, à ne pas être écrasés comme des brindilles, à résister pour réussir à passer la nuit, même quand elle s’annonce très très longue. Dans ce sens, l’on peut faire rire sans blesser personne : l’humour juif est téméraire. » Source : LA VIE EST BELLE Home page, site officiel français du film, www.bacfilms.com/site/vita.

     

    Sur ce, après un clin d’œil à Popeck et ses caleçons molletonnés, Lena va prendre congé. Peut-être qu’après le déjeuner, elle lira quelques pages de « Next » de Michael Crichton in English in the text (eh oui, il faut bien ne pas perdre la main), mais cela fait un moment qu’il est en cours, Lena doit se cramponner. Il a fait fort cette fois, on sent déjà derrière le texte le scénario envisagé mais que de personnages, que de données scientifiques, quel chassé-croisé de situations. Lena garde un œil de petite fille et espère bien revoir le chimpanzé aperçu dans la jungle, qui parlait et jurait en français et en hollandais mais ce n’est pas sûr, ce n’est qu’un tout petit maillon de l’histoire.

    Nonobstant ces difficultés, Lena se nourrit de tout ce qu’elle lit et, pour pouvoir pondre le chapitre suivant de « Ils sont là ! », elle s’en va se sustenter, les nourritures terrestres étant nécessaires aussi. Mais elle ne promet pas que le chapitre va sortir aujourd’hui !

     

    Rectificatif : ce n'est pas un chimpanzé le grand singe polyglotte aperçu dans la jungle, mais un ourang-outan, ah mais ! quand on se goure, il faut rectifier ! Et je ne parle pas du perroquet ...

    Vendredi 18 avril 2008.


    votre commentaire
  •  

    Roman jeu multiplume par courriels.
    Note : l'arobase ne passant pas, les adresses de fantaisie étant prises pour des vraies et se retrouvant toutes à la fin du texte, le signe @ sera remplacé par : chez (ce qui veut d'ailleurs dire la même chose).
     ***

     

    Un immeuble, sis au 101 Rue de la Mazurka.

    Une ville imaginaire : Santa Patata.

    Un pays inventé : Miroboland, frontière commune et nombreux liens avec la France.

    ***

     

    Les 24 et 25 juin 2009

    ***

     

     

    Au troisième étage de l'immeuble, à droite en sortant de l'ascenseur, Charlotte.

    Auteur : Marie-Louve.

     

    De : charlotte.des3maisonschezhotmail.fr

    Envoyé : 25 juin 2009 12:08:14

    A : lumina40chezhotmail.fr

    Sujet : -----


    Coucou Lumina ! Juste un petit mot avant de repartir vers la pharmacie. Tonton Wilfrid, ressorti de l'hôpital pour son problème de goutte a un urgent besoin d'un médicament prescrit. Le pauvre, il ne l'a pas facile. Pour dire, l'argent ne fait pas le bonheur. Après, je cours au bureau, mon patron m'a généreusement accordé deux heures que je lui remettrai ce soir après la fermeture de l'entreprise.

    Tu sais, je crois que mon voisin, celui qui a pris l'appartement du dessous après le décès de la vieille chouette qui ne cessait de me téléphoner la nuit parce que Tonton ronflait et que cela nuisait à son sommeil. Bien, je crois que je lui plais. Il est plus âgé que moi, mais j'en connais beaucoup des couples décalés du temps et ça fonctionne. Quand il me croise dans les escaliers, il soulève sa casquette et me salue.

    Je crois que c'est un signe. Je l'épie, mine de rien au passage Je n'ai jamais vu une femme à son bras, ni dans ses bras Oui, je crois que cette fois, c'est le bon. Qu'en penses-tu ? Devrais-je descendre lui emprunter une tasse de farine ? J'attends ton conseil avec impatience.

    Comment vont tes jumelles ? Je ne m'y fais pas : à peine vingt-cinq ans et elles sont déjà mariées à des princes qu'on sort. La vie n'est pas juste pour tous. Tu me vois, 48 ans et toujours sur le carreau ! Faut dire que mon gentil tonton m'occupe grandement, mais la chance ne m'aide pas.

    Dommage que ma voisine de porte soit la si belleeeeeeeeee Lolita Delrosio ? Un va et vient sans fin à sa porte. Aucune chance à côté de cette Betty Boop ! Tu devrais voir le galant paré de fringues et de bijoux hors de prix qui lui tient compagnie certaines nuits. Un vrai Antonio Banderas !

    Je sais. Ce n'est plus de mon âge, mais ça fait rêver.

    Bon, je file, j'ai Gaspard à mettre dehors. Il demande la porte. Tourlourou ! Bisous A +

    ***

     

    De : Juliette.des3maisonchezhotmail.fr

    Envoyé : 24 juin 2009 09:47:16

    A : charlotte.des3maisonchezhotmail.fr
    Sujet : Ta mère


    Charlotte, tu pourrais avoir la politesse de répondre à ta MERE ! Depuis deux jours, je t'appelle et tu ne réponds pas. Je vais prendre les grands moyens.

    Comme je t'ai écrit hier, ma sœur Albertine s'est acheté un nouvel Apple. Elle m'a donné son vieux Apple, mais il roule encore très bien. Elle m'a appris vite fait et maintenant, je me modernise.

    Si tu as des urgences, ne téléphone plus au Centre Les Jardins D'Antan. J'ai fait interrompre le service que je devais payer tous les mois et qui restait muet comme une carpe.

    J'ai compris que plus personne n'utilise la téléphonie ; plus rapides, les emails si on veut parler aux gens pressés par la vie d'aujourd'hui.

    Je suis très inquiète pour mon petit frère Wilfrid. Dis-moi, s'en sortira-t'il, cette fois-ci ? Il a toujours eu la santé fragile. Maman nous disait de prendre soin de lui jusque sur son lit de mort.

    Tu dois connaître la nouvelle ? Les journaux en parlent ici, à Sainte Frigide-Sur-Mer. Tu te souviens, ta meilleure amie, la fille du juge Sanregret, Émilie ? Vous étiez comme deux ombres à vous suivre jusqu'au bal des finissants de ton académie. La dernière fois que vous vous êtes rencontrées, c'était à l'enterrement de son deuxième mari. Triste sort pour cette pauvre enfant. La bonté du Seigneur est sans limites. Son prochain mariage fait la une de tous les journaux du coin.

    Figure-toi donc que, partie en Suisse pour oublier ses malheurs, elle a rencontré le magnat de la plus grande Banque suissienne. Un coup de foudre. La cérémonie en grandes pompes aura lieu dans 15 jours, ici même à Sainte Frigide-Sur-Mer, la ville de ton enfance. Tu ne peux pas manquer cette occasion unique de revoir ta meilleure amie avant qu'elle passe du côté du grand monde.

    Albertine a déjà reçu les cartons d'invitation adressés à toute la famille. Tu n'as pas oublié que ma sœur Albertine était l'épouse de feu Ludger Sanregret, le cousin du juge. Hélas, ton père n'est plus là pour voir ce grand jour. Lui qui a tant rêvé te voir traverser le tapis rouge, tout de blanc vêtue, au bras du fils de son ami d'enfance.

    Tu as toujours été capricieuse. Il aurait fait pour toi un excellent parti. Aujourd'hui Ludovic est un écrivain pas célèbre, mais pas bête. C'est mieux que rien.

    Réponds-moi rapidement, tante Albertine doit confirmer demain le nombre des membres de la famille qui seront présents à la file des mains à donner pour les félicitations.

    Ta mère qui pense à toi.

    ***

     

     

    Au troisième étage de l'immeuble, à gauche en sortant de l'ascenseur : Lolita.

    Auteur : Shamshee.

     

    De : Lolita (misssexygirl)

    Envoyé : 25 juin 2009 22:18:09

    A : Luigi Paper

    Salut beau gosse,
    Je sais que nous devions nous retrouver à notre appartement vers 14h30, mais je vais être retardée.
    Je viens de recevoir un appel d'un magazine qui veut m'avoir en entrevue. Bien sûr, cette demande est pour augmenter leurs ventes, comme ce n'est pas un magazine connu, mais je ne peux décevoir mes fans et refuser.
    Tu sais, plus on me voit, plus le monde m'aime.
    Bref, je pars à l'instant pour une séance de shooting et rencontrer l'interviewer. Je serai de retour pour le souper.
    J'ai contacté le traiteur, le repas sera livré à 18h30; je t'ai réservé ton repas favori.
    J'espère que les voisins ne t'embêteront pas trop pendant mon absence et je suis impatiente de te retrouver.
    Ta petite Loli qui s'ennuie de toi.
    ***

     


    Retour à droite en sortant de l'ascenseur,
    Auteur : Marie-Louve.


    De : lumina40
    Envoyé : 25 juin 2009 18:09
    A : Charlotte

    Sujet : -----

    Youhouuuuuuuuuuu ! Charlotte ? Un homme qui dormirait sous ton toit ?

    Oui, tonton Wilfrid le malade qui finira par avoir ta peau au rythme où il te surmène avec ses plaies de lit ! Tu sais ce que j'en pense. C'est lui la plaie de ta vie, mais bon, on ne va pas se chamailler pour tonton. Tu me diras que je ne comprends pas. Il prend soin de toi, sa préférée.

    Grâce à ses bonnes relations et ses recommandations, tu as déniché un bon emploi chez son comptable et, par chance, tu profites d'un luxueux appartement convoité, donnant une vue imprenable sur la ville. Il te gâte et tu lui dois reconnaissance. Inutile, je me tais.

    Parle-moi plutôt de ce voisin de bas étage, celui sous le tien. Est-ce qu'il te sourit quand il soulève sa casquette ? Est-ce qu'il plante son regard dans tes yeux ? Quand tu le croises, deviens-tu nerveuse comme quand on se retrouvait devant une page d'examen et qu'on ne savait pas trop si on avait compris la question ? Parce que ça, ce sont des signes.

    Reste calme. Ne lui montre pas ton intérêt. Il pourrait se sentir menacé. Ne va surtout pas lui emprunter une tasse de quoi que ce soit ! Il y verrait un mauvais signe. Tiens ! Voilà une femme désorganisée. Non ! Observe-le. Si tu colles ton oreille au plancher donnant sous ta chambre, entends-tu ce qui se passe dans son appartement ? Tu pourrais en savoir beaucoup plus avec cette pratique.

    Ah ! Le téléphone sonne. Je te laisse. Demain, tu m'en diras plus. La bise sur tes joues, Lumina

    ***

     
     

    De : Charlotte.des3maison

    Envoyé : 25 juin 2009 -----

    A : Juliette.des3maison

    Sujet : Mariage
     

    Bonjour maman. Dis à tante Albertine que je veux pas assister au troisième mariage d'Émilie.

    Je cours comme une folle, je n'ai aucune minute à perdre pour arriver à temps avec tous les soucis de tonton. Tu as vu l'heure ? Nous revenons à peine de la clinique de l'urgence de l'hôpital Gracevallée. Finalement, rien de trop alarmant pour le moment. Après avoir é examiné tonton sous toutes ses coutures, le docteur nous appris qu'il faisait probablement une sévère migraine. Deux Tylenol aux quatre heures et cela passera.

    Il est plus de minuit, je dois sortir Gaspard pour sa promenade sanitaire. J'ai des dossiers à compléter pour un important client de mon patron qui viendra reprendre le bilan des états financiers avant dix heures demain matin et je dois préparer les repas de tonton pour demain.

    Non ! C'est dit ! Je n'irai pas au mariage de cette pimbêche qui se trouve des maris partout où elle passe. A force de se marier, cette perruche doit avoir ramassé dix carats de diamant. Oui, elle était mon ombre à l'académie de Sainte Frigide-Sur-Mer. Cette péronnelle me volait tous les beaux moineaux qui me plaisaient. Un ne lui a jamais suffi !

    Arrête de me siffler Ludovic à l'oreille. Je ne suis pas sourde ni aveugle. Tu l'as regardé ? Il fait 50cm de moins que moi, il se promène en pantoufles partout et ne se rase la barbe que lorsqu'il croit en avoir le temps. Pour te dire, Gaspard a meilleure mine et est plus sociable que ce pou. J'ai un amour quelque part. C'est juste que je ne sais pas où.

    Je te laisse, il faut que je prépare le lit de tonton. Il est épuisé.

    P.S. Je suis heureuse que tu t'amuses avec Apple. Profite bien de cette boîte magique. Explore, tu y trouveras mille manières d'en jouir à ta guise. Bisous. Ta Charlotte.

    ***

     


    8 commentaires
  • Roman jeu multiplume par courriels.
    Note : l'arobase ne passant pas, les adresses de fantaisie étant prises pour des vraies et se retrouvant toutes à la fin du texte, le signe @ sera remplacé par : chez (ce qui veut d'ailleurs dire la même chose).
    ***


    Un immeuble, sis au 101 Rue de la Mazurka.
    Une ville imaginaire : Santa Patata.
    Un pays inventé : Miroboland, frontière commune et nombreux liens avec la France.
    ***

     

    Le 26 juin 2009

     

    Au deuxième étage, à droite en sortant de l’ascenseur : Tugdual Kerloch
    Auteur : Lenaïg

     

    De : tugdual.kerlochchezhotdog.com
    Envoyé : 26/06/09 15:06:35
    A : Bérangère (berangere.labornezchezpamplemousse.fr)
    Sujet : Un p’tit bonjour !


    Salut frangine ! Oui, je sais, je ne donne pas souvent de nouvelles.
    Content que le bébé se développe bien et que tu te portes comme un charme.
    Tu peux rassurer Maman : l’appartement où je viens d’emménager est confortable,
    grande baie vitrée ensoleillée l’après-midi dans le salon (quand il y a du soleil
    évidemment !), une chambre supplémentaire que je vais meubler pour vous
    recevoir, toi et Gildas, ou Maman, quand vous voudrez venir vous polluer
    à l’air de la ville !
    Comme je suis au 2e étage, même si les ascenseurs sont en panne,
    si vous venez, il n’y aura pas trop de marches à monter.
    Je n’ai encore croisé que quelques voisins ... Ah si, une femme, plus jeune que moi,
    qui habite au 4e étage, Charlotte Destroismaison, qui vit avec son oncle, un grand homme d’affaires et mécène, Wilfrid Ohne Toutédantou, dont le nom ne te dira sans doute rien. Cette Charlotte a un beau sourire, ma foi ! Oh, ne vous emballez pas, vous qui voulez me caser , elle n’est peut-être pas libre et il faudrait que je l’intéresse !
    Si elle m’appelait pour lui planter un clou, je ne dirais pas non ...
    Et j’allais oublier ! Figurez-vous que Lolita Delrosio, qui fait souvent la Une
    des magazines people crèche également dans l’immeuble ...
    J’ai aussi lu son nom sur une boîte à lettres, mais nous ne nous sommes

    pas encore croisés. J’ai vérifié auprès de la gardienne que c’était bien elle !
    La gardienne en bas m’a à la bonne, pour le moment. Pourvu que ça dure ...
    Oui, ces temps-ci, je prends mon service la nuit. Mon client, c’est du lourd mais
    parce que c’est du lourd, tout est plus calme que d’habitude.
    Il faut juste que je reste vigilant.
    Tiens, pour finir et t’amuser un peu et Maman quand tu lui liras ma prose :
    sachez que nous avons une espionne dans l’immeuble. Une dame âgée, son
    petit chien sur les genoux, qui est souvent à sa fenêtre et qui ne doit laisser
    aucune entrée ni sortie lui échapper ...
    Je plains les couples illégitimes !
    Elle a même un ordinateur, j’ai vu l’écran briller derrière elle en examinant
    sa fenêtre quand je prenais ma voiture, mine de rien, comme je suis habitué
    à le faire.
    Grosses bises, Bérengère, grosses bises à Maman, salue ton mari pour moi.
    Kenavo !
    Tugdual

     

    De : fred-louarnchezhouhou.fr
    Envoyé : 26/06/09 15:24:08
    A : tugdual.kerlochchezhotdog.com


    Salut Tug,
    As-tu fait connaissance avec la frétillante Lolita, celle qui a fait Potin Story à la téloche ? Elle fréquente un drôle de zèbre, c’est moi qui te le dis, le genre qui fourre son nez partout et qui trempe dans les coups les plus fumants.

    Tu as un moment cet aprèm avant de prendre ton service ? Bistro Les Nounours Farceurs, chez Margoton. Si tu ne connais pas Margoton, tu vas voir qu’elle ne s’en laisse pas conter …
    Moi aussi, figure-toi, je vais bosser dans ce coin-là, aux mêmes heures que toi, à partir de ce soir, on m’as mis au service de nuit et peut-être pour un bon moment …
    Faut que je te raconte ça, ne répond pas, je pense que c’est entendu.
    Je t’y attends vers 19 h 00.
    Take care (pour la faire “FBI”)
    Fred
    ***


     

    Au 1er étage, à gauche en sortant de l’ascenseur : Blanche Tuttiquanti
    Auteur : Nolimé.


    De : Nolimit/arobase/ailleurs.fr
    A : william.willchezquelquepart.com
    Objet: mot de passé


    Mon chouchou
    J’espère que tu as bien pensé à changer ton mot de passe de messagerie, comme Thibaud nous l’a montré la dernière fois que tu es venu dans mon antre. Il ne faudrait pas réitérer notre frayeur de la semaine dernière, nos pauvres cœurs de grabataires n’y tiendraient pas (sic !). Ta chère et tendre moitié, pour parler avec élégance, est une véritable petite peste qui en vieillissant n’a fait que devenir pire que ce qu’elle était dans sa jeunesse ! Remarque, pour être honnête c’est bien ce qui nous arrive à nous aussi… et question fouine, je suis assez mal placée pour la critiquer…
    Tu sais que depuis 3 ou 4 ans, les atteintes de l’âge – ma vue qui baisse, mon arthrite- m’empêchent de m’adonner sans gêne à la lecture. Et que pour compenser ce manque –et pour m’occuper, car soit dit en passant qu’est-ce que je m’emmerde !- je m’amuse un tantinet à espionner mon voisinage.
    Ça tombe bien, Frizapla ne va pas en rajeunissant non plus et n’aime rien tant qu’à ronfler sur mes genoux quand je suis installée sur mon fauteuil, devant ma fenêtre… cette chienne aurait dû être chatte, il y a eu erreur dans la distribution… et quel nom ridicule ! Frizapla ! Mon petit fils Thibaud a vraiment une imagination débordante, mais je lui concède qu’elle ne frise pas vraiment pour un yorkshire.
    Pour en revenir à ma passionnante activité, tu seras heureux d’apprendre -ou pas- que nous avons un nouveau locataire, et non des moindres : Monsieur Tugdual Kerloch, sis au 2ème étage de l’immeuble. Il s’est installé en début de semaine, et j’avoue que j’en suis parfaitement satisfaite. Enfin un beau mâle à me mettre sous les yeux ! - j’ai dit sous les yeux, mon choupinou, de toute façon il a l’âge d’être mon fils si j’avais eu le malheur d’en avoir un. Disons que cela me changera agréablement des remuements de popotin de la Lolita. Je l’ai encore vue cette nuit sortir de l’immeuble vers 2 h du matin pour s’engouffrer dans une limousine noire – comme il se doit pour une limousine- et elle n’est pas revenue avant 6 heures… remarque, le beau Tugdual me semble croustillant dans le genre obscur ! On dirait un garde du corps ou un flic en sous marin (on dit cela, non, dans les séries télé ?) et il a des horaires de travail décalés…Je suis ravie, je vais enfin pouvoir occuper agréablement mes heures d’insomnie ! Je t’envoie d’aériens baisers, mon tendre ami, et j’ai hâte que tu viennes me voir à la faveur de la nuit.
    Blanche.
    ***

    De : william.willchezquelquepart.com
    A : blanche.tuttiquantichezailleurs.fr
    Objet: Re-mot de passé


    Flamme de ma vie
    Je pense que tu as fait un lapsus dans le titre de ton mail, tu voulais dire « mot de passe » et non « mot de passé », je suppose ? Mais tu es vraiment maîtresse dans l’art des lapsus révélateurs…sans vouloir oser un jeu de mots osé !
    Mon mot de passe, puisqu’il s’agit de lui, a bien été changé : Thibaud a été de précieux conseil, comme de coutume. Je ne ferai certes pas de commentaires oiseux sur le tempérament de ma moitié officielle, tu connais ma répugnance aux cancaneries.
    Je n’aime pas te savoir toute la nuit à ta fenêtre comme cela. Vu les étranges comportements de tes voisins, qui sait ce qu’il pourrait se produire ? Je croyais que les « petites choses » que te prépare Thibaud toutes les semaines t’aidaient à dormir ?
    Et Frizapla ne te sera d’aucun secours en cas de danger, de toutes façons elle est toujours en fugue – à traîner on ne sait où avec on ne sait qui, comme toi il n’y a pas si longtemps !
    Je pourrai me libérer quelques heures en fin de semaine, ma belle oisive.
    Je t’embrasse tendrement.
    William.
    ***

     

    Courriel envoyé à l’ adresse électronique journalistique de Noëlle Nozvad, dite Nolimit, occupante du premier étage, à droite en sortant de l’ascenseur
    Auteur : Moutonnoir.


    De : PatHoschezcommissariatdequartier.org
    A : Nolimitchezlagazette.com

    Dites, j’y pense brusquement : vous habitez bien cette adresse bizarre de la Mazurka, si j’me trompe pas. On vient de m’informer qu’il s’y passe de drôles de choses, rapport à un serveur internet en surchauffe. J’ai mis mon nez là d’dans, et j’vous assure que c’est pas très ragoûtant : cancans à tous les étages, badinages du troisième âge, j’en passe et je transpire. M’est avis que quelque chose de pas très ragoutant se prépare, alors j’vous mets au jus, à vous de voir si ça vaudra trois lignes dans vot’ canard. En plus pas très sympa de vot’ part de pas m’avoir mis au parfum quant au récent emménagement de la bimbo qui fait la une des feuilles de choux dans des tenues un peu olé olé, y’aurait un délit de prostitution qui s’profilerait derrière ses rideaux transparents, que ça m’étonnerait pas. Bon, motus sur vos sources, comme d’hab’. A plux
    ***

     

     


    3 commentaires